Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Fragments de France

L’« ikastola », école où l’on grandit en basque

Par  (Pyrénées-Atlantiques, envoyée spéciale) et Axelle de Russé (Photos)
Publié le 20 octobre 2021 à 02h30, modifié le 24 octobre 2021 à 13h13

Temps de Lecture 8 min.

La rentrée, toute récente, semble déjà loin à la vue des enfants se pressant bras dessus, bras dessous pour passer le portail de l’ikastola Oihana, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Le bâtiment blanc et rouge sang-de-bœuf, couleurs emblématiques de la région, n’est pas tout à fait achevé. Une petite fille se retourne : « Gero arte ! » (« à tout à l’heure »), lance-t-elle, à sa maman. « Bonne journée ! », lui répond cette dernière. « J’aurais dû lui répondre en basque, regrette sa mère, mais je n’ai pas encore le réflexe. » Car dans l’école où la fillette est inscrite, en moyenne section de maternelle, on ne parle que le basque.

100 « Fragments de France »

A six mois de l’élection présidentielle, Le Monde brosse un portrait inédit du pays. 100 journalistes et 100 photographes ont sillonné le terrain en septembre pour dépeindre la France d’aujourd’hui. Un tableau nuancé, tendre parfois, dur souvent, loin des préjugés toujours. Ces 100 reportages sont à retrouver dans un grand format numérique.

Jusqu’au lycée, maths, histoire, sciences, récréations, cantine, parties de pelote contre le fronton, tout à l’ikastola (« le lieu où l’on apprend ») se fait en basque ; sauf les cours de français, introduits au CE1. Le Pays basque français compte 38 de ces écoles privées associatives (34 maternelles, trois collèges et un lycée), et 4 064 élèves y sont scolarisés. L’académie de Bordeaux estime à 10 % le nombre total d’enfants scolarisés en immersion en basque en maternelle, à 10 % en primaire, 7,36 % au collège et 6,21 % au lycée. Et une centaine de nouveaux viennent grossir les rangs chaque année.

Les prénoms à consonance basque s’affichent dans les couloirs de l’ikastola Oihana, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 7 septembre 2021.
A Bayonne (à gauche) comme à Saint-Pée-sur-Nivelle (à droite, ici en septembre 2021), l’apprentissage au sein des ikastola est immersif, c’est-à-dire que tout est en langue basque, sauf le cours de français.
Lire aussi Article réservé à nos abonnés Les écoles en langue régionale « craquent » sous la demande

Les parents de Manon, 4 ans, également en moyenne section de maternelle à l’ikastola, ne sont pas, eux non plus, encore très à l’aise avec l’euskara (la langue basque). Avant d’arriver à Bayonne en 2015, à la faveur d’une mutation professionnelle, sa mère, Emeline Robillard, 36 ans, originaire du Pas-de-Calais, et son père, Gérôme Sonois, 43 ans, parisien, habitaient Paris. Ils appréciaient le Pays basque pour y avoir passé des vacances, en aimaient « la culture », « le cadre ». « Tant qu’on n’habite pas ici, on ne se rend pas compte que la langue basque est aussi courante, explique Emeline. Alors, quand s’est posée la question de l’école, on a voulu que Manon, née à Bayonne, le parle aussi, qu’elle soit proche de sa culture. »

Engagement des parents

Même son de cloche du côté de Camille Montagne, 43 ans, mère d’Elise, 11 ans, en 6e au collège Xalbador de Cambo-les-Bains, et de Laia, 5 ans, en maternelle à Ustaritz. Installée à Larressore, à une vingtaine de kilomètres de Bayonne, elle aurait pu, de chez elle, voir ses enfants sortir de la bâtisse rouge et blanc de l’école privée Saint-Martin. Une école qui propose un enseignement bilingue, à parité horaire français-basque. Mais elle et son ex-conjoint, Marc, originaire des Pays de la Loire, ont préféré mettre leurs filles dans des ikastola.

Il vous reste 75.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.