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Bryan Stevenson, lauréat du « prix Nobel alternatif » : « Il faut un changement radical du récit national sur la suprématie blanche »

L’avocat afro-américain, pourfendeur des erreurs et des inégalités raciales aux Etats-Unis depuis plus de trente ans, plaide pour une réforme de la justice pénale et de la police.

Par  (Washington, correspondante)

Publié le 02 décembre 2020 à 18h09

Temps de Lecture 4 min.

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L’avocat Bryan Stevenson après la libération d’Anthony Ray Hinton de la prison du comté de Jefferson à Birmingham (Alabama), le 3 avril 2015. Ray Hinton, 59 ans, a passé près de trente ans dans le couloir de la mort en Alabama pour un crime qu’il n’a pas commis.

Bryan Stevenson ne sait pas encore si l’administration Biden fera appel à lui, mais il se tient à la disposition du prochain président des Etats-Unis, dans l’hypothèse où ce dernier chercherait à réformer la justice pénale et la police américaines. Pour l’heure, l’avocat afro-américain, pourfendeur des erreurs judiciaires et des inégalités raciales depuis plus de trente ans, se prépare à recevoir, jeudi 3 décembre, à distance, dans son fief de l’Alabama, le Right Livelihood Award, récompense considérée comme un « prix Nobel alternatif ».

Lire le portrait (dans « M ») : Article réservé à nos abonnés Bryan Stevenson, l’avocat des condamnés à mort afro-américains

La fondation suédoise, qui distingue chaque année quatre personnalités œuvrant pour les droits de l’homme et la défense de l’environnement, salue les « efforts stimulants de M. Stevenson pour réformer le système judiciaire américain et promouvoir la réconciliation raciale, dans un contexte marqué par un traumatisme historique ». Fondateur de l’association Equal Justice Initiative, M. Stevenson partage cette année son prix avec le militant biélorusse Ales Bialiatski, l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, et la défenseuse nicaraguayenne des peuples indigènes Lottie Cunningham Wren.

Multiplier les lieux de mémoire

La reconnaissance du travail de l’avocat américain, dont le parcours militant a été porté à l’écran dans le film Just Mercy (La Voie de la justice), survient l’année où les Etats-Unis ont connu les plus importantes manifestations contre le racisme et les violences policières de leur histoire, à la suite de la mort de George Floyd sous le genou d’un policier blanc en mai.

Pour l’avocat, ces mobilisations, auxquelles ont pris part une proportion inédite d’Américains blancs, ont démontré une « prise de conscience du racisme » au sein la population. « De plus en plus de gens reconnaissent l’héritage de l’histoire », explique-t-il, en référence à l’esclavage et au siècle de ségrégation raciale institutionnalisée qui a suivi son abolition. « Ils ont compris que les injustices raciales, ces toxines qui ont contaminé la société américaine, n’allaient pas se dissiper toutes seules. » Pour que cette prise de conscience imprègne la société, M. Stevenson défend la multiplication des lieux de mémoire, comme le mémorial consacré aux victimes de lynchage qu’il a créé à Montgomery, carrefour douloureux de la ségrégation et de la lutte pour les droits des Afro-Américains.

Pour l’avocat sexagénaire, les Etats-Unis ont un besoin impérieux de mieux regarder leur histoire en face. « Contrairement à l’Afrique du Sud après l’apartheid ou à l’Allemagne après la guerre, les Etats-Unis n’ont jamais connu de changements de régime, qui ont amené les populations à se confronter à leur passé, pointe-t-il. Ici, les détenteurs d’esclaves ou les coupables de lynchages n’ont pas eu à rendre de comptes. Les Américains n’ont jamais eu à affronter leur histoire d’inégalités raciales, de l’esclavage au génocide des indigènes. Ils ont eu le droit au silence. C’est pourquoi les manifestations de cet été ont été si spectaculaires. » Outre la création d’une « commission vérité » dédiée à une meilleure connaissance de l’histoire du pays, M. Stevenson défend donc l’idée « d’un changement radical du récit national sur la hiérarchie des races et la suprématie blanche ».

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