Tenue au 301e jour de conflit en Ukraine, la très attendue réunion entre Vladimir Poutine et son état-major militaire, mercredi 21 décembre, aura confirmé l’évidence : « l’opération militaire spéciale » déclenchée le 24 février n’est pas près de s’arrêter, et le pouvoir russe en fait sa priorité pour l’année à venir. « Nous n’avons aucune limitation de financement, a martelé le président russe à une assemblée de généraux et de hauts fonctionnaires. Le pays et le gouvernement donneront tout ce que l’armée demandera. »
Les objectifs de l’armée pour l’année 2023, tel était l’ordre du jour de cette réunion diffusée à la télévision à laquelle assistait également, entre autres, le patriarche orthodoxe Kirill. Vladimir Poutine et son ministre de la défense, Sergueï Choïgou, ont tenu à présenter un programme ambitieux, annonçant notamment la mise en service « début janvier » des nouveaux missiles hypersoniques Zircon, à capacité nucléaire, l’ouverture de bases navales dans les deux villes côtières capturées en Ukraine, Marioupol et Berdiansk, ou l’accroissement de la production de drones. Surtout, M. Choïgou a proposé de faire passer les effectifs de l’armée russe à 1,5 million de soldats, soit 350 000 de plus que l’objectif fixé par Vladimir Poutine en août, déjà en hausse.
Etant donné les immenses difficultés de recrutement de l’armée et d’approvisionnement des forces existantes, cette annonce est très théorique. Elle n’en marque pas moins une rupture par rapport à la grande réforme militaire amorcée en 2008, qui visait à la professionnalisation d’une armée plus compacte. Cinq divisions et plus de dix brigades devraient être créées. L’annonce sert aussi à illustrer la détermination du commandement russe dans son affrontement contre « les forces unies de l’Occident », selon le terme employé par Sergueï Choïgou.
« La confrontation était inévitable »
Le ministre de la défense a d’ailleurs reconnu une « inquiétude particulière » du fait de l’implication persistante des Occidentaux dans le conflit, illustrée par la réception à Washington du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Pour le reste, il a présenté un tableau « positif » des actions de l’armée au cours de l’année écoulée, évoquant les avancées de Moscou dans le Donbass – avancées qui remontent pourtant au printemps.
Pour parfaire le tableau, le ministre a été jusqu’à rappeler le « succès » des Jeux militaires internationaux organisés en août ou celui du « premier congrès mondial antifasciste », ou encore à se féliciter que l’armée russe avait empêché une « révolution de couleur » en janvier au Kazakhstan. Environ 100 000 soldats ont été décorés, a encore précisé le ministre de la défense, avant d’égrener les projets de construction d’hôpitaux militaires ou de centres de formation.
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