« Je ne me sentais pas capable d’élever l’enfant à cause de mes difficultés économiques. » C’est ainsi que s’est justifiée, auprès de la police sud-coréenne, une mère ayant tué son bébé de 6 jours. La femme âgée d’une trentaine d’années, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis le 10 juillet, avait placé le corps dans un sac en plastique, avant de le jeter dans une poubelle publique.
La précarité dans un pays où l’éducation reste onéreuse et la peur de l’opprobre social si l’enfant n’était pas désiré, a été conçu hors mariage ou souffre d’un handicap : telles sont les principales explications données pour expliquer la décision de tuer le nouveau-né, avant même sa déclaration aux autorités.
Ces « bébés fantômes » hantent la Corée du Sud depuis l’annonce, fin juin, des résultats d’une enquête du Conseil d’audit et d’inspection du ministère de la santé. Entre 2015 et 2022, il y aurait eu 6 000 bébés fantômes en Corée du Sud, dont près de 4 000 de mère étrangère. Ces chiffres pourraient être sous-estimés et ne prennent pas en compte les années précédentes, en raison de la complexité d’effectuer des recoupements entre les registres municipaux et ceux des hôpitaux et cliniques.
Certes les infanticides ne sont pas exceptionnels en Corée du Sud. En juillet 2021, une femme a été arrêtée pour avoir tué son bébé dans des toilettes à Anyang (sud de Séoul). Mais l’ampleur du phénomène a choqué, au point d’amener le gouvernement à mobiliser la police pour lancer des recherches sur ces bébés fantômes. Le 10 juillet, 939 enquêtes, principalement à Séoul, avaient été ouvertes, et 34 décès d’enfants confirmés.
Enregistrer les naissances
Une femme d’une quarantaine d’années a été arrêtée pour le meurtre de sa petite fille d’un jour. Elle s’était débarrassée du corps dans le potager de sa mère à Gimpo, dans la province de Gyeonggi. Un père a aussi avoué le meurtre, en 2015, de son enfant nouveau-né. Sa femme venait d’accoucher à Yongin, dans la province de Gyeonggi voisine de Séoul. L’enfant était atteint de trisomie 21. Le père et la grand-mère de l’enfant l’ont laissé mourir, avant d’abandonner son corps sur une colline voisine. « Je ne me sentais pas capable d’élever un enfant handicapé », a déclaré le père.
« La principale motivation des parents qui abandonnent leur nouveau-né reste de cacher la naissance de l’enfant », explique Kim Youn-shin, professeur de médecine légale à l’université de Chosun, dans un article publié en mai. Le chercheur a étudié vingt cas d’abandon et d’infanticides étudiés : douze étaient motivés par la peur que d’autres personnes découvrent la naissance. Les huit autres l’étaient en raison de difficultés financières.
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