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« Bien avant le métavers de la Silicon Valley, bouddhistes et hindous ont imaginé un transhumanisme sans machine »

A travers une immersion dans un cabinet d’hypnose régressive en Inde, l’anthropologue Emmanuel Grimaud étudie des techniques ancestrales d’exploration de l’imagination, qu’il présente comme une proposition rivale à la quête d’humain augmenté de la Silicon Valley.

Propos recueillis par 

Publié le 04 février 2024 à 07h00, modifié le 05 février 2024 à 17h48

Temps de Lecture 7 min.

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Un moine bouddhiste lors des préparatifs de la célébration du Nouvel An lunaire à Jenjarom, en Malaisie, le 26 janvier 2024.

L’anthropologue Emmanuel Grimaud aime les sujets originaux. Dans Dieu point zéro (PUF, 2021), ce directeur de recherche au CNRS interrogeait l’avenir des expériences religieuses en étudiant un robot téléopéré à l’apparence du dieu indien Ganesh, qui permettait à des volontaires d’incarner la divinité à travers la machine. Dans son dernier livre, Metavertigo (La Découverte, 320 pages, 22 euros), Emmanuel Grimaud propose cette fois une plongée dans un cabinet d’« hypnose régressive » en Inde. Il y explore des techniques ancestrales d’imagination, qu’il appréhende comme une proposition d’« humain augmenté » en opposition au transhumanisme de la Silicon Valley.

Qu’est-ce que l’hypnose régressive, pratique en plein essor en Inde ?

Il s’agit d’une technique d’anamnèse guidée visant à remonter le temps, à faire ressurgir des souvenirs très anciens. Cette méthode, sous sa forme moderne, n’est pas née en Inde, mais trouve ses origines chez un officier et fonctionnaire français, le colonel de Rochas d’Aiglun (1837-1914), qui plaçait des personnes sous hypnose et les faisait « régresser » au-delà de leur naissance jusqu’à expérimenter des « vies antérieures ». Rochas a tiré de ces analyses expérimentales l’ouvrage Les Vies successives. Documents pour l’étude de cette question en 1911, où il conclut à la grande difficulté d’attester la vérifiabilité de ces voyages – à son sens, il s’agissait plutôt de récits subliminaux.

Mais le débat qu’il venait de lancer parcourra tout le XXe siècle : les visions par anamnèse correspondent-elles à une réalité ? L’intérêt pour l’hypnose régressive fut ensuite relégué aux marges de celui pour l’hypnose institutionnelle à partir de la première guerre mondiale, mais il resurgit à partir des années 1980 aux Etats-Unis et en Inde, où la pratique est même devenue très populaire : un grand nombre de cabinets se sont ouverts, et des shows télévisés ont largement contribué à son succès.

Dans mon livre, j’essaie de connecter cette histoire avec les débats plus anciens que se livraient bouddhistes et brahmanes autour de la métempsycose [possibilité de réincarnation de l’âme après la mort], une croyance partagée par beaucoup de religions antiques, et que l’on retrouve aujourd’hui sous une forme nouvelle chez les transhumanistes de la Silicon Valley.

Quelles hypothèses avez-vous cherché à étayer à travers votre immersion de plusieurs semaines dans le cabinet de l’hypnothérapeute Trupti Jayin, à Calcutta – qui avait, avant ce livre, débouché sur le film Black Hole : Why I Have Never Been a Rose (2019), réalisé avec Arnaud Deshayes ?

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