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L'érosion touche plus du quart du littoral français

La moitié des plages de sable sont concernées. Quatre zones vont être étudiées pendant trois ans pour mieux comprendre le phénomène, qui risque d'être amplifié par le réchauffement.

Par Christiane Galus

Publié le 11 août 2007 à 14h55, modifié le 12 août 2007 à 10h29

Temps de Lecture 3 min.

Verra-t-on, dans quelques décennies, la mer battre de nouveau les rivages d'Aigues-Mortes (Gard), comme au temps de Saint Louis, ou le littoral de Normandie ou d'Aquitaine reculer de plusieurs kilomètres ? Le réchauffement climatique, qui devrait augmenter la violence et la fréquence des tempêtes et élever le niveau des mers de 18 à 59 centimètres d'ici à 2100, modifiera la géographie du trait de côte. De l'avis des spécialistes, les rivages plats et sableux, beaucoup plus fragiles que les littoraux rocheux, seront les plus agressés.

En raison de l'enjeu industriel, économique et humain que représentent ces zones de plus en plus peuplées, plusieurs études ont été lancées en Europe. En France, le projet Vulsaco (Vulnerability of Sandy Coast Systems to Climatic and Anthropic Changes), supervisé par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), prévoit l'observation de quatre sites tests pendant trois ans, afin de développer des modèles d'évolution sur une échelle de vingt ans.

Son budget, qui atteint 2,3 millions d'euros, est financé pour un tiers par l'Agence nationale de la recherche. Les zones retenues ont été choisies pour leurs caractéristiques différentes : ce sont le lido (cordon de dunes) de Sète (Hérault), la plage de Truc Vert (Gironde), une plage du sud-ouest de l'île de Noirmoutier (Vendée), et une autre à l'est de Dunkerque (Nord).

"Les perspectives dues au changement climatique représentent une situation préoccupante qu'il faut prendre en compte sans tarder", estime Nicole Lenôtre, géologue-océanographe, responsable de l'unité érosion des sols et littoral au BRGM. La France métropolitaine est très concernée en raison de ses 5 000 kilomètres de côtes - Corse comprise - qui se répartissent en 2 230 km de plages de sable ou de galets (44,8 % du total), 1 886 km de côtes rocheuses (37,9 %), 245 km de rivages limono-vaseux (4,9 %) et 616 km de rivages artificiels et d'estuaires (12,4 %). "L'érosion touche déjà plus du quart (27 %) de toutes nos côtes, précise Nicole Lenôtre, mais frappe davantage les plages sableuses (41,4 % de celles-ci) que les rivages rocheux (23 %)."

Certains chercheurs regrettent "la faiblesse des moyens, dans un secteur où il y a beaucoup à faire". D'autres pointent "le retard français dans les techniques de protection des côtes, par rapport à des pays comme la Nouvelle-Zélande ou les Pays-Bas".

AMÉNAGEMENT NÉFASTE

Frédéric Bouchette, enseignant-chercheur au laboratoire Géosciences de Montpellier, qui étudie les côtes du Languedoc, s'inquiète de l'élévation du niveau des mers. Trente centimètres de plus en quelques dizaines d'années produiront "un effet exponentiel de la houle, avec un risque de voir la mer passer au-dessus du cordon de dunes lors des tempêtes".

Déjà, indique-t-il, le lido de Maguelone, un cordon dunaire situé à l'ouest du golfe d'Aigues-Mortes, "connaît systématiquement des crevaisons et des dévastations lors des tempêtes, et sa survie est menacée". Le lido de Sète, situé à l'ouest de la ville, voit disparaître chaque année "plusieurs dizaines de mètres cubes de sable par mètre linéaire de plage, et menace la route côtière", que la municipalité a d'ailleurs décidé de reconstruire plus à l'intérieur.

Alors que 60 % des plages normandes sont en recul, 20 % s'agrandissent, comme à Deauville. En effet, les courants marins arrachent des sédiments dans une zone pour en enrichir une autre. L'érosion la plus marquée concerne la côte située entre la baie du Mont-Saint-Michel et le cap de la Hague, où le recul peut atteindre 5 m/an en moyenne.

"Le retrait le plus important est situé à Montmartin-sur-Mer (Manche), où on a perdu 200 mètres de terrain en quinze ans", explique Franck Levoy, professeur de géosciences à l'université de Caen. L'ampleur du phénomène est liée aux tempêtes et à un aménagement anthropique néfaste, car "souvent, ces infrastructures modifient les courants côtiers, ce qui a pour effet de faire partir les sédiments", ajoute le scientifique.

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Pour contrebalancer l'érosion des plages, de grandes quantités de sable sont nécessaires, afin de modifier la hauteur des vagues. " Il faut compter 100 mètres cubes de sable pour un mètre de côte, ce qui permet de renforcer la plage, ainsi que la dune située à l'arrière", précise Franck Levoy.

Dans un genre différent, les falaises de craie du pays de Caux subissent une érosion de 20 cm/an en moyenne. "L'aléa de l'écroulement des falaises existe et il est naturel, note Robert Lafite, professeur de géologie à l'université de Rouen. Il ne représente un risque qu'en cas de présence de constructions." Ces effondrements sont dus à la nature poreuse de la roche calcaire. "Elle décompresse naturellement, et elle est parcourue de petites rivières", ajoute le chercheur. En s'effondrant, la falaise libère les rognons de silex qui, roulés par les vagues, deviendront ces galets qui protègent le bas de la falaise.

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