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Georges Tron, de fidèle balladurien à "prise de guerre" sarkozyste

Balladurien historique, élu local adepte des "coups" devenu fidèle villepiniste, puis rallié à Sarkozy, le parcours de l'ex-secrétaire d'Etat, qui a démissionné dimanche, est sinueux.

Le Monde

Publié le 30 mai 2011 à 13h38, modifié le 30 mai 2011 à 14h15

Temps de Lecture 3 min.

Georges Tron avec Dominique de Villepin, en avril 2009.

Entre son arrivée au gouvernement en tant que secrétaire d'Etat à la fonction publique, le 22 mars 2010, et sa démission, dimanche 29 mai 2011, quatorze mois se sont écoulés. Georges Tron n'aura pas été longtemps à l'avant-scène politique, lui qui a commencé sa carrière à la mairie de Paris en 1982.

C'est là que ce natif de Neuilly-sur-Seine, issu du sérail chiraquien, rencontre un homme dont il va suivre longtemps le parcours : Edouard Balladur. Il l'accompagne comme collaborateur à l'Assemblée, au ministère de l'économie (1986-1988) ou à Matignon de 1993 à 1995.

Juriste de formation, Georges Tron s'implante dans l'Essonne à la demande du président du conseil général d'alors, Xavier Dugoin. Aux législatives de 1993, il remporte la 9e circonscription du département, au terme d'un duel à couteaux tirés avec le socialiste sortant, Thierry Mandon.

OPÉRATIONS "COMMANDO"

M. Tron s'illustre localement en participant à une opération de communication ratée lors de la campagne présidentielle de 1995 : le premier ministre, dont l'hélicoptère a dû se poser à cause du brouillard, fait du stop à proximité du village de Barbentane, dans les Bouches-du-Rhône, où une automobiliste accepte de le conduire à Maillane, sa destination. La presse révèle quelques jours plus tard que la conductrice, qui avait déposé son mari et ses chiens au bord de la route pour emmener le premier ministre, n'est autre que la cousine de Georges Tron, et militante RPR.

En 1995, Georges Tron est élu maire de la ville de Draveil. Son ennemi juré, le socialiste Thierry Mandon, devient, quant à lui, maire de la ville voisine de Ris-Orangis, qui connaît quelques jours de troubles causés par des jeunes des quartiers populaires. Une étrange affaire survient : le 10 juin 1996, une collaboratrice de M. Tron contacte un éducateur d'un quartier de Ris qu'elle sait hostile au nouveau maire. Mais c'est un proche de Thierry Mandon qui répond et se fait passer pour l'éducateur, enregistrant la conversation.

La collaboratrice de Georges Tron, ignorant qu'elle est piégée, demande à l'homme s'il lui est possible d'intervenir auprès des jeunes qu'il encadre pour qu'ils cassent "des édifices publics" de Ris-Orangis. Elle lui promet en échange un travail à la mairie de Draveil. L'affaire crée évidemment la polémique, et coûte son poste à la collaboratrice de M. Tron, qui dément toute implication.

ENGAGEMENT VILLEPINISTE

Malgré sa marginalisation après la défaite d'Edouard Balladur à la présidentielle de 1995, M. Tron est réélu tant à son poste de député que dans son mandat de maire. Sa carrière nationale, elle, stagne, jusqu'en 2007, même s'il est remarqué pour avoir ardemment défendu, suite aux émeutes de 2005, la suppression des allocations familiales aux parents d'enfants délinquants. Une mesure qu'il met en application dans sa ville. Il propose également  à la même époque le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux.

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Georges Tron se rapproche ensuite de Dominique de Villepin, à l'époque où ce dernier est secrétaire général de l'Elysée, puis premier ministre de Jacques Chirac. Qualifié à l'Assemblée de député "villepiniste", il soutient tout de même Nicolas Sarkozy en mars 2007. Mais il conserve sa casquette de fidèle de Dominique de Villepin, qu'il défend dans l'affaire Clearstream. Et malgré la victoire de Nicolas Sarkozy, il n'hésite pas, comme les autres villepinistes, à critiquer de temps à autre la politique du gouvernement.

Alors que Dominique de Villepin monte son parti en 2010, République solidaire, l'Elysée cherche à isoler l'ancien premier ministre. C'est l'une des raisons qui explique l'entrée de M. Tron au gouvernement, en mars 2010. Il y aide Eric Woerth à piloter la réforme des retraites et obtient un accord sur la précarité dans la fonction publique.

AFFAIRES À RÉPÉTITION

Toutefois, les premiers pas du nouveau secrétaire d'Etat sont entravés par les révélations du Canard enchaîné. M. Tron doit en effet justifier qu'il loue, depuis 1992, un appartement à loyer modéré de 118 m² dans le XVe arrondissement parisien. Après avoir d'abord nié, il finit par admettre la location, tout en expliquant que rien n'est illégal.

En février 2011, il est mis en cause pour un emploi aidé dont aurait bénéficié sa belle-sœur à la mairie de Draveil. Le secrétaire d'Etat accuse alors le Front national d'être à l'origine de cette attaque. L'une des filles de Jean-Marie Le Pen, Marie-Caroline, et son mari Philippe Olivier, conseiller politique au FN, habitent en effet la ville et sont en conflit avec Georges Tron, argumente ce dernier.

Il s'en prend également à une "camarilla" du FN lorsqu'il est accusé, le 25 mai, par deux employées municipales d'agressions sexuelles. Féru de réflexologie plantaire, le secrétaire d'Etat aurait prétexté des massages des pieds qui auraient dégénéré par la suite, selon les plaignantes. Le secrétaire d'Etat, qui nie en bloc, a annoncé, après une semaine de polémique, sa démission du gouvernement dimanche 29 mai.

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