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Abdelkader Merah, grand frère et conscience radicale du tueur

Le frère aîné de l'auteur des tueries dans le sud-ouest, est décrit comme celui qui a poussé le tueur sur le chemin de l'islamisme radical.

Le Monde avec AFP

Publié le 25 mars 2012 à 22h27, modifié le 26 mars 2012 à 09h34

Temps de Lecture 3 min.

Au centre de l'enquête, Abdelkader Merah, frère aîné de l'auteur des tueries dans le sud-ouest de la France, est décrit comme celui qui a poussé le tueur sur le chemin de l'islamisme radical après avoir lui-même été impliqué dans une filière djihadiste vers l'Irak.

Alors que Mohamed Merah, 23 ans, était considéré comme un "voyou", Abdelkader Merah, 29 ans, qui menait une vie discrète dans le bourg d'Auterive (près de Toulouse), était réputé de longue date être un "salafiste et fondamentaliste religieux convaincu", selon une source policière. C'est lui qui a "joué un rôle important" dans les orientations radicales de son cadet, d'après un enquêteur.

En l'absence du père parti en Algérie alors qu'ils étaient enfants, Abdelkader devient progressivement le "chef" de famille. Lorsque Mohamed fait un séjour en prison entre 2007 et 2009, il vient régulièrement le voir. "Quand son frère venait au parloir, [Mohamed] baissait la tête et l'écoutait", a raconté au Journal du dimanche un ancien compagnon de cellule. C'est "lui qui a conditionné" Mohamed Merah, qui par la suite se radicalisera en Afghanistan et au Pakistan, estime cet homme : "Il lui a donné un CD avec des chants islamiques, des bruits de détonation, il écoutait ça à fond du matin au soir (...). Selon un copain maghrébin, ça parlait de personnes égorgées, des âmes corrompues qui iraient en enfer."

FILIÈRE D'ACHEMINEMENT DE DJIHADISTES

Mohamed Merah a agi seul lorsqu'il a abattu froidement trois enfants et un enseignant juifs ainsi que trois militaires à Toulouse et Montauban, entre le 11 et le 19 mars, en se réclamant d'Al-Qaida. Et avant de mourir dans un assaut de la police jeudi, il a dit "ne pas avoir confiance en son frère", selon des enquêteurs cités par le Journal du dimanche.

Mais les policiers soupçonnent l'aîné d'avoir joué un rôle dans le financement et l'approvisionnement en armes du cadet. Il a été mis en examen dimanche pour "complicité d'assassinats" et écroué. Selon son avocate, Me Anne Laguens, il "réfute" toute complicité et "condamne fermement" les actes de son frère.

Abdelkader Merah était apparu en 2007 sur les écrans radars de la police quand il a été impliqué dans une filière d'acheminement de djihadistes en Irak, via la Syrie. Son nom est apparu à de nombreuses reprises dans la procédure, selon un juriste connaisseur du dossier. Il aurait fait des voyages en Egypte en coordination avec l'un des principaux mis en examen dans cette affaire, Sabri Essid, le fils du compagnon de sa mère.

Au final, huit hommes seront condamnés en 2009 à des peines de prison, mais lui ne sera pas mis en examen. Tous ont gravité autour de la communauté d'Artigat (Ariège) dirigée par un Franco-Syrien, Olivier Corel, 65 ans, considéré comme un salafiste par les services de renseignement, lui aussi brièvement mis en cause dans cette affaire.

REÇU PAR LE "CHEIKH" D'ARTIGAT

Avec sa femme, Corel, surnommé le "cheikh", reçoit dans sa maison du petit village d'Artigat de jeunes Toulousains en quête d'éclairages sur l'islam et la loi coranique, selon lui. Il a raconté à l'AFP avoir reçu début 2012 la visite d'Abdelkader Merah et de sa compagne Yamina Mesbah, 30 ans. Tandis que les femmes sont allées se promener, les deux hommes sont restés dans la maison pour réciter des versets du Coran, dit-il.

Après sa mise en cause dans la filière djihadiste, Abdelkader Merah, peintre en bâtiment, selon la presse locale, a remisé sa djellaba et adopté des tenues vestimentaires ne laissant pas entrevoir ses croyances religieuses. A Auterive, où il s'était installé avec sa compagne il y a six mois, les voisins évoquent un homme "discret" dont la femme porte le voile islamique. Le couple, marié religieusement en 2006 mais pas civilement, vivait dans une maison sans âme au crépi rose pâle, en pleine campagne.

"Il a une barbiche, il est mince, de taille moyenne, pas le même style que son frère, (...) il était habillé à l'européenne", décrit une voisine, évoquant un homme "très poli, courtois". A Auterive, il fréquentait une salle de sport, où il se rendait souvent vêtu d'un maillot aux couleurs de l'Olympique de Marseille. Les imams de la mosquée de Bellefontaine, fréquentée épisodiquement par les deux frères, selon les enquêteurs, ne se souviennent pas d'eux.

Le Monde avec AFP

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