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Avec Bing, Microsoft repart à l'assaut de Google

Le nouveau moteur de recherche de Microsoft, lancé jeudi, proposera des réponses rangées par thématiques et des outils d'"aide à la décision" ressemblant à des comparateurs de prix.

Par Cécile Ducourtieux

Publié le 29 mai 2009 à 10h26, modifié le 29 juillet 2009 à 20h08

Temps de Lecture 5 min.

Entre mars et avril, la part de marché de Google sur la recherche en ligne a encore progressé, passant de 64,2 % à 65,3 % au niveau mondial selon l'institut Comscore. A ce stade, la société californienne est-elle encore rattrapable ? Manifestement, les dirigeants de Microsoft, premier éditeur mondial de logiciels, y croient encore. Jeudi 28 mai, ils ont lancé la quatrième version en dix ans de leur moteur web. "Bing", c'est son nom, bénéficierait d'un budget promotionnel de 80 à 100 millions de dollars, selon le site Advertising Age.

Les trois précédents moteurs ("MSN Search", "Windows Live search" et "Live search") n'ont jamais réussi à dépasser le troisième rang mondial (3 % de parts de marché en avril). "Nous voulons prouver qu'il existe d'autres façons de faire des recherches en ligne, casser des habitudes. Nous sommes tenaces, nous avons les moyens financiers, nous nous donnerons du temps pour progresser", assure Olivier Marcheteau, responsable de la division grand public (portail MSN, etc.) de Microsoft France. "Une part très significative des 9 milliards de dollars que nous consacrerons en 2009 à la recherche et développement ira au moteur", ajoute M. Marcheteau.

Bing proposera des réponses rangées par thématiques et des outils d'"aide à la décision" ressemblant à des comparateurs de prix, pour faire du shopping ou réserver un billet d'avion plus facilement. Il n'abandonne cependant pas l'ergonomie introduite par Google il y a 10 ans : page d'accueil épurée et réponses sous la forme de liens rangés les uns sous les autres. Bing devrait être disponible aux Etats-Unis dès lundi 1er juin, en Europe quelques jours plus tard.

ENJEU CONSIDÉRABLE

D'autres que Microsoft tentent régulièrement de contester à Google sa suprématie, avec des promesses d'algorithmes de recherche révolutionnaires et des expériences utilisateurs inédites. Ainsi ces dernières années des start-ups comme Hakia, ChaCha, Cuil, ou Wikia. Jusqu'à présent en vain. La dernière en date, "Wolfram Alpha", donne des réponses impressionnantes mais surtout pour les recherches portant sur des chiffres.

Pour tous ces acteurs, l'enjeu est considérable. Le moteur de recherche sur le web, c'est ce qui permet de vendre le format de publicités en ligne le plus apprécié des annonceurs, le lien sponsorisé. C'est aux liens sponsorisés que Google doit sa fulgurante progression financière (21,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2008, pour 4,2 milliards de profits, dix ans à peine après sa création). Ils pèsent pour environ 40 % du total des dépenses en ligne des annonceurs. Dépenses qui, malgré la crise, devraient continuer à progresser en 2009 (de +8,6 % par rapport à 2008, à 54 milliards de dollars, selon ZenithOptimedia).

C'était déjà parce qu'il convoitait ce marché des liens sponsorisés que Microsoft a cherché à racheter le portail Yahoo ! en 2008. L'éditeur, qui était prêt à mettre plus de 40 milliards de dollars dans une telle transaction, comptait fusionner les équipes travaillant sur les moteurs respectifs des deux entreprises, et ce pour mieux contrer Google.

Aujourd'hui, Microsoft relance donc seul la bataille des moteurs. Mais Google a pris une longueur d'avance. S'il s'est beaucoup diversifié dans la fourniture de services gratuits (cartographie, vidéo, avec le rachat de YouTube, etc.), il est toujours focalisé sur son premier métier, le moteur.

"La moitié des 20 000 salariés de Google sont des ingénieurs, et 70 % d'entre eux travaillent sur la recherche" assure David Kadouch, chef de produit "moteur" à Mountain View, le siège californien de la société. " Il y a deux cents projets d'amélioration du moteur en interne", ajoute t-il.

L'objectif de la société est inchangé : une interface dépouillée et les réponses les plus rapides et les plus pertinentes possibles aux questions des internautes. C'est grâce à ce parti pris de simplicité et d'efficacité maximale que le moteur s'est si rapidement imposé il y a dix ans.

Les principaux acteurs du web de l'époque, Altavista ou Yahoo!, négligeaient cet outil et préferaient concentrer leurs efforts sur des "portails" (agrégateurs d'informations et de services), les plus complets possibles.

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"Notre souci permanent est d'anticiper les besoins des internautes. Entre autres améliorations, nous avons introduit la correction orthographique automatique des questions ou des "sous liens" dans les réponses qui permettent d'accéder directement à une partie du site recherché. Cela peut paraître anodin, mais rester à niveau demande beaucoup d' efforts. Le web ne cesse de s'étoffer et de se complexifier, avec de plus en plus de documents, et des formats nouveaux. Tous les jours, nous rajoutons des machines de stockage pour suivre", explique M. Kadouch.

Parmi les chantiers prioritaires chez Google aujourd'hui : la recherche "en temps réel", pour des réponses les plus actualisées possibles. Ou des projets de "moteur sémantique" comme Google "Squared", où les réponses aux questions sont organisées sous forme de tableaux, rangeant les informations par catégories.

NICHES SPÉCIALISÉES

Pour une "start-up", menacer Google paraît aujourd'hui quasi-impossible. Car sur ce marché pourtant très jeune, la "barrière à l'entrée" est devenue très difficile à franchir. Lancer un moteur coûte en effet beaucoup d'argent, notamment en systèmes de stockage, car pour qu'un moteur soit efficace, il faut d'une manière ou d'une autre archiver une bonne partie de l'information que contient le web.

Or "Google a acquis une compétence unique à gérer efficacement, à moindre coût, notamment énergétique, les millions de serveurs informatiques sur lesquels il archive le web", estime François Bourdoncle, fondateur du moteur Exalead. "Il n'y a pas d'algorithme magique", ajoute Jean Ferré, Pdg du moteur Sinequa.

Le défi semble redoutable y compris pour Microsoft et Yahoo!, même si d'un point de vue pertinence des réponses, "les trois moteurs se tiennent dans un mouchoir de poche", prétend M. Marcheteau, de Microsoft. Car pour les internautes, "Google" est devenu quasiment un générique ("je vais le googler sur internet", dit-on souvent, lorsqu'il s'agit d'aller faire une recherche en ligne sur une personne). "Google est difficile à dépasser, au moins dans les prochaines années, grâce à son immense popularité et à l'inertie des internautes", conclut David Hallerman, du cabinet eMarketer.

Sur des niches spécialisées (recherches historiques, voyages, etc.), certains moteurs peuvent espérer exister. "La segmentation de son audience sur des moteurs plus spécialisés, c'est une des seules menaces à moyen terme pour Google", selon M. Ferré, de Sinequa.

D'autres acteurs, comme Sinequa précisément - ou Exalead - peuvent tenter de croître sur le marché des moteurs d'entreprises, où Google s'est peu investi. Il y a peut-être aussi l'internet mobile, où Google n'a pas encore imposé sa marque. Il commence tout juste à y prendre pied, pour l'instant avec Android, son système d'exploitation pour téléphones. "Le mobile pourrait avoir un impact à long terme sur les recherches, mais d'une manière qu'il est encore difficile de prévoir", note Greg Sterling, auteur du blog spécialisé screenwerk.

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