Des aurores boréales observées partout en France vendredi soir

Il fallait avoir les yeux bien levés vers les cieux. Dans le cas contraire, c'était risquer de manquer un phénomène rare en France. Dans la soirée du vendredi 10 mai, le ciel de l'Hexagone s'est teinté d'une délicate couleur rose, celle des aurores boréales. À Bordeaux, en Bretagne, dans l'Yonne et même à Paris intra-muros. « J'ai la sensation de vivre une nuit historique en France », s'est ému sur X (ex-Twitter) l'astrophysicien et spécialiste des poussières d'étoiles Éric Lagadec.

Et, en effet, de très nombreux internautes, un peu partout dans le pays, ont partagé leurs photos et leur émerveillement face à ce spectacle de la nature, d'habitude plutôt visible dans les pôles. Puy-de-Dôme, Isère, Jura, Cher, Côtes-d'Armor, Pyrénées-Orientales… Ce sont plusieurs milliers de clichés qui ont fait état de ce phénomène, plus facilement observable avec un appareil photo, selon le prévisionniste météo Kévin Fillin : « Les voir à l'œil nu sera encore bien compliqué. Il faudra regarder en direction du nord et faire une pause longue avec son appareil photo pour en voir un maximum », expliquait-il vendredi 10 mai.

Ces aurores boréales sont dues à une tempête solaire très intense qui se dirige vers la Terre ce week-end. « Nous sommes presque certains qu'une série d'éjections de masse coronale, qui sont des explosions de particules énergétiques et de champs magnétiques partant du Soleil, sont dirigées vers la Terre », expliquait vendredi lors d'une conférence de presse Shawn Dahl, du Space Weather Prediction Center (SWPC), un centre américain spécialisé dans la prévision de la météo spatiale, comme l'a rapporté par l'Agence France-Presse.

« Le cadeau de la météo spatiale »

Les aurores sont dues à « l'interaction entre ce gaz chauffé et magnétique » et la Terre, a expliqué à France Bleu Éric Lagadec. « Ces particules chargées vont exciter les particules de l'atmosphère, notamment l'oxygène et l'azote, qui vont donner respectivement le vert et le rose » d'une aurore boréale, précise-t-il.

« C'est vraiment le cadeau de la météo spatiale », s'était ému Rob Steenburgh, scientifique au SWPC. Les aurores boréales ne doivent rien au hasard. En effet, l'année 2024 est celle où le Soleil arrive à son pic d'activité. Un cycle de onze ans qui a pris de l'avance, puisque ce pic était attendu en 2025. Un avis de vigilance concernant une tempête géomagnétique de niveau 4, sur 5, n'est émis que très rarement : le dernier l'avait été en 2005.

Selon les scientifiques du SWPC, la tempête pourrait persister tout au long du week-end. Il n'est donc pas impossible de voir de nouveau le ciel français se parer de ses plus belles couleurs samedi et dimanche.