L'écrivaine américaine Vendela Vida, en 2011.

L'écrivaine américaine Vendela Vida, en 2011.

Aurimages via AFP

"Nous avons treize ans, bientôt quatorze, et les rues de Sea Cliff nous appartiennent." Eulabee et ses amies Maria Fabiola, Faith et Julia règnent sur ce quartier chic de San Francisco, qui, les rares jours sans brume, offre une vue imprenable sur le Golden Gate Bridge. La bande fréquente une école privée pour filles, s’habille en Esprit et Guess, s’enthousiasme pour Breakfast Club, connaît par cœur les moindres recoins des falaises de Baker Beach et China Beach, et attire de plus en plus le regard des garçons.

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Jusqu’à ce que la sagace Eulabee se fasse exclure du groupe pour ne pas avoir soutenu la mythomanie de la belle Maria Fabiola, qui raconte à tout le monde qu’un homme s’est masturbé dans une voiture en leur demandant l’heure. Devenue une paria, elle doit se débrouiller seule ("un déjeuner sans amies, ça dure une éternité") au milieu d’une communauté où les mensonges et malaises pullulent.

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Figure de la scène littéraire branchée américaine – elle a fondé et longtemps dirigé le magazine The Believer –, Vendela Vida réussit avec Dompter les vagues un formidable roman sur l’adolescence, entre Bret Easton Ellis pour l’évocation très référencée des années 1980, Sofia Coppola pour le spleen des jeunes filles, et le film Clueless pour le regard sarcastique sur ces écolières privilégiées. Native de San Francisco où elle vit toujours avec son mari, l’écrivain Dave Eggers, Vendela Vida saisit aussi cette période particulière de la ville, après la contre-culture des hippies crasseux, mais avant les milliards des nababs de la tech.

Dompter les vagues, par Vendela Vida, traduit de l’américain par Marguerite Capelle. Albin Michel, 287 p., 21,90 €.