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Véhicules incendiés, magasins pillés, affrontements entre manifestants et forces de l’ordre : des violences ont émaillé la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, alors que l’Assemblée nationale se penche sur une révision constitutionnelle dénoncée par les indépendantistes.
A l’entrée de la « capitale » de Nouvelle-Calédonie, principale ville touchée par ces violences, une importante usine spécialisée dans l’embouteillage a été victime d’un incendie volontaire et totalement ravagée par les flammes aux alentours de 22 heures lundi (13 heures à Paris), a constaté une journaliste de l’AFP.
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Plusieurs supermarchés ont été pillés à Nouméa, mais aussi dans les villes limitrophes de Dumbéa et du Mont-Dore. Au moins deux concessions automobiles étaient également la proie des flammes vers 23 heures, a aussi pu constater l’AFP.
Nuit d' #émeutes à Nouméa, l'usine #LeFroid a été entièrement détruite par les flammes.
— Charlotte Mannevy (@CMannevy) May 13, 2024
De nouveau pillages signalés, deux concessionnaires automobiles incendiés également. pic.twitter.com/thSNcenv8i
Depuis la tombée de la nuit, gendarmes mobiles et policiers sont aux prises avec de jeunes manifestants masqués ou encagoulés, qui se sont notamment emparés de plusieurs ronds-points. Des feux ont été allumés sur la chaussée pour entraver la circulation tandis que des tirs de lanceur de balles de défense et de grenades de désencerclement se font entendre dans toute l’agglomération.
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Dans un communiqué publié avant les violences de la nuit, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a condamné « les blocages de voies publiques qui ont lieu depuis ce matin et les nombreuses prises à partie des fonctionnaires de police et des militaires de la gendarmerie nationale ».
Il a précisé avoir donné l’ordre du « déblocage progressif » des axes occupés dans la journée et demandé « que les délinquants mis en cause dans ces actions illégales soient interpellés ». La vente d’alcool et le transport d’armes seront interdits sur l’ensemble du territoire calédonien mardi et mercredi, est-il précisé dans le communiqué.
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La crainte d’une « minorisation » du peuple autochtone kanak
Les premières altercations avec les forces de l’ordre ont commencé dans la journée, en marge de la mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle examinée ce lundi à l’Assemblée nationale, qui vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales en Nouvelle-Calédonie. Un peu plus tôt, le Congrès de Nouvelle-Calédonie avait adopté une résolution demandant le retrait de la réforme, un appel relayé par la gauche en métropole.
Etabli en 1998 par l’accord de Nouméa, le corps électoral est en effet gelé, ce qui a pour conséquence, vingt-cinq ans plus tard, de priver de droit de vote près d’un électeur sur cinq. Pour le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a porté cette réforme constitutionnelle, cette disposition « n’est plus conforme aux principes de la démocratie ».
Mais les indépendantistes critiquent à l’inverse un dégel qui risque de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak ».
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Après celle du Sénat, l’approbation des députés est nécessaire pour faire cheminer le projet gouvernemental, qui sera soumis à un vote solennel mardi après-midi dans l’hémicycle de l’Assemblée. Il faudra ensuite réunir le Parlement en Congrès pour réviser la Constitution, à une date qui reste à fixer.
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Au Sénat, un mécanisme a été ajouté pour permettre la suspension de cette réforme constitutionnelle si un accord local survient jusqu’à dix jours avant les prochaines élections provinciales. Le gouvernement avait initialement fixé une date limite au 1er juillet, perçue comme un « ultimatum » par les oppositions.
A l’Assemblée nationale, le projet de loi a été adopté sans encombre en commission avec le soutien du camp présidentiel, de la droite et de l’extrême droite, malgré l’opposition de la gauche qui a déposé une série d’amendements.