Mécontent du modèle proposé par les plateformes, le producteur britannique s’en remet aux auditeurs, assurant la promotion de Vault, une communauté qui invite à s’abonner au profil de son artiste préféré, moyennant quelques dollars par mois.
Publié le 26 mars 2024 à 17h34
Tandis que Spotify se targue de reverser toujours plus aux musiciens (tout en refusant de s’acquitter de la taxe streaming), certains artistes continuent de chercher une alternative au modèle de rémunération des plateformes d’écoute en ligne. C’est le cas de l’Anglais James Blake qui, voilà quelques semaines, posait sur X l’actuel dilemme économique des musiciens : « Si les gens veulent de la musique de qualité, quelqu’un doit financer cela. Les services de streaming ne paient pas correctement, les labels veulent une part plus importante que jamais et attendent que vous deveniez viral, TikTok ne paie pas correctement et les tournées deviennent prohibitives pour la plupart des artistes. » Pour résoudre cette équation, l’idée de l’estimable James Blake est simple, à défaut d’innover : s’en remettre aux fans. Dans une série de messages postés ces derniers jours, il fait donc la promotion de Vault, une plateforme de souscription à laquelle il s’est affilié.
Vault is a place to share music more intimately before songs are out anywhere else (if at all, your choice), instantaneously and with the ability to communicate with your audience. We can’t reach our own fans on DSPs. Why can’t we? Cause they own the data. With Vault, the artist…
— James Blake (@jamesblake) March 20, 2024
À mi-chemin entre Patreon et OnlyFans, comme l’ont relevé des internautes, Vault invite à s’abonner au profil de leur artiste préféré – James Blake par exemple – moyennant quelques dollars par mois, en échange d’un accès illimité à des contenus exclusifs. Sur le papier, le modèle de souscription a pu un temps paraître vertueux, en tissant un lien direct entre les fans et l’artiste et en rémunérant celui-ci sans intermédiaire. Mais ces dernières années, les plateformes en question – Patreon en tête – n’ont jamais réellement décollé, et pour cause.
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« L’utilisateur souscrit à deux comptes et il atteint déjà le prix d’un abonnement pour Spotify ou Apple Music. À l’année, cela fait 60 dollars versés à l’artiste », résume un internaute, sous-entendant qu’à ce compte-là difficile de soutenir des dizaines de musiciens. Dans le Guardian, le musicien anglais Tom Vek souligne lui aussi cette limite évidente, sans compter l’injonction à créer à tout prix. Débarquant avec un train de retard, James Blake ne semble pas exempt de cynisme sur la question. Car sous couvert de défendre la création, il assume de faire payer au fan le salaire des musiciens, tout en continuant à tirer parti des revenus de l’exploitation de sa musique sur les plateformes de streaming. Plateformes qu’il critique tant, mais dont il n’est pas l’un des moins bien lotis. Son constat de départ était louable, la finalité l’est un peu moins.
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