Pour la chanteuse Grimes, donner sa voix à l’IA c’est la bonne voie

“Utilisez ma voix, sans aucune limite.” En matière d’intelligence artificielle, la popstar canadienne a choisi son camp : liberté totale de création… mais sans s’assoir sur ses revenus.

Grimes lors de son concert au festival Coachella en 2016.

Grimes lors de son concert au festival Coachella en 2016. Photo Emma McIntyre/Getty Images for Coachella

Par Jean-Baptiste Roch

Publié le 26 avril 2023 à 17h15

En un tweet tout sauf sibyllin, la chanteuse canadienne Grimes a tranché à elle seule le débat qui agite depuis peu l’industrie musicale − et bien au-delà − quant à l’usage de l’intelligence artificielle. Pour elle, c’est oui, sans aucune forme d’ambiguïté : « Je partagerai 50 % des revenus sur toute chanson générée par l’IA qui utiliserait ma voix. De la même manière que je le ferais avec n’importe quel artiste avec qui je collabore. Utilisez ma voix, sans aucune limite. Je n’ai pas de maison de disques, ni de liens légaux qui me retiennent. » Une vision plutôt progressiste en apparence, balayant d’un revers de main la méfiance qui accompagna toutes les révolutions technologiques dans la musique − de la guitare électrique à la radio en passant par les boîtes à rythmes. Les craintes à ce sujet se sont cristallisées récemment après que Heart on My Sleeve, une chanson générée à partir d’une intelligence artificielle reprenant les voix des rappeurs Drake et The Weeknd, soit devenue virale, accumulant des millions d’écoutes sur YouTube, TikTok et Spotify.

La chanson, rapidement retirée sous la pression des maisons de disques des deux artistes, a jeté une lumière crue sur le flou qui entoure le sujet : faut-il interdire tous ces morceaux utilisant la technologie de l’intelligence artificielle et composés par des inconnus, qui se rapprochent de plus en plus d’œuvres authentiques ?

Deux camps semblent aujourd’hui se dessiner : les farouches opposants, telle la major du disque Universal, qui vient d’exhorter Spotify et Apple Music à empêcher le téléchargement de millions de titres utilisés pour nourrir les algorithmes et copier encore plus fidèlement les voix des stars de la pop. De l’autre, les partisans d’un laisser-faire, à l’instar de Grimes, ex-compagne d’Elon Musk, qui, du haut de son confort matériel, refuse toute contrainte juridique et trouve ça « cool d’être fusionné avec une machine », tout comme « l’idée d’ouvrir toutes les sources d’art et de supprimer les droits d’auteur ». On pourrait lui rétorquer que le droit d’auteur fut justement instauré pour protéger les auteurs d’une utilisation sauvage de leur œuvre. Mais à l’heure où bon nombre de musiciens crèvent de faim sur les plateformes de streaming, c’est l’une des nombreuses et épineuses questions que charrie aujourd’hui l’intelligence artificielle, avec acuité.

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