En déplacement en Ille-et-Vilaine le 13 mai, Laurent Wauquiez a affirmé que l'Office français de la biodiversité devait être "supprimé".
Auprès de TF1, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes dément toutefois avoir utilisé le terme de "racket" pour qualifier le travail des agents de l'établissement public.
Ce n'est pas la première fois que l'élu s'en prend à l'OFB.

Depuis février, Laurent Wauquiez s'est lancé dans un tour de France du monde agricole et sa visite sur une exploitation en Ille-et-Vilaine le 13 mai n'est pas passée inaperçue. Selon Ouest-France, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes aurait en effet, à cette occasion, exprimé sa position en faveur d'une suppression de l'Office français de la biodiversité (OFB), l'établissement public dont les agents sont chargés, entre autres, de faire respecter les mesures environnementales, et aurait qualifié de "racket des agriculteurs" le travail de ses agents.

Des propos qui ont déclenché une vive polémique, qualifiés par exemple "d'inacceptables" sur le réseau social X par le député européen EELV David Cormand. Contacté par TF1, Laurent Wauquiez dément "avoir prononcé cette phrase". 

"Il y a eu confusion, précise son entourage. Laurent Wauquiez évoquait l'attitude d'associations extrémistes." Dans Le Courrier de l'Ouest le 14 février dernier, il avait en effet qualifié de "racket" les procédures judiciaires déclenchées par les associations contre les agriculteurs. "Il n'a jamais été question d'imputer ce type de faits à l'OFB mais à certaines associations", insiste son entourage, qui précise avoir effectué une demande de rectification auprès de Ouest-France.

Selon Wauquiez, l'OFB traite les agriculteurs comme des "délinquants"

Reste que sur le fond, Laurent Wauquiez n'a pas changé d'avis : il confirme auprès de TF1 son souhait de voir supprimé l'établissement public. "Je le maintiens, il faut supprimer l’OFB, dit-il. On ne peut pas continuer avec des agents qui contrôlent nos agriculteurs avec des pistolets et qui les traitent comme des délinquants. Oui, c’est une organisation qu’il faut supprimer. Il faut revenir à ce qui existait antérieurement, et conseiller et accompagner nos agriculteurs au lieu de les sanctionner."

En visite à Lyon jeudi aux côtés de Laurent Wauquiez dans le cadre de la signature du contrat de plan État-Région, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a évoqué en ces termes leurs divergences de vues sur ce sujet : "Nous avons des désaccords en 3 lettres - ZAN, OFB… — Mais ça se réglera dans un autre endroit."

Est-ce qu'il faut vraiment venir armé quand on vient contrôler une haie ?
Gabriel Attal face aux agriculteurs

L'OFB a été créé en 2019 par la fusion de l'Agence française pour la biodiversité et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, avec entre autres objectifs le renforcement de ses missions de police de l'environnement. Ses agents sont habilités à constater des infractions au titre de leurs missions de police judiciaire, notamment dans les champs.

Une partie de la colère agricole pendant la crise s'était cristallisée sur l'OFB, notamment après une petite phrase prononcée par Gabriel Attal dans une exploitation, le 26 janvier. "Est-ce qu'il faut vraiment venir armé quand on vient contrôler une haie ?", avait-il questionné. Des propos perçus par les agents comme une remise en cause de leur mission. Plusieurs incidents avaient ensuite visé agents et bureaux de l'OFB.

Dans la réalité, peu de contrôles dans les exploitations

Laurent Wauquiez, lui, défend sa position. "Nous avons l’agriculture la plus respectueuse de l’environnement au monde. Nous n’avons pas besoin d’un organisme qui fasse régner la terreur. Nos agriculteurs ont besoin d’aide et de soutien, insiste-t-il. C’est en soutenant nos agriculteurs que nous pourrons réduire les importations qui viennent de pays qui ne respectent pas nos normes et polluent la planète.

Ce n'est pas la première fois qu'il tient ce genre de propos : le 2 février dernier, il avait ainsi évoqué sur France Bleu Drôme Ardèche "le harcèlement administratif" vécu par les agriculteurs. "On contrôle plus nos agriculteurs que les points de deal et les trafics de drogue", avait-il aussi déclaré 15 février dans le Maine-et-Loire, décrivant "une fureur administrative".

L'OFB en chiffres

Mais le nombre de contrôles réalisés par les agents de l'OFB est relatif, l'établissement ayant peu de moyens. Ainsi, selon les chiffres transmis par Guillaume Rulin, élu au conseil social d'Administration à l'OFB pour le syndicat EFA CGC : 

- Sur les 21.635 contrôles administratifs réalisés en 2023, seulement 2759 l'ont été dans le monde agricole (sur les 400.000 exploitations en France). Ce sont surtout les particuliers qui font l'objet des contrôles (41%).

- En matière judiciaire (les agents de l'OFB ont des missions de police administrative sous l'autorité des préfets et de police judiciaire sous l'autorité des procureurs), il y a eu 1273 procédures en 2023, soit 13 PV par an et par département en moyenne, calcule le syndicat.

- La plupart des contrôles portent sur la qualité de l'eau ou la gestion quantitative de la ressource.

- Sur le port de l'arme : 136 fiches d'incidents entre 2020 et 2023 pour les 1700 agents de terrain (40% d'agressions verbales, 30% de menaces orales et outrages, 20% d'agressions physiques, 10% de menaces avec armes).

Depuis la fin de la crise agricole, une nouvelle convention doit être signée entre les chambres d'agriculture et l'OFB pour organiser les futurs contrôles. Celle-ci prévoyait le maintien du port d'armes pour les agents de l'établissement public, mais depuis, les discussions ont achoppé et selon nos informations, cette convention est aujourd'hui au point mort.


Marianne ENAULT

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