Selon la FAO, la perte de biodiversité a affecté 75 % des plantes cultivées. Dans ce contexte, plusieurs initiatives se sont mises en place pour préserver les semences. Si la Réserve mondiale de semences dans l'archipel norvégien du Svalbard est la plus grande et la plus connue au monde, abritant plus d'un million de semences (dont 5 700 graines de la République populaire démocratique de Corée - Corée du Nord - par ailleurs signataire depuis 2016 du traité du Svalbard), la République de Corée (Corée du Sud) n'est pas en reste, la Réserve mondiale de semences Baekdudaegan étant l'une des principales autres initiatives au monde d' "arche de Noé" végétale, conçue pour résister aux pires cataclysmes. 

Le bâtiment en forme de graine, hautement sécurisé à l'abri des barbelés et sous protection policière, abrite l'un des projets les plus ambitieux au monde : alors que la réserve du Svalbard se concentre sur les espèces alimentaires, la réserve Baekdudaegan vise à préserve toute la biodiversité végétale, y compris les plantes sauvages volontiers qualifiées de "mauvaises herbes", menacées d'extinction et qui ne sont malheureusement pas une priorité des programmes de recherche. Au total, on compte dans la chambre forte de la réserve coréenne plus de 100 000 graines de quelque 5 000 espèces. 

Sa création en 2016 s'inscrit dans la continuité du Protocole de Nagoya de 2010 sur l'accès aux ressources génétiques (qu'il s'agisse de plantes, d'animaux, de bactéries ou d'autres organismes). La préservation de la diversité végétale a une incidence directe non seulement sur la consommation, mais aussi sur la pharmacopée ou les biocarburants. Par exemple, un arbre comme l'anis étoilé, très répandu dans le sud-est asiatique, est utilisé pour - entre autres - ses qualités antivirales, tant en médecine traditionnelle que pour les médicaments des laboratoires.

Enfoui sous une montagne, située à 46 mètres de profondeur et 600 mètres en dessous du niveau de la mer, l'entrepôt de la réserve Baekdudaegan est accessible par un ascenseur et un tunnel de béton, le saint des saints étant ultimement protégé par d'imposantes portes en acier. La réserve Baekdudaegan a été conçue pour pouvoir résister aux catastrophes climatiques majeures (comme un séisme de magnitude 6,9), aux guerres et aux attaques nucléaires. Accueillant des plantes du monde entier, des pays d'Asie centrale comme le Kazakhstan et le Tadjikistan ayant été parmi les premiers à y recourir, les espèces sont conservées à une température de - 20 °C et un taux d'humidité de 40 %. Les dépositaires restent propriétaires des graines, sur un site qui peut préserver jusqu'à 2 millions de graines, soit 20 fois le nombre actuel de semences. 

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