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R�publique de C�te d'Ivoire

C�te d'Ivoire

 
Capitale: Yamoussoukro (depuis 1983)
Population: 23,8 millions (2017)
Langue officielle: fran�ais 
Groupe majoritaire:
aucun 
Groupes minoritaires:
baoul� (19,5%), dioula (17,7%), s�noufo (9,9%), yacouba (6,2%), anyin (6,0%), moor� (5,7%), et plus de 70 autres langues nationales
Langue coloniale: fran�ais
Syst�me politique: r�publique unitaire
Articles constitutionnels (langue): article 29 de la Constitution du 23 juillet 2000
Lois linguistiques:  Loi n� 60-366 du 14 novembre 1960 portant Code de proc�dure p�nale (1960); Loi n� 64-373 du 7 octobre 1964, relative au nom, modifi�e par la loi n� 83-799 du 2 ao�t 1983 (1964); Loi n� 64-374 du 7 octobre 1964, relative � l'�tat civil, modifi�e par la loi n� 83-799 du 2 ao�t 1983 (1964); D�cret n� 66-375 du 8 septembre 1966 portant cr�ation de l'Institut de linguistique appliqu�e (1966); Loi n� 69-372 du 12 ao�t 1969 portant statut du notariat (1969); Loi du 18 ao�t 1977 n� 77-584, portant r�forme de l'enseignement (1977); Loi n� 95-15 du 12 janvier 1995 portant Code du travail (1995); Loi n� 95-696 du 7 septembre 1995 relative � l'enseignement (1995); D�cret n� 2004-564 du 7 octobre 2004 portant organisation du minist�re de l'�ducation nationale (2004); D�cret 2009-259 portant Code des march�s publics (2009); D�cret n� 2012-625 du 6 juillet 2012 portant attributions des membres du gouvernement (2012).

1 Situation g�n�rale

La C�te d'Ivoire est un �tat d'Afrique occidentale de 322 463 km (l'�quivalent de l'Allemagne), baign� par le golfe de Guin�e au sud (l'oc�an Atlantique), limit� � l'ouest par le Lib�ria et la Guin�e, au nord par le Mali et le Burkina, � l'est par le Ghana (voir la carte g�n�rale du pays).

Le territoire ivoirien est divis� en 19 r�gions (voir la carte d�taill�e des r�gions), puis en d�partements, sous-pr�fectures et communes. En ao�t 2009, on comptait 19 r�gions, 2 districts, 81 d�partements, 390 sous-pr�fectures, plus de 8000 villages et environ 1000 communes. Les r�gions administratives sont les suivantes: r�gion des Lagunes, r�gion du Sud-Como�, r�gion de l'Agn�by, r�gion du Haut-Sassandra, r�gion des Savanes, r�gion de la Vall�e du Bandama, r�gion du N'zi-Como�, r�gion du Moyen-Como�, r�gion des Montagnes, r�gion des Lacs, r�gion du Zanzan, r�gion du Bas-Sassandra, r�gion de Worodougou, r�gion du Dengu�l�, r�gion du Sud-Bandama, r�gion de la Marahou�, auxquelles il faut ajouter, depuis 1999, la r�gion du Fromager, la r�gion du Moyen-Cavally et la r�gion du Bafing.

Abidjan, la capitale �conomique du pays et son plus grand port, abrite 3,9 millions d'habitants. Depuis qu�en 1983 Yamoussoukro, ville natale de l'ancien pr�sident Houphou�t-Boigny, est devenue la capitale politique du pays, la population de cette ville a plus que tripl�, pour atteindre pratiquement 300 000 habitants. Comme autres villes importantes, mentionnons aussi Bouak� (1,5 million d'habitants), Daloa (173 107), Korhogo (142 039 ), Man (116 657) et Gagnoa (107 124 ).

2 Donn�es d�molinguistiques

La population ivoirienne est assez in�galement r�partie dans le pays, puisque la r�gion des Lagunes (avec la ville d'Abidjan) compte � elle seule 34 % de la population totale; les cinq r�gions les plus peupl�es (Lagunes, Haut-Sassandra, Savanes, Vall�e du Bandama, Montagnes) d�passent les 73 % de la population. 

2.1 Les ethnies

La C�te d'Ivoire constitue une v�ritable mosa�que ethnique, car on y d�nombre plus de 60 ethnies diff�rentes qu'on peut regrouper en quatre grands groupes (selon des crit�res linguistiques):

1) Le groupe mand� : localis� dans le nord-ouest du pays, ce groupe, appel� aussi mandingue, compte surtout les Malink�, les Bambara, les Dioula, les Foula, etc. Au centre-ouest, l'ethnie des Dan r�side dans la zone montagneuse du pays, principalement autour de Man.

2) Le groupe krou : au centre-sud et au sud-ouest r�sident les Krou ou Magw�, la principale population de cet ensemble ethnique �tant les B�t�.

3) Le groupe gour (volta�que): au nord-est, ce groupe constitue l'un des plus anciens peuples du pays, avec les S�noufo et les Lobi, qui  habitent le Nord. 

4) Le groupe akan : � l'est, au centre et au sud-est se trouvent les Akan, l'ethnie la plus nombreuse, et que l'on divise en Akan du Centre (principalement Baoul�), en Akan frontaliers (Agni, Abron, etc.) et en Akan lagunaires (Ebri�, Abour�, Adioukrou, Appolloniens, etc.).

Les ethnies les plus importante sont les S�noufo (9,7 %), les Malink� (8,5 %), les Baoul� (6,6 %), les  Dan appel�s aussi Yacouba (5,9 %), les B�t� (5,7 %), les Agni (4,5 %), les Gouro (3,6 %), les Dioula (3,4 %), les Gu�r� (3,4 %), les Dida (2,1 %), les Lobi (1,8 %), les Wob� (1,7 %), les Ab� (1,4 %), les Adjoukrou (1 %), les �bri� (0,7 %), etc.

La C�te d'Ivoire accueille sur son sol quatre � cinq millions d'�trangers, soit au moins le tiers de sa population, un cas presque unique au monde. Mentionnons notamment les Burkinab�s (environ trois millions), les Ghan�ens (environ 500 000), les Lib�riens (100 000), les Europ�ens (environ 20 000 Fran�ais, dont un tiers de binationaux, des Allemands, des Belges, etc.), les Am�ricains et les Syro-Libanais (environ 100 000).

2.2 Les langues

Sur le plan linguistique, le pays offre une aussi grande diversit�: on y d�nombre quelque 70 langues. La quasi-totalit� des langues appartient � la grande famille nig�ro-congolaise. Les colonisateurs fran�ais ont � l'�poque regroup� les langues en groupes linguistiques. On distingue ainsi en c�te d'Ivoire les langues ouest-atlantique, kwa, gour, krou et mand�. Seules six langues sont parl�e par plus d'un million de locuteurs; 28 par plus de 1000 locuteurs et 37 par plus de 50 000 locuteurs, sans compter les nombreuses langues parl�es par quelques milliers ou quelques centaines de locuteurs. Le tableau ci-dessous ne pr�sente que les langues comptant plus de 50 000 locuteurs.

Ethnie Population Pourcentage Langue Religion
Baoul� 4 645 000 19,5 % baoul� chr�tienne
Malink� 4 217 000 17,7 % dioula musulmane
S�noufo 2 129 000 9,9 % s�noufo ethnique
Dan 1 490 000 6,2 % dan (yacouba) ethnique
Anyi 1 444 000 6,0 % anyin chr�tienne
Mossi 1 361 000 5,7 % moore chr�tienne
B�t� 730 000 3,0 % b�t� ethnique
Atti� 642 000 2,6 % atti� chr�tienne
Gouro 580 000 2,4 % gouro ethnique
Fulani 479 000 2,0 % peul musulmane
Gu�r� du Centre 422 000 1,7 % we du Sud ethnique
Haoussa 395 000 1,6 % haoussa musulmane
Kulango 372 000 1,5 % koulango ethnique
Malink� mau 348 000 1,4 % mahou musulmane
Akan 346 000 1,4 % akan Chr�tienne
Dida 336 000 1,4 % dida Chr�tienne
Lobi 270 000 1,1 % lobi ethnique
Abe, Abbey 268 000 1,1 % abe Chr�tienne
Wobe 265 000 1,1 % we du Nord ethnique
Brong 223 000 0,9 % abron ethnique
Sonink� sarakol� 185 000 0,7 % sonink� musulmane
Ebri� 152 000 0,6 % �bri� chr�tienne
Odienne 147 000 0,6 % wojenaka musulmane
Adjoukrou 140 000 0,5 % adioukrou chr�tienne
Bissa 127 000 0,5 % bisa ethnique
Worodougou 115 000 0,4 % worodougou musulmane
Yoruba 115 000 0,4 % yoruba chr�tienne
Nzema 113 000 0,4 % nzema chr�tienne
Abur� 93 000 0,3 % abur� chr�tienne
Abidji 85 000 0,3 % abidji chr�tienne
Koyaga 84 000 0,3 % koyaga musulmane
Nyabwa-Nyedebwa 72 000 0,3 % nyabwa ethnique
Grebo de la C�te 71 000 0,3 % grebo du Sud chr�tienne
Gagou 70 000 0,3 % gban ethnique
Tura 67 000 0,2 % toura ethnique
Koro, Koro Jula 58 000 0,2 % koro musulmane
Arabe Libanais 55 000 0,2 % arabe leventin musulmane
Autres 1 015 000 4,2 %    
Total 2017 23 816 000 100,0 %    

Toutes ces langues appartiennent � la famille nig�ro-congolaise, � l'exception de l'arabe leventin (famille afro-asiatique).

- Le dioula

Le dioula occupe une position privil�gi�e, car il sert de langue v�hiculaire commer�ante entre les Ivoiriens; bien qu'il ne constitue la langue maternelle que de 17,7 % de la population, il serait parl� comme langue seconde (� des degr�s divers) par sept millions de locuteurs, ce qui lui conf�re un r�le important comme langue v�hiculaire, notamment dans les �changes commerciaux. La vitalit� des langues ivoiriennes ne fait pas de doute puisque 88 % des conversations relev�es dans les march�s se font dans l'une de ces langues. De plus, la moiti� des enfants parleraient au moins deux langues africaines dont le dioula, le baoul�, le b�t� et l'agni. C'est pourquoi il demeure surprenant que les langues ivoiriennes n'aient pas encore obtenu un r�le plus important dans la vie sociale du pays.

- Le fran�ais

Quant au fran�ais, c'est la langue officielle de l'�tat et celle de l'�cole. Comme un peu partout en Afrique, les langues nationales, surtout celles qui sont de moindre importance, sont apprises dans le cadre familial, notamment en milieu rural lorsque les deux parents sont de la m�me ethnie et qu�ils parlent leur langue � leurs enfants. Cependant, m�me en ce cas, il arrive que la langue des parents soit utilis�e concurremment avec le fran�ais. Par exemple, dans une grande ville comme Abidjan, le fran�ais vient largement en t�te des langues apprises comme premi�re langue et il n�est concurrenc� que par le dioula, mais uniquement dans les quartiers � fort taux de population d�origine mandingue.

� Abidjan et dans la plupart des centres urbains, les enfants sont expos�s tr�s t�t aux diff�rentes vari�t�s du fran�ais. En effet, il existe en C�te d�Ivoire trois vari�t�s de fran�ais : le fran�ais ivoirien, le fran�ais populaire ivoirien et le �nouchi�. Le fran�ais dit �ivoirien� correspond pour l'essentiel au fran�ais standard, mais avec une prosodie toute particuli�re influenc�e par les langues tonales d'Afrique; il en r�sulte une musicalit� de la langue bien diff�rente de celle du �fran�ais de France�. Le fran�ais populaire ivoirien provient d�une appropriation spontan�e et libre du fran�ais. Quant au nouchi, c'est un argot n� au d�but des ann�es 1980 appel� aussi le �fran�ais de la rue�. Le nouchi se caract�rise au niveau lexical par des changements de sens et des emprunts aux langues ivoiriennes, notamment au dioula. Le nouchi utilise la syntaxe du fran�ais standard ou du fran�ais populaire ivoirien.

En somme, le fran�ais en C�te d'ivoire est � la fois une langue v�hiculaire et et une langue vernaculaire. C'est aussi un fran�ais parl� qui se particularise. Jusqu�au d�but des ann�es 1990, l'�cole restait le lieu privil�gi� de l'apprentissage du fran�ais dans sa forme scolaire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, car la rue a pris le relais de l'�cole. Il est vrai que le nombre de locuteurs d�clarant parler fran�ais est en constante augmentation, mais la qualit� g�n�rale de la langue fran�aise parl�e est d�cri�e par les intellectuels ivoiriens. La plupart des jeunes ayant appris le �fran�ais de la rue� sont persuad�s que leur �fran�ais ivoirien� correspond au fran�ais officiel standardis�, mais ce fran�ais employ� en C�te d�Ivoire tend actuellement � appara�tre comme un syst�me fortement r�gionalis� au point que l'intercompr�hension entre les deux vari�t�s de fran�ais peut devenir quasi nulle. Plus d'un million de locuteurs n'utilisent qu'une vari�t� pidginis�e de fran�ais, appel�e officiellement �fran�ais populaire ivoirien�, mais aussi fran�ais petit-n�gre�, une vari�t� de fran�ais � peu pr�s inintelligible pour un francophone non ivoirien tant les diff�rences peuvent �tre importantes aux plan phon�tique, grammatical et lexical.  

2.3 Les religions

Il n'existe pas de religion majoritaire en C�te d'Ivoire. Plus du tiers des Ivoiriens (38 %) adh�re � l'islam. Suit le christianisme, surtout le catholicisme (22 %) et le protestantisme (5,5 %).  Le reste de la population, notamment dans les campagnes, est demeur� fid�le aux religions traditionnelles ou tribales (17 %), qui impr�gnent plus ou moins profond�ment les autres croyances. Enfin, 17 % des Ivoiriens ont d'autres religions.

Soulignons qu'il peut exister des liens entre la religion et les langues en C�te d'Ivoire. Ainsi, l'usage de la langue fran�aise, bien que pr�pond�rant, n�est pas institutionnalis�. Par exemple, certaines religions utilisent les langues locales ivoiriennes. Si les chr�tiens et assimil�s utilisent � �galit� le fran�ais et les langues ivoiriennes, les musulmans emploient plut�t l'arabe et le dioula. 

3 Donn�es historiques

On ignore encore l'histoire tr�s ancienne de la C�te d'Ivoire, car le climat humide du pays ne favoriserait gu�re la conservation des ossements. Toutefois, la d�couverte de fragments d'armes et d'outillages montre qu'au pal�olithique sup�rieur (-15 000 � -10 000 ans) des hommes �taient d�j� pr�sents dans la r�gion. � la fin du Ier mill�naire, le nord de la C�te d'Ivoire �tait peupl� par les S�noufo et les Koulango. Il semble que les Pygm�es soient arriv�s au cours de cette p�riode dans cette partie de l'Afrique, car ils �taient pouss�s � se d�placer par la disparition des for�ts du Sahara. On sait aussi que, d�s le Xe si�cle, le commerce transsaharien atteignait le nord de la C�te d�Ivoire en entra�nant les premi�res migrations de populations mandingues, qui s��tablirent, un peu plus tard (vers le XIIIe si�cle), � la lisi�re de la for�t. D'apr�s les textes �crits par les premiers explorateurs europ�ens, des mouvements migratoires se seraient acc�l�r�s au moment de la constitution des grands empires du Ghana, du Mali et du Songa� et se seraient poursuivis jusqu'au XVIIIe si�cle pour donner au pays sa configuration ethnique actuelle: les peuples lagunaires le long de la c�te, les Mand� au nord et � l'ouest, les S�noufo au nord, les Krou � l'ouest, les Akan � l'est et les Gour au nord-ouest.

D�s le XVe si�cle, les explorateurs portugais parvinrent jusqu�� la c�te � partir de laquelle ils organisaient la traite n�gri�re et le commerce de l�ivoire. Rappelons que, 1494, le pape Alexandre VI Borgia avait contraint les Espagnols et les Portugais � signer le trait� de Tordesillas qui tra�ait les limites territoriales entre l'Espagne et le Portugal: tout ce qui serait d�couvert � l'ouest du m�ridien appartiendrait � l�Espagne et � l'est (Br�sil et Afrique), au Portugal. C�est ce qui explique pourquoi ce furent d�abord les Portugais qui colonis�rent l�Afrique de l�Ouest, sous l'impulsion du roi Henri le Navigateur, vers 1470. C'est aussi au cour de cette p�riode que datent les diff�rentes appellations donn�es au pays par les Europ�ens; celles-ci varient en fonction de l�accueil que les populations leur r�servaient et des produits qu�ils �changeaient avec ces derni�res. C'est ainsi qu'on a C�te des males gens (ou �mauvaises gens�), C�te des graines et de la malaguette (nom donn� au poivre de la Guin�e), C�te des dents, C�te du morphil (nom donn� � l'ivoire) et C�te d�ivoire.  Les Portugais donn�rent � plusieurs villes et fleuves les noms que nous leur connaissons aujourd'hui: Sassandra, San Pedro, Fresco, Cabo Palmas, etc.

Afin de r�pondre aux nouveaux besoins de la r�volution industrielle, l'amiral fran�ais Bouet croisa r�guli�rement dans la r�gion � partir de 1830. Il signa plusieurs contrats de monopole du commerce avec les chefs des diff�rentes tribus ivoiriennes. Ces contrats portaient essentiellement sur le commerce de l'or, de l'ivoire, du caoutchouc et de l'huile de palme. Petit � petit, les Fran�ais s'install�rent sur toute la c�te jusqu'� ce qu'ils soient chass�s par les Anglais en 1870.

3.1 La colonisation fran�aise

Cependant, le n�gociant fran�ais Arthur Verdier d�cida de rester en C�te d'Ivoire et de tenir t�te aux Anglais; il fit planter du caf� dans la r�gion d'Assinie. On sait que la culture du caf� deviendra plus tard la principale culture en C�te d'Ivoire avec le cacao.  Mais les Fran�ais se trouv�rent en comp�tition ouverte pour la domination de la r�gion avec les Britanniques qui avaient jet� leur d�volu sur la C�te-de-l�Or (l'actuel Ghana), la Gold Coast devenue la colonie britannique la plus prosp�re. Les Britanniques impos�rent partout leur langue et leurs institutions dans leurs colonies, au Ghana comme ailleurs. Les zones d�influence respectives de la Grande-Bretagne et de la France furent fix�es au congr�s de Berlin en 1885. Louis Gustave Binger (1856-1926) fut nomm� �r�sident fran�ais aux �tablissements de la C�te d'Ivoire� et, � ce titre, agit comme le repr�sentant de la France aupr�s des chefs locaux. � partir de 1887, Marcel Treich-Lapl�ne, un commis de Verdier, remonta vers le nord du pays en signant des trait�s au nom de la France, notamment avec les Betti�, les Agni et les Abron. Le 10 mars 1893, le d�cret portant cr�ation de la Colonie de C�te d'Ivoire �tait sign� et Louis Gustave Binger en devenait le gouverneur et Grand-Bassam fut choisie comme capitale. Les Fran�ais se heurt�rent � la r�sistance farouche des populations, qui utilis�rent les tactiques de la gu�rilla. Les foyers d'opposition furent r�prim�s de mani�re brutale et les diff�rentes r�gions de la C�te-d'Ivoire ne furent conquises qu'une � une, car il faudra plus de vingt ans � la France pour r�ellement s'imposer dans la r�gion.

Dans son entreprise de conqu�te de l�int�rieur des terres, la France se heurta dans le Nord au conqu�rant malink�, Samory Tour�, un guerrier d'origine guin�enne dont les forces �taient arm�es de fusils acquis aupr�s des Britanniques. En 1897, Samory fit raser la ville de Kong, dont les habitants avaient pactis� avec la France; celle-ci dut m�me avoir recours � l'aide britannique pour an�antir le nouvel empire de Samory Tour�, qui ne fut vaincu qu'en 1898 et d�port� au Gabon o� il mourut en 1900. Le conflit avait tout de m�me d�vast� une grande partie de la r�gion. En 1899, Grand-Bassam subit une terrible �pid�mie de fi�vre jaune; les Fran�ais se retir�rent de la ville et firent de Bingerville la nouvelle capitale de la C�te d'Ivoire.

La culture du caf�, introduite en C�te d�Ivoire par les colonisateurs d�s 1882, se d�veloppa et une classe de petits planteurs apparut.  En 1932, F�lix Houphou�t-Boigny, jeune m�decin form� � l'�cole de m�decine de Dakar, prit la d�fense des planteurs de cacao contre l�appropriation des terres par les grands propri�taires coloniaux et contre la politique �conomique qui p�nalisait les planteurs autochtones. La C�te d�Ivoire fut alors soumise aux milieux d�affaires comme la SCOA, la CFAO et les �tablissements Peyrissac. Ces grosses compagnies incit�rent le gouvernement fran�ais � int�grer � la colonie, entre 1932 et 1947, les r�gions tr�s peupl�es du centre et du sud de la Haute-Volta (l'actuel Burkina), dont les habitants �taient recrut�s pour le travail dans les plantations et constituaient le gros des contingents de �tirailleurs s�n�galais� envoy�s sur le front europ�en durant les deux guerres mondiales. Le recours au travail forc�, pour la construction de la voie ferr�e entre Abidjan et Ouagadougou destin�e � parfaire l�int�gration �conomique de ces territoires, renfor�a l�opposition anticoloniale

La France ne put assurer sa domination sur l�ensemble de la C�te d�Ivoire qu�au d�but du XXe si�cle. En 1902, la C�te d'Ivoire int�gra l'Afrique occidentale fran�aise dont le gouverneur r�sidait � Dakar. � partir de 1908, le gouverneur Angoulvant �labora un plan de �pacification� d�finitive, mais les autorit�s coloniales durent r�primer les r�voltes des Baoul� et des B�t� jusqu'en 1915. 

- La langue fran�aise

Pendant que les militaires se chargeaient de la �pacification� des territoires conquis, l'administration fran�aise et surtout l'�cole s'assuraient de la diffusion et de l'expansion du fran�ais. D�s le d�but de la colonisation fran�aise, il s��tablit un lien entre l'expansion coloniale, la promotion sociale et la connaissance du fran�ais. Tandis que le fran�ais �tait impos� comme langue officielle de l'administration coloniale, les langues ivoiriennes �taient syst�matiquement ignor�es, car la valeur de la culture africaine ne pouvait en aucun cas entrer en ligne de compte. L'un de ceux qui ont le mieux propag� l�id�ologie colonialiste fran�aise fut sans nul doute Hubert Lyautey (1854-1934), premier r�sident g�n�ral du protectorat fran�ais au Maroc en 1912, ministre de la Guerre lors de la Premi�re Guerre mondiale, puis mar�chal de France en 1921. Voici comment en 1929 Lyautey r�sumait dans l'Atlas colonial fran�ais la mission civilisatrice et humaniste de la France dans les colonies:
 

La colonisation, telle que nous l�avons toujours comprise n�est que la plus haute expression de la civilisation. � des peuples arri�r�s ou demeur�s � l��cart des �volutions modernes, ignorant parfois les formes du bien-�tre le plus �l�mentaire, nous apportons le progr�s, l�hygi�ne, la culture morale et intellectuelle, nous les aidons � s��lever sur l��chelle de l�humanit�. Cette mission civilisatrice, nous l�avons toujours remplie � l�avant-garde de toutes les nations et elle est un de nos plus beaux titres de gloire.

La politique coloniale fran�aise en mati�re d��ducation et d�administration correspondait � l'id�ologie des conqu�rants. Dans Langues et langage en Afrique noire (Paris, Payot, 1967), Pierre Alexandre, professeur � l'�cole des langues orientales, d�crit ainsi la langue fran�aise enseign�e dans les colonies:
 

C�est celle de Fran�ois Ier, de Richelieu, de Robespierre et de Jules Ferry. Une seule langue est enseign�e dans les �coles, admise dans les tribunaux, utilis�e dans l'administration : le fran�ais tel que d�fini par les avis de l'Acad�mie et les d�crets du ministre de l'Instruction. Toutes les autres langues ne sont que folklore, tutu panpan, obscurantisme, biniou et bourr�e; et ferments de d�sint�gration de la R�publique. Tel �tait du moins le principe, qui trouva son expression d�finitive avec les d�crets des ann�es 30, interdisant l'emploi dans l'enseignement, m�me priv�, de toute langue autre que le fran�ais (sauf pour le cat�chisme et l'instruction religieuse, mati�res d�pourvues de sanction officielle).

Le probl�me, c'est que ce n'est pas tout � fait le fran�ais de Fran�ois Ier ni celui de Jules Ferry qui a �t� enseign� en C�te d'Ivoire. Maurice Delafosse (1870-1926), un administrateur colonial fran�ais, aussi enseignant et linguiste, �crira plut�t que le fran�ais enseign� aux Noirs �tait un fran�ais �adapt� plus facile � comprendre et � enseigner :
 

Les indig�nes ont beau parler notre langue, nous avons toujours beaucoup de mal � nous faire comprendre et � les comprendre, et comme il n�est pas naturel, puisque nous nous estimons sup�rieurs � eux, que ce soit eux qui se mettent dans notre peau, c�est � nous de nous mettre dans la leur [...] il faut �videmment n�employer que les formes les plus simples des mots, mais surtout il faut n�employer que les mots que les Noirs peuvent comprendre.

Ces propos pr�figurent quelque peu la naissance du �fran�ais petit-n�gre� et autres vari�t�s de fran�ais d�Abidjan ou de C�te d�Ivoire. Maurice Delafosse essaie d'expliquer qu'il s'agit d'une cr�ation de la part des Noirs et non parce que les Fran�ais leur ont mal enseign� le fran�ais:

On nous dit souvent que c�est nous qui avons invent� le � petit-n�gre � et que si nous parlions aux Noirs un fran�ais correct, ils parleraient de m�me. Ce raisonnement est pu�ril ; si nous ne voulons parler � un Noir qu�un fran�ais correct, il sera plus d�un an avant de pouvoir nous comprendre, et quand il nous comprendra enfin, il nous r�pondra en petit-n�gre : voil� la v�rit� (je ne parle pas bien entendu d�un Noir auquel on apprendrait le fran�ais de fa�on r�guli�re).

Cette qualification de �fran�ais petit-n�gre� correspond � l�id�ologie dominante de l��poque, car ce fran�ais se voulait �adapt� � la mentalit� des Noirs. Soulignons que le fran�ais enseign� n'�tait pas toujours le fran�ais standard, surtout dans les villages. De fait, certains anciens combattants ivoiriens, apr�s leur d�mobilisation, furent parfois utilis�s comme enseignants dans les �coles de villages. C�est dans ces �coles qu�on comptait essentiellement des �moniteurs improvis�s� parlant le fran�ais dit �petit-n�gre�.

Cependant, la situation de multilinguisme g�n�ralis�, le manque d�enseignants qualifi�s et l'omnipr�sence des ��coles de village�, des ��coles r�gionales� et des ��coles urbaines� faisaient en sorte que l�enseignement dans les langues ivoiriennes n��tait pas v�ritablement interdit. D'ailleurs, un circulaire en date du 5 janvier 1939 rappelait que, conform�ment � une lettre du ministre des Colonies, �l�usage des
langues indig�nes [...] est autoris� � titre compl�mentaire pour l�enseignement pratique et pour l��ducation professionnelle ou m�nag�re�. En effet, en conformit� avec cette circulaire, quelques manuels furent r�dig�s dans certaines langues (baoul�, dioula, atti�, adioukrou, etc.), mais l'exp�rience ne dura gu�re, les autorit�s coloniales invoquant comme raison que le trop grand nombre des langues indig�nes rendait incontournable l�imposition d�finitive du fran�ais.

- Le combat pour l'ind�pendance

En 1944, Houphou�t-Boigny cr�a un syndicat agricole africain (le Syndicat agricole africain, SAA), qui fut � l�origine du Parti d�mocratique de C�te d�Ivoire (PDCI). Les diff�rentes factions politiques cr��es dans les colonies de l�Afrique occidentale fran�aise (AOF) men�rent le combat pour l�ind�pendance. Au cours des deux guerres mondiales, les Fran�ais mirent abondamment � contribution leurs colonies: ils recrut�rent un grand nombre de soldats en C�te d'Ivoire, accrurent le travail forc� et exig�rent la fourniture gratuite de certains produits comme l'huile de palme et le caoutchouc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la pression �conomique et le durcissement du r�gime provoqu�rent le m�contentement croissant de la population et la mont�e du nationalisme. En 1946,  Houphou�t-Boigny, alors d�put� de la C�te d�Ivoire � l�Assembl�e fran�aise, fut � l�origine de la loi abolissant le travail forc� dans les territoires fran�ais d�outre-mer, un statut auquel acc�da, la m�me ann�e, la C�te d�Ivoire.

La r�forme de l'apr�s-guerre fut d�clench�e par l'arr�t� du 22 ao�t 1945, qui prescrivait l'�alignement� de l'enseignement primaire �l�mentaire en Afrique occidentale fran�aise sur celui de la m�tropole et la prolongation de la dur�e des �tudes en EPS � quatre ans. L'arr�t� du 22 ao�t 1945 confirma que l�enseignement primaire �l�mentaire qui �a pour objet essentiel d�agir sur les populations africaines en vue de diriger et d�acc�l�rer leur �volution [...] est donn� uniquement en fran�ais�. D�s lors, furent placard�s sur les portes de toutes les �coles cette affiche qui rappelait l'interdiction de �parler breton� en France: �D�fense de parler les dialectes dans l�enceinte de l��cole.� Tout le monde comprit que l�enceinte de l��cole devait �tre r�serv�e au fran�ais et que les autres langues �taient employ�es � l'ext�rieur. Nous savons aujourd'hui que cette politique d'exclusion des langues ivoiriennes de l��cole sera reconduite apr�s l'ind�pendance.

Les partis politiques ivoiriens, � ce moment apparent�s au Parti communiste fran�ais, s�oppos�rent violemment � l�Administration fran�aise en 1949 en soutenant les gr�ves suscit�es par la chute des cours du cacao. En 1951, Houphou�t-Boigny adopta une strat�gie de coop�ration avec le gouvernement fran�ais. Il participa � l'�laboration de r�formes qui allaient d�boucher sur la d�colonisation. En 1957, il devint ensuite pr�sident du Conseil de l'AOF et d�clara sa volont� de voir na�tre une C�te d'Ivoire r�publicaine et ind�pendante.

3.2 La C�te d�Ivoire ind�pendante

Le 4 d�cembre 1958, la C�te d�Ivoire devint une r�publique au sein de la Communaut� fran�aise, Houphou�t-Boigny assurant les fonctions de premier ministre. Proche alli� du g�n�ral de Gaulle, Houphou�t-Boigny rompit les liens unissant la C�te d'Ivoire � la France et proclama, le 7 ao�t 1960, l'ind�pendance ivoirienne. Les deux �tats conserv�rent n�anmoins des relations �troites, notamment � travers la pr�sence, en C�te d'Ivoire, d'une importante communaut� fran�aise. Le 24 avril 1961, la France signait avec la C�te d'Ivoire, ainsi que le Dahomey et le Niger, un accord de d�fense militaire.

- Le r�gne de Houphou�t-Boigny (1960-1993)

Les responsables politiques ivoiriens d�cid�rent de maintenir la langue qui leur semblait la plus imm�diatement disponible et op�rationnelle: la langue de l'ancien colonisateur, le fran�ais. En C�te dIvoire, l'id�e d'unit� nationale et de nation pr�n�e apr�s l'accession du pays � l'ind�pendance devait se r�aliser � travers la langue fran�aise. De toute fa�on, le pr�sident Houphou�t-Boigny fut l'un des grands d�fenseurs du fran�ais en C�te d'Ivoire: pour lui, le fran�ais constituait le �ciment de l'unit� nationale� et ne devrait souffrir la concurrence d'aucun �dialecte�.  Le maintien du fran�ais en C�te d'Ivoire est apparu comme un moyen de neutraliser les particularismes locaux et de fondre les groupes ethniques en une seule nation. L'un des pr�sidents de l'Assembl�e nationale a d�clar� aux Nations unies � ce sujet:
 

Je dois toutefois � la v�rit� de dire qu'en ce qui concerne mon pays, l'adoption du fran�ais, par l'article premier de notre Constitution, a sans doute �t� l'un des facteurs d'unit� qui ont favoris� l'aboutissement heureux et si rapide de l'�uvre de construction nationale dont Son Excellence le pr�sident F�lix Houphou�t-Boigny avait fait un des premiers th�mes de son action. Le fran�ais, librement accept� par nous, a �t� un facteur de coh�sion � l'int�rieur de la C�te d'Ivoire o� il a favoris� le regroupement de nos quelque cent ethnies.

Le choix du fran�ais allait de soi, car le pr�sident Houphou�t-Boigny, qui avait une excellente ma�trise de la langue fran�aise, consid�rait cette langue comme strictement utilitaire pour continuer � g�rer l'�tat. On peut dire que Houphou�t-Boigny a donn� au fran�ais un r�le essentiellement pragmatique, ce qui a d� influencer par la suite l'attitude des Ivoiriens par rapport � la langue fran�aise. Ce choix du fran�ais n'est pas �tranger non plus � la croissance �conomique d'ailleurs remarquable de la C�te d'Ivoire. Un ministre des Affaires culturelles (Jules Hi� Nea) r�pondait � un journaliste:
 

Mais il ne faut pas oublier que la C�te d'Ivoire a choisi un d�veloppement ouvert sur le monde ext�rieur: la n�cessit� d'utiliser une langue internationale s'impose par de telles consid�rations. Le fran�ais est non seulement la langue de l'�conomie, de l'administration mais aussi de la plupart de nos �crivains.

Quant � la question des langues ivoiriennes, on a longtemps d�not� une grande r�ticence, de la part des dirigeants politiques, � l'aborder. Selon le linguistique qu�b�cois Denis Turcotte, le probl�me des langues nationales fut m�me constamment escamot�:
 

On semble entretenir l'espoir de voir bient�t le pays plac� devant le fait accompli. Le fran�ais progresse si bien dans toutes les couches de la population que le jour n'est pas si loin o� son statut ne sera plus remis en question.

L�ancienne Afrique occidentale fran�aise (AOF) vit na�tre un second p�le �conomique et politique, concurrent du S�n�gal, o� se trouvaient les administrations coloniales. La rivalit� entre L�opold S�dar Senghor, un intellectuel s�n�galais, et Houphou�t-Boigny, un syndicaliste paysan pragmatique, �tait d�j� ancienne. Le pr�sident ivoirien fit �chouer le projet d�une grande f�d�ration, qui devait reconstituer l�AOF et qui avait permis au S�n�gal de maintenir sa pr�pond�rance sur l�Afrique de l�Ouest francophone. La C�te d�Ivoire en �tait le pays le plus riche et son dirigeant avait l�ambition de fonder sa puissance politique sur le d�veloppement �conomique national. Avec l�ouverture du canal de Vridi en 1950, Abidjan, la capitale ivoirienne, devint un port de mer, puis un centre financier important.
 

La stabilit� politique du pays qu��tablit Houphou�t-Boigny � travers un r�gime de parti unique favorisa la forte croissance �conomique des ann�es soixante et soixante-dix (on parlait alors du �miracle ivoirien�), gr�ce � la bonne tenue des cours du caf� et du cacao, et � la cr�ation d'une caisse de stabilisation (Caistab) assurant aux paysans des revenus r�guliers. La politique paternaliste d�Houphou�t-Boigny suscita cependant une opposition croissante (manifestations �tudiantes, conspirations dans l�arm�e, etc.). En 1983, le pr�sident Houphou�t-Boigny, n� � Yamoussoukro, d�cida d'en faire la capitale de la C�te d'Ivoire. Il y entreprit de grands travaux et fit construire une tr�s grande cath�drale sur le mod�le de Saint-Pierre de Rome (basilique Notre-Dame-de-la-Paix), alors que le pays ne comptait que 22 % de catholiques. Le d�ploiement d�un tel faste, alors m�me que l��conomie nationale s�effondrait, alimenta le m�contentement de la population. 

En 1990, Houphou�t-Boigny accepta, sous la pression des manifestations, d�instaurer le multipartisme. D�s cette �poque, le probl�me de sa succession se posa, mais le pr�sident ne laissa pas aux dauphins constitutionnels (les pr�sidents successifs de l�Assembl�e nationale) la possibilit� de s�imposer. Ce fut notamment le cas de Philippe Yac� (1920-1998). Pr�sident de l'Assembl�e nationale pendant de nombreuses ann�es, et collaborateur d�vou� d'Houphou�t-Boigny depuis 1941, il r�prima le �complot� de 1963 et fut longtemps consid�r� comme le dauphin du chef de l'�tat, jusqu�� sa disgr�ce en 1980. En octobre 1990, Houphou�t-Boigny fut r��lu pour un septi�me mandat de cinq ans, � l�issue des premi�res �lections pluralistes du pays. L�ouverture politique ne fut cependant que formelle: en 1992, les principaux dirigeants de l�opposition, dont Laurent Gbabo, fondateur du Front populaire ivoirien, furent emprisonn�s.

Puis, Houphou�t-Boigny, celui que les Ivoiriens avaient surnomm� �le Vieux�, mourut le 7 d�cembre 1993 (jour anniversaire de l'ind�pendance) � l'�ge de 88 ans. Le d�c�s du seul pr�sident de la R�publique depuis l'ind�pendance ouvrit la voie � des exp�riences politiques incertaines et � des changements brutaux. Trois chefs d'�tat se sont succ�d� � la t�te du pays depuis lors, sans parvenir � restaurer cette stabilit� politique. 

- La politique de l'ivoirit�

Apr�s la mort de Houphou�t-Boigny, le pr�sident de l'Assembl�e nationale, Henri Konan B�di� dit �HKB�, termina le mandat en cours, conform�ment � la Constitution. Cependant, comme il en tenait pas son pouvoir d'une �lection, sa position s'en trouva consid�rablement affaiblie. � la faveur d�un climat politique et social tendu, les oppositions entre communaut�s et r�gions se manifest�rent. Le scrutin pr�sidentiel d�octobre 1995 fut ainsi marqu� par des violences intercommunautaires touchant les immigr�s qui, comme on le sait, constituent une part importante de la population. Ces dissensions oppos�rent, notamment dans l�Ouest du pays, les B�t� aux Baoul�, dont faisait partie le nouveau pr�sident Henri Konan B�di�, tandis que les musulmans du Nord et les Burkinab� immigr�s de longue date et se consid�rant souvent comme ivoiriens (l'ancienne Haute-Volta a �t� int�gr�e � la C�te-d'Ivoire pendant l'�poque coloniale) rest�rent marqu�s par la marginalisation dans laquelle les institutions tentaient de maintenir Alassane Ouattara, ancien premier ministre, en raison de ses origines burkinab�es. En 1998, le pr�sident B�di� voulut faire adopter une r�vision constitutionnelle instituant le septennat renouvelable jusqu'� l'�ge de 75 ans. La possibilit� pour le chef de l'�tat de reporter l'�lection pr�sidentielle pr�vue pour l'an 2000 souleva les protestations d'une opposition divis�e. 
 

Le 26 d�cembre 1999, le chef de l'arm�e ivoirienne, le g�n�ral Robert Giu�, intervint pour faire cesser les manifestations de soldats mal pay�s, et destitua le pr�sident B�di� qui se r�fugia au Togo, puis en France. Le g�n�ral Giu� mit en place un Comit� national de salut public (CNSP) qui s'engagea � organiser des �lections. Giu� fit voter, le 23 juillet 2000, une nouvelle Constitution qui reprenait le concept de l'�ivoirit�. Mais la nouvelle Constitution adopt�e par r�f�rendum �cartait la candidature d'Alassane Ouattara, cet ancien premier ministre de Houphou�t-Boigny: sa nationalit� ivoirienne �tait mise en doute � travers le nouveau concept d'�ivoirit�. � la fin de la m�me ann�e, la Cour supr�me rejeta la candidature aux l�gislatives de cet homme devenu ic�ne des exclus du Nord et foyer de r�bellion. Le conflit opposant les deux adversaires politiques a ranim� entre certains groupes ethniques des haines, dont les Burkinab� ont �t� les principales victimes. Le 9 octobre 2001, le pr�sident par int�rim Laurent Gbabo ouvrit un forum de la R�conciliation nationale, avec Konan B�di�, ancien pr�sident renvers�, Robert Giu� , g�n�ral putschiste, et Alassane Outtura, devenu chef de l'opposition. En novembre, un conflit li� � la propri�t� fonci�re a �clat� dans le sud-ouest du pays, entre des Ivoiriens de l'ethnie kroumen et la communaut� immigr�e, principalement originaire du Burkina Faso; fuyant les combats, plus de 20 000 immigrants se sont r�fugi�s � Grabo et Tabou, avant d'�tre renvoy�s de force au Burkina.

Le concept d'ivoirit�

Ce concept d'ivoirit� fut �voqu� pour la premi�re fois le 26 ao�t 1995 par le pr�sident Henri Konan B�di�. Il est bas� sur la distinction entre les Ivoiriens dits de souche et les Ivoiriens dits d'origine douteuse ou de circonstance. Il correspond � un discours identitaire ivoirien un peu r�ducteur, car il promeut une hostilit� � l'encontre des �trangers et des Ivoiriens musulmans du Nord.

En 1993, Laurent Gbagbo, alors dans l'opposition, avait demand� une r�vision du Code �lectoral afin d'interdire le vote des ��trangers�. En 1998, une loi fonci�re r�servait le droit de propri�t� de la terre aux seuls �Ivoiriens de souche�, alors que Houphou�t-Boigny, un militant de l'�hospitalit� authentique�, consid�rait que �la terre appartient � celui qui la cultive�. Des milliers de paysans d'origine burkinab�e du Nord furent expuls�s. De plus, la Constitution de juillet 2000 adopt�e sous le r�gime du g�n�ral Giu� �nonce dans son article 35 que, pour �tre candidat � l'�lection pr�sidentielle, seuls sont consid�r�s comme Ivoiriens ceux n�s de p�re et de m�re eux-m�mes ivoiriens. Puis une politique d'�identification nationale� s'est mise en place afin de d�terminer la citoyennet� par l'appartenance � un village �authentiquement ivoirien�.

Bref, ce concept d'ivoirit�, d�velopp� en r�action au sentiment que les �trangers sont devenus �trop nombreux�, est consid�r� comme l'une des causes des exactions commises ces derni�res ann�es en C�te d'Ivoire. 

En janvier 2000, la formation d'un gouvernement de transition r�unissant le Front populaire ivoirien (FPI) du socialiste Laurent Gbabo et le Rassemblement des R�publicains (RDR) de l'ancien premier ministre Alassane Ouattara tourna rapidement � la comp�tition entre ces deux candidats � la pr�sidentielle, faisant ressurgir le probl�me de l'�ivoirit�, qui avait �t� la cause politique de la crise pr�c�dente.  En octobre, ce fut le premier tour de l��lection pr�sidentielle, qui devait mettre un terme � la transition militaire dirig�e par le g�n�ral Giu�. Laurent Gbagbo d�clara l�avoir emport�, mais le g�n�ral Giu� tenta de se maintenir au pouvoir par un coup d��tat avant d��tre mis en fuite par des manifestations massives. 

- La rivalit� entre les clans Gbagbo et Ouattara

Laurent Gbagbo fut alors investi pr�sident de la R�publique, mais de violents affrontements oppos�rent ses partisans, chr�tiens, � ceux, musulmans, du candidat Alassane Ouattara, dont la candidature, rappelons-le, avait �t� invalid�e par la Cour supr�me. Les hostilit�s tourn�rent � la guerre civile entre les rebelles du Nord (Mouvement patriotique de C�te d'Ivoire) et les loyalistes du Sud (Mouvement pour la justice et la paix). Un accord de cessation des hostilit�s fut sign� � Dakar, le 17 octobre 2002. Cet accord a �t� compl�t� par un autre accord, sign� � Lom�, le 13 janvier 2003, par le gouvernement ivoirien, non signataire de celui du 17 octobre 2002. Mais les conflits se poursuivirent sur fond de connotation ethnique dans le nord du pays. � l'invitation du pr�sident de la R�publique fran�aise, une table ronde des forces politiques ivoiriennes s'est r�unie � Linas-Marcoussis, du 15 au 23 janvier 2003. Chaque d�l�gation des diff�rentes factions ivoiriennes a analys� la situation et fait des propositions de nature � r�tablir la confiance et � sortir de la crise, la plus grave que ce pays ait connue depuis plusieurs d�cennies; ce fut l'accord de Marcoussis du 24 janvier. Le pr�sident Gbagbo parvint � conserver son poste jusqu'aux �lections pr�sidentielles de 2005, mais il dut accepter des ministres rebelles.

Puis, s'estimant attaqu� depuis le Liberia, le gouvernement de C�te d'Ivoire a demand� � Paris d'appliquer les accords de d�fense (de 1961). La France envoya pr�s de 6000 soldats dans le pays. Mais les �patriotes�, des groupes de soutien au pr�sident Gbagbo, d�clench�rent une �meute anti-fran�aise sous l'�il amus� des diplomates am�ricains. Le pr�sident Gbagbo a sembl� remettre en question les accords de Marcoussis qu'il qualifiait de �propositions fran�aises�. Ce fut le d�but d'�vacuation des familles fran�aises (environ 20 00 personnes). Or, la moiti� des PME et la moiti� des recettes fiscales du pays �taient assur�es par ces Fran�ais.

� la suite d'une �lection pr�sidentielle sous tension en 2010, les deux candidats arriv�s au second tour, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, pr�t�rent serment chacun de leur c�t� comme pr�sident du pays. Alassane Ouattara avait �t� d�clar� vainqueur par la Commission �lectorale ind�pendante, alors que Laurent Gbagbo l'avait �t� par le Conseil constitutionnel. La C�te d'Ivoire s'est retrouv�e avec deux pr�sidents tentant de s'imposer sur l'ensemble du pays. Mais Alassane Ouattara, b�n�ficiant de l'appui de nombreux �tats �trangers r�ussit avec ses troupes � contr�ler l'ensemble du pays, jusqu'� ce que Laurent Gbagbo soit plac� en �tat d'arrestation et fait prisonnier, l'arm�e r�guli�re, la gendarmerie et la police s'�tant rang�e du c�t� d'Ouattara.

Le 21 mai 2011, Alassane Ouattara devint officiellement pr�sident de la C�te d'Ivoire. Le pr�sident tente depuis lors de pratiquer une politique lib�rale et interventionniste afin de relancer l'�conomie du pays. Cependant, sa gestion de l'arm�e et de la justice lui entra�ne la r�probation de la part des partis d'opposition qui l'accusent de perp�trer des exactions contre des partisans de son pr�d�cesseur et de se livrer � une �justice des vainqueurs�. Pendant ce temps, les routes et les infrastructures du pays sont dans un �tat de d�labrement avanc�, y compris les �difices publics, dont les universit�s qui ont d� �tre ferm�es durant un certain temps.  De plus, le gouvernement doit faire face � une corruption end�mique et � un syst�me judiciaire d�faillant.

La C�te d'Ivoire a toujours �t� l'un des p�les �conomiques de l'Afrique de l'Ouest. Depuis les incertitudes provoqu�es par les coups d'�tat et les d�sordres qui ont accompagn� les �lections de 2010, la C�te d'Ivoire a rejoint le peloton des pays chroniquement instables, avec en prime une arm�e �clat�e, une classe politique d�boussol�e, une population apeur�e, une guerre civile larv�e, des immigr�s montr�s du doigt, sans oublier �les Blancs qui partent�. Pendant ce temps, la tradition de la gabegie et du d�tournement des fonds publics se perp�tue en C�te d'Ivoire. La population, de son c�t�, continue de croupir dans la mis�re. 

4 La politique linguistique ivoirienne

La politique linguistique �crite de la C�te d'Ivoire a toujours tenu essentiellement � l'article 1 de la Constitution de 1963: La langue officielle est le fran�ais.� Cette disposition signifiait que le fran�ais �tait la langue de la Pr�sidence, de la R�publique, de l'Assembl�e nationale, de l'Administration publique, des cours de justice, de l'enseignement � tous les niveaux (primaire, secondaire, technique et professionnel, universitaire), des forces polici�res et des forces arm�es, de l'affichage et des m�dias.

Pour le reste, l'�tat n'est � peu pr�s jamais intervenu, sauf de fa�on symbolique. Les modalit�s d'application de l'article 1er de la Constitution de 1963 ont �t� laiss�es � la discr�tion des ministres. Dans les faits, les langues ivoiriennes et le fran�ais ont toujours eu leur domaine propre: les premi�res restent les langues utilis�es dans les villages et pour les communications informelles, tandis que le fran�ais, langue de l'�cole, de la promotion sociale et du travail, est utilis� dans les villes. En juillet 2000, le g�n�ral Giu� fit voter par r�f�rendum, le 23 juillet 2000, une nouvelle Constitution qui reprenait le concept de l'ivoirit�:
 

Article 35

Le pr�sident de la R�publique est �lu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n'est r��ligible qu'une fois.
Le candidat � l'�lection pr�sidentielle doit �tre �g� de quarante ans au moins et de soixante quinze ans au plus.

Il doit �tre ivoirien d'origine, n� de p�re et de m�re eux-m�mes ivoiriens d'origine.
Il doit n'avoir jamais renonc� � la nationalit� ivoirienne.
Il ne doit s'�tre jamais pr�valu d'une autre nationalit�.
Il doit avoir r�sid� en C�te d'Ivoire
de fa�on continue pendant cinq ann�es pr�c�dant la date des �lections et avoir totalis� dix ans de pr�sence effective.

L'obligation de r�sidence indiqu�e au pr�sent article ne s'applique pas aux membres des repr�sentations diplomatiques et consulaires, aux personnes d�sign�es par l'�tat pour occuper un poste ou accomplir une mission � l'�tranger, aux fonctionnaires internationaux et aux exil�s politiques.

Le candidat � la pr�sidence de la R�publique doit pr�senter un �tat complet de bien-�tre physique et mental d�ment constat� par un coll�ge de trois m�decins d�sign�s par le Conseil constitutionnel sur une liste propos�e par le Conseil de l'Ordre des m�decins. Ces trois m�decins doivent pr�ter serment devant le Conseil constitutionnel.

Il doit �tre de bonne moralit� et d'une grande probit�. Il doit d�clarer son patrimoine et en justifier l'origine.

L'article 29 de la Constitution ivoirienne de 2000, tout en reprenant l'article 1er de la Constitution pr�c�dente � propos du fran�ais (par. 5), ajouta une disposition concernant les langues nationales (par. 6): 
 

Article 29

1) L'�tat de C�te d'Ivoire est une R�publique ind�pendante et souveraine.
2) L'embl�me national est le drapeau tricolore orange, blanc, vert, en bandes verticales et d'�gales dimensions.
3) L'hymne de la R�publique est l'Abidjanaise.
4) La devise de la R�publique est Union, Discipline, Travail. 
5) La langue officielle est le fran�ais.
6) La loi fixe les conditions de promotion et de d�veloppement des langues nationales.

�tant donn� que le fran�ais est la langue officielle, tous les textes de lois et tous les textes administratifs sont r�dig�s dans cette langue.

Le d�cret n� 2012-625 du 6 juillet 2012 portant attributions des membres du gouvernement (2012) constitue l'un des rares textes juridiques en Afrique consacr� � la Francophonie. En mati�re de culture, il doit assurer la promotion des langues nationales, mais en mati�re de Francophonie, il repr�sente la C�te d'Ivoire et assure  la promotion et vulgarisation de la Francophonie aupr�s des populations:

Article 21

Le ministre de la Culture et de la Francophonie

Le ministre de la Culture et de la Francophonie est charg� de la mise en �uvre et du suivi de la politique du gouvernement en mati�re de culture et de francophonie.

� ce titre, et en liaison avec les diff�rents d�partements minist�riels int�ress�s, il a l'initiative et la responsabilit� des actions suivantes: [...]

2- En mati�re de Francophonie

� Repr�sentation de la C�te d'Ivoire dans les organes de la Francophonie;
� Suivi de l'�volution juridique et institutionnelle de la Francophonie;
� Organisation de la participation de la C�te d'Ivoire aux instances des divers sommets de la Francophonie;
� Renforcement des relations culturelles avec les ambassades et organismes francophones en C�te d'Ivoire;
� Contr�le de la mise en �uvre des d�cisions des sommets de la Francophonie;
� Promotion et vulgarisation de la Francophonie aupr�s des populations;
� Contribution au suivi et � l'�valuation des op�rations de coop�ration culturelles francophones en C�te d'Ivoire.

4.1 Les tribunaux et les langues

Le fran�ais est aussi la langue des tribunaux. C'est pourquoi savoir lire et �crire le fran�ais constitue l'un des tout premiers crit�res pour le choix des jur�s d�une cour d�assises. M�me si le fran�ais est la langue officielle, la loi permet l'utilisation d'une langue ivoirienne aux justiciables ayant de la difficult� � s'exprimer en fran�ais. L'article 344 de la loi n� 60-366 du 14 novembre 1960 portant Code de proc�dure p�nale (1960) autorise le recours � l'interpr�tariat:
 

Article 344

Dans le cas o� l'accus�, les t�moins ou l'un d'eux, ne parlent pas suffisamment la langue fran�aise ou s'il est n�cessaire de traduire un document vers� aux d�bats, le pr�sident nomme d'office un interpr�te, �g� de vingt et un ans au moins, et lui fait pr�ter serment de remplir fid�lement sa mission.

Comme il peut arriver qu'un justiciable ne parle pas la langue officielle, il faut en ce cas avoir recours � un interpr�te occasionnels.

4.2 L'administration publique

La langue de l'administration publique ivoirienne est le fran�ais, surtout � l'�crit, les documents officiels n'apparaissant qu'en cette langue. Mais � l'oral les fonctionnaires peuvent avoir recours aux langues ivoiriennes avec les citoyens s'ils connaissent la langue locales. Dans un acte d'�tat civil, l'agent responsable doit avoir recours � un interpr�te au besoin lorsque les parties contractantes ne parlent pas la langue officielle. L'article 27 de la loi n� 64-374 du 7 octobre 1964, relative � l'�tat civil, modifi�e par la loi n� 83-799 du 2 ao�t 1983 (1964) �nonce la proc�dure utilis�e:
 

Article 27

Si les parties comparantes, leur fond� de procuration ou les t�moins, ne parlent pas la langue officielle et si l'officier ou l'agent de l'�tat civil ne conna�t pas la langue dans laquelle ils s'expriment, leurs d�clarations sont traduites par un interpr�te ayant pr�alablement pr�t� devant l'officier ou l'agent de l'�tat civil le serment ci-apr�s :

�Je jure de bien et fid�lement traduire les d�clarations des parties et des t�moins ainsi que l'acte qui les constate.�

Mention en est faite dans l'acte.

Cette mention comporte l'indication de la langue dans laquelle la d�claration a �t� faite, des pr�noms et nom de l'interpr�te, ainsi que de la prestation de serment de celui-ci.

L'article 28 de la m�me loi prescrit � la fois l'usage de la langue officielle et de la traduction avant de dresser l'acte de l'�tat civil:
 

Article 28

Avant de dresser l'acte, l'officier ou l'agent de l'�tat civil avise les parties comparantes ou leur fond� de procuration et les t�moins, des peines pr�vues par la loi pour sanctionner les fausses d�clarations.

L'acte �tabli, il leur en donne lecture et les invite, s'ils lisent la langue officielle, � en prendre connaissance avant de le signer.

Dans le cas pr�vu au premier alin�a de l'article pr�c�dent, la traduction de l'acte est faite par l'interpr�te.

Il est fait mention dans les actes de l'accomplissement de ces formalit�s.

Article 100

Toute pi�ce produite par un �tranger en vue de l'�tablissement d'un acte de l'�tat civil, doit obligatoirement �tre accompagn�e de sa traduction dans la langue officielle ivoirienne, certifi�e conforme � l'original par le consulat de l'int�ress�.

L'article 6 de la loi n� 64-373 du 7 octobre 1964, relative au nom, modifi�e par la loi n� 83-799 du 2 ao�t 1983 (1964) est ambigu dans la mesure o� il ne pr�cise pas si la langue utilis�e dans un nom ou un pr�nom constitue un crit�re d'acceptation:
 

Article 6

Il est interdit aux officiers de l'�tat civil de donner des noms ou pr�noms et de recevoir des pr�noms autres que ceux figurant dans les diff�rents calendriers ou consacr�s par les usages et la tradition.

Selon l'article 33 de la loi n� 69-372 du 12 ao�t 1969 portant statut du notariat (1969), tous les actes notari�s doivent �tre r�dig�s en fran�ais et, si cela est n�cessaire, le notaire doit �tre assist� d'un interpr�te:
 

Article 33

Toutes les fois qu'une personne ne parlant pas la langue officielle est partie ou t�moin, le notaire doit �tre assist� d'un interpr�te ayant pr�t� serment devant la juridiction de sa r�sidence ou, � d�faut, devant lui-m�me. Cet interpr�te traduit litt�ralement l'acte et le signe.

Les parents ou alli�s, soit des parties contractantes, soit du notaire, en ligne directe � tous les degr�s, et en lign� collat�rale, jusqu'au degr� d'oncle ou de neveu inclusivement peuvent remplir les fonctions d'interpr�te dans les cas pr�vus par le pr�sent article, les l�gataires � quelque titre que ce soit, ni leurs parents ou alli�s jusqu'au degr� de cousin germain inclusivement.

Selon la loi n� 95-15 du 12 janvier 1995 portant Code du travail (1995), tous les contrats d'apprentissage doivent �tre r�dig�s en langue fran�aise:
 

Article 12.2

Le contrat d'apprentissage est celui par lequel un chef d'�tablissement industriel, commercial ou agricole, un artisan ou un fa�onnier s'oblige � donner ou � faire donner une formation professionnelle m�thodique et compl�te � une autre personne et par lequel celle-ci s'engage en retour � se conformer aux instructions qu'elle re�oit et � ex�cuter les ouvrages qui lui sont confi�s en vue de sa formation.

Le contrat doit �tre constat� par �crit. Il est r�dig� en langue fran�aise.

Le contrat est exempt de tous droits de timbre et d'enregistrement.

En vertu de l'article 27 du d�cret 2009-259 portant Code des march�s publics (2009), le fran�ais est obligatoire dans les documents �crits concernant les march�s publics:
 

Article 27
 
Usage de la langue fran�aise

 
Dans le cadre des proc�dures de passation, d'ex�cution, de r�glement, de contr�le et de r�gulation des march�s publics ainsi que des conventions de d�l�gation de service public, toutes les pi�ces �crites, publi�es, remises aux ou par les candidats, soumissionnaires, attributaires et titulaires, � quelque titre que ce soit, doivent �tre imp�rativement �tablies en langue fran�aise.

Il ressort de cette pr�sentation que le fran�ais demeure la toute premi�re langue dans la vie socio-�conomique de la C�te d'Ivoire. Certes, dans le secteur informel et sur les march�s, il est concurrenc� par des langues comme le dioula ou l'agni-baoul�, bien que le fran�ais y soit tout de m�me pr�sent. Dans ce secteur d�activit�, le fran�ais populaire ivoirien et le nouchi, l'argot des jeunes, demeurent des langues tout aussi employ�es.

4.2 L'�ducation

La C�te d'Ivoire poss�de un syst�me d'�ducation qui comprend un enseignement pr�scolaire, un enseignement primaire et secondaire g�n�ral, un enseignement technique et de formation professionnelle, un enseignement sup�rieur. 

- Le fran�ais comme langue d'enseignement

L�enseignement pr�scolaire est l��tape scolaire offerte par les �tablissements ouverts aux enfants �g�s de 3 � 5 ans. Ainsi, les �l�ves qui fr�quentent l��cole maternelle doivent �tre mieux pr�par�s que les autres, notamment lorsque la langue d�enseignement n�est pas la langue parl�e � la maison. Dans ce cas, le pr�scolaire peut servir � initier l�enfant � la langue d�enseignement (le fran�ais).

Le cycle primaire dure six ans; il est sanctionn� par le certificat d��tudes primaires �l�mentaires (CEPE); l��ge officiel de fr�quentation concerne les enfants de 6 � 11 ans. Au primaire, les �l�ves doivent obligatoirement parler fran�ais sous peine de sanctions, y compris parfois pendant les p�riodes de r�cr�ation. Selon les sources officielles, au terme de leurs six ann�es d'�tudes primaires, les enfants ivoiriens auraient une ma�trise suffisante du fran�ais pour pouvoir exprimer leurs id�es sans trop de difficult�s.

Le premier cycle de l�enseignement secondaire dure th�oriquement quatre ans et est sanctionn� par le brevet d��tude du premier cycle (BEPC); il concerne la population d��ge de 12 � 15 ans. L�acc�s � ce cycle est conditionn� par le succ�s au concours d�entr�e en sixi�me. Quant au deuxi�me cycle de l�enseignement secondaire, il se fait en trois ans et est sanctionn� par le baccalaur�at; il touche la population d��ge de 16 � 18 ans. Au secondaire, on introduit l'anglais comme langue seconde obligatoire; au deuxi�me cycle, les �l�ves doivent apprendre une autre langue �trang�re au choix : l'espagnol ou l'allemand. De plus, depuis 1971, un programme de t�l�vision �ducative est destin� aux �l�ves du primaire et du secondaire. L'exp�rience de la t�l�vision �ducative semble jusqu'ici tr�s concluante en ce qui concerne la ma�trise du fran�ais: les le�ons de fran�ais semblent plus efficaces qu'avec les m�thodes traditionnelles.

Pour ce qui est de l'enseignement technique et la formation professionnelle, il veut r�pondre aux besoins en formation des populations pour leur insertion durable dans la vie active et favoriser leur promotion socioprofessionnelle.

C'est le minist�re de l'�ducation nationale qui est responsable de l'encadrement p�dagogique des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire.

- Les langues nationales

� tous les niveaux d'enseignement, c'est l'usage exclusif du fran�ais qui pr�vaut. Pourtant, l'Institut de linguistique appliqu�e de l'Universit� de Cocody-Abidjan a �labor� quelques projets, � titre exp�rimental, dans les langues nationales et le ministre de l'�ducation nationale a pr�vu un programme sp�cifique d�nomm� "Programme d��cole int�gr�e" qui utilise dix langues nationales. Toutefois, il ne s�agit l� que d�un enseignement exp�rimental tout � fait marginal. En 1977, la loi du 18 ao�t 1977 n� 77-584, portant r�forme de l'enseignement avait �t� adopt�e par le Parlement avec comme mission d'introduire les langues nationales dans l'enseignement officiel:
 

Article 67

L'introduction des langues nationales dans l'enseignement officiel doit �tre con�ue comme un facteur d'unit� nationale et de revalorisation du patrimoine culturel ivoirien.

� cette fin, l'article 68 de cette loi n� 77-584 avait mandat� l'Institut linguistique appliqu�e de pr�parer l'introduction des langues nationales dans l'enseignement, notamment par leur description, leur codification, l'identification et la consignation de leurs grammaires et lexiques:
 

Article 68

L'Institut linguistique appliqu�e est charg� de pr�parer l'introduction des langues nationales dans l'enseignement, notamment par leur description, leur codification, l'identification et la consignation de leurs grammaires et lexiques, l'�laboration de manuels scolaires et le d�veloppement des productions litt�raires garantissant leur caract�re culturel.

L'article 2 du d�cret n� 66-375 du 8 septembre 1966 portant cr�ation de l'Institut de linguistique appliqu�e (1966) a comme vocation particuli�re la linguistique appliqu�e � l'enseignement des langues vivantes, sans que l'on sache s'il s'agit des langues nationales ou �trang�res:
 

Article 2

Cet institut a vocation en mati�re d'enseignement universitaire et extra-universitaire, de recherche et de publication concernant la linguistique appliqu�e � l'enseignement des langues vivantes.

Il assure la coordination de toutes les recherches de sa sp�cialit� en C�te d'Ivoire et, �ventuellement, la formation des chercheurs s'int�ressant � sa discipline.

Il est charg� de la gestion d'un laboratoire de langues vivantes. Il n'est pas habilit� � d�livrer des dipl�mes ou des certificats susceptibles d'�tre assimil�s ou consid�r�s comme �quivalents � des dipl�mes universitaires.

Cependant, les textes d�finissant les modalit�s d�application de la loi n� 77-584 et du d�cret n� 66-375 n�ont jamais �t� adopt�s. Malgr� tout, les chercheurs de l�Institut de linguistique appliqu�e ont poursuivi leur mission de pr�senter des descriptions scientifiques compl�tes, de pr�parer du mat�riel didactique et de commencer certaines exp�rimentations. Le probl�me, c'est que la volont� politique n'a jamais suivi le mouvement en raison des enjeux politiques et socioculturels.

De plus, la loi n� 95-696 du 7 septembre 1995 relative � l'enseignement introduit une disposition concernant l'enseignement des langues nationales, mais cette disposition semble uniquement d�clarative :
 

Article 3

Le service public de l�enseignement est con�u et organis� en vue de permettre l�acquisition des savoir, savoir-faire et savoir �tre, des m�thodes de travail et d'assimilation des connaissances, la formation de l�esprit critique et le d�veloppement de la sensibilit� et de la curiosit�. Il doit garantir � l'enseignement et � la recherche, leurs possibilit�s de libre d�veloppement.

L'enseignement des langues nationales, les enseignements artistiques les enseignements technologiques et les activit�s manuelles, l��ducation physique et sportive concourent � la formation des citoyens.

Le rythme de l'enseignement comprend des p�riodes d'�tude et des p�riodes de vacances. Le calendrier de l�ann�e scolaire et universitaire est fix� par des textes r�glementaires.

Cette loi r�affirme le droit � l��ducation et l��galit� de traitement de tous les citoyens, notamment dans l�enseignement public, mais en ce qui a trait aux langues nationales aucun d�cret de mise en application n'a encore �t� promulgu�. � l'exception de quelques rares projets d'introduction des langues ivoiriennes dans l'enseignement primaire dans une douzaine d'�coles, tous les �tablissements d'enseignement fonctionnent uniquement en fran�ais.

L'article 12 du d�cret n� 2012-625 du 6 juillet 2012 portant attributions des membres du gouvernement �nonce que l'�laboration, l'exp�rimentation et la promotion des programmes d'enseignement en langues nationales sont de la responsabilit� du ministre de l'�ducation nationale :

Article 12

Le ministre de l'�ducation nationale

Le ministre de l'�ducation nationale est charg� de la mise en �uvre et du suivi de la politique du gouvernement en mati�re d'�ducation nationale.

� ce titre, et en liaison avec les autres d�partements minist�riels int�ress�s, il a l'initiative et la responsabilit� des actions suivantes:

� Planification, mise en �uvre et �valuation des strat�gies et programmes d'enseignement dans les domaines de l'enseignement primaire et secondaire g�n�ral;
� Gestion administrative et p�dagogique des structures d'enseignement primaire et secondaire g�n�ral;
[...]
� Tutelle des �tablissements priv�s d'enseignement primaire et secondaire g�n�ral;
� Suivi de l'organisation et du fonctionnement des �tablissements d'enseignement primaire et secondaire g�n�ral;

�laboration, exp�rimentation et promotion des programmes d'enseignement en langues nationales.

Quant au d�cret n� 2004-564 du 7 octobre 2004 portant organisation du minist�re de l'�ducation nationale, il impose � la Direction de la p�dagogie et de la formation continue l'�laboration, l'exp�rimentation et la promotion des programmes d'enseignement dans les langues nationales;
 

Article 16

La Direction de la p�dagogie et de la formation continue (DPFC) est charg�e de :

- La gestion et du suivi de la mise en �uvre des activit�s p�dagogiques dans l'enseignement maternel, primaire et secondaire;
[...]
- L'�laboration, de l'exp�rimentation et de la promotion des programmes d'enseignement en langues nationales ;
- La coordination des activit�s du Projet �coles int�gr�es ;
- La formation continue des personnels enseignants, administratifs et d'encadrement p�dagogique.

De toute �vidence, les dirigeants politiques ivoiriens ne semblent pas avoir la ferme intention de faire des langues nationales des langues d'enseignement. Les moyens mis en uvre ou l'absence de moyens, notamment dans les domaines de l'enseignement, ne laissent aucun doute � ce sujet. N�anmoins, de temps � autre, un politicien intervient pour promouvoir l'enseignement en langues ivoiriennes. Ainsi, en f�vrier 2013, le ministre de la Culture, Maurice Bandama, rappelait en ces termes l'importance des langues ivoiriennes: �Il faut introduire les langues nationales dans l�enseignement en C�te d�Ivoire. Cela apparait comme une n�cessit� absolue.� Puis il a �voqu� la strat�gie � mettre en place pour l�adoption de celles-ci dans le syst�me d'�ducation ivoirien.

Si le maintien du fran�ais en C�te d'Ivoire n'est pas remis en question, la politique actuelle de non-intervention � l'�gard des langues ivoiriennes fait r�guli�rement aujourd'hui l'objet de controverses, compte tenu du sort peu enviable r�serv� aux langues nationales. Il est probable que les langues ivoiriennes ne pourront plus �tre ignor�es dans un proche avenir, bien que 40 % de la population est d�j� francis�e, ce qui fait de la C�te d'Ivoire l'un des pays d'Afrique les plus �francophonis�s�. Pour l'instant, les responsables de la politique linguistique de la C�te d'Ivoire �vitent de faire des choix en faveur d'une langue ivoirienne en particulier, ce qui correspond pour plusieurs � une tentative de noyer le poisson dans l'eau.

- L'enseignement sup�rieur

Le dispositif d�enseignement sup�rieur est essentiellement sous la tutelle du minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique. On d�nombrait ainsi en 2007 trois universit�s publiques, quatre grandes �coles publiques dont deux �coles professionnelles et deux �coles de formation pour les enseignants du secondaire et dix-huit universit�s priv�es. Il existe aussi un certain nombre d��tablissements qui dispensent des formations post-baccalaur�at. Ce sont en g�n�ral des �coles sp�cialis�es rattach�es � des minist�res techniques. Elles sont au nombre de 31. Tout l'enseignement est en fran�ais.

- Les difficult�s

Beaucoup de sp�cialistes ivoiriens mettent s�rieusement en doute la ma�trise du fran�ais des �l�ves. L'exp�rience semble d�montrer que la scolarisation men�e uniquement en fran�ais ne donne pas les r�sultats attendus. En effet, pr�s de 80 % des �l�ves de premi�re ann�e du primaire n'obtiennent pas leur certificat d'�tudes primaires. La majorit� des �l�ves ne vivent pas dans un milieu favorable � l'acquisition du fran�ais. Il serait donc souhaitable que les enfants aient, avant d'apprendre le fran�ais, une exp�rience de scolarisation dans leur langue maternelle.

Le pays poss�de les moyens pour assurer une meilleure promotion des langues ivoiriennes. L'alphabet et l'�criture du dioula, du baoul�, du b�t� et du s�noufo ont �t� harmonis�s et normalis�s. Il ne reste que la volont� politique d'appliquer la loi n� 95-696 du 7 septembre 1995 relative � l'enseignement. Cette politique possible n'a pas pour objectif de sauvegarder les langues ivoiriennes qui ne sont pas menac�es, mais la reconnaissance de quelques langues ivoiriennes importantes contribuerait � favoriser la promotion des classes sociales marginalis�es par leur handicap linguistique.

4.2 Les m�dias

Tout comme le syst�me d'enseignement, les m�dias sont per�us par les autorit�s ivoiriennes comme un puissant instrument d'unit� nationale et de d�veloppement �conomique. Tout le pays est dot� de moyens d'information modernes: journaux, radio, t�l�vision, agences de presse, etc., ce qui fait de la C�te d'Ivoire l'un des pays d'Afrique les mieux �quip�s en ce domaine. La langue des m�dias �crit est le fran�ais, mais il existe deux magazines satiriques (Y a fohi et Gbich!) qui sont �crits en nouchi, la vari�t� locale du fran�ais ivoirien. Voici quelques noms de journaux:  24 Heures, Fraternit� Matin, L'Intelligent d'Abidjan, L'Inter, Ivoir Soir, Le Jour, Le National, Le Temps, Nord-Sud, Notre Voie, Le Nouveau R�veil, Le Patriote, etc. Les quelques textes disponibles en langues ivoiriennes rel�vent du domaine de la confidentialit� et sont destin�s � des publics de sp�cialistes tr�s restreints.

Dans les m�dias �lectroniques, une quinzaine de langues ivoiriennes sur une soixantaine sont utilis�es � la radio � raison de deux p�riodes d'information de vingt minutes par semaine et par langue; a plupart des nouvelles stations �mettent � 95% en fran�ais. Par exemple, sur un total hebdomadaire de 254 heures d��missions cumul�es, seules 26 heures sont consacr�es � des �missions en langues nationales, tout le reste est diffus� en fran�ais.

La t�l�vision diffuse seulement en fran�ais, sauf dans le cas des informations r�gionales quotidiennes, qui sont pr�sent�es en une douzaine de langues. Soulignons que la Radio-T�l�vision ivoirienne (RTI) a adopt�, depuis plusieurs ann�es, des programmes d'information radio et t�l�vis�s en langues nationales auxquelles s'ajoute le mor�, langue des Mossi, dont une communaut� de trois millions de personnes vit en C�te d'Ivoire. Pr�sentement, la TRI consacre quinze minutes par semaine � chacune d'un ensemble de 23 langues ivoiriennes; il s'agit d'informations essentielles de la semaine.

En C�te d'Ivoire comme ailleurs, plusieurs langues nationales sont appel�es � survivre au rouleau compresseur du fran�ais officiel. Jusqu'ici, la politique linguistique ivoirienne a consist� � assurer la primaut� du fran�ais, pour ne pas dire son exclusivit�, afin de favoriser l'unit� nationale du pays et probablement le d�veloppement �conomique. Cependant, les langues africaines les plus faibles finiront pas faire les frais de cette politique de non-intervention. Il est probable que les langues ivoiriennes seront davantage enseign�es dans un proche avenir, mais il ne faut pas se faire trop d'illusion, elles ne pourront tenir t�te au fran�ais, solidement �tabli dans ce pays. Ces propos de l'Ivoirien Lansana Kouyat�, repr�sentant sp�cial du secr�taire g�n�ral de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), semblent r�v�lateurs:
 

La langue fran�aise est une de nos langues maternelles C'est l'histoire qui cr�e les communaut�s linguistiques. On y na�t et on l'assume ! Je parle fran�ais, je parle b�t� Je suis francophone, je suis b�t�phone. Abandonnons les complexes et fixons la langue fran�aise comme une langue ivoirienne.

Si le fran�ais est devenu une �langue ivoirienne�, cela signifie que la politique de valorisation de la langue officielle a r�ussi en C�te d'Ivoire, plus que partout ailleurs dans les pays africains dits francophones. 

Derni�re mise � jour: 14 nov. 2023
 

Bibliographie

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GAUTHIER, Fran�ois, Jacques LECLERC et Jacques MAURAIS. Langues et constitutions, Montr�al/Paris, Office de la langue fran�aise / Conseil international de la langue fran�aise, 1993, 131 p. 

KOUADIO N�GUESSAN, J�r�mie. �Le fran�ais : langue coloniale ou langue ivoirienne?� dans H�rodote, Paris, �ditions La D�couverte, n� 126, 2007, p. 69-85.

KOUADIO N�GUESSAN, J�r�mie. �Le fran�ais en C�te d�Ivoire : de l�imposition � l�appropriation d�complex�e d�une langue exog�ne�, dans Documents pour l�histoire du fran�ais langue �trang�re ou seconde, n� 40/41, 2008, URL: http://dhfles.revues.org/125.

LECLERC, Jacques. Langue et soci�t�, Laval, Mondia �diteur, coll. "Synth�se", 1992, 708 p.

TCHAGBALE, Zakari. �Langues nationales: les langues ivoiriennes � l'�cole, une r�alit� dans Fraternit� Matin, Abidjan, 10 Avril 2003.

TURCOTTE, Denis. �Analyse compar�e de la planification linguistique en C�te d'Ivoire et � Madagascar�, dans L'�tat et la planification linguistique, tome II, Qu�bec, �diteur officiel du Qu�bec, p. 141-162. 

TURCOTTE, Denis. La politique linguistique en Afrique francophone, Qu�bec, Presses de l'Universit� Laval, CIRB, 1981, 219 p.

 

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