|
C�te d'Ivoire |
La C�te d'Ivoire
est un �tat d'Afrique occidentale de 322 463 km�
(l'�quivalent
de l'Allemagne), baign� par
le golfe de Guin�e au sud (l'oc�an Atlantique), limit� � l'ouest par le Lib�ria et la
Guin�e, au nord par le Mali et le Burkina, � l'est par le Ghana (voir
la carte
g�n�rale du pays). Le territoire ivoirien est divis� en 19 r�gions (voir la carte d�taill�e des r�gions), puis en d�partements, sous-pr�fectures et communes. En ao�t 2009, on comptait 19 r�gions, 2 districts, 81 d�partements, 390 sous-pr�fectures, plus de 8000 villages et environ 1000 communes. Les r�gions administratives sont les suivantes: r�gion des Lagunes, r�gion du Sud-Como�, r�gion de l'Agn�by, r�gion du Haut-Sassandra, r�gion des Savanes, r�gion de la Vall�e du Bandama, r�gion du N'zi-Como�, r�gion du Moyen-Como�, r�gion des Montagnes, r�gion des Lacs, r�gion du Zanzan, r�gion du Bas-Sassandra, r�gion de Worodougou, r�gion du Dengu�l�, r�gion du Sud-Bandama, r�gion de la Marahou�, auxquelles il faut ajouter, depuis 1999, la r�gion du Fromager, la r�gion du Moyen-Cavally et la r�gion du Bafing. |
Abidjan, la capitale �conomique du pays et son plus grand port, abrite 3,9 millions d'habitants. Depuis qu�en 1983 Yamoussoukro, ville natale de l'ancien pr�sident Houphou�t-Boigny, est devenue la capitale politique du pays, la population de cette ville a plus que tripl�, pour atteindre pratiquement 300 000 habitants. Comme autres villes importantes, mentionnons aussi Bouak� (1,5 million d'habitants), Daloa (173 107), Korhogo (142 039 ), Man (116 657) et Gagnoa (107 124 ).
La population ivoirienne est assez in�galement r�partie dans le pays, puisque la r�gion des Lagunes (avec la ville d'Abidjan) compte � elle seule 34 % de la population totale; les cinq r�gions les plus peupl�es (Lagunes, Haut-Sassandra, Savanes, Vall�e du Bandama, Montagnes) d�passent les 73 % de la population.
2.1 Les ethnies
La C�te d'Ivoire constitue une
v�ritable mosa�que ethnique, car on y d�nombre plus de 60 ethnies
diff�rentes qu'on peut regrouper en quatre grands groupes (selon des
crit�res linguistiques):
1) Le groupe mand� : localis� dans le nord-ouest du pays, ce groupe, appel� aussi mandingue, compte surtout les Malink�, les Bambara, les Dioula, les Foula, etc. Au centre-ouest, l'ethnie des Dan r�side dans la zone montagneuse du pays, principalement autour de Man. 2) Le groupe krou : au centre-sud et au sud-ouest r�sident les Krou ou Magw�, la principale population de cet ensemble ethnique �tant les B�t�. 3) Le groupe gour (volta�que): au nord-est, ce groupe constitue l'un des plus anciens peuples du pays, avec les S�noufo et les Lobi, qui habitent le Nord. 4) Le groupe akan : � l'est, au centre et au sud-est se trouvent les Akan, l'ethnie la plus nombreuse, et que l'on divise en Akan du Centre (principalement Baoul�), en Akan frontaliers (Agni, Abron, etc.) et en Akan lagunaires (Ebri�, Abour�, Adioukrou, Appolloniens, etc.). |
Les ethnies les plus importante sont les S�noufo (9,7 %), les Malink� (8,5 %), les Baoul� (6,6 %), les Dan appel�s aussi Yacouba (5,9 %), les B�t� (5,7 %), les Agni (4,5 %), les Gouro (3,6 %), les Dioula (3,4 %), les Gu�r� (3,4 %), les Dida (2,1 %), les Lobi (1,8 %), les Wob� (1,7 %), les Ab� (1,4 %), les Adjoukrou (1 %), les �bri� (0,7 %), etc.
La C�te d'Ivoire accueille sur son sol quatre � cinq millions d'�trangers, soit au moins le tiers de sa population, un cas presque unique au monde. Mentionnons notamment les Burkinab�s (environ trois millions), les Ghan�ens (environ 500 000), les Lib�riens (100 000), les Europ�ens (environ 20 000 Fran�ais, dont un tiers de binationaux, des Allemands, des Belges, etc.), les Am�ricains et les Syro-Libanais (environ 100 000).
2.2 Les langues
Sur le plan linguistique,
le pays offre une
aussi grande diversit�:
on y d�nombre quelque 70 langues. La quasi-totalit� des langues
appartient � la grande famille
nig�ro-congolaise. Les colonisateurs fran�ais ont � l'�poque
regroup� les langues en groupes linguistiques. On distingue ainsi en c�te
d'Ivoire les langues ouest-atlantique, kwa, gour,
krou et mand�.
Seules six langues sont parl�e par plus d'un million de locuteurs; 28 par plus
de 1000 locuteurs et 37 par plus de 50 000 locuteurs, sans compter les
nombreuses langues parl�es par quelques milliers ou quelques centaines de
locuteurs. Le tableau ci-dessous ne pr�sente que les langues comptant plus
de 50 000 locuteurs.
Ethnie | Population | Pourcentage |
Baoul� | 4 645 000 | 19,5 % |
Malink� | 4 217 000 | 17,7 % |
S�noufo | 2 129 000 | 9,9 % |
Dan | 1 490 000 | 6,2 % |
Anyi | 1 444 000 | 6,0 % |
Mossi | 1 361 000 | 5,7 % |
B�t� | 730 000 | 3,0 % |
Atti� | 642 000 | 2,6 % |
Gouro | 580 000 | 2,4 % |
Fulani | 479 000 | 2,0 % |
Gu�r� du Centre | 422 000 | 1,7 % |
Haoussa | 395 000 | 1,6 % |
Kulango | 372 000 | 1,5 % |
Malink� mau | 348 000 | 1,4 % |
Akan | 346 000 | 1,4 % |
Dida | 336 000 | 1,4 % |
Lobi | 270 000 | 1,1 % |
Abe, Abbey | 268 000 | 1,1 % |
Wobe | 265 000 | 1,1 % |
Brong | 223 000 | 0,9 % |
Sonink� sarakol� | 185 000 | 0,7 % |
Ebri� | 152 000 | 0,6 % |
Odienne | 147 000 | 0,6 % |
Adjoukrou | 140 000 | 0,5 % |
Bissa | 127 000 | 0,5 % |
Worodougou | 115 000 | 0,4 % |
Yoruba | 115 000 | 0,4 % |
Nzema | 113 000 | 0,4 % |
Abur� | 93 000 | 0,3 % |
Abidji | 85 000 | 0,3 % |
Koyaga | 84 000 | 0,3 % |
Nyabwa-Nyedebwa | 72 000 | 0,3 % |
Grebo de la C�te | 71 000 | 0,3 % |
Gagou | 70 000 | 0,3 % |
Tura | 67 000 | 0,2 % |
Koro, Koro Jula | 58 000 | 0,2 % |
Arabe Libanais | 55 000 | 0,2 % |
Autres | 1 015 000 | 4,2 % |
Total 2017 | 23 816 000 | 100,0 % |
Toutes ces langues appartiennent � la famille nig�ro-congolaise, � l'exception de l'arabe leventin (famille afro-asiatique).
- Le dioula
Le dioula occupe une position privil�gi�e, car il sert de langue v�hiculaire commer�ante entre les Ivoiriens; bien qu'il ne constitue la langue maternelle que de 17,7 % de la population, il serait parl� comme langue seconde (� des degr�s divers) par sept millions de locuteurs, ce qui lui conf�re un r�le important comme langue v�hiculaire, notamment dans les �changes commerciaux. La vitalit� des langues ivoiriennes ne fait pas de doute puisque 88 % des conversations relev�es dans les march�s se font dans l'une de ces langues. De plus, la moiti� des enfants parleraient au moins deux langues africaines dont le dioula, le baoul�, le b�t� et l'agni. C'est pourquoi il demeure surprenant que les langues ivoiriennes n'aient pas encore obtenu un r�le plus important dans la vie sociale du pays.
- Le fran�ais
Quant au fran�ais, c'est la langue officielle de l'�tat et celle de l'�cole. Comme un peu partout en Afrique, les langues nationales, surtout celles qui sont de moindre importance, sont apprises dans le cadre familial, notamment en milieu rural lorsque les deux parents sont de la m�me ethnie et qu�ils parlent leur langue � leurs enfants. Cependant, m�me en ce cas, il arrive que la langue des parents soit utilis�e concurremment avec le fran�ais. Par exemple, dans une grande ville comme Abidjan, le fran�ais vient largement en t�te des langues apprises comme premi�re langue et il n�est concurrenc� que par le dioula, mais uniquement dans les quartiers � fort taux de population d�origine mandingue.
� Abidjan et dans la plupart des centres urbains, les enfants sont expos�s tr�s t�t aux diff�rentes vari�t�s du fran�ais. En effet, il existe en C�te d�Ivoire trois vari�t�s de fran�ais : le fran�ais ivoirien, le fran�ais populaire ivoirien et le �nouchi�. Le fran�ais dit �ivoirien� correspond pour l'essentiel au fran�ais standard, mais avec une prosodie toute particuli�re influenc�e par les langues tonales d'Afrique; il en r�sulte une musicalit� de la langue bien diff�rente de celle du �fran�ais de France�. Le fran�ais populaire ivoirien provient d�une appropriation spontan�e et libre du fran�ais. Quant au nouchi, c'est un argot n� au d�but des ann�es 1980 appel� aussi le �fran�ais de la rue�. Le nouchi se caract�
rise au niveau lexical par des changements de sens et des emprunts aux langues ivoiriennes, notamment au dioula. Le nouchi utilise la syntaxe du fran�ais standard ou du fran�ais populaire ivoirien.En somme, le fran�ais en C�te d'ivoire est � la fois une langue v�hiculaire et et une langue vernaculaire. C'est aussi un fran�ais parl� qui se particularise. Jusqu�au d�but des ann�es 1990, l'�cole restait le lieu privil�gi� de l'apprentissage du fran�ais dans sa forme scolaire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, car la rue a pris le relais de l'�cole. Il est vrai que le nombre de locuteurs d�clarant parler fran�ais est en constante augmentation, mais la qualit� g�n�rale de la langue fran�aise parl�e est d�cri�e par les intellectuels ivoiriens. La plupart des jeunes ayant appris le �fran�ais de la rue� sont persuad�s que leur �fran�ais ivoirien� correspond au fran�ais officiel standardis�, mais ce fran�ais employ� en C�te d�Ivoire tend actuellement � appara�tre comme un syst�me fortement r�gionalis� au point que l'intercompr�hension entre les deux vari�t�s de fran�ais peut devenir quasi nulle. Plus d'un million de locuteurs n'utilisent qu'une vari�t� pidginis�e de fran�ai
s, appel�e officiellement �fran�ais populaire ivoirien�, mais aussi �fran�ais petit-n�gre�, une vari�t� de fran�ais � peu pr�s inintelligible pour un francophone non ivoirien tant les diff�rences peuvent �tre importantes aux plan phon�tique, grammatical et lexical.2.3 Les religions
Il n'existe pas de religion majoritaire en C�te d'Ivoire. Plus du tiers des Ivoiriens (38 %) adh�re � l'islam. Suit le christianisme, surtout le catholicisme (22 %) et le protestantisme (5,5 %). Le reste de la population, notamment dans les campagnes, est demeur� fid�le aux religions traditionnelles ou tribales (17 %), qui impr�gnent plus ou moins profond�ment les autres croyances. Enfin, 17 % des Ivoiriens ont d'autres religions.
Soulignons qu'il peut exister des liens entre la religion et les langues en C�te d'Ivoire. Ainsi, l'usage de la langue fran�aise, bien que pr�pond�rant, n�est pas institutionnalis�. Par exemple, certaines religions utilisent les langues locales ivoiriennes. Si les chr�tiens et assimil�s utilisent � �galit� le fran�ais et les langues ivoiriennes, les musulmans emploient plut�t l'arabe et le dioula.
On ignore encore l'histoire tr�s ancienne de la C�te d'Ivoire,
car le climat humide du pays ne favoriserait gu�re la conservation des ossements.
Toutefois, la d�couverte de fragments d'armes
et d'outillages montre qu'au pal�olithique sup�rieur (-15 000 � -10 000 ans)
des hommes �taient d�j� pr�sents dans la r�gion. � la fin du Ier
mill�naire, le nord de la C�te d'Ivoire �tait
peupl� par les S�noufo et les Koulango. Il semble que les Pygm�es soient arriv�s
au cours de cette p�riode dans
cette partie de l'Afrique, car ils �taient pouss�s � se d�placer par la disparition des for�ts
du Sahara. On sait aussi que, d�s le Xe si�cle, le commerce transsaharien
atteignait le nord de la C�te d�Ivoire en entra�nant les premi�res migrations de populations mandingues, qui
s��tablirent, un peu plus tard (vers le XIIIe si�cle), � la lisi�re de la
for�t. D'apr�s les textes �crits par les premiers explorateurs
europ�ens, des mouvements migratoires se seraient acc�l�r�s au moment de la constitution des
grands empires du Ghana, du Mali et du Songa� et se seraient poursuivis jusqu'au
XVIIIe si�cle pour
donner au pays sa configuration ethnique actuelle: les peuples lagunaires le
long de la c�te, les Mand� au nord et � l'ouest, les S�noufo au nord, les Krou �
l'ouest, les Akan � l'est et les Gour au nord-ouest. Afin de r�pondre aux nouveaux besoins de la r�volution industrielle, l'amiral fran�ais
Bouet croisa r�guli�rement dans la r�gion � partir
de 1830. Il signa plusieurs contrats de monopole du commerce avec les chefs des
diff�rentes tribus ivoiriennes. Ces contrats portaient essentiellement sur le commerce de
l'or, de l'ivoire, du caoutchouc et de l'huile de palme. Petit � petit, les Fran�ais s'install�rent sur toute la c�te jusqu'� ce qu'ils soient chass�s
par les Anglais en
1870. Dans son entreprise de
conqu�te de l�int�rieur des terres, la France se heurta dans le Nord au
conqu�rant malink�, Samory Tour�, un guerrier d'origine guin�enne dont les forces
�taient arm�es de fusils acquis
aupr�s des Britanniques. En 1897, Samory fit raser la ville de Kong, dont les habitants
avaient
pactis� avec la France; celle-ci dut m�me avoir recours � l'aide britannique pour
an�antir le nouvel empire de Samory Tour�, qui ne fut vaincu qu'en 1898 et
d�port� au Gabon o� il mourut en 1900.
Le conflit avait tout de m�me d�vast� une grande partie de la r�gion.
En 1899, Grand-Bassam subit une terrible �pid�mie de fi�vre jaune; les Fran�ais
se retir�rent de la ville et firent de Bingerville la nouvelle capitale
de la C�te d'Ivoire. La culture du caf�, introduite en C�te d�Ivoire
par les colonisateurs d�s 1882, se d�veloppa et une classe de petits planteurs
apparut. En 1932, F�lix
Houphou�t-Boigny, jeune m�decin form� � l'�cole de m�decine de
Dakar, prit la d�fense des planteurs de cacao contre l�appropriation des terres par les grands propri�taires
coloniaux et contre la politique �conomique qui p�nalisait les planteurs
autochtones. La C�te d�Ivoire fut alors soumise aux milieux
d�affaires comme la SCOA, la
CFAO et les �tablissements Peyrissac. Ces
grosses compagnies incit�rent le gouvernement fran�ais � int�grer � la colonie, entre
1932 et 1947, les r�gions tr�s peupl�es du centre et du sud de la Haute-Volta
(l'actuel Burkina), dont les habitants �taient recrut�s pour le travail dans les
plantations et constituaient le gros des contingents de �tirailleurs s�n�galais�
envoy�s sur le front europ�en durant les deux guerres mondiales. Le recours au
travail forc�, pour la construction de la voie ferr�e entre Abidjan et
Ouagadougou destin�e � parfaire l�int�gration �conomique de ces territoires,
renfor�a l�opposition anticoloniale. La France ne put assurer sa domination sur l�ensemble de la C�te d�Ivoire qu�au
d�but du XXe si�cle. En 1902, la C�te d'Ivoire int�gra l'Afrique occidentale
fran�aise dont le
gouverneur r�sidait � Dakar. � partir de 1908, le gouverneur Angoulvant �labora un
plan de �pacification� d�finitive, mais les autorit�s coloniales durent
r�primer les
r�voltes des Baoul� et des B�t� jusqu'en 1915.
- La langue fran�aise
Pendant que
les militaires se chargeaient de la �pacification� des territoires
conquis, l'administration fran�aise et surtout l'�cole s'assuraient de la
diffusion et de l'expansion du fran�ais. D�s le d�but de la
colonisation fran�aise,
il s��tablit un lien entre l'expansion coloniale, la promotion sociale
et la connaissance du fran�ais. Tandis que le fran�ais �tait impos� comme langue
officielle de l'administration coloniale, les langues ivoiriennes �taient
syst�matiquement ignor�es, car la valeur de la culture africaine ne pouvait en
aucun cas entrer en ligne de compte. L'un de ceux qui ont le mieux propag�
l�id�ologie colonialiste fran�aise fut sans nul doute Hubert Lyautey
(1854-1934), premier r�sident g�n�ral du protectorat fran�ais au Maroc en 1912,
ministre de la Guerre lors de la Premi�re Guerre mondiale, puis mar�chal de
France en 1921. Voici comment en 1929 Lyautey r�sumait dans l'Atlas
colonial fran�ais la mission civilisatrice et humaniste de la France dans
les colonies: La colonisation, telle que nous
l�avons toujours comprise n�est que la plus haute expression de la civilisation.
� des peuples arri�r�s ou demeur�s � l��cart des �volutions modernes, ignorant
parfois les formes du bien-�tre le plus �l�mentaire, nous apportons le progr�s,
l�hygi�ne, la culture morale et intellectuelle, nous les aidons � s��lever sur
l��chelle de l�humanit�. Cette mission civilisatrice, nous l�avons toujours
remplie � l�avant-garde de toutes les nations et elle est un de nos plus beaux
titres de gloire. La politique coloniale fran�aise en mati�re d��ducation et
d�administration correspondait � l'id�ologie des conqu�rants. Dans Langues et
langage en Afrique noire (Paris, Payot, 1967), Pierre Alexandre, professeur
� l'�cole des langues orientales, d�crit ainsi la langue fran�aise enseign�e
dans les colonies:
C�est celle de Fran�ois Ier, de Richelieu, de
Robespierre et de Jules Ferry. Une seule langue est enseign�e dans les �coles,
admise dans les tribunaux, utilis�e dans l'administration : le fran�ais tel que
d�fini par les avis de l'Acad�mie et les d�crets du ministre de l'Instruction.
Toutes les autres langues ne sont que folklore, tutu panpan, obscurantisme,
biniou et bourr�e; et ferments de d�sint�gration de la R�publique. Tel �tait du
moins le principe, qui trouva son expression d�finitive avec les d�crets des
ann�es 30, interdisant l'emploi dans l'enseignement, m�me priv�, de toute langue
autre que le fran�ais (sauf pour le cat�chisme et l'instruction religieuse,
mati�res d�pourvues de sanction officielle). Le probl�me, c'est que ce n'est pas tout � fait le fran�ais de
Fran�ois Ier ni celui de Jules Ferry qui a �t�
enseign� en C�te d'Ivoire. Maurice Delafosse (1870-1926), un
administrateur colonial fran�ais, aussi enseignant et linguiste, �crira plut�t
que le fran�ais enseign� aux Noirs �tait un fran�ais �adapt� plus facile �
comprendre et � enseigner : Les indig�nes ont beau parler
notre langue, nous avons toujours beaucoup de mal � nous faire comprendre et �
les comprendre, et comme il n�est pas naturel, puisque nous nous estimons
sup�rieurs � eux, que ce soit eux qui se mettent dans notre peau, c�est � nous
de nous mettre dans la leur [...] il faut �videmment n�employer que les formes
les plus simples des mots, mais surtout il faut n�employer que les mots que les
Noirs peuvent comprendre.
Ces propos
pr�figurent quelque peu la naissance du �fran�ais petit-n�gre� et autres
vari�t�s de fran�ais d�Abidjan ou de C�te d�Ivoire. Maurice
Delafosse essaie d'expliquer qu'il s'agit d'une cr�ation de la part des Noirs et
non parce que les Fran�ais leur ont mal enseign� le fran�ais:
On nous dit souvent que c�est
nous qui avons invent� le � petit-n�gre � et que si nous parlions aux Noirs un
fran�ais correct, ils parleraient de m�me. Ce raisonnement est pu�ril ; si nous
ne voulons parler � un Noir qu�un fran�ais correct, il sera plus d�un an avant
de pouvoir nous comprendre, et quand il nous comprendra enfin, il nous r�pondra
en petit-n�gre : voil� la v�rit� (je ne parle pas bien entendu d�un Noir auquel
on apprendrait le fran�ais de fa�on r�guli�re). Cette qualification de �fran�ais petit-n�gre�
correspond � l�id�ologie dominante de l��poque, car ce fran�ais se voulait
�adapt� � la mentalit� des Noirs. Soulignons que le fran�ais enseign� n'�tait
pas toujours le fran�ais standard, surtout dans les villages. De fait, certains
anciens combattants ivoiriens, apr�s leur d�mobilisation, furent parfois
utilis�s comme enseignants dans les �coles de villages. C�est dans ces �coles
qu�on comptait essentiellement des �moniteurs improvis�s� parlant le fran�ais
dit �petit-n�gre�.
D�s le XVe si�cle, les explorateurs portugais parvinrent jusqu�� la c�te �
partir de laquelle ils organisaient la traite n�gri�re et le commerce de l�ivoire.
Rappelons que, 1494, le pape Alexandre VI Borgia avait
contraint les Espagnols et les Portugais � signer le
trait� de Tordesillas qui tra�ait les limites territoriales
entre l'Espagne et le Portugal: tout ce qui serait d�couvert � l'ouest du m�ridien
appartiendrait � l�Espagne et � l'est (Br�sil et Afrique), au Portugal. C�est ce qui explique pourquoi ce furent
d�abord les Portugais qui colonis�rent l�Afrique de l�Ouest,
sous l'impulsion du roi Henri le Navigateur, vers 1470.
C'est aussi au cour de cette p�riode que datent les diff�rentes appellations donn�es au pays par les
Europ�ens; celles-ci varient en fonction de l�accueil que les populations leur
r�servaient et des produits qu�ils �changeaient avec ces derni�res. C'est
ainsi qu'on a C�te des males gens (ou �mauvaises gens�), C�te des graines et de la malaguette (nom donn� au poivre
de la Guin�e), C�te des dents, C�te du morphil (nom donn� �
l'ivoire) et C�te d�ivoire. Les Portugais donn�rent
� plusieurs villes et fleuves les noms que nous leur connaissons aujourd'hui:
Sassandra, San Pedro, Fresco, Cabo
Palmas, etc.
Cependant, le
n�gociant fran�ais Arthur Verdier d�cida de rester en C�te d'Ivoire et
de tenir t�te
aux Anglais; il fit planter du caf� dans la r�gion d'Assinie. On sait que la culture
du caf� deviendra plus tard la principale
culture en C�te d'Ivoire avec le cacao. Mais les Fran�ais se trouv�rent en comp�tition
ouverte pour la domination
de la r�gion avec les Britanniques qui avaient jet� leur d�volu sur la C�te-de-l�Or
(l'actuel Ghana), la Gold Coast devenue la colonie britannique la plus
prosp�re. Les Britanniques impos�rent partout leur langue et leurs
institutions dans leurs colonies, au Ghana comme ailleurs. Les zones d�influence respectives de la Grande-Bretagne et de la
France furent fix�es au congr�s de Berlin en 1885. Louis Gustave Binger
(1856-1926)
fut nomm� �r�sident fran�ais aux �tablissements de la C�te d'Ivoire� et, � ce titre,
agit comme le repr�sentant de la France aupr�s des chefs locaux. � partir de 1887,
Marcel
Treich-Lapl�ne, un commis de Verdier, remonta vers le nord du pays en
signant des trait�s au nom de la France, notamment avec les Betti�, les Agni et
les Abron.
Le 10 mars 1893, le d�cret portant cr�ation de la Colonie de C�te d'Ivoire
�tait sign� et Louis Gustave Binger en devenait le gouverneur et Grand-Bassam fut
choisie comme capitale. Les Fran�ais se
heurt�rent � la r�sistance farouche des populations, qui utilis�rent les
tactiques de la gu�rilla. Les foyers d'opposition furent r�prim�s de mani�re
brutale et les diff�rentes r�gions de la C�te-d'Ivoire ne furent conquises
qu'une � une,
car il faudra plus de vingt ans � la France pour r�ellement s'imposer dans la
r�gion.
Cependant, la situation de
multilinguisme g�n�ralis�, le manque d�enseignants qualifi�s et l'omnipr�sence
des ��coles de village�, des ��coles r�gionales� et des ��coles urbaines�
faisaient en sorte que l�enseignement dans les langues ivoiriennes n��tait pas
v�ritablement interdit. D'ailleurs, un circulaire en date du 5 janvier 1939
rappelait que, conform�ment � une lettre du ministre des Colonies, �l�usage des
langues indig�nes [...] est autoris� � titre compl�mentaire pour l�enseignement
pratique et pour l��ducation professionnelle ou m�nag�re�. En effet, en
conformit� avec cette circulaire, quelques manuels furent r�dig�s dans certaines
langues (baoul�, dioula, atti�, adioukrou, etc.), mais l'exp�rience ne dura
gu�re, les autorit�s coloniales invoquant comme raison que le trop grand nombre
des langues indig�nes rendait incontournable l�imposition d�finitive du
fran�ais.
- Le combat pour l'ind�pendance
En 1944, Houphou�t-Boigny cr�a un syndicat agricole africain (le Syndicat agricole africain, SAA), qui fut � l�origine du Parti d�mocratique de C�te d�Ivoire (PDCI). Les diff�rentes factions politiques cr��es dans les colonies de l�Afrique occidentale fran�aise (AOF) men�rent le combat pour l�ind�pendance. Au cours des deux guerres mondiales, les Fran�ais mirent abondamment � contribution leurs colonies: ils recrut�rent un grand nombre de soldats en C�te d'Ivoire, accrurent le travail forc� et exig�rent la fourniture gratuite de certains produits comme l'huile de palme et le caoutchouc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la pression �conomique et le durcissement du r�gime provoqu�rent le m�contentement croissant de la population et la mont�e du nationalisme. En 1946, Houphou�t-Boigny, alors d�put� de la C�te d�Ivoire � l�Assembl�e fran�aise, fut � l�origine de la loi abolissant le travail forc� dans les territoires fran�ais d�outre-mer, un statut auquel acc�da, la m�me ann�e, la C�te d�Ivoire.
La r�forme de l'apr�s-guerre fut d�clench�e par l'arr�t� du 22 ao�t 1945, qui prescrivait l'�alignement� de l'enseignement primaire �l�mentaire en Afrique occidentale fran�aise sur celui de la m�tropole et la prolongation de la dur�e des �tudes en EPS � quatre ans. L'arr�t� du 22 ao�t 1945 confirma que l�enseignement primaire �l�mentaire qui �a pour objet essentiel d�agir sur les populations africaines en vue de diriger et d�acc�l�rer leur �volution [...] est donn� uniquement en fran�ais�. D�s lors, furent placard�s sur les portes de toutes les �coles cette affiche qui rappelait l'interdiction de �parler breton� en France: �D�fense de parler les dialectes dans l�enceinte de l��cole.� Tout le monde comprit que l�enceinte de l��cole devait �tre r�serv�e au fran�ais et que les autres langues �taient employ�es � l'ext�rieur. Nous savons aujourd'hui que cette politique d'exclusion des langues ivoiriennes de l��cole sera reconduite apr�s l'ind�pendance.
Les partis politiques ivoiriens, � ce moment apparent�s au Parti communiste fran�ais, s�oppos�rent violemment � l�Administration fran�aise en 1949 en soutenant les gr�ves suscit�es par la chute des cours du cacao. En 1951, Houphou�t-Boigny adopta une strat�gie de coop�ration avec le gouvernement fran�ais. Il participa � l'�laboration de r�formes qui allaient d�boucher sur la d�colonisation. En 1957, il devint ensuite pr�sident du Conseil de l'AOF et d�clara sa volont� de voir na�tre une C�te d'Ivoire r�publicaine et ind�pendante.
3.2 La C�te d�Ivoire ind�pendante - Le r�gne de
Houphou�t-Boigny (1960-1993)
Les responsables politiques ivoirien Je dois toutefois �
la v�rit� de dire qu'en ce qui concerne mon pays, l'adoption
du fran�ais, par l'article premier de notre Constitution, a sans
doute �t� l'un des facteurs d'unit� qui ont favoris�
l'aboutissement heureux et si rapide de l'�uvre de construction nationale
dont Son Excellence le pr�sident F�lix Houphou�t-Boigny
avait fait un des premiers th�mes de son action. Le fran�ais,
librement accept� par nous, a �t� un facteur de coh�sion
� l'int�rieur de la C�te d'Ivoire o� il a favoris�
le regroupement de nos quelque cent ethnies.
Le choix du fran�ais allait de soi, car le
pr�sident Houphou�t-Boigny, qui avait une excellente ma�trise de la
langue fran�aise, consid�rait cette langue comme strictement utilitaire pour
continuer � g�rer l'�tat. On peut dire que Houphou�t-Boigny a donn� au fran�ais
un r�le essentiellement pragmatique, ce qui a d� influencer par la suite
l'attitude des Ivoiriens par rapport � la langue fran�aise. Ce choix
du fran�ais n'est pas �tranger
non plus � la croissance �conomique d'ailleurs remarquable
de la C�te d'Ivoire. Un ministre des Affaires culturelles (Jules Hi� Nea) r�pondait � un journaliste: Mais il ne faut pas
oublier que la C�te d'Ivoire a choisi un d�veloppement ouvert
sur le monde ext�rieur: la n�cessit� d'utiliser une
langue internationale s'impose par de telles consid�rations. Le
fran�ais est non seulement la langue de l'�conomie, de l'administration
mais aussi de la plupart de nos �crivains.
Quant � la question des langues ivoiriennes,
on a longtemps d�not� une grande r�ticence, de la part des dirigeants
politiques, � l'aborder. Selon le linguistique qu�b�cois Denis Turcotte, le probl�me
des langues nationales
fut m�me constamment escamot�:
On semble entretenir
l'espoir de voir bient�t le pays plac� devant le fait accompli.
Le fran�ais progresse si bien dans toutes les couches de la population
que le jour n'est pas si loin o� son statut ne sera plus remis en
question.
L�ancienne
En 1990, Houphou�t-Boigny
accepta,
sous la pression des manifestations, d�instaurer le multipartisme. D�s cette
�poque, le probl�me de sa succession se posa, mais le pr�sident ne laissa pas
aux dauphins constitutionnels (les pr�sidents successifs de l�Assembl�e
nationale) la possibilit� de s�imposer. Ce fut notamment le cas de Philippe Yac�
(1920-1998). Pr�sident de l'Assembl�e nationale pendant de nombreuses ann�es, et
collaborateur d�vou� d'Houphou�t-Boigny depuis 1941, il r�prima le �complot�
de 1963 et fut longtemps consid�r� comme le dauphin du chef de l'�tat, jusqu��
sa disgr�ce en 1980. En octobre 1990, Houphou�t-Boigny fut r��lu pour un
septi�me mandat de cinq ans, � l�issue des premi�res �lections pluralistes du
pays. L�ouverture politique ne fut cependant que formelle: en 1992, les
principaux dirigeants de l�opposition, dont Laurent Gbabo, fondateur du Front
populaire ivoirien, furent emprisonn�s. Puis, Houphou�t-Boigny, celui que les Ivoiriens avaient surnomm� �le Vieux�,
mourut le 7 d�cembre 1993
(jour anniversaire de l'ind�pendance) � l'�ge de 88 ans. Le d�c�s du seul
pr�sident de la R�publique depuis l'ind�pendance ouvrit la voie � des exp�riences
politiques incertaines et � des changements brutaux. Trois chefs d'�tat se sont
succ�d� � la t�te du pays depuis lors, sans parvenir � restaurer cette
stabilit� politique. - La
politique de l'ivoirit� Apr�s la
mort de Houphou�t-Boigny, le pr�sident de l'Assembl�e
nationale, Henri Konan B�di� dit �HKB�, termina le mandat en cours, conform�ment �
la Constitution. Cependant, comme il en tenait pas son pouvoir d'une �lection, sa position s'en
trouva consid�rablement affaiblie. � la faveur d�un climat politique et social
tendu, les oppositions entre communaut�s et r�gions se manifest�rent. Le scrutin
pr�sidentiel d�octobre 1995 fut ainsi marqu� par des violences
intercommunautaires touchant les immigr�s qui, comme on le sait, constituent
une part importante de la population. Ces dissensions oppos�rent, notamment
dans l�Ouest du pays, les B�t� aux Baoul�, dont faisait partie le nouveau pr�sident
Henri Konan B�di�, tandis que les musulmans du Nord et les Burkinab� immigr�s
de longue date et se consid�rant souvent comme ivoiriens (l'ancienne Haute-Volta
a �t� int�gr�e � la C�te-d'Ivoire pendant l'�poque coloniale) rest�rent marqu�s
par la marginalisation dans laquelle les institutions tentaient de maintenir
Alassane Ouattara, ancien premier ministre, en raison de ses origines
burkinab�es. En 1998, le pr�sident B�di� voulut faire adopter une r�vision
constitutionnelle instituant le septennat renouvelable jusqu'� l'�ge de 75 ans. La possibilit� pour le chef de l'�tat de reporter
l'�lection pr�sidentielle pr�vue pour l'an 2000 souleva les protestations d'une
opposition divis�e. Le
concept d'ivoirit� Ce concept d'ivoirit�
fut �voqu� pour la premi�re fois le 26 ao�t 1995 par le pr�sident
Henri Konan B�di�. Il est bas� sur la distinction entre les Ivoiriens
dits de souche et les Ivoiriens dits d'origine douteuse
ou de circonstance. Il correspond � un discours identitaire
ivoirien un peu r�ducteur, car il promeut une hostilit� � l'encontre
des �trangers et des Ivoiriens musulmans du Nord. En 1993, Laurent Gbagbo,
alors dans l'opposition, avait demand� une r�vision du Code �lectoral
afin d'interdire le vote des ��trangers�. En 1998, une loi fonci�re
r�servait le droit de propri�t� de la terre aux seuls �Ivoiriens de
souche�, alors que Houphou�t-Boigny, un militant de l'�hospitalit�
authentique�, consid�rait que �la terre appartient � celui qui la
cultive�. Des milliers de paysans d'origine burkinab�e du Nord furent
expuls�s. De plus, la Constitution de juillet 2000 adopt�e sous le r�gime
du g�n�ral Giu� �nonce dans son article 35 que, pour �tre candidat
� l'�lection pr�sidentielle, seuls sont consid�r�s comme Ivoiriens
ceux n�s de p�re et de m�re eux-m�mes ivoiriens. Puis une politique
d'�identification nationale� s'est mise en place afin de d�terminer
la citoyennet� par l'appartenance � un village �authentiquement
ivoirien�. Bref, ce concept
d'ivoirit�,
d�velopp� en r�action au sentiment que les �trangers sont devenus �trop
nombreux�, est consid�r� comme l'une des causes des exactions
commises ces derni�res ann�es en C�te d'Ivoire. En janvier 2000, la formation d'un gouvernement de
transition r�unissant le Front populaire ivoirien (FPI) du socialiste Laurent Gbabo et le
Rassemblement des R�publicains (RDR) de l'ancien premier ministre
Alassane Ouattara tourna rapidement � la
comp�tition entre ces deux candidats � la pr�sidentielle, faisant ressurgir le
probl�me de l'�ivoirit�, qui avait �t� la cause politique de la crise
pr�c�dente. En octobre, ce fut le premier tour de l��lection pr�sidentielle, qui devait
mettre un terme � la transition militaire dirig�e par le g�n�ral Giu�. Laurent Gbagbo
d�clara l�avoir emport�, mais le g�n�ral Giu� tenta de se maintenir au pouvoir
par un coup d��tat avant d��tre mis en fuite par des manifestations massives.
- La rivalit� entre les clans Gbagbo et Ouattara
Laurent Gbagbo fut alors investi pr�sident de la R�publique, mais de violents
affrontements oppos�rent ses partisans, chr�tiens, � ceux, musulmans, du
candidat Alassane Ouattara, dont la candidature, rappelons-le, avait �t� invalid�e par la
Cour supr�me. Les hostilit�s tourn�rent � la guerre civile entre les
rebelles du Nord (Mouvement patriotique de C�te d'Ivoire) et les loyalistes du
Sud (Mouvement pour la justice et la paix). Un accord de cessation des
hostilit�s fut sign� � Dakar, le 17 octobre 2002. Cet accord a �t� compl�t�
par un autre accord, sign� � Lom�, le 13 janvier 2003, par le gouvernement
ivoirien, non signataire de celui du 17 octobre 2002. Mais les conflits se
poursuivirent sur fond de connotation ethnique dans le nord du
pays. � l'invitation du pr�sident de la R�publique fran�aise, une table
ronde des forces politiques ivoiriennes s'est r�unie � Linas-Marcoussis, du 15
au 23 janvier 2003. Chaque d�l�gation des diff�rentes factions ivoiriennes a
analys� la situation et fait des propositions de nature � r�tablir la
confiance et � sortir de la crise, la plus grave que ce pays ait connue depuis
plusieurs d�cennies; ce fut l'accord de Marcoussis du 24 janvier. Le pr�sident
Gbagbo parvint � conserver son poste jusqu'aux �lections pr�sidentielles de
2005, mais il dut accepter des ministres rebelles.
Puis, s'estimant attaqu�
depuis le Liberia, le gouvernement de C�te d'Ivoire a demand� � Paris
d'appliquer les accords de d�fense (de 1961). La France envoya pr�s de 6000
soldats dans le pays. Mais les �patriotes�, des groupes de
soutien au pr�sident Gbagbo, d�clench�rent une �meute anti-fran�aise sous
l'�il amus� des diplomates am�ricains. Le pr�sident
Gbagbo a sembl� remettre en question les accords de Marcoussis qu'il qualifiait de
�propositions fran�aises�. Ce fut le d�but d'�vacuation des familles fran�aises
(environ 20 00 personnes). Or, la moiti� des PME et la moiti� des recettes
fiscales du pays �taient assur�es par ces Fran�ais.
� la suite d'une �lection pr�sidentielle sous tension en 2010,
les deux candidats arriv�s au second tour, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara,
pr�t�rent serment chacun de leur c�t� comme pr�sident du pays. Alassane Ouattara
avait �t� d�clar� vainqueur par la Commission �lectorale ind�pendante, alors que
Laurent Gbagbo l'avait �t� par le Conseil constitutionnel. La C�te d'Ivoire
s'est retrouv�e avec deux pr�sidents tentant de s'imposer sur l'ensemble du
pays. Mais Alassane Ouattara, b�n�ficiant de l'appui de nombreux �tats �trangers
r�ussit avec ses troupes � contr�ler l'ensemble du pays, jusqu'� ce que
Laurent Gbagbo soit plac� en �tat d'arrestation et fait
prisonnier, l'arm�e r�guli�re, la gendarmerie et la police s'�tant rang�e du
c�t� d'Ouattara.
Le 21 mai 2011, Alassane Ouattara devint
officiellement pr�sident de la C�te d'Ivoire. Le pr�sident tente depuis lors de
pratiquer une politique lib�rale et interventionniste afin de relancer
l'�conomie du pays. Cependant, sa gestion de l'arm�e et de la justice lui
entra�ne la r�probation de la part des partis d'opposition qui l'accusent de
perp�trer des exactions contre des partisans de son pr�d�cesseur et de se livrer
� une �justice des vainqueurs�. Pendant ce temps, les routes et les
infrastructures du pays sont dans un �tat de d�labrement avanc�, y compris les
�difices publics, dont les universit�s qui ont d� �tre ferm�es durant un certain
temps. De plus, le gouvernement doit faire face � une corruption
end�mique et � un syst�me judiciaire d�faillant. La C�te d'Ivoire a toujours �t� l'un des p�les �conomiques de l'Afrique
de l'Ouest. Depuis les incertitudes provoqu�es par les coups d'�tat et les d�sordres qui ont accompagn� les �lections
de 2010, la
C�te d'Ivoire a rejoint le peloton des pays chroniquement instables, avec en
prime une arm�e �clat�e, une classe politique d�boussol�e, une population
apeur�e, une guerre civile larv�e, des immigr�s montr�s du doigt, sans
oublier �les Blancs qui partent�. Pendant ce temps, la tradition de la gabegie et du d�tournement
des fonds publics se perp�tue en C�te d'Ivoire. La population, de son c�t�,
continue de croupir dans la mis�re.
La politique linguistique �crite de la C�te d'Ivoire
a toujours tenu essentiellement � l'article 1 de la
Constitution
de 1963:
�La langue
officielle est le fran�ais.� Cette
disposition signifiait que le fran�ais
�tait la langue de la Pr�sidence, de la R�publique, de l'Assembl�e
nationale, de l'Administration publique, des cours de justice, de l'enseignement
� tous les niveaux (primaire, secondaire, technique et professionnel,
universitaire), des forces polici�res et des forces arm�es,
de l'affichage et des m�dias.
Pour le reste, l'�tat n'est
� peu pr�s jamais intervenu, sauf de fa�on symbolique. Les modalit�s d'application de l'article 1er
de la Constitution
de 1963 ont �t� laiss�es �
la discr�tion des ministres. Dans
les faits, les langues ivoiriennes et le fran�ais ont
toujours eu leur domaine
propre: les premi�res restent les langues utilis�es dans
les villages et pour les communications informelles, tandis que le fran�ais,
langue de l'�cole, de la promotion sociale et du travail, est utilis�
dans les villes.
En juillet 2000, le g�n�ral Giu� fit voter par r�f�rendum, le 23 juillet 2000, une nouvelle
Constitution qui reprenait le concept de l'ivoirit�: Le pr�sident de la R�publique
est �lu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n'est r��ligible
qu'une fois.
Il doit �tre ivoirien d'origine, n� de p�re et de m�re eux-m�mes
ivoiriens d'origine.
L'obligation de r�sidence indiqu�e au pr�sent article ne s'applique
pas aux membres des repr�sentations diplomatiques et consulaires, aux
personnes d�sign�es par l'�tat pour occuper un poste ou accomplir une
mission � l'�tranger, aux fonctionnaires internationaux et aux exil�s
politiques. Le candidat � la pr�sidence de la R�publique doit pr�senter un �tat
complet de bien-�tre physique et mental d�ment constat� par un coll�ge
de trois m�decins d�sign�s par le Conseil constitutionnel sur une
liste propos�e par le Conseil de l'Ordre des m�decins. Ces trois m�decins
doivent pr�ter serment devant le Conseil constitutionnel.
Il doit �tre de bonne moralit� et d'une grande probit�. Il doit d�clarer
son patrimoine et en justifier l'origine. L'article 29 de la Constitution ivoirienne de 2000, tout en reprenant
l'article 1er de la Constitution pr�c�dente � propos du fran�ais (par. 5),
ajouta une disposition concernant les langues nationales (par. 6):
1) L'�tat de C�te d'Ivoire est une R�publique ind�pendante et
souveraine. �tant donn� que le fran�ais est la langue officielle, tous
les textes de lois et tous les textes administratifs sont r�dig�s dans cette
langue. Le
d�cret n� 2012-625 du 6 juillet 2012 portant attributions des membres du
gouvernement (2012) constitue l'un des rares textes juridiques en Afrique
consacr� � la Francophonie. En mati�re de culture, il doit assurer la
promotion des langues nationales, mais en mati�re de Francophonie, il
repr�sente la C�te d'Ivoire et assure la promotion et vulgarisation de
la Francophonie aupr�s des populations: Le ministre de
la Culture et de la Francophonie Le ministre de la Culture et de la
Francophonie est charg� de la mise en �uvre et du suivi de la politique
du gouvernement en mati�re de culture et de francophonie. � ce titre, et en liaison avec les
diff�rents d�partements minist�riels int�ress�s, il a l'initiative et la
responsabilit� des actions suivantes: [...] 2- En mati�re de Francophonie � Repr�sentation de la C�te
d'Ivoire dans les organes de la Francophonie;
Le 4 d�cembre 1958, la C�te d�Ivoire devint une r�publique au sein de la
Communaut� fran�aise, Houphou�t-Boigny assurant les fonctions de premier
ministre. Proche alli� du g�n�ral de Gaulle, Houphou�t-Boigny rompit les liens unissant la C�te d'Ivoire � la France
et proclama, le 7 ao�t 1960, l'ind�pendance ivoirienne. Les deux �tats conserv�rent
n�anmoins des relations �troites, notamment � travers la pr�sence, en C�te d'Ivoire, d'une importante communaut� fran�aise.
Le 24 avril 1961, la France signait avec la C�te d'Ivoire, ainsi que le Dahomey
et le Niger, un accord de d�fense militaire.
La stabilit� politique du pays qu��tablit Houphou�t-Boigny
� travers un r�gime
de parti unique favorisa la forte croissance �conomique des ann�es soixante et
soixante-dix (on parlait alors du �miracle ivoirien�), gr�ce � la bonne tenue des cours du caf�
et du cacao, et � la cr�ation d'une caisse de stabilisation (Caistab) assurant
aux paysans des revenus r�guliers. La politique paternaliste d�Houphou�t-Boigny
suscita cependant une opposition croissante (manifestations �tudiantes,
conspirations dans l�arm�e, etc.). En 1983, le pr�sident Houphou�t-Boigny,
n� � Yamoussoukro, d�cida d'en faire la capitale de la C�te d'Ivoire. Il y
entreprit de grands travaux et fit construire une tr�s grande cath�drale sur le mod�le de Saint-Pierre de
Rome (basilique Notre-Dame-de-la-Paix), alors que le pays ne comptait que 22 % de catholiques. Le
d�ploiement d�un tel faste, alors m�me que l��conomie nationale s�effondrait,
alimenta le m�contentement de la population.
Le 26 d�cembre
1999, le
chef de l'arm�e ivoirienne, le g�n�ral Robert Giu�, intervint pour faire cesser les manifestations de soldats mal pay�s,
et destitua le pr�sident B�di�
qui se r�fugia au Togo, puis en France. Le g�n�ral
Giu� mit en place un Comit� national de salut public (CNSP) qui s'engagea
� organiser des �lections. Giu� fit voter, le 23 juillet 2000, une nouvelle
Constitution qui reprenait le concept de l'�ivoirit�. Mais la
nouvelle Constitution adopt�e par r�f�rendum �cartait la candidature
d'Alassane Ouattara, cet ancien premier ministre de Houphou�t-Boigny:
sa nationalit� ivoirienne �tait mise en doute � travers le nouveau
concept d'�ivoirit�. � la fin de la m�me ann�e, la Cour supr�me
rejeta la candidature aux l�gislatives de cet homme devenu ic�ne
des exclus du Nord et foyer de r�bellion. Le conflit opposant les deux adversaires politiques a ranim� entre
certains groupes ethniques des haines, dont les Burkinab� ont �t� les principales victimes.
Le 9 octobre
2001, le pr�sident par int�rim Laurent Gbabo ouvrit un forum de la R�conciliation
nationale, avec Konan B�di�, ancien pr�sident renvers�, Robert Giu�
, g�n�ral putschiste, et Alassane Outtura, devenu chef de l'opposition.
En novembre, un conflit li� � la propri�t� fonci�re a �clat� dans le sud-ouest du pays, entre des Ivoiriens de l'ethnie kroumen et la communaut� immigr�e, principalement originaire du Burkina
Faso; fuyant les combats, plus de 20 000 immigrants se sont r�fugi�s � Grabo et Tabou, avant d'�tre renvoy�s de force au Burkina.
4 La politique linguistique
ivoirienne
Article
35
Le candidat � l'�lection pr�sidentielle doit �tre �g� de quarante
ans au moins et de soixante quinze ans au plus.
Il doit n'avoir jamais renonc� � la nationalit� ivoirienne.
Il ne doit s'�tre jamais pr�valu d'une autre nationalit�.
Il doit avoir r�sid� en C�te d'Ivoire
de fa�on continue pendant cinq ann�es pr�c�dant la date des �lections et
avoir totalis� dix ans de pr�sence effective.
Article 29
2) L'embl�me national est le drapeau tricolore orange, blanc, vert, en
bandes verticales et d'�gales dimensions.
3) L'hymne de la R�publique est l'Abidjanaise.
4) La devise de la R�publique est Union, Discipline, Travail.
5)
La langue officielle est le fran�ais.
6) La loi fixe les conditions de promotion et de d�veloppement des
langues nationales.
Article 21
� Suivi de l'�volution juridique et institutionnelle de la
Francophonie;
� Organisation de la participation de la C�te d'Ivoire aux instances
des divers sommets de la Francophonie;
� Renforcement des relations culturelles avec les ambassades et
organismes francophones en C�te d'Ivoire;
� Contr�le de la mise en �uvre des d�cisions des sommets de la
Francophonie;
� Promotion et vulgarisation de la Francophonie aupr�s des
populations;
� Contribution au suivi et � l'�valuation des op�rations de
coop�ration culturelles francophones en C�te d'Ivoire.
4.1 Les tribunaux et les langues
Le
fran�ais est aussi la langue des tribunaux. C'est pourquoi savoir lire et �crire
le fran�ais constitue l'un des tout premiers crit�res pour le choix des jur�s
d�une cour d�assises. M�me si le fran�ais est la langue officielle, la loi
permet l'utilisation d'une langue ivoirienne aux justiciables ayant de la
difficult� � s'exprimer en fran�ais. L'article 344 de la
loi
n� 60-366 du 14 novembre 1960 portant Code de proc�dure p�nale (1960)
autorise le recours � l'interpr�tariat: Comme il peut arriver qu'un justiciable ne parle pas la
langue officielle, il faut en ce cas avoir recours � un interpr�te
occasionnels.
4.2 L'administration publique La langue
de l'administration publique ivoirienne est le fran�ais, surtout � l'�crit,
les documents officiels n'apparaissant qu'en cette langue. Mais � l'oral les
fonctionnaires peuvent avoir recours aux langues ivoiriennes avec les
citoyens s'ils connaissent la langue locales. Dans un acte d'�tat civil,
l'agent responsable doit avoir recours � un interpr�te au besoin lorsque les
parties contractantes ne parlent pas la langue officielle. L'article 27 de
la
loi n� 64-374 du 7 octobre 1964, relative � l'�tat civil, modifi�e par la loi n�
83-799 du 2 ao�t 1983 (1964) �nonce la proc�dure utilis�e: �Je jure de bien et fid�lement
traduire les d�clarations des parties et des t�moins ainsi que l'acte
qui les constate.� Mention en est faite dans l'acte. L'article 28 de la m�me loi prescrit � la fois l'usage de la
langue officielle et de la traduction avant de dresser l'acte de l'�tat
civil: L'article 6 de la
loi n� 64-373 du 7 octobre 1964, relative au nom, modifi�e par la loi n� 83-799
du 2 ao�t 1983 (1964) est ambigu dans la mesure o�
il ne pr�cise pas si la langue utilis�e dans un nom ou un pr�nom constitue
un crit�re d'acceptation: Selon l'article 33 de la
loi n� 69-372 du 12 ao�t 1969 portant statut du notariat (1969), tous
les actes notari�s doivent �tre r�dig�s en fran�ais et, si cela est
n�cessaire, le notaire doit �tre assist� d'un interpr�te: Selon la
loi n� 95-15 du 12 janvier 1995 portant Code du travail (1995),
tous les contrats d'apprentissage doivent �tre r�dig�s en langue fran�aise:
Article 344
Dans le cas o� l'accus�, les t�moins ou l'un d'eux, ne parlent pas
suffisamment la langue fran�aise ou s'il est n�cessaire de traduire un
document vers� aux d�bats, le pr�sident nomme d'office un interpr�te,
�g� de vingt et un ans au moins, et lui fait pr�ter serment de remplir
fid�lement sa mission.
Article 27
Si les parties comparantes, leur fond� de procuration ou les t�moins, ne
parlent pas la langue officielle et si l'officier ou l'agent de l'�tat
civil ne conna�t pas la langue dans laquelle ils s'expriment, leurs
d�clarations sont traduites par un interpr�te ayant pr�alablement pr�t�
devant l'officier ou l'agent de l'�tat civil le serment ci-apr�s :
Cette mention comporte l'indication de la langue dans laquelle la
d�claration a �t� faite, des pr�noms et nom de l'interpr�te, ainsi que
de la prestation de serment de celui-ci.
Article 28
Avant de dresser l'acte, l'officier ou l'agent de l'�tat civil avise les
parties comparantes ou leur fond� de procuration et les t�moins, des
peines pr�vues par la loi pour sanctionner les fausses d�clarations.
L'acte �tabli, il leur en donne lecture et les invite, s'ils lisent la
langue officielle, � en prendre connaissance avant de le signer.
Dans le cas pr�vu au premier alin�a de l'article pr�c�dent, la
traduction de l'acte est faite par l'interpr�te.
Il est fait mention dans les actes de l'accomplissement de ces
formalit�s.
Article 100
Toute pi�ce produite par un �tranger en vue de l'�tablissement d'un acte
de l'�tat civil, doit obligatoirement �tre accompagn�e de sa traduction
dans la langue officielle ivoirienne, certifi�e conforme � l'original
par le consulat de l'int�ress�.
Article 6
Il est interdit aux officiers de l'�tat civil de donner des noms ou
pr�noms et de recevoir des pr�noms autres que ceux figurant dans les
diff�rents calendriers ou consacr�s par les usages et la tradition.
Article 33
Toutes les fois qu'une personne ne parlant pas la langue officielle est
partie ou t�moin, le notaire doit �tre assist� d'un interpr�te ayant
pr�t� serment devant la juridiction de sa r�sidence ou, � d�faut, devant
lui-m�me. Cet interpr�te traduit litt�ralement l'acte et le signe.
Les parents ou alli�s, soit des parties contractantes, soit du notaire,
en ligne directe � tous les degr�s, et en lign� collat�rale, jusqu'au
degr� d'oncle ou de neveu inclusivement peuvent remplir les fonctions
d'interpr�te dans les cas pr�vus par le pr�sent article, les l�gataires
� quelque titre que ce soit, ni leurs parents ou alli�s jusqu'au degr�
de cousin germain inclusivement.
Article
12.2
Le contrat d'apprentissage est celui par lequel un chef d'�tablissement
industriel, commercial ou agricole, un artisan ou un fa�onnier s'oblige
� donner ou � faire donner une formation professionnelle m�thodique et
compl�te � une autre personne et par lequel celle-ci s'engage en retour
� se conformer aux instructions qu'elle re�oit et � ex�cuter les
ouvrages qui lui sont confi�s en vue de sa formation.
Le contrat doit �tre constat� par �crit. Il est r�dig� en langue
fran�aise.
Le contrat est exempt de tous droits de timbre et d'enregistrement.
En vertu de l'article 27 du
d�cret 2009-259 portant Code des march�s publics (2009),
le fran�ais est obligatoire dans les documents �crits concernant les march�s
publics:
Article 27
Usage de la langue fran�aise
Dans le cadre des proc�dures de passation, d'ex�cution, de r�glement, de
contr�le et de r�gulation des march�s publics ainsi que des conventions
de d�l�gation de service public, toutes les pi�ces �crites, publi�es,
remises aux ou par les candidats, soumissionnaires, attributaires et
titulaires, � quelque titre que ce soit, doivent �tre imp�rativement
�tablies en langue fran�aise.
Il ressort de cette pr�sentation que le fran�ais demeure la toute premi�re langue dans la vie socio-�conomique de la C�te d'Ivoire. Certes, dans le secteur informel et sur les march�s, il est concurrenc� par des langues comme le dioula ou l'agni-baoul�, bien que le fran�ais y soit tout de m�me pr�sent. Dans ce secteur d�activit�, le fran�ais populaire ivoirien et le nouchi, l'argot des jeunes, demeurent des langues tout aussi employ�es.
4.2 L'�ducation
La C�te d'Ivoire poss�de un syst�me d'�ducation qui comprend un enseignement pr�scolaire, un enseignement primaire et secondaire g�n�ral, un enseignement technique et de formation professionnelle, un enseignement sup�rieur.
- Le fran�ais comme langue d'enseignement
L�enseignement pr�scolaire est l��tape scolaire offerte par les �tablissements ouverts aux enfants �g�s de 3 � 5 ans. Ainsi, les �l�ves qui fr�quentent l��cole maternelle doivent �tre mieux pr�par�s que les autres, notamment lorsque la langue d�enseignement n�est pas la langue parl�e � la maison. Dans ce cas, le pr�scolaire peut servir � initier l�enfant � la langue d�enseignement (le fran�ais).
Le cycle primaire dure six ans; il est sanctionn� par le certificat d��tudes primaires �l�mentaires (CEPE); l��ge officiel de fr�quentation concerne les enfants de 6 � 11 ans. Au primaire, les �l�ves doivent obligatoirement parler fran�ais sous peine de sanctions, y compris parfois pendant les p�riodes de r�cr�ation. Selon les sources officielles, au terme de leurs six ann�es d'�tudes primaires, les enfants ivoiriens auraient une ma�trise suffisante du fran�ais pour pouvoir exprimer leurs id�es sans trop de difficult�s.
Le premier cycle de l�enseignement secondaire dure th�oriquement quatre ans et est sanctionn� par le brevet d��tude du premier cycle (BEPC); il concerne la population d��ge de 12 � 15 ans. L�acc�s � ce cycle est conditionn� par le succ�s au concours d�entr�e en sixi�me. Quant au deuxi�me cycle de l�enseignement secondaire, il se fait en trois ans et est sanctionn� par le baccalaur�at; il touche la population d��ge de 16 � 18 ans. Au secondaire, on introduit l'anglais comme langue seconde obligatoire; au deuxi�me cycle, les �l�ves doivent apprendre une autre langue �trang�re au choix : l'espagnol ou l'allemand. De plus, depuis 1971, un programme de t�l�vision �ducative est destin� aux �l�ves du primaire et du secondaire. L'exp�rience de la t�l�vision �ducative semble jusqu'ici tr�s concluante en ce qui concerne la ma�trise du fran�ais: les le�ons de fran�ais semblent plus efficaces qu'avec les m�thodes traditionnelles.
Pour ce qui est de l'enseignement technique et la formation professionnelle, il veut r�pondre aux besoins en formation des populations pour leur insertion durable dans la vie active et favoriser leur promotion socioprofessionnelle.
C'est le minist�re de l'�ducation nationale qui est
responsable de l'encadrement p�dagogique des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire.- Les langues nationales � tous les niveaux d'enseignement,
c'est l'usage exclusif du fran�ais qui pr�vaut. Pourtant, l'Institut de linguistique appliqu�e de
l'Universit� de Cocody-Abidjan a �labor� quelques projets, � titre
exp�rimental, dans les langues nationales et le ministre de l'�ducation nationale
a pr�vu un programme sp�cifique d�nomm� "Programme d��cole
int�gr�e" qui utilise dix langues nationales. Toutefois, il ne s�agit l� que d�un
enseignement exp�rimental tout � fait marginal. En 1977, la
loi
du 18 ao�t 1977 n� 77-584, portant r�forme de l'enseignement avait �t� adopt�e par
le Parlement avec comme mission d'introduire les langues nationales dans
l'enseignement officiel: L'introduction des
langues nationales dans l'enseignement
officiel
doit �tre con�ue comme un facteur d'unit�
nationale et de revalorisation du patrimoine culturel ivoirien.
� cette fin, l'article 68 de cette
loi n� 77-584 avait mandat� l'Institut linguistique appliqu�e de pr�parer
l'introduction des langues nationales dans l'enseignement, notamment par leur
description, leur codification, l'identification et la consignation de leurs
grammaires et lexiques: L'Institut linguistique appliqu�e
est charg� de pr�parer l'introduction
des langues nationales dans l'enseignement,
notamment par leur description, leur codification, l'identification et la
consignation de leurs grammaires et lexiques, l'�laboration de manuels scolaires
et le d�veloppement des productions litt�raires garantissant leur caract�re
culturel.
L'article 2 du
d�cret n� 66-375 du 8 septembre 1966 portant cr�ation
de l'Institut de linguistique appliqu�e
(1966) a comme vocation particuli�re la linguistique appliqu�e �
l'enseignement des langues vivantes, sans que l'on sache s'il s'agit des
langues nationales ou �trang�res:
Cet institut a vocation en mati�re d'enseignement
universitaire et extra-universitaire, de recherche et de publication concernant
la linguistique appliqu�e � l'enseignement
des langues vivantes. Il assure la coordination de toutes les recherches de sa
sp�cialit� en C�te d'Ivoire et, �ventuellement, la formation des
chercheurs s'int�ressant � sa discipline. Il est charg� de la gestion d'un
laboratoire de langues
vivantes. Il n'est pas
habilit� � d�livrer des dipl�mes ou des certificats susceptibles
d'�tre assimil�s ou consid�r�s comme �quivalents � des dipl�mes
universitaires.
Cependant, les textes d�finissant les modalit�s d�application de la
loi n� 77-584 et du
d�cret n� 66-375 n�ont jamais
�t� adopt�s. Malgr� tout, les chercheurs de
l�Institut de linguistique appliqu�e ont poursuivi leur mission de
pr�senter des
descriptions scientifiques compl�tes, de pr�parer du mat�riel
didactique et de commencer certaines exp�rimentations. Le probl�me,
c'est que la
volont� politique n'a jamais suivi le mouvement en raison des enjeux
politiques et socioculturels.
De plus, la
loi n� 95-696 du 7 septembre 1995 relative � l'enseignement introduit une
disposition concernant l'enseignement des langues nationales, mais cette
disposition semble uniquement d�clarative :
Le service public de l�enseignement est con�u et
organis� en vue de permettre l�acquisition des savoir, savoir-faire et
savoir �tre, des m�thodes de travail et d'assimilation des
connaissances, la formation de l�esprit critique et le d�veloppement de
la sensibilit� et de la curiosit�. Il doit garantir � l'enseignement et
� la recherche, leurs possibilit�s de libre d�veloppement. L'enseignement des langues nationales,
les enseignements artistiques les enseignements technologiques et les
activit�s manuelles, l��ducation physique et sportive concourent � la
formation des citoyens. Cette loi r�affirme le droit � l��ducation et l��galit� de
traitement de tous les citoyens, notamment dans l�enseignement public, mais
en ce qui a trait aux langues nationales aucun d�cret de mise en application
n'a encore �t� promulgu�. � l'exception de quelques rares projets
d'introduction des langues ivoiriennes dans l'enseignement primaire dans une
douzaine d'�coles, tous les �tablissements d'enseignement fonctionnent
uniquement en fran�ais.
L'article 12 du
d�cret n� 2012-625 du 6 juillet 2012 portant attributions des membres du
gouvernement �nonce que l'�laboration, l'exp�rimentation et la promotion des programmes
d'enseignement en langues nationales sont de la responsabilit� du
ministre de l'�ducation nationale : Le ministre de l'�ducation nationale Le ministre de l'�ducation nationale est
charg� de la mise en �uvre et du suivi de la politique du gouvernement
en mati�re d'�ducation nationale. � ce titre, et en liaison avec les autres
d�partements minist�riels int�ress�s, il a l'initiative et la
responsabilit� des actions suivantes: � Planification, mise en �uvre et
�valuation des strat�gies et programmes d'enseignement dans les
domaines de l'enseignement primaire et secondaire g�n�ral;
Quant au
d�cret n� 2004-564 du 7 octobre 2004 portant organisation du minist�re de
l'�ducation nationale, il impose � la
Direction de la p�dagogie et de la formation continue l'�laboration, l'exp�rimentation et la promotion des
programmes d'enseignement dans les langues nationales;
La Direction de la p�dagogie et de la formation
continue (DPFC) est charg�e de : - La gestion et du suivi de la mise en �uvre des activit�s
p�dagogiques dans l'enseignement maternel, primaire et secondaire; De toute �vidence, les dirigeants politiques
ivoiriens ne semblent pas avoir la ferme intention
de faire des langues nationales des langues d'enseignement. Les moyens mis en
�uvre ou l'absence de moyens, notamment dans les
domaines de l'enseignement, ne laissent aucun doute
� ce sujet. N�anmoins, de temps � autre, un politicien intervient pour
promouvoir l'enseignement en langues ivoiriennes. Ainsi, en
f�vrier 2013, le ministre de la Culture, Maurice
Bandama, rappelait en ces termes l'importance des langues ivoiriennes:
�Il faut introduire les langues nationales dans l�enseignement
en C�te d�Ivoire. Cela apparait comme une n�cessit� absolue.�
Puis il a �voqu� la strat�gie � mettre en place pour
l�adoption de celles-ci dans le syst�me d'�ducation ivoirien.
Si le maintien du fran�ais en C�te
d'Ivoire n'est pas remis en question, la politique actuelle de non-intervention
� l'�gard des langues ivoiriennes fait
r�guli�rement aujourd'hui l'objet de controverses, compte tenu
du sort peu enviable r�serv�
aux langues nationales. Il est probable que les langues ivoiriennes ne pourront
plus �tre ignor�es dans un proche avenir, bien que 40 % de la population est d�j� francis�e,
ce qui fait de la C�te d'Ivoire l'un des pays d'Afrique les plus �francophonis�s�. Pour l'instant, les responsables de la politique linguistique
de la C�te d'Ivoire �vitent de faire des choix en faveur d'une
langue ivoirienne en particulier, ce qui correspond pour plusieurs � une tentative
de noyer le poisson dans l'eau.
- L'enseignement sup�rieur Le dispositif d�enseignement sup�rieur est essentiellement sous la tutelle du
minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique. On
d�nombrait ainsi en 2007 trois universit�s publiques, quatre grandes �coles
publiques dont deux �coles professionnelles
et deux �coles de formation pour les enseignants du secondaire et dix-huit universit�s priv�es.
Il existe aussi un certain nombre d��tablissements qui dispensent des
formations post-baccalaur�at. Ce sont en g�n�ral des �coles sp�cialis�es
rattach�es � des minist�res techniques. Elles sont au nombre de 31. Tout
l'enseignement est en fran�ais. - Les
difficult�s Beaucoup de
sp�cialistes ivoiriens mettent s�rieusement en doute la ma�trise
du fran�ais des �l�ves. L'exp�rience semble
d�montrer que la scolarisation men�e uniquement en fran�ais
ne donne pas les r�sultats attendus. En effet, pr�s de 80 % des �l�ves de
premi�re ann�e du primaire n'obtiennent pas leur certificat d'�tudes primaires. La majorit� des �l�ves ne
vivent
pas dans un milieu favorable � l'acquisition du fran�ais.
Il serait donc souhaitable que les enfants aient, avant d'apprendre le
fran�ais, une exp�rience de scolarisation dans leur langue
maternelle. Le pays poss�de les
moyens pour assurer une meilleure promotion des langues ivoiriennes. L'alphabet
et l'�criture
du dioula, du baoul�, du b�t� et du s�noufo
ont �t� harmonis�s et normalis�s. Il ne reste que la volont�
politique d'appliquer la
loi n� 95-696 du 7 septembre 1995 relative � l'enseignement. Cette politique
possible n'a pas pour objectif de sauvegarder les langues ivoiriennes qui ne sont pas
menac�es, mais la reconnaissance de quelques
langues ivoiriennes importantes contribuerait � favoriser la promotion des classes sociales marginalis�es par leur handicap
linguistique.
4.2 Les m�dias Tout comme le syst�me d'enseignement,
les m�dias sont per�us par les autorit�s ivoiriennes
comme un puissant instrument d'unit� nationale et de d�veloppement
�conomique. Tout le pays est dot� de moyens d'information
modernes: journaux, radio, t�l�vision, agences de presse,
etc., ce qui fait de la C�te d'Ivoire l'un des pays d'Afrique les
mieux �quip�s en ce domaine. La langue des m�dias
�crit est le fran�ais, mais il existe deux magazines satiriques (Y a fohi
et Gbich!) qui sont �crits en nouchi, la vari�t� locale du
fran�ais ivoirien.
Voici quelques noms de journaux: 24 Heures, Fraternit� Matin,
L'Intelligent d'Abidjan, L'Inter, Ivoir Soir, Le Jour, Le National, Le Temps,
Nord-Sud, Notre Voie, Le Nouveau R�veil, Le Patriote, etc. Dans
les m�dias �lectroniques, une quinzaine de langues ivoiriennes sur une
soixantaine sont utilis�es � la radio � raison de
deux p�riodes d'information de vingt minutes par semaine et par
langue; a plupart des nouvelles stations �mettent
� 95% en fran�ais. Par exemple, sur un total hebdomadaire de 254 heures
d��missions cumul�es, seules 26 heures sont consacr�es � des �missions en
langues nationales, tout le reste est diffus� en fran�ais.
La t�l�vision diffuse seulement en fran�ais,
sauf dans le cas des informations r�gionales quotidiennes, qui sont
pr�sent�es en une douzaine de langues. Soulignons que la Radio-T�l�vision
ivoirienne (RTI) a adopt�, depuis plusieurs ann�es, des programmes d'information radio et t�l�vis�s
en langues nationales auxquelles s'ajoute le mor�, langue des Mossi, dont une communaut� de
trois millions de personnes vit en C�te d'Ivoire. Pr�sentement, la TRI
consacre quinze minutes par semaine � chacune d'un ensemble de 23 langues
ivoiriennes; il s'agit d'informations essentielles de la semaine.
En C�te d'Ivoire comme ailleurs, plusieurs langues
nationales sont appel�es � survivre au rouleau compresseur du fran�ais
officiel. Jusqu'ici, la politique linguistique ivoirienne a consist� � assurer
la primaut� du fran�ais, pour ne pas dire son exclusivit�, afin de favoriser
l'unit� nationale du pays et probablement le d�veloppement �conomique.
Cependant, les langues africaines les plus
faibles finiront pas faire les frais de cette politique de non-intervention.
Il est probable que les langues ivoiriennes
seront davantage enseign�es dans un proche avenir, mais il ne faut pas se faire
trop d'illusion, elles ne pourront tenir t�te au fran�ais, solidement �tabli
dans ce pays. Ces propos de l'Ivoirien Lansana Kouyat�, repr�sentant sp�cial
du secr�taire g�n�ral de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF),
semblent r�v�lateurs: La
langue fran�aise est une de nos langues maternelles C'est l'histoire
qui cr�e les communaut�s linguistiques. On y na�t et on l'assume ! Je
parle fran�ais, je parle b�t� Je suis francophone, je suis b�t�phone.
Abandonnons les complexes et fixons la langue fran�aise comme une
langue ivoirienne. Si le fran�ais est devenu une �langue ivoirienne�, cela
signifie que la politique de valorisation de la langue officielle a r�ussi en
C�te d'Ivoire, plus que partout ailleurs dans les pays africains dits
francophones. ALEXANDRE, Pierre.
Langues et langage en Afrique noire, Paris, Payot, 1967, 173 p.
D GAUTHIER, Fran�ois,
Jacques LECLERC et Jacques MAURAIS. Langues et constitutions, Montr�al/Paris,
Office de la langue fran�aise / Conseil international de la langue
fran�aise, 1993, 131 p.
KOUADIO N�GUESSAN, J�r�mie. �Le fran�ais : langue coloniale
ou langue ivoirienne?� dans H�rodote, Paris, �ditions La D�couverte,
n� 126, 2007, p. 69-85.
KOUADIO N�GUESSAN, J�r�mie. �Le fran�ais en C�te d�Ivoire :
de l�imposition � l�appropriation d�complex�e d�une langue exog�ne�, dans
Documents pour l�histoire du fran�ais langue �trang�re ou seconde, n�
40/41, 2008, URL:
http://dhfles.revues.org/125. LECLERC, Jacques. Langue
et soci�t�, Laval, Mondia �diteur, coll. "Synth�se",
1992, 708 p TCHAGBALE,
Zakari. �Langues nationales: les langues ivoiriennes �
l'�cole, une r�alit� dans
Fraternit� Matin, Abidjan,
10 Avril 2003.
TURCOTTE, Denis. �Analyse
compar�e de la planification linguistique en C�te d'Ivoire
et � Madagascar�, dans L'�tat et la planification linguistique,
tome II, Qu�bec, �diteur officiel du Qu�bec, p. 141-162.
TURCOTTE, Denis. La politique
linguistique en Afrique francophone, Qu�bec, Presses de l'Universit�
Laval, CIRB, 1981, 219 p.
Article 67
Article 68
Article 2
Article 3
Le rythme de l'enseignement comprend des p�riodes d'�tude et des
p�riodes de vacances. Le calendrier de l�ann�e scolaire et universitaire
est fix� par des textes r�glementaires.
Article 12
� Gestion administrative et p�dagogique des structures
d'enseignement primaire et secondaire g�n�ral;
[...]
� Tutelle des �tablissements priv�s d'enseignement primaire et
secondaire g�n�ral;
� Suivi de l'organisation et du fonctionnement des �tablissements
d'enseignement primaire et secondaire g�n�ral;
� �laboration, exp�rimentation et promotion des programmes
d'enseignement en langues nationales.
Article 16
[...]
- L'�laboration, de l'exp�rimentation et de la promotion des
programmes d'enseignement en langues nationales ;
- La coordination des activit�s du Projet �coles int�gr�es ;
- La formation continue des personnels enseignants, administratifs
et d'encadrement p�dagogique.
Derni�re
mise � jour:
14 nov. 2023
Bibliographie
�RIVE, Jean et Marie-Jos�e.
�Francophonie et pratique linguistique en C�te d'Ivoire� dans Politique
africaine, no 23, Paris, Karthala, septembre 1986, p. 42-56.
Accueil:
am�nagement linguistique dans le monde