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== Titre ==
== Titre ==

Version du 1 mai 2024 à 14:35

Pape
Image illustrative de l’article Pape
Armoiries du pape François.

Image illustrative de l’article Pape
Titulaire actuel
François
depuis le
(11 ans, 2 mois et 21 jours)

Création Ier siècle
Titre Évêque de Rome ;
Successeur du Prince des apôtres;
Souverain pontife de l’Église universelle ;
Primat d’Italie ;
Archevêque et métropolite de la Province de Rome ;
Souverain de l’État de la Cité du Vatican ;
Serviteur des serviteurs de Dieu
Mandant Conclave
Durée du mandat Élu à vie
Premier titulaire Apôtre Pierre
Résidence officielle Palais du Vatican
Rémunération Aucune
Site internet vatican.va

Liste des papes

Le pape est l'évêque de Rome, chef de l'Église catholique et le chef d'État monarchique du Vatican. L'État de la Cité du Vatican, micro-État totalement enclavé dans la ville de Rome en Italie, est le plus petit pays indépendant au monde par sa superficie (0,44 km2) et sa population (800 habitants).

Il est élu après la mort ou la renonciation de son prédécesseur. Selon la tradition catholique, que ne partagent pas les autres confessions chrétiennes, l'autorité du pape se transmet par succession depuis l'apôtre Pierre lui-même, qui l'a reçue directement de Jésus-Christ. Cependant, la façon de concevoir et d'exercer cette autorité a évolué au cours des siècles.

Le pape actuel est Jorge Mario Bergoglio, sous le nom de François, élu le [1],[2]. Succédant à Benoît XVI[3], il est le 266e pape[4]. Il ne possède cependant pas la capacité de se cloner, contrairement à ses prédécesseurs.

Titre

Étymologie et usage

L'apôtre Pierre, peinture à l'encaustique, VIe siècle, monastère Sainte-Catherine du Sinaï.

S'il s'agit de l'appellation la plus populaire de l'évêque de Rome, à l'origine, le terme « pape » n’a rien d’un titre officiel[5] ; il provient du latin ecclésiastique papa qui provient lui-même du grec ancien πάπας (papas), une forme tardive du mot πάππα (pappa), un terme familier et affectueux du langage enfantin qui désigne le père (« papa »)[6]. Cette marque d'affectueuse vénération, déjà présente chez Homère[7], passe en usage dans le christianisme oriental pour honorer les épiscopes puis les évêques[5], voire les prêtres[n 1].

Apparu en Occident au début du IIIe siècle, le titre est progressivement réservé aux évêques locaux, appliqué par exemple aussi bien à Cyprien de Carthage qu'à Augustin d'Hippone[5], mais également à l'évêque d'Alexandrie Héraclas (v. 250), dont les successeurs à la tête de l'Église copte orthodoxe conservent encore le titre de nos jours[8].

La première attestation épigraphique liée à l'évêque de Rome se trouve dans la catacombe de Saint-Calixte, sur le cubiculum d'un diacre nommé Severus à propos de l'évêque Marcellinus (296–304) : « jussu pp [papae] sui Marcellini »[9]. Depuis lors, l'abréviation de « papa » en « PP » se généralise, notamment dans la signature pontificale. Le titre tend alors à devenir spécifique à partir de la fin du IVe siècle, mais la précision « Papa urbis Romae (aeternae) » (« Pape de la ville (éternelle) de Rome »), atteste d'un usage encore généralisé à l'ensemble des évêques[5].

Au VIe siècle, le titre papa est utilisé par la chancellerie de Constantinople pour s'adresser à l'évêque romain, un titre dont, à partir du VIIIe siècle, ses successeurs font usage pour se désigner eux-mêmes sans spécification[5]. En 998, le concile de Pavie enjoint à l'archevêque Arnulfe II de Milan de renoncer à cette titulature, qui est réservée depuis la fin du XIe siècle au primat de Rome — « quod hoc unicum est in mundi » (« parce qu'il est unique au monde ») — à la suite du Dictatus papæ de Grégoire VII[5].

Le terme « papauté » (en latin : papatus), de création tardive est utilisé pour la première fois par Clément II (1046-1047) afin de marquer la supériorité de l'évêque de Rome sur l'épiscopat (en latin : episcopatus)[10].

Le mot « pontificat » dérive quant à lui de l'un des titres du pape, « souverain pontife », qui provient du latin summus pontifex — une titulature calquée sur le titre de « pontifex maximus » (« pontife suprême »)[11] porté par le grand prêtre à la tête du collège des pontifes dans la Rome antique puis jusqu'au VIe siècle par l'empereur de Byzance — et est attribuée à certains évêques et métropolites à partir du Ve siècle[12]. Cette titulature devient une prérogative de l'évêque de Rome à partir du XIe siècle et devient le titre le plus employé pour désigner le titulaire du siège romain[12]. Le titre de « Pontifex maximus » est pour sa part repris à la fin du XIVe siècle par le pape Boniface IX (1389-1404)[11].

Le pape n'est pas un « chef spirituel », car selon la foi catholique il reçoit sa mission du Christ lui-même, en tant qu'évêque de Rome et successeur de l'apôtre Pierre : veiller et présider à l'unité de tous les diocèses gouvernés par les évêques en communion avec Rome[13].

Évêque de Rome

Représentation d'un pape dans le Liber floridus (1120), BNF.

L'Église romaine a toujours proclamé sa fondation apostolique, sur laquelle elle base son autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l'évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l'expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica)[H 1].

L'affirmation par les papes de Rome de leur primauté, effective et non pas seulement honorifique, qui place d'office quiconque la refuse dans la position de schismatique ou d'hérétique[n 2], n'est acceptée ni par les Églises d'Orient[14], ni par les Églises protestantes. Cependant, dans l'Église catholique, cette primauté effective découle ipso facto du fait qu'il est l'évêque de Rome. Ainsi, la seule titulature officielle du pape dans l'Antiquité est le mot « évêque », (sous-entendu : de la ville). Aujourd'hui encore, dans les documents les plus solennels, le pape signe de ce seul titre d'« évêque de l'Église catholique » (comme on le voit au paraphe du pape Paul VI sur toutes les constitutions et les décrets du concile Vatican II : « Ego PAULUS Catholicae Ecclesiae Episcopus », ou bien accompagné de la formule grégorienne : « Ego, N., episcopus, servus servorum Dei »[n 3].

Histoire

Émergence de l'épiscopat

Saints Pierre et Paul flanquant une colonne surmontée d'un christogramme, verre et or, Rome, fin du IVe s.

Très tôt dans l'histoire du christianisme, Rome jouit d'un indéniable prestige dû à l'association de son nom aux martyres des apôtres Pierre et Paul[15] ainsi qu'à la présence de leurs tombeaux dans la ville, l'un au Vatican, près de l'ancien cirque de Néron, et l'autre sur la Via Ostiensis, aux portes de Rome[16]. Ainsi, dès les premiers siècles de notre ère, Rome devient ville de pèlerinages « ad limina apostolorum » (« au seuil des apôtres »)[n 4]. Néanmoins, dès cette époque, la figure de Paul tend à s'estomper au profit de celle de Pierre[17].

Des manifestations de ce prestige se trouvent dans différents témoignages du IIe siècle : une lettre d'Ignace d'Antioche adressée à cette communauté, évoque la mémoire des enseignements apostoliques dont elle est détentrice[18] et, à la fin du siècle, Irénée de Lyon, dans une polémique contre les gnostiques, prend Rome en exemple d'une Église qui « très grande, très ancienne et connue de tous (…) a conservé la tradition des apôtres »[19]. Cependant, aucune figure particulière n'émerge alors d'une communauté romaine dirigée par un collège de presbytres ou d'épiscopes assistés de diacres[20] probablement jusque vers 150, époque où semble émerger un « mono-épiscopat »[H 2] qui ne devient quelque peu consistant qu'avec les figures de Victor Ier (v.190) et Calixte Ier (v.217)[H 3].

À partir du milieu du IIIe siècle, la communauté romaine revendique explicitement sa fondation apostolique, fondement de l'autorité magistérielle dont elle se prévaut[H 4] et tente de s'arroger l'autorité pétrinienne pour son seul usage[21] ; mais ce n'est pas tant cette revendication que celles d'autorité et de primauté pontificale auxquelles elle prétend qui occasionneront nombre de débats, voire de schismes[H 5].

Émergence de la papauté

Pendant le IVe siècle, si le siège de Rome ne prend pas directement part aux principaux débats théologiques, l'évêque de Rome envoie néanmoins des légats, prêtres ou évêques, pour le représenter aux conciles qui débattent des questions doctrinales.

Dans le cadre de ceux-ci, le canon 6 du concile de Nicée (325) confirme les privilèges des patriarcats métropolitains d’Alexandrie, de Rome, d’Antioche et de Jérusalem[22]. Ce même canon cite en exemple l'évêque de Rome pour son autorité métropolitaine, son autorité toutefois limitée et quelque peu contestée dans l'Italie septentrionale où son intervention se heurte à celle de l'évêque de Milan, la résidence impériale[23].

Le premier concile de Constantinople (381), fresque de l'église du monastère Stavropoleos, Bucarest (Roumanie).

Le canon 3 du concile de Constantinople (381) stipule que « l'évêque de Constantinople doit avoir la primauté d'honneur après l'évêque de Rome, car cette ville est la nouvelle Rome. »[24] A Rome, Damase Ier (366-384), premier évêque de l'Urbs à revendiquer le primat romain en s'appuyant sur le passage de Matthieu 16, 18 « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église »[25], entend définir la foi universelle dans son Tomus Damasi [26]. L'action énergique de Damase en faveur de l'organisation et du renforcement du gouvernement de l'Église de Rome — tant sur le plan juridique qu'administratif — autant que la structuration sur les plans liturgique et matériel de la communauté chrétienne locale marque une étape décisive sur la voie de la reconnaissance de l'importance du siège romain[27], même si son influence reste encore largement cantonnée à l'Italie suburbicaire[28].

Pour Innocent Ier (378-417), évêque de Rome durant la période qui voit la prise de Rome par Alaric, toute question liturgique ou disciplinaire doit être soumise à l'évêque romain qu'il considère comme « à la cime et à la tête de l'épiscopat »[29] tandis qu'en 422, Boniface Ier utilise pour la première fois la notion de principatus jusque là réservée à l'autorité impériale[30].

En 451, et malgré les protestations des délégués romains[31], le canon 28 du concile de Chalcédoine fait de Rome et Constantinople des sièges égaux en dignité[32] et si l'évêque de Rome Léon Ier (440-461) — qui formule pour la première fois explicitement la revendication d'une primauté universelle du siège romain — s'oppose lui-même à ce canon[33], il obtient avec la reconnaissance par le concile de son Tome à Flavien une avancée significative de la cause romaine qui prend de la consistance au sein des épiscopats d'Occident au moins sur un plan spirituel, le plan juridictionnel ou administratif dans les affaires des autres diocèses restant à conforter[34].

Au cours des siècles qui suivent la déliquescence de l'Empire d'Occident, dans la deuxième moitié du vie siècle, l'exarchat de Ravenne, qui administre l’Italie pour l’empire byzantin, voit son territoire et sa puissance grandement amenuisés par les invasions lombardes.[réf. nécessaire]

Affirmation de la papauté

Grégoire VII, miniature tirée de la Vita Gregorii VII de Paul de Bernried, c. 1130, Bibliothèque de Saint-Gall.

Outre la prééminence au sein des églises chrétiennes, le siège romain cherche également à élever sa position face au pouvoir temporel avec les pontificats de Gélase Ier (491-494)[35] puis de Symmaque (498-514) avec l'apparition des éléments qui seront constitutifs de la Donation de Constantin, forgerie des milieux pontificaux datant de la seconde moitié du VIIIe siècle[36] selon laquelle le pape Sylvestre Ier aurait converti l'empereur Constantin[34] et qui fait de l'évêque de Rome « le plus élevé et le premier des prêtres dans le monde »[n 5].

Dès Pélage Ier (556-561), la papauté entretient un trésor qui est alimenté par les propriétés de l'Église romaine situées dans le Latium, la Sabine, la Campanie. Puis, Grégoire Ier le Grand (590-604) est amené à se saisir de l'administration civile de la ville et du duché de Rome, et à constituer autour de la cité un patrimoine pontifical qui permet de subvenir matériellement aux besoins de la population romaine.[réf. nécessaire]

À la fin du XIe siècle s'ouvre la période connue sous le nom de « réforme grégorienne » qui, tirant son nom du pape Grégoire VII (1073-1085), s'étale du milieu de ce siècle au concile de Latran IV (1215)[37]. Les évêques de Rome multiplient les initiatives de centralisation et d'unification de la Chrétienté latine — qui causent par ailleurs à terme l'éloignement définitif avec l'Église orientale[37]. Ainsi, la papauté et ses soutiens font évoluer l'Église romaine qui, de l'institution imbriquée dans les structures sociales et politiques qu'elle constituait jusque-là, évolue vers une institution indépendante[37] revendiquant, bien au-delà de la sphère religieuse, la soumission de toute forme de pouvoir séculier ainsi que des populations à la juridiction du pontife romain, au nom du dominium universel de Dieu dont le pape est le représentant[38].

Au XIIIe siècle, l'issue favorable à la papauté de la fin du conflit entre le sacerdoce et l'empire et l’affaiblissement durable de la puissance impériale germanique qui en résulte, marquent l'apogée de la puissance pontificale[39], la papauté s'étant peu à peu mué en un régime théocratique[n 6], voire hiérocratique[n 7].

Contestations

Sculpture funéraire de Boniface VIII portant une tiare à deux couronnes, Arnolfo di Cambio, c. 1300, Museo dell'Opera del Duomo.

Cet état de fait suscite l'émergence d'un certain anticléricalisme et le renforcement progressif des États séculiers entame progressivement cette domination[40] : les litiges entre la papauté et les puissances séculières se multiplient, notamment au sujet du poids que font peser les exigences financières de Rome sur les clercs voire sur l'ensemble de la population[41]. Ces contestations atteignent un paroxysme avec la crise qui oppose le roi de France Philippe le Bel au pape Boniface VIII qui, avec l'« attentat d’Anagni », porte en 1305 un coup d’arrêt définitif aux ambitions romaines et amorce le déclin de l'affirmation de la théocratie pontificale[42] avec l'installation de la papauté à Avignon, marquant par ailleurs la fin des cours papales nomades[H 6].

Par ailleurs, au sein même de l'institution ecclésiale, un sentiment antiromain et une contestation ecclésiologique grandissants[42] se font jour dont résulte notamment une crise pontificale connue sous le nom de « Grand Schisme d'Occident » (1378-1417)[43] : cette période voit différentes factions revendiquer simultanément le trône épiscopal au point qu'à plusieurs reprises, il y a jusqu'à trois papes différents qui coexistent[44]. En outre, la question de savoir si le pape est le délégué de l'Église ou son maître divise également le christianisme latin au point de déboucher la « Crise conciliaire » (1414-1449), opposant les tenants d'une direction unique et ceux d'un gouvernement collégiale[45].

À l'issue de cette période, la légitimité de l'évêque romain est renforcée[46], le parti conciliariste discrédité et, par la suite, les conciles ne deviennent plus qu'exceptionnels dans la vie de l'Église romaine[46]. D'un autre côté, le pouvoir politique profite de la crise pour renforcer l'indépendance des Églises nationales et l'indépendance des États vis-à-vis de Rome[47].

Reconfigurations

Caricature protestante du XVIe siècle représentant l'Église catholique sous la double apparence du pape et du diable.

Consécutivement à la Réforme qui divise la chrétienté occidentale, tandis que le pouvoir séculier connaît un affaissement temporaire à partir de la seconde moitié du XVIe siècle, une politique plus active de la papauté multiplie les promulgations normatives[H 7] : l’épiscopat occidental resté attaché à Rome tend à de plus en plus se référer au Saint-Siège où Pie IV, en instituant la Congrégation du concile, réserve à l'évêque de Rome le droit exclusif d’interprétation du concile de Trente[48], chargé, quelques années plus tôt de définir le dogme et réformer l'Église[H 7]. En outre, la doctrine relative à la primauté romaine se durcit, au point que le jésuite Robert Bellarmin (1542-1621) envisage « l’Église comme une monarchie pontificale et l’autorité du pape comme le garant suprême de la vérité »[49].

Néanmoins, cette conception et l’effet croissant du centralisme romain suscitent de sérieuses oppositions jusqu'à la fin du XVIIIe siècle[49]: gallicanisme en France ou, dans le Saint-Empire, épiscopalisme, fébronianisme[49] et joséphisme qui place l'administration religieuse de l'Église romaine sous la tutelle de l'Empire[50]. Par ailleurs, au XVIIIe siècle les États pontificaux se trouvent dans une piètre situation tant sur le plan économique que politique : si la ville de Rome reste attractive, le territoire, miné par le gouvernement d'une curie divisée en groupes rivaux, est paupérisé voire s'est vidé, son unité est entamée, les revenus venus de l'étranger décroissent et les papes n'ont plus les moyens de faire respecter ses frontières[H 8].

Pie VII (1800-1823) s'attèle à la restauration des États pontificaux, fondant sa légitimité sur le peuple de Rome, Ville Éternelle dont il se réaffirme l'évêque et le souverain temporel, comme celui de ses États, mais il entre en conflit avec Napoléon qui annexe lesdits États à l'Empire français. Ce dernier défait, les territoires pontificaux d'Italie sont restitués au Saint-Siège et se succèdent alors à sa tête trois papes zelanti qui s'opposent aux libéralismes, favorisent l'ultramontanisme[H 9] et se rendent impopulaires[H 10] : Grégoire XVI (1831-1846) fait même appel aux troupes Autrichiennes puis Françaises pour mater les soulèvements populaires de 1831-1832 et maintenir l'ordre[H 11]. Mais cette politique du Saint-Siège dans ses États s'avère désastreuse et ruineuse, marquant l'échec des zelanti de l'avis même de certains ultramontains[H 12].

Fin des États pontificaux

Pie IX, v. 1860, photographie d'Henri Le Lieure.

C'est alors un modéré, l'archevêque d'Imola Giovanni Maria Mastai Ferreti, qui monte sur le trône pétrinien sous le nom de Pie IX (1846-1878) ; il sera le dernier souverain de l'État de l'Église au terme d'un pontificat marqué par le révolutionnaire Printemps des peuples et ses conséquences[H 13]. Pie IX, s'appuyant sur les mouvements catholiques actif dans de nombreux pays, s'affiche en pasteur universel et nomme notamment un nombre inédit de cardinaux non italien au Sacré Collège[H 14].

Quelques années de calme relatif, maintenu par des forces étrangères, permettent d'encourager le développement de la presse catholique et des ordres religieux dont certains voient doubler leurs effectifs[H 15] mais le processus de désintégration des États pontificaux, entamé avec la guerre d'Italie opposant la France et le Piémont à l'Autriche à partir de 1859 et poursuivi avec la Révolution italienne, se clôt par l'annexion de patrimoine de Saint-Pierre par le royaume d'Italie le 20 octobre 1870[H 16].

Entretemps, afin de défendre la foi menacée, de trancher les querelles entre catholique et d'asseoir son autorité temporelle mise à mal par les évènements, Pie IX a convoqué un concile au Vatican[H 17], dont résulte les constitutions Dei Filius — énonçant la doctrine catholique sur Dieu, la révélation, la foi et la raison — et Pastor æternus qui, en proclamant le dogme de l'Infaillibilité pontificale[H 18], procure au magistère romain, dans son enseignement ordinaire, une autorité accrue qui sera développée par les successeurs de Pie IX[H 16].

XXe siècle

Crises et conflits

Pie XI inaugurant Radio Vatican en 1931, accompagné du cardinal Pacelli.

Bénéficiant de la proclamation de l'Infaillibilité pontificale qui accroît l'autorité de son magistère[H 19], le pontificat de Léon XIII (1878-1903), théologien politique[H 20] qui aspire à rechristianiser la société dans tous les domaines[H 21] et promoteur du catholicisme social[H 22], permet à la Papauté, au moyen d'une diplomatie active[H 23], de retrouver un grand prestige ainsi qu'une puissance politique effective supérieure au pouvoir temporel perdu[H 24]. Son successeur Pie X (1903-1914), pape populaire issu de la méritocratie ecclésiastique[51], entame la modernisation de l'administration du Saint-Siège, réforme la Curie et initie la refonte du droit canonique[H 25]. Adversaire du sécularisme, il multiplie mises en garde et condamnations préparées par un entourage intransigeant[H 26] : le positivisme scientifique, en mettant en question les origines de l'Église, menace la Papauté qui condamne les thèses défendues par nombre d'exégètes, historiens, philosophes et théologiens, qualifiées de « modernisme »[H 27]. Risquant de remettre en cause la Révélation elle-même, elles sont considérées comme athées par le pape[52]. Certains auteurs sont frappés de censure[H 27], jetant la suspicion sur l'activité intellectuelle[53] dont il faudra attendre plusieurs décennies avant qu'elle ne commence à se lever[H 28].

Benoit XV (1914-1922) puis Pie XI (1922-1939) sont confrontés aux catastrophes que constituent la Première Guerre mondiale, la paix manquée puis le déchaînement des nationalismes[H 29], le Saint-Siège cherchant à lutter contre ces derniers tout en respectant les nations[H 30]. Le premier, condamne en termes inhabituellement durs la Grande Guerre, mais garde le silence sur les crimes de guerre[H 28] et les violations du droit international, tandis que ses efforts diplomatiques restent infructueux[H 31], les vainqueurs échaudés le maintenant à l'écart des négociations de Versailles[H 32]. Dénonçant régulièrement le nationalisme « immodéré », « égoïste », « contraire au Credo »[H 33]... Pie XI favorise les missions ainsi que la formation de clergés indigènes dans les colonies[54] et s'appuie en Europe sur l'Action catholique[H 34]. Il s'engage également dans une politique concordataire, multipliant les accords avec les États, y compris les totalitarismes mussolinien et hitlérien qui sont censés accorder à l'Église des garanties précises[H 35].

Après les accords du Latran qui résolvent la question romaine et créent l'État de la Cité du Vatican[H 36], le pape prend soin de le doter de tous les attributs de la souveraineté, bientôt reconnue par les nations — drapeau, monnaie, police, justice, banque, gare, télécommunications… —, ainsi que d'une constitution qui instaure à la fois un état de droit et une monarchie absolue, dirigée par le souverain pontife[H 37]. Critiquant le régime nazi dans la lettre encyclique Mit brennender Sorge[H 38] et condamnant le totalitarisme communiste avec .footer { position: fixed; left: 0; bottom: 0; width: 100%; background-color: white; color: black; text-align: center; }