Chablais

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La vallée du Rhône et les Alpes vaudoises.

Le Chablais est une ancienne possession du comté de Savoie avant de devenir une province du duché de Savoie ayant Thonon-les-Bains pour capitale historique. Cette région historique est actuellement divisée en trois territoires, le Chablais savoyard, le Chablais valaisan, le Chablais vaudois et dépend de deux pays : la France (département de la Haute-Savoie) et la Suisse (cantons du Valais et de Vaud). Bordant la rive sud du Léman, la région est dominée par les Alpes.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le toponyme de la région provient du nom d'un ancien bourg situé à proximité de Villeneuve, dans le canton de Vaud[1],[2]. Le nom de la localité en langue celtique était *Penn-Loch qui donne en gaulois Pennelucos autrement dit l'extrémité ou la « tête du Lac »[1],[2]. Au XIe siècle, le Chablais désignait tout le territoire s'étendant sur les deux rives du Rhône, entre Évian et Vevey sous le nom « sommet » ou « tête du Lac ». Romanisé, le nom devient Pennelocus ou Pennilacus[1]. Le nom latin Caput lacus (caput iaci ou caput lago), devint dans la langue vulgaire Capo' lai (lai = lac en arpitan).

Le terme aurait été employé pour la première fois par un fonctionnaire de Louis le Débonnaire en 826[1],[2]. Mentionnée au cours des IXe, Xe et XIe siècles, la forme Caplatio au XIIe siècle devient en langue locale tsab-lé et en français Chablai dans une source de 1145, puis au siècle suivant Chablas, pour se stabiliser sous la forme Chablais[3],[1]. Cette forme est toutefois attestée en 1076[4]. Par le jeu phonétique, « p » devient une autre labiale « b », d'où Cab'lai puis Chab'lai.

Gentilé[modifier | modifier le code]

Les habitants de la région se nomment les Chablaisiens[5].

Géographie[modifier | modifier le code]

Modèle numérique de terrain du Chablais (en haut le Léman, à droite la plaine du Rhône).

Chablais historiques[modifier | modifier le code]

Les historiens ont distingué plusieurs sous-ensembles : l'Ancien Chablais, le Nouveau Chablais et le Chablais vaudois. L'« Ancien Chablais » ou « Chablais primitif » du Moyen Âge correspond à la « tête du Lac » — le Léman — au long de la rive gauche du Rhône, soit l'actuel Bas-Valais[6]. Une autre définition donne la région comprise en entre la rivière de Trient (Valais) à l'Eau Froide (Vaud) et la Morge de Saint-Gingolph (Valais)[3]. Le « Nouveau Chablais » ou « Chablais savoyard » ou encore « Chablais actuel », voire de nos jours le « Chablais français », se situe entre la Dranse et la Morge[6],[7]. Les historiens ont appelé « Chablais vaudois » les possessions savoyardes qui étaient enclavées dans le Pays de Vaud[6].

Chablais actuels[modifier | modifier le code]

Le lac de Montriond et le roc d'Enfer dans le Chablais. .

Le Chablais suisse (Chablais vaudois et Chablais valaisan) est situé à l’extrémité vaudoise et valaisanne du Léman, en aval de la haute vallée du Rhône, sur les grandes voies reliant l'Italie au travers de la Suisse à la France du nord, la Belgique, les Pays-Bas et la vallée du Rhin. C'est une région entourée de nombreux sommets alpins, dont les dents du Midi, culminant à 3 257 m. En outre, trois communes de l'actuel canton de Genève étaient considérées comme faisant partie du Chablais, avant 1815 : il s'agit d'Hermance, d'Anières et de Corsier.

Le Chablais français (Chablais savoyard) s'étend au nord-est du département de la Haute-Savoie, entre le Léman et la vallée du Giffre. Il comprend trois zones géographiques :

Les communes les plus peuplées du Chablais sont[Note 1] : Thonon-les-Bains (34 973 hab), Monthey (17 660 hab.), Aigle (10 000 hab.), Évian-les-Bains (8 822 hab.), Collombey-Muraz (7 500 hab.), Ollon (7 000 hab.), Bex (7 000 hab.), Publier (6 753 hab.), Sciez (5 592 hab.), Villeneuve (5 700 hab.), Douvaine (5 509 hab.), Bons-en-Chablais (5 337 hab.), Saint-Maurice (4 500 hab.), Morzine (2 893 hab.).

Histoire[modifier | modifier le code]

Néolithique final[modifier | modifier le code]

Vers 2400 av. J.-C., une branche de la civilisation Saône-Rhône, de Suisse occidentale (Civilisation cordée) s'implante lentement sur les rives du Léman. Ils exportaient leurs productions (perles de cuivre, haches-marteaux) jusqu’au sud du Dauphiné en passant par Annecy, Fillinges, Haute-Savoie[8].

Des fouilles montrent une forte implantation dans la région à l'âge du bronze[9].

Époque romaine[modifier | modifier le code]

Carte montrant le territoire des Allobroges et mentionnant Casuaria.
Territoire des Allobroges

Au Ier siècle, les Allobroges occupaient le Chablais, comme le démontrent des découvertes de pièces d’argent[9]. Ils contrôlent l'avant-pays plat, entre le Rhône et les Alpes[10].

Les Romains interviennent dans la région à partir du IIe siècle av. J.-C. Des traces — tegulæ — d'une présence romaine ont été trouvées à Yvoire, à Nernier et à Messery[11]. Des auteurs ont tenté de voir dans la mention du port militaire Ebrudunum Sapaudiæ dans un texte romain de la fin de l'Empire le site d'Yvoire. Les différentes recherches tendent à lui préférer la ville suisse d'Yverdon[11].

Haut Moyen Âge[modifier | modifier le code]

La Chronica Gallica (452) décrit l'installation des Burgondes dans la province de Sapaudia[12] et le Chablais où de nombreuses tombes ont été trouvées.

L'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune fut fondée en 515 par le futur roi burgonde saint Sigismond à l'emplacement d'un sanctuaire plus ancien abritant les restes de Maurice, martyr du IIIe siècle, érigé par Théodore ou Théodule, premier évêque connu du Valais.

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Armoiries du Chablais.

Au XIe siècle, le Chablais devient une possession de la Maison de Savoie. Amédée III incorpore à ce territoire dit du « Vieux Chablais » la région de Thonon à Douvaine. Par opposition, cette dernière prendra le nom de « Nouveau Chablais ». Les princes de la maison de Savoie séjournaient sur les lieux réclamant leur présence, notamment au château de Chillon, dans le pays de Vaud, et au château de Ripaille, près de Thonon.

Au début du XIe siècle, Humbert-aux-Blanches-Mains reçoit de l'empereur germanique Conrad le Salien la province du Chablais alors appelée Comté de la Tête du Lac et entreprit de le mettre en état de défense. Il fit construire, à cet effet, le long des rives du lac, toute une série de châteaux et notamment celui d'Yvoire[13].

Le comte Amédée III de Savoie, au nom d'un droit de gouvernement sur le Chablais obtenu par les Humbertiens depuis l'empereur Conrad le Salique, prit prétexte d'une mauvaise administration du lieutenant impérial pour s'emparer des provinces du Chablais, puis de la vallée d'Aoste, et s'octroyer le titre de « duc de Chablais »[14]. En 1128, il agrandit son domaine en ajoutant à son gouvernement — ce qu'on appelait le « Vieux Chablais » — la région s'étendant de l'Arve jusqu'à la Dranse d'Abondance, formant ainsi le « Nouveau Chablais », dont Saint-Maurice d'Agaune devint la capitale.

Le XIIe siècle voit aussi le développement du monachisme dans le Chablais : plusieurs monastères sont fondés près du lac ou dans les vallées reculées. C'est le cas de l'abbaye d'Abondance, de l'abbaye d'Aulps, de la chartreuse de Vallon, du prieuré de Meillerieetc.

Au cours des XIIe et XIIIe siècles, le territoire du Chablais est partagé entre quelques familles féodales. Le Prince évêque de Genève exerce son épiscopat sur toute la rive gauche du Léman. Son autorité administrative s’étend de Genève au Bouveret et son diocèse est partagé en huit


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