Fiodor Dostoïevski

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Fiodor Dostoïevski
Dostoïevski en 1879.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Pseudonymes
Д., Друг Кузьмы Пруткова, Зубоскал, —ий, М., Летописец, М-ий, Н. Н., Пружинин, Зубоскалов, Ред., Ф. Д., N.N.Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Allégeance
Formation
Académie du génie Nicolas
École d'ingénieurs Nikolaïev (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Période d'activité
Père
Mère
Fratrie
Mikhaïl Dostoïevski
Andreï Dostoïevski
Nikolaj Michajlovič Dostoevskij (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Maria Dmitrievna Dostoïevskaïa (à partir de )
Anna Dostoïevskaïa (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
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Influencé par
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Prononciation
Œuvres principales
signature de Fiodor Dostoïevski
Signature
Vue de la sépulture.

Fiodor[N 1] Mikhaïlovitch Dostoïevski (en russe : Фёдор Михайлович Достоевский[N 2], [ˈfʲɵdər mʲɪˈxajləvʲɪtɕ dəstɐˈjɛfskʲɪj][N 3] Écouter), né le [1] à Moscou et mort le [2] à Saint-Pétersbourg, est un écrivain russe. Considéré aux côtés de Léon Tolstoï comme un des plus grands romanciers russes, il a influencé de nombreux autres écrivains et philosophes.

Après une enfance difficile, il est élève d'une école d'officiers et se lie avec le mouvement progressiste de Saint-Pétersbourg. Arrêté en avril 1849, il est condamné à mort, mais, après un simulacre d'exécution, est finalement déporté dans un bagne de Sibérie où il passe quatre ans. Redevenu sous-lieutenant, il démissionne en 1859 et s'engage complètement dans l'écriture. Épileptique, joueur couvert de dettes et d'un caractère sombre, Dostoïevski fuit ses créanciers et mène en Europe une vie d'errance au cours de laquelle il abandonne toutes ses convictions socialistes et progressistes, devenant un partisan convaincu de l'Empire russe et de la religion orthodoxe.

Écrivain admiré à la suite de la publication de Crime et Châtiment (1866) et de L'Idiot (1869), il publie ensuite ses deux œuvres les plus abouties : Les Démons (1871) et Les Frères Karamazov (1880).

Les romans de Dostoïevski sont parfois qualifiés de « métaphysiques », tant les questions du libre arbitre et de l'existence de Dieu sont au cœur de sa réflexion angoissée, ainsi que la figure du Christ. Ses œuvres ne sont cependant pas des « romans à thèse », mais des œuvres où s'opposent de façon dialectique[réf. nécessaire] des points de vue différents avec des personnages qui se construisent eux-mêmes, au travers de leurs actes et de leurs interactions sociales[réf. nécessaire]. Dostoïevski chemine ainsi principalement sur différents thèmes relatifs à la nature et à la condition humaine[pas clair].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation (1821-1843)[modifier | modifier le code]

D'origine tatare par son ancêtre Aslan Tchereby-Mours, « demeuré en Moscovie après l'éviction de la Horde d'or »[3], Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski est le second fils de Mikhaïl Andreïevitch Dostoïevski, médecin militaire à l'hôpital des Indigents de Moscou et de Maria Fiodorovna Netchaïev. Le père, alcoolique[4], est d'humeur morose et fait régner une atmosphère insupportable à la maison. En 1827, Mikhaïl Andréiévitch est nommé « assesseur de collège » et obtient ainsi un titre de noblesse héréditaire[5]. Il fait l'acquisition de deux villages, Darovoié et Tchermachnia, en 1831. En 1832, les deux hameaux sont détruits par un incendie. Après la mort de la mère, le 27 février 1837[N 4], la tante maternelle, Alexandra, joue un grand rôle dans la vie de la famille.

Petite enfance[modifier | modifier le code]

Hôpital Mariinski de Moscou, à proximité duquel Dostoïevski a passé son enfance.

Fiodor Dostoïevski grandi dans la maison familiale située dans l'enceinte de l'hôpital des pauvres de Mariinsky, dans un quartier populaire à la périphérie de Moscou[6]. Dostoïevski rencontrait les patients, en bas de l'échelle sociale russe, lorsqu'il jouait dans les jardins de l'hôpital[7].

Dostoïevski a été initié très jeune à la littérature. Dès l'âge de trois ans, il lit des sagas héroïques, des contes de fées et des légendes contées par sa nourrice, Alena Frolovna, une figure particulièrement influente dans son éducation et son attrait de la fiction[8]. À quatre ans, sa mère utilise la Bible pour lui apprendre à lire et à écrire. Ses parents l'introduisent à un large éventail littéraire, notamment aux les écrivains russes Karamzine, Pouchkine et Derjavine ; aux œuvres romantiques de Schiller et Goethe ; aux contes héroïques de Miguel de Cervantes et Walter Scott ; et aux poèmes épiques[9],[10]. Malgré l'attitude de son père dure et sévère,[11] Dostoïevski rapporte que son imagination a été vivifiée par lectures nocturnes de ses parents[7].

Il lit avec ferveur le russe Nicolas Gogol, Shakespeare, Goethe, Victor Hugo, et surtout Schiller, auteur déterminant dans sa vocation d'écrivain : « Lorsque j'avais dix ans, je vis à Moscou, une représentation des Brigands de Schiller avec Motchalov, et je vous affirme que l'énorme impression que je subis alors exerça une féconde influence sur mon univers spirituel[12]. »

Bien que Dostoïevski ait une constitution physique délicate, ses parents le décrivent comme impétueux et têtu[13]. En 1833, le père de Dostoïevski, profondément religieux, l'envoi dans un Internat français puis à l'internat Chermak[14].

Adolescence[modifier | modifier le code]

En mai 1837, leur père Mikhaïl, qui y voyait probablement les avantages d'une prise en charge financière par l'État de l'éducation, envoie ses deux fils aînés au pensionnat K. F. Kostomarov[15] à Saint-Pétersbourg pour les préparer à entrer à l'Institut supérieur des Ingénieurs militaires[16]. Les deux frères Dostoïevski, sans dons ni goût pour la vie de soldat[17], espéraient pouvoir étudier et pratiquer la littérature[N 5].

Mais leur père considérait que cela ne leur permettrait pas de gagner leur vie et fit prévaloir son point de vue pour qu'ils entrent à l'école d'ingénieur qui leur garantissait un meilleur avenir financier. En septembre de ma même année, quand la mère de Fiodor Dostoïevski meurt de tuberculose, Dostoïevski n'a que 16 ans[18]

L'Institut supérieur des Ingénieurs militaires se trouve dans les salles du château château Saint-Michel à Saint-Pétersbourg.

Dostoïevski entre à l'Institut en janvier 1838, son Mikhaïl se voit refuser l'admission pour des raisons de santé et est envoyé dans une académie à Reval (aujourd'hui Tallinn, en Estonie)[19],[20].

Tant bien que mal[N 6], il effectue sa scolarité dans l'indigence, n'ayant parfois pas de quoi se nourrir, car son oncle (qui l'accueille) refuse de lui envoyer suffisamment d'argent. C'est un élève taciturne, au regard mystérieusement mélancolique, qui ne s'intègre pas bien à l'école[14]. Comme dans ses précédents internats, il ne se sent pas à sa place parmi ses 120 camarades aristocratiques. Son caractère solitaire et religieux lui apporte tout de même le respect de ses camarades de classe et lui vaut le surnom de « Moine Photius »[21],[22]. Il méprise le matérialisme et le carriérisme de ses camarades. Cela se refléta plus tard dans certaines de ses œuvres, notamment L'adolescent[23],[24].

Selon une rumeur forgée par un riche voisin, P. P. Hotjaïncev, qui lorgnait les terres du village de Darovoié, Mikhaïl Dostoïevski aurait été tué le 8 juin 1839 par les serfs de Darovoié, excédés par les mauvais traitements que leur faisait subir leur maître[25],[26]. En réalité, il meurt victime d'une crise d'apoplexie, comme le confirme son autopsie. Selon la tradition familiale, la nouvelle de la mort de son père tué par ses serfs est l'occasion d'une crise nerveuse, qui pourrait bien être une première crise d'épilepsie[27]. Cette légende familiale, renforcée par le diagnostic de Sigmund Freud[28] selon lequel cette attaque épileptique était « une autopunition pour le souhait de mort contre le père haï », est aujourd'hui remise en question par certains ou étudiée sous d'autres angles[29], Dostoïevski ayant probablement eu sa première crise d'épilepsie en 1850 à Omsk[30],[N 7].

Après la mort de son père, Dostoïevski poursuit ses études, et obtient le grade d'élève-ingénieur, lui permettant de vivre hors de l'Institut supérieur des Ingénieurs militaires. Il rend visite à son frère Mikhaïl à Reval et fréquente régulièrement les salles de concerts, d'opéras, de théâtres et de ballets. C'est à cette période qu'il est initié au jeu par deux de ses amis[31],[22].

En 1842, Fiodor Dostoïevski est nommé sous-lieutenant et entre en tant que dessinateur au département des plans de campagne de la direction du Génie à Saint-Pétersbourg, emploi qui l'ennuie profondément[32].

La première œuvre littéraire achevée de Dostoïevski, une traduction du roman Eugénie Grandet d'Honoré de Balzac est publiée en juin et juillet 1843 dans les 6e et 7e volumes de la revue Répertoire et Panthéon[33]. Elle est suivie de plusieurs autres traductions. Aucune ne lui apporte une stabilité financière, ce qui amène Dostoïevski à l'idée d'écrire une nouvelle[34],[22].

Les premiers écrits (1844-1849)[modifier | modifier le code]

Une gloire éphémère[modifier | modifier le code]

À 22 ans, pendant l'été 1844, il démissionne pour se consacrer à son premier roman, Les Pauvres Gens. Porté aux nues par le poète Nikolaï Nekrassov et l'influent critique Vissarion Belinski, le roman est publié en janvier 1846 et connaît un succès public certain. Dostoïevski se retrouve alors propulsé au rang de « nouveau Gogol » et se pavane dans les cercles mondains de Saint-Pétersbourg[35].

Bientôt, l'élite commence à railler son manque de tenue, son air abattu. Ivan Tourgueniev publie une satire en vers, où il le qualifie de « chevalier à la triste figure » et d'« aimable fanfaron »[36],[37]. C'est lors d'une de ces soirées que l'écrivain connaît vraisemblablement une première crise d'épilepsie (non diagnostiquée comme telle)[38]. Sa disgrâce est accélérée par la publication de ses romans suivants, Le Double et La Logeuse, qui ne rencontrent pas le succès escompté.

Dostoïevski révolutionnaire ?[modifier | modifier le code]

À peu près à la même époque, Dostoïevski découvre le socialisme à travers les écrits des penseurs français Fourier, Cabet, Proudhon et Saint-Simon. Sa relation avec Belinsky lui permet d'élargir ses connaissances en philosophie du socialisme. Il est attiré par sa logique, son sens de la justice et sa préoccupation pour les démunis et les défavorisés. Cependant, sa foi orthodoxe russe et ses sensibilités religieuses ne peuvent s'accorder avec l'athéisme, l'utilitarisme et le matérialisme scientifique de Belinsky. Dostoïevski s'éloigne progressivement de lui et de ses associés[39],[40].

Portait de Dostoïevski, vers 1847.

Depuis ou [41], il fréquente le Cercle fouriériste de Mikhaïl Petrachevski, un fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, qui combat l'absolutisme de Nicolas Ier. Il n'adhère pas à un système en particulier (ses opinions se seraient orientées vers un mysticisme slavophile), mais cherche à maintenir une présence dans les milieux intellectuels progressistes pétersbourgeois. Il ne fréquente pas ces cercles pour fomenter de réelles actions révolutionnaires, mais pour discuter d'idées nouvelles et surtout parler de l'avenir de la Russie. Cette même année, il fait sa première crise d'épilepsie, à 26 ans.

De 1846 à 1848, Dostoïesvki, qui connait une dégradation de sa santé et des crises de plus en plus fréquentes, publie plusieurs nouvelles dans la revue Annales de la Patrie, dont Monsieur Prokhartchine, La Logeuse, Un cœur faible et Les Nuits blanches.

La condamnation à mort[modifier | modifier le code]

Un dessin du simulacre d'exécution du 22 décembre 1849 du cercle de Petrachevski. Le simulacre était une procédure assez courante.

En avril 1849, les membres du Cercle de Petrachevski sont arrêtés ; Dostoïevski est emprisonné à la forteresse Pierre-et-Paul[42],[43],[44]. L'empereur Nicolas Ier voit resurgir le spectre de l'insurrection décabriste (ou décembriste), un complot qui s'était propagé dans l'armée et avait abouti à la sanglante émeute du . Mikhaïl Dostoïevski est également brièvement arrêté[N 8]. Après une instruction de plusieurs mois, un procès, les inculpés sont condamnés à mort le par peloton d'exécution place Semenovski à Saint-Petersbourg.

Le jour même, Dostoïevski est au côté de Plechtcheïev et Dourov. L'exécution est en fait un simulacre : à l'instant même de la fusillade, une charrette délivre une lettre de l'empereur commuant la peine en un exil de plusieurs années et la peine en déportation dans un bagne à Omsk de Sibérie[45]. Dostoïevski décrit cet expérience dans L'Idiot, narré par son héros le prince Mychkine, dont il tire les implications philosophiques et spirituelles[46].

Leonid Grossman voit dans cet épisode tragique l'origine du revirement idéologique de Dostoïevski, constaté à plusieurs reprises à partir de son séjour au bagne d'Omsk[47],[48].

En 1849, les premiers chapitres de Nétotchka Nezvanova, un roman que Dostoïevski prépare depuis 1846, sont publiés dans les Annales. Ce travail est mit en pause par son bannissement, et Dostoïevski ne terminera pas ce roman[49].

Le bagne d'Omsk (1849-1854)[modifier | modifier le code]

Le condamné Dostoïevski est mis aux fers. Le convoi part pour la Sibérie le jour de Noël et passe par Tver, Nijni Novgorod, Kazan, Perm et enfin Tobolsk, où il arrive le 9 janvier 1850. Dostoïevski dissuade un de ses compagnons d'infortune de se suicider. À Tobolsk, les prisonniers reçoivent la visite de plusieurs épouses des décabristes condamnés en 1826 qui avaient accompagné leurs maris en exil[50]. Nathalie Fonvizine remet à Dostoïevski une Bible dont il ne se séparera jamais[51].

Le 23 janvier 1850, Dostoïevski arrive à Omsk (Souvenirs de la maison des morts)[52]. En sa qualité de noble, certaines punitions et certains mauvais traitements lui sont épargnés[N 9], ce qui lui vaut d'être détesté par les autres détenus. Les punitions corporelles lui sont épargnées sur l'intervention de M. de Grave, un officier d'origine française ; le médecin du camp le prend en sympathie et lui accorde des séjours à l'infirmerie.

Dans les baraquements, il partage sa vie avec des forçats de droit commun. Il écrit dans sa correspondance : « Je n'ai pas perdu mon temps : j'ai appris à bien connaître le peuple russe, comme peut-être peu le connaissent ». L'intellectuel de salon qu'il était commence alors son évolution : « J'étais coupable, j'en ai pleine conscience… J'ai été condamné légalement et en bonne justice… Ma longue expérience, pénible, douloureuse, m'a rendu ma lucidité… C'est ma croix, je l'ai méritée… Le bagne m'a beaucoup pris et beaucoup inculqué. » Il rencontre au bagne « les hommes les plus richement doués, les plus forts de tout notre peuple… », et se rapproche ainsi du « peuple russe » orthodoxe, rapprochement qui nourrira plus tard son slavophilisme[53].

Durant sa captivité, Dostoïevski tente d'obtenir qu'on lui épargne les fers. Ses vaines demandes[N 10] déclenchent l'ironie à Pétersbourg, où l'on raille la faiblesse du « révolutionnaire » Dostoïevski demandant la grâce de l'empereur.

Cette période déterminante trouvera écho dans plusieurs passages importants de ses livres ultérieurs, dont l'épilogue de Crime et Châtiment.

Après le bagne (1854-1871)[modifier | modifier le code]

Premier mariage[modifier | modifier le code]

Dostoïevski dans son uniforme d'ingénieur militaire, en 1859.

Sa peine se termine le 23 janvier 1854 et Dostoïevski est affecté comme simple soldat dans un régiment de Semipalatinsk en Sibérie[54]. Il demande à son frère Mikhaïl de l'aider financièrement et de lui envoyer des livres de Vico, Guizot, Ranke, Hegel et Kant[55].

Après deux mois de vie de caserne, Dostoïevski obtient le privilège rarissime de pouvoir habiter en ville. Il fréquente les notables locaux et y fait la connaissance d'un petit fonctionnaire, Alexandre Ivanovitch Issaïev, et de sa jeune épouse poitrinaire, Maria Dimitrievna[56]. Trompé par l'intérêt charitable et sans doute purement mondain que lui porte la jeune femme, qu'il prend aussitôt pour de l'amour, Dostoïevski tente de la faire quitter son mari et de l'épouser[57]. Sa condition de banni ne joue pas en sa faveur. L'écrivain entreprend alors toutes sortes de démarches auprès de l'empereur en vue d'obtenir une grâce (la guerre de Crimée vient de commencer). Les milieux littéraires pétersbourgeois se moquent de l'obséquiosité du « révolutionnaire » Dostoïevski[58].

Cependant, la situation personnelle de Dostoïevski s'améliore grandement avec la nomination du baron Wrangel comme procureur de Semipalatinsk. Son ode sur le couronnement lui vaut d'être promu, le , aspirant, premier grade d'officier[59]. Les frasques d'Alexandre Ivanovitch Issaïev ont conduit sa famille dans la pauvreté, et Dostoïevski cherche à leur venir en aide. Il parvient à faire nommer Alexandre Ivanovitch comme inspecteur des débits de boissons à mille kilomètres de Semipalatinsk. Mais la situation amoureuse de l'écrivain ne s'améliore pas malgré la mort de l'encombrant mari, car un autre homme lui dispute les faveurs de Maria Dimitrievna.

Après de nombreux atermoiements de sa « fiancée », Dostoïevski épouse enfin Maria Dmitrievna Issaïeva le 15 février 1857. En avril 1857, Dostoïevski est rétabli dans ses titres de noblesse et obtient à nouveau le droit de publier librement[60]. Il recommence à écrire : les Souvenirs de la maison des morts, récit romancé de sa vie au bagne et premier roman publié sur les prisons russes[61] ; puis un roman plus léger — car il redoute toujours la censure —, Le Bourg de Stépantchikovo et sa population.

Première page de la revue L'Époque des frères Dostoïevski (1864).

En 1859, il obtient sa retraite comme sous-lieutenant et l’autorisation de rentrer vivre à Saint-Pétersbourg, sous la surveillance de la police secrète. Il renoue alors avec les libéraux et fonde avec son frère Mikhaïl une revue modérée et nationaliste, Le Temps, où paraît notamment Souvenirs de la maison des morts en 1861 et Humiliés et offensés[62],[63],[64]. Cette revue est interdite en 1863, car un article publié, à propos de l'insurrection polonaise, est jugé trop contestataire par la censure. Pour la remplacer, les deux frères fondent la revue L'Époque, mais qui rencontre moins de succès[N 11].

L'arrivée au pouvoir du nouvel empereur Alexandre II en 1855 a amené de nombreuses réformes en Russie : ainsi, le servage est aboli en 1861. Malgré ces ouvertures politiques, on assiste assez vite à l'émergence de mouvements révolutionnaires violents, ce qui inquiète beaucoup Dostoïevski. Il commence déjà à polémiquer de plus en plus sévèrement avec les socialistes[N 12] qui considèrent l'homme comme raisonnablement et « fondamentalement bon » et que la science le conduit obligatoirement vers la lumière. Dostoïevski raille sa « sainteté la chimie ».

Les années d'errance[modifier | modifier le code]

Dostoïevski en 1863.

En juin 1862, il voyage pour la première fois en Europe occidentale. Ses Notes d'hiver sur impressions d'été décrivent ses impressions durant le voyage, dans lequel sont critiqués le capitalisme, la modernisation sociale, le matérialisme, le catholicisme et le protestantisme[65],[66].

Dostoïevski effectue un nouveau voyage en Europe d’août à octobre 1863, où il rencontre à Paris Apollinaria Souslova, qui devient sa maîtresse. Dostoïesvki manque d'être ruiné aux jeux de Wiesbaden et Baden-Baden[67],[68].

Sa femme Maria Dmitrievna puis son frère Mikhaïl Mikhaïlovitch meurent en 1864. Il commence Les Carnets du sous-sol alors qu'il veille le corps de sa femme défunte. Cette longue nouvelle sert de « laboratoire aux grands romans »[69] : en réponse au roman Que faire ? du révolutionnaire Nikolaï Tchernychevski, il y développe une réflexion théologique sur la place de l'homme moderne et les limites de sa liberté dans la Création.

Il revoit la jeune Apollinaria Souslova, qui refuse sa demande en mariage. Il est malade, couvert de dettes et doit fournir de quoi vivre à la veuve et aux enfants de son frère qu'il a adoptés. Au printemps 1867, pour échapper à ses créanciers, il voyage en Allemagne, en Suisse (il séjourne à Genève, où il vit la naissance puis la mort quelques semaines plus tard de sa première fille[N 13]) et en Italie (Milan, Florence), désespéré, tente une nouvelle fois sa chance à la roulette. On trouve des échos de sa passion maladive du jeu dans Le Joueur (1866) et L'Adolescent (1875). Il publie en parallèle son Journal d'un écrivain.

Ces années d'errance et de troubles marquent profondément Dostoïevski. Son aversion pour l'Europe et la démocratie grandit. Selon Dostoïevski, l'égalité démocratique n'efface pas la violence des rapports humains mais l'exacerbe au contraire. En outre, en détruisant Dieu et la monarchie, l'homme crée selon lui un monde dominé par le matérialisme, l'individualisme et l'égoïsme. Sa pensée le conduit alors à revenir dans le giron de l'Église orthodoxe et à développer sous forme de roman une philosophie de la religion orthodoxe[69].

Second mariage et lune de miel[modifier | modifier le code]

Les deux premières parties de Crime et Châtiment sont publiées en janvier et février 1866 dans le périodique Le Messager russe[70], qui gagne dès lors en popularité[71].

Dostoïevski retourne à Saint-Pétersbourg à la mi-septembre et promet à son éditeur qu'il terminerait Le Joueur en novembre — dont il n'a pas débuté la rédaction. L'un des amis de Dostoïevski, Milyukov, lui conseille d'embaucher une secrétaire. Dostoïevski contacte le sténographe Pavel Olkhin qui lui a recommandé son élève, Anna Grigorievna Snitkina, alors âgée de vingt ans. Sa sténographie permet à Dostoïevski de terminer la rédaction du Joueur le 30 octobre, après 26 jours de travail[72],[73].

Plaque commémorative en l'honneur de Dostoïevski, à Baden-Baden.

Dostoïevski épouse, contre l'avis de sa famille, Anna Grigorievna Snitkina dans la Cathédrale de la Trinité, à Saint-Pétersbourg seulement quelques mois après, le 15 février 1867. Les revenus des romans précédents, dont Crime et Châtiment, ne couvre pas leurs dettes, obligeant Anna à vendre ses objets de valeur. Le 14 avril 1867, ils entreprennent une lune de miel en Allemagne avec l'argent de la vente. Ils séjournent à Berlin et visitent la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde, puis voyagent à Francfort, Darmstadt, Heidelberg et Karlsruhe. Ils passent cinq semaines à Baden-Baden, où Dostoïevski se dispute avec Tourgueniev et perd encore beaucoup d'argent à de roulette [74]. Le couple se rend à Genève en août de la même année[75].

Sofya Dostoïesvki enterrée au Cimetière des Rois, à Genève.

À Genève, Dostoïevski commence L'Idiot à Genève, dont la rédaction est recommencée une fois, et est terminée à grand peine en [76],[77],[78]. Leur premier enfant, Sofya, né à Genève le 5 mars 1868, mais meurt de pneumonie trois mois plus tard[79]. Sophie est enterrée au Cimetière des Rois. La tombe est par la suite enlevée ; en 1986, la Société Internationale Dostoïevski fait don d'une plaque commémorative en l'honneur de Sofya[80].

En , la famille Dostoïevski quitte Genève et part pour Milan et s'installe en novembre à Florence. Anna donne naissance à leur deuxième fille, Lioubov, le 26 septembre 1869 à Dresde. Grâce à l'esprit pratique et à la volonté de son épouse, la situation du ménage s'améliore considérablement. Dostoïevski finit par renoncer au jeu[N 14].

La famille rentre à Saint-Pétersbourg le 8 juillet 1871, marquant la fin d'une lune de miel (initialement prévue pour trois mois) qui a duré plus de quatre ans[81],[82].

Il s'oppose à la démocratie bourgeoise parce qu'elle donne une place trop importante à l'argent. Il admire en revanche la liberté de la presse, lui qui a souffert de la censure en Russie. De son incarcération en 1849, jusqu'à la publication de Les Frères Karamazov en 1879, Dostoïevski se trouve placé sous la surveillance des services secrets de l'empereur qui révisent son courrier, surveillent ses relations et contrôlent ses bagages aux frontières, et même au-delà.

La maturité (1871-1875)[modifier | modifier le code]

Retour en Russie[modifier | modifier le code]

Dostoïevski (à gauche), le 21/22 mars 1874.

De retour en Russie en juillet 1871, la famille connait de nouvelles difficultés financière et doit vendre le reste de ses biens. Leur fils Fiodor nait le 16 juillet, et ils emménagent peu après dans un appartement près de l'Institut de technologie à Saint-Pertersbourg.

Dostoïevski ravive ses amitiés avec Apollon Maïkov et Nicolaï Strakhov et a fait de nouvelles connaissances. Politiquement, d'abord fervent occidentaliste, il devient nationaliste et presque chauvin sous l'influence de Constantin Pobiedonostsev, futur haut-commissaire impérial du Très Saint-Synode. Dostoïevski aime le peuple russe avec passion et hait profondément les usuriers qui saignent les pauvres gens. Crime et Châtiment s'ouvre d'ailleurs sur l'assassinat d'une prêteuse sur gage par un étudiant pauvre, et dépeint longuement les milieux très pauvres de Saint-Pétersbourg et les ravages que l'alcoolisme y produit.

Parallèlement, son rêve d’un universalisme panhumain sous férule slave le rend « antisémite[83] comme un Cent Noir »[84].

Au début de 1872, la famille passe plusieurs mois à la station thermale Staraïa Roussa. Durant cette période, le travail de Dostoïevski est retardé par d'une part le décès de la soeur d'Anna, du typhus ou du paludisme[85], et d'autre part le développement d'un abcès à la gorge d'Anna[86],[87]. La famille retourne à Saint-Pétersbourg en septembre.

Son roman Les Démons est inspiré d'un fait divers tragique : l'assassinat par les siens d'un des membres du groupe révolutionnaire de Serge Netchaïev[88]. Il est publié en 1873 par la Société d'édition Dostoïevski, fondée par Dostoïevski et son épouse. Au même moment, un manque de fonds pousse Dostoïevski à rejoindre la revue Le Citoyen fondée par Vladimir Mechtcherski pour un salaire de 3 000 roubles par an et y publie le Journal d'un écrivain[89],[90]. Suite à divers affaires judiciaires et financières, il quitte Le Citoyen et son environnement stressant et bureaucratique en mars 1874.

Sa santé commençe à se détériorer, et on conseil de suivre une cure hors du pays. À Ems en Allemagne, un médecin qui lui diagnostiqua un catarrhe. Durant son séjour, il commence L'Adolescent, et envoie quelques passages aux Annales de la Patrie ; il terminera sa rédaction un an plus tard. Il retourne à Saint-Pétersbourg fin juillet[91],[92].

Sous l'impulsion d'Anna, ils passent l'hiver 1874 à Staraïa Roussa pour permettre à Dostoïevski de se reposer. Le 10 août 1875, son fils Alexeï y nait et à la mi-septembre la famille retourne à Saint-Pétersbourg[93],[94].

Dernières années[modifier | modifier le code]

Portrait par Vassili Perov (1872).

Son œuvre romanesque s'achève par Les Frères Karamazov qu'il publie à l'âge de 59 ans. Cette œuvre incarne l'apogée de Dostoïevski. Le roman synthétise ses deux plus grands thèmes de réflexion : la force irrationnelle de la passion et l'existence de Dieu. Ce livre connaît un succès immense et assoit la place de Dostoïevski parmi les grands écrivains russes. En 1880, son Discours sur Pouchkine, où il évoque sa vision sur le rôle de la Russie dans le monde, fait de lui un héros national acclamé tant par la jeunesse, les femmes russes que par ses anciens ennemis (Ivan Tourgueniev au premier rang).

Ses dernières années restent marquées par des discours enflammés sur l'âme et le peuple russes ainsi que sur la supériorité du « génie russe » sur les autres nations. Il attribue un rôle messianique au peuple russe, seul peuple capable de comprendre tous les autres et d'avoir ses spécificités nationales. Selon lui, le peuple russe a pour mission d'apporter le bonheur à l'humanité.

À la fin de sa vie, Dostoïevski devient un fervent croyant et abandonne l'agnosticisme de ses premières années.

Il succombe à une hémorragie pulmonaire le . Ses obsèques nationales ont lieu le et sont suivies par trente mille personnes[95],[N 15]. Il est enterré au cimetière Tikhvine à Saint-Pétersbourg.

L'œuvre[modifier | modifier le code]

Les sources : Dostoïevski lecteur[modifier | modifier le code]

Avant de devenir écrivain, Dostoïevski est dès l'adolescence un lecteur passionné. On trouve ainsi une évocation du bonheur de la lecture dans Nétotchka Nezvanova. Il a une excellente connaissance de la littérature européenne de son temps. Byron, Balzac, Dickens, Victor Hugo, E. T. A. Hoffmann figurent parmi ses auteurs favoris. Dans ses premières années, il est également volontiers lecteur de romans populaires, notamment des feuilletonistes français Eugène Sue ou Paul de Kock.

Balzac a toutefois une influence déterminante sur l'écrivain russe, qui traduit dès 1844 Eugénie Grandet, dont il s'inspire pour son premier roman, Les Pauvres Gens. Bienstock voit en Balzac une source d'inspiration de Dostoïevski, tant dans la forme (on retrouve dans Les Pauvres Gens des expressions du père de La Comédie humaine) que dans le fond[96].

C'est aussi chez ses prédécesseurs russes Pouchkine et Gogol qu'il puise une part de son inspiration littéraire, notamment le mélange de styles réaliste, grotesque et épique, caractéristique de cette tradition.

Il montre également un grand intérêt pour le théâtre (Racine, Shakespeare, Schiller, Molière en particulier). De fait, ses romans se présentent fréquemment comme des suites de scènes dramatiques presque entièrement dialoguées. On rencontre encore des dispositifs classiques du théâtre tels que le quiproquo ou le témoin caché.

À cette passion pour la lecture s'ajoute celle pour la critique littéraire et le débat d'idées en général. Dans les Souvenirs de la maison des morts, le narrateur relate l'émotion intense qu'il ressent lorsqu'il parvient à se procurer pour la première fois depuis de nombreuses années une revue littéraire. Les allusions à la littérature contemporaine parsèment l'œuvre de Dostoïevski, sous forme de parodie, d'attaque directe ou implicite, notamment contre le romantisme.

Le style romanesque[modifier | modifier le code]

L'une des caractéristiques les plus frappantes des romans de Dostoïevski est l'outrance des personnages et des situations. On rencontre ainsi des débauchés nihilistes, des femmes fatales, des mères prostituant leurs enfants, des alcooliques invétérés, de nombreux personnages à la limite de la folie (mégalomanie, délire de persécution, sadisme…), mais aussi des « saints » incarnant l'idéal chrétien, tel le starets Zosima (Les Frères Karamazov) ou le prince Mychkine (L'Idiot). Toute une palette de figures se décline allant du personnage démoniaque, comme Rogojine, au fol-en-Christ comme le prince Mychkine. Mais les opposés s'attirent malgré tout et la somme des excès ne peut aboutir qu'à une destruction totale[97]. Les meurtres, les ruines soudaines, les mariages annulés, les maladies mortelles, les suicides se succèdent, parfois à la limite de la vraisemblance. L'intensité de ces scènes est encore relevée par l'utilisation de la narration à la première personne (Le Joueur, L'Adolescent, Humiliés et Offensés entre autres) ou par l'utilisation du dialogue.

Les personnages de Dostoïevski ont en outre la particularité d'évoluer au cours du roman, et souvent radicalement, tel le Raskolnikov de Crime et Châtiment ou Arkadi Dolgorouki dans L'Adolescent. Ce trait marque une profonde rupture avec la tradition littéraire qui privilégie l'unité et la cohérence des personnages et ouvre vers la modernité littéraire.

Une place considérable est dévolue aux dialogues. C'est ainsi que le critique russe Mikhaïl Bakhtine a été amené à définir le concept de dialogisme pour caractériser le style romanesque de Dostoïevski. Le roman dostoïevskien se présente comme une confrontation des points de vue « existentiels » des différents personnages, qui s'expriment dans des styles différents. Le burlesque peut ainsi côtoyer le tragique, et le sentimentalisme le cynisme. Dostoïevski apporte un soin particulier au réalisme des dialogues, en utilisant des expressions populaires, des digressions, des interruptions.

Chacun des personnages se définit par rapport aux autres, par imitation ou par opposition. De nombreux romans (souvent burlesques) sont bâtis sur les relations d'amour et de haine entre deux personnages très semblables ou complémentaires : Le Double, mais aussi Le Bourg de Stépantchikovo et sa population ou L'Éternel Mari. On trouve également de longues scènes impliquant des discussions houleuses avec de nombreux personnages (L'Idiot ou Les Démons). Mais Dostoïevski est également l'un des premiers à présenter des romans sous forme de monologue (Les Carnets du sous-sol, La Douce, L'Adolescent). Même dans ces monologues, le principe dialogique est à l'œuvre : le narrateur s'adresse à un public imaginaire, répond à ses objections, cherche à le séduire ou à le défier.

La confrontation des points de vue entraîne une grande variété des styles, d'une œuvre à l'autre, mais aussi au sein d'un même texte. Des épisodes grotesques ou bouffons sont intercalés au milieu de scènes dramatiques (Le Bourg de Stépantchikovo et sa population), comme dans les pièces de Shakespeare. On notera enfin les caractéristiques propres à la publication sous forme de feuilleton : foisonnement des intrigues, digressions, mais aussi incohérences, caractéristiques que l'on peut retrouver dans d'autres œuvres contemporaines telles que La Maison d'Âpre-Vent de Dickens ou La Foire aux vanités de Thackeray.

La relation de l'Homme au monde[modifier | modifier le code]

Les thèmes philosophiques, religieux et politiques occupent une place centrale dans l'œuvre de Dostoïevski.

C'est lors de son passage au bagne que se développe la force spirituelle de Dostoïevski. Il ne s'endurcit pas, il ne se révolte pas et accepte les révélations qui lui arrivent peu à peu sur la Russie, le peuple russe, la monarchie russe et la religion. Il écrit dans une correspondance : « Je te jure que je ne perdrai pas espoir et garderai purs mon esprit et mon cœur… Je dois vivre… Ces années ne seront pas stériles. » Au fond de son enfer, il rencontre le Christ, et sa foi renouvelée va désormais le guider dans sa vie privée, dans sa vie d'écrivain et dans sa vie politique : « … il n'est rien de plus beau, de plus profond, de plus sympathique, de plus raisonnable, de plus viril et de plus parfait que le Christ… Désormais, je n'écrirai plus d'âneries. »

Mais cette découverte du Christ n'empêche pas l'écrivain de laisser croyants et athées s'opposer librement dans ses œuvres. À cet égard, Kirilov, personnage des Démons, imagine que Jésus mourant ne s'est pas retrouvé au Paradis : « Les lois de la nature, dit l'ingénieur, ont fait vivre le Christ au milieu du mensonge et mourir pour un mensonge ». Ce qui fait dire à Albert Camus analysant l'œuvre de Dostoïevski, que « Jésus incarne bien tout le drame humain. Il est l'homme parfait, étant celui qui a réalisé la condition la plus absurde. Il n'est pas le Dieu-homme, mais l'homme-dieu. Et comme lui, chacun de nous peut être crucifié et dupé — l'est dans une certaine mesure. »[98]

La question du Christ, et de l'existence de Dieu, est en fait au cœur de sa réflexion, ainsi que Dostoïevski lui-même l'affirme, parlant des Karamazov : « La question principale qui sera poursuivie dans toutes les parties de ce livre est celle même dont j'ai souffert consciemment ou inconsciemment toute ma vie : l'existence de Dieu[99]. »

Dostoïevski penseur[modifier | modifier le code]

Tombe de Dostoïevski au monastère Saint-Alexandre-Nevski (cimetière Tikhvine), à Saint-Pétersbourg.

Lorsque l'on cherche à définir la pensée de Dostoïevski, on se heurte d'emblée à une difficulté : son œuvre romanesque comporte très peu d'interventions directes de l'auteur comme on en trouve souvent dans les romans du XIXe siècle. Ce ne sont pas des « romans à thèse », mais des romans où s'opposent de façon dialectique des points de vue différents. Ainsi, dans Les Frères Karamazov, Aliocha le croyant s'oppose à Ivan le sceptique, mais l'auteur fait de chacun un personnage cohérent et touchant. Rien ne serait donc plus trompeur que de prêter à Dostoïevski les opinions de ses personnages. C'est avec la plus grande prudence qu'il faut lire les citations extraites de son œuvre romanesque.

Il existe bien une pensée originale chez Dostoïevski, notamment au vu de son influence sur de nombreux philosophes tels que Nietzsche, André Suarès, Albert Camus, les existentialistes, René Girard, ou encore sur la psychologie. À ce sujet, Freud écrit un article « Dostoïevski et le parricide ».

C'est à travers son œuvre romanesque prise dans son ensemble et non dans les paroles de ses personnages qu'il faut chercher cette pensée, principalement d'ordre ontologique, voire anthropologique.

L'une des idées forces de Dostoïevski est l'existence chez tout être humain d'un besoin inné d'imitation. Le thème de l'imitation est récurrent dans son œuvre, qu'il s'agisse d'un personnage historique (Napoléon Ier dans Crime et Châtiment, James de Rothschild dans L'Adolescent) ou d'un autre personnage romanesque (Le Double, Nétotchka Nezvanova, L'Éternel Mari, etc.). Ce besoin d'imitation porte en lui une tension entre admiration et rivalité qui peut dégénérer en fusion passionnelle comme en haine acharnée. C'est en repérant ce thème dans l'œuvre de Dostoïevski (et d'autres auteurs parmi lesquels Cervantes, Stendhal et Proust) que René Girard élabora son concept de désir mimétique, développé d'abord dans Mensonge romantique et Vérité romanesque (1961), puis dans toute son œuvre. Pour Dostoïevski (comme pour Girard), seule l'imitation du Christ, du fait de sa nature à la fois divine et humaine, sublime et humble, peut déboucher sur une société juste et sans violence.

Selon Dostoïevski, la société démocratique dans laquelle la Russie est brutalement projetée au cours des années 1850 ne fait que rendre les conflits plus violents. Elle promet en effet à chacun un égal droit à la réussite et à la gloire : serfs affranchis, petits fonctionnaires, étudiants pauvres se sentent à égalité avec les nobles ou les grands bourgeois. Inévitablement, les obstacles et les rigidités sociales engendrent alors frustrations et amertume (cf. Les Carnets du sous-sol). C'est d'ailleurs le point de départ du concept de ressentiment chez Nietzsche. Pour le philosophe russe Léon Chestov, Dostoïevski se rapproche de Nietzsche « en ce que leurs œuvres contiennent non pas une réponse mais une question : peuvent-ils encore concevoir quelque espoir, ceux qui ont repoussé la science et la morale ? Autrement dit : la philosophie de la tragédie est-elle possible ? » Léon Chestov avance que les romans métaphysiques de Dostoïevski sont une réponse à La Critique de la raison pure et de la science positive de Kant.

Un passage essentiel de la pensée de Dostoïevski est la Légende du Grand Inquisiteur au chapitre 5 de la deuxième partie des Frères Karamazov, où le Grand Inquisiteur qui ne croit plus en Dieu, offre aux hommes d'échanger leur liberté contre le bonheur terrestre. Nicolas Berdiaev y voit une explication prémonitoire du « socialisme athée et matérialiste »[100]: « S'il n'y a pas de Vérité, pas de Pensée, il ne reste plus qu'un seul concept élevé, la sympathie à l'égard de la masse des hommes, le désir de leur faire goûter un bonheur irréfléchi dans le court instant de la vie terrestre". Pour Berdiaev, c'est le principe de l'Antéchrist, où "le mal apparaît sous l'aspect du bien. »

De plus, la proximité de la pensée de Dostoïevski avec l'existentialisme[réf. nécessaire] est telle qu'on a pu le compter parmi les fondateurs de ce courant philosophique, au même titre que Kierkegaard. En effet ses personnages se construisent au travers de leurs rapports dialectiques à autrui, de leurs actes ou de leurs interactions sociales, par imitation ou opposition. Il montre également la part d'angoisse associée au libre arbitre (voir par exemple l'apologue du Grand Inquisiteur dans Les Frères Karamazov).

Citations et reprises[modifier | modifier le code]

  • « Les idéaux se succèdent, on les dépasse, ils tombent en ruines, et puisqu’il n’y a pas d’autre vie, c’est sur ces ruines encore qu’il faut fonder un idéal dernier. » (Les Nuits blanches).
  • « Je suis très bien aussi avec les maisons. Quand je passe, chacune d’elles accourt à ma rencontre, me regarde de toutes ses fenêtres et me dit : “Bonjour ! Comment vas-tu ? Moi, grâce à Dieu, je me porte bien. Au mois de mai on m’ajoutera un étage.” Ou bien : “Comment va la santé ? Demain on me répare.” Ou bien : “J’ai failli brûler, Dieu ! Que j’ai eu peur !” Etc. » (Les Nuits blanches).
  • « Oui, l'homme a la vie dure ! Un être qui s'habitue à tout. Voilà, je pense, la meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme. » (Souvenirs de la maison des morts).
  • « Nos désirs sont presque toujours erronés à cause d'une conception erronée de nos intérêts. » (Les Carnets du sous-sol).
  • « J'admets que deux fois deux quatre est une chose excellente, mais s'il faut tout louer, je vous dirais que deux fois deux cinq est aussi une chose charmante. » (Les Carnets du sous-sol).
  • « La beauté est une énigme. », (prince Mychkine, L'Idiot).
  • « Est-il vrai, prince, que vous ayez dit une fois que la “beauté” sauverait le monde ? Messieurs, cria-t-il en s’adressant à toute la société : — le prince assure que la beauté sauvera le monde ! » (L'Idiot).
  • « En toute période de transition, on voit surgir cette racaille qui existe dans toute société et qui, elle, non seulement n’a aucun but, mais est même dépourvue de toute trace d’idée […] Les individus les plus abjects avaient soudain pris le dessus, s’étaient mis à critiquer ouvertement ce qui est sacré, alors qu’auparavant ils n’osaient même pas ouvrir la bouche. » (Les Démons, III, i, 1).
  • « L'homme est malheureux parce qu'il ne sait pas qu'il est heureux. » (Les Démons).
  • « Mais alors, que deviendra l'homme, sans Dieu et sans immortalité ? Tout est permis, par conséquent, tout est licite ? » (Dmitri Karamazov à Rakitine, Les Frères Karamazov, XI, IV : L'hymne et le secret).
  • « Je dois te faire un aveu, commença Ivan. Je n'ai jamais pu comprendre comment on peut aimer son prochain. C'est précisément le prochain qu'il est impossible d'aimer, peut-être seulement le lointain. » (Ivan Karamazov à Aliochka, Les Frères Karamazov; V, IV : La rébellion).
  • « Je triompherai de toute ma douleur juste pour pouvoir dire “je suis”. » (Dmitri Fiodorovitch Karamazov, accusé de parricide, Les Frères Karamazov).
  • « J'ai un projet : devenir fou ! »
  • « Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre. » (Dostoïevski).
  • « Quelle tristesse et quelle colère s’emparent de toute votre âme quand une grande idée que vous-même, saintement, vous vénérez depuis longtemps, est reprise par des incapables qui viennent l’exhiber à d’autres imbéciles comme eux, l’exhiber dans la rue, et que vous la retrouvez soudain dans un marché aux puces, méconnaissable, souillée, présentée sous un jour absurde, de biais, sans proportion, sans harmonie, hochet d’enfant stupide. Les Démons, première partie, I, 6 (traduction citée par Gaspard Proust sur France Inter[101].) »
Autres citations
  • « Dostoïevski est la seule personne qui m'ait appris quelque chose en psychologie. » (Friedrich Nietzsche).

Œuvre[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Nouvelles[modifier | modifier le code]

Chronique[modifier | modifier le code]

Correspondance[modifier | modifier le code]

  • Correspondance

Carnets[modifier | modifier le code]

  • Carnets : éditions Payot et Rivages, Paris, 2005. Extraits des carnets de l'auteur de 1872 à 1881.

Dans les arts et la culture populaire[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

Roman[modifier | modifier le code]

Lettre[modifier | modifier le code]

  • « Connaissez vous Dostoevsky ? À part Stendhal, personne ne m'a plus surpris et fait plus grand plaisir : c'est mon psychologue, avec qui je me comprends ». Nietzsche, lettre à Peter Gast du .

Manga[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Les œuvres de Dostoïevski ont été adaptées ou transposées de très nombreuses fois à l'écran :

Cinéma[modifier | modifier le code]

Astronomie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Aussi Fedor, Fédor ou Théodore, dénomination utilisée par Dostoïevski lui-même. Par exemple lorsqu'il habite à Genève : « M-r Theodore Dostoiewsky, Suisse, Genève, poste restante » (lettre du 28 août 1867 à Apollon Maïkov).
  2. En orthographe précédant la réforme de 1917-1918 : Ѳедоръ Михайловичъ Достоевскій.
  3. Prononciation en russe retranscrite selon la norme API.
  4. La mère meurt d'une forme de tuberculose, plus précisément de phtisie. — Fédor Dostoïevski, Les Démons (ISBN 2070394166), « chronologie », p. 751.
  5. Dans le Journal d'un écrivain, Dostoïevski rappelle comment sur le chemin de Saint-Pétersbourg avec son frère « ils ne rêvaient que de poésie et de poètes ». « J'avais constamment à l'esprit la composition d'un roman sur la vie vénitienne »(Достоевский Ф. М. «Дневник писателя». 1876 год. Январь. Гл. 3. § 1)
  6. Il doit même redoubler l'année en raison de ses piètres résultats dans les domaines sportifs et militaires.
  7. Un crime de sang étouffé par la famille de la victime elle-même pour des raisons économiques - châtier les coupables reviendrait à se priver du capital servile - est pourtant courant et rapporté dans des circonstances très similaires, par exemple, par Alexandre Radichtchev en 1790 déjà, dans son Voyage de Pétersbourg à Moscou.
  8. La question de l'éventuelle « trahison » et celle de sa collaboration avec les autorités est restée ouverte.
  9. En particulier, le tatouage sur le front qui l'identifie comme bagnard.
  10. Refus de l'empereur à la suite d'une requête formulée par de Grave datée du 5 avril 1852.
  11. Le Temps (en russe Vremia) fut un périodique populaire avec plus de 4 000 abonnés avant d'être fermé le 24 mai 1863 par le régime tsariste. Vremia et son successeur L'Époque exprimeront la philosophie du mouvement conservateur et slavophile Potchvennitchestvo, soutenu par Dostoïevski à partir des années de bagne (cf Frank 1988 pages 33 à 64)}}.
  12. Il écrira plus tard que « le socialiste chrétien est plus dangereux que le socialiste athée » dans Les Frères Karamazov (1877).
  13. Leur fille Sophie est morte à Genève en 1868, âgée de trois mois, et est ensevelie au cimetière des Rois. Fiodor et Anna Dostoïevski eurent encore trois enfants , une fille Lioubov Dostoïevskaïa (en 1869) puis deux fils Fiodor (1871) et Alexeï (1875).
  14. La raison de l'arrêt du jeu n'est pas clairement établi. En plus de la naissance de Lioubov, une autre raison peut être la fermeture des casinos en Allemagne en 1872 et 1873 (il faudra attendre la montée d'Adolf Hitler pour leur réouvertures (cf. Kjetsaa 1989, page 245). Enfin, l'écrivain aurait confondu l'entrée d'un casino avec celle d'une synagogue, et prit cela comme un signe de ne plus jouer (cf. Frank 2003, page 639).
  15. Selon Jacques Catteau, ce nombre s'élevait à 60 000. (A.G. Dostoïevskaïa, Mémoires d'une vie, préface p. 7.
  16. Œuvre écrite à trois mains, Dostoïevski, Nikolaï Nekrassov et Dmitri Grigorovitch.

Références[modifier | modifier le code]

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  26. Andreï Mikhaïlovitch Dostoïevski, Mémoires (19-01-2017).
  27. D'après Grossman 2003, p. 42, qui se réfère à des documents privés de la famille Dostoïevski.
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  47. Grossman 2003, p. 161.
  48. Plus tardivement, dans sa lettre à Apollon Maïkov du , Dostoïevski reconnaît explicitement avoir « trahi ses anciennes convictions ».
  49. Mochulsky (1967), p. 99–101.
  50. Dostoïevski, Journal d'un écrivain, Bibliothèque de la Pléiade, p. 13.
  51. Tănase 2012, p. 74.
  52. Épisode relaté dans le cycle romanesque La Lumière des justes d'Henri Troyat.
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  99. Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, p. 150.
  100. Nicolas Berdiaeff, L'esprit de Dostoievski, Paris, Stock, (1re éd. 1945), 289 p., « Ch 8: "le Grand Inquisiteur: Christ et Antéchrist" »
  101. Vidéo "YouTube" : "Gaspard Proust cite un passage des Démons de Dostoïevski...".
  102. Texte supprimé par l'auteur dans l'édition de 1860. Source : Fédor Dostoïevski, Récits, chroniques et polémiques, note de Gustave Aucouturier p. 1 689, Bibliothèque de la Pléiade.
  103. « Un été à Baden-Baden » (critique), sur L'Express, (consulté le ).Accès limité

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Fiodor Dostoïevski.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Sources primaires[modifier | modifier le code]

  • Fiodor Dostoïevski (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard, préf. Jacques Catteau), Correspondance, t. 1 : 1832-1864, Paris, Bartillat, , 813 p. (ISBN 978-2-84100-176-7). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Fiodor Dostoïevski (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard, préf. Jacques Catteau), Correspondance, t. 2 : 1865-1873, Paris, Bartillat, , 908 p. (ISBN 978-2-84100-241-2). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Fiodor Dostoïevski (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard, préf. Jacques Catteau), Correspondance, t. 3 : 1874-1881, Paris, Bartillat, , 966 p. (ISBN 978-2-84100-312-9). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Anna G. Dostoïevskaïa (trad. Jean-Claude Lanne, préf. Paul Kalinine), Journal (1867), Paris, Édition des Syrtes, (1re éd. 1978), 234 p. (ISBN 978-2-94062-811-7).
  • . Document utilisé pour la rédaction de l’article.

Biographies[modifier | modifier le code]

Française[modifier | modifier le code]
  • Serge Persky, La Vie et l'œuvre de Dostoïevsky,
  • Henri Troyat, Dostoïevski, Paris, Fayard, , 446 p.
  • Pierre Pascal, Dostoïevski, l'homme et l'œuvre, L'Âge d'homme, , 370 p.
  • Dominique Arban, Dostoïevski, Paris, Seuil, coll. « écrivain de toujours », (1re éd. 1977), 189 p. (ISBN 9782020000574, OCLC 613313091)
  • Joseph Frank (trad. de l'anglais par Aline Weil), Dostoïevski : les années miraculeuses (1865-1871), Arles, Actes Sud, coll. « Solin », , 768 p. (ISBN 2-7427-1546-0). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Leonid Grossman (trad. Michèle Kahn, préf. Michel Parfenov), Dostoïevski, Paris, Parangon, coll. « Biographies », , 520 p. (ISBN 2-84190-096-7). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Virgil Tănase, Dostoïevski, Paris, Gallimard, coll. « Folio biographies » (no 92), , 425 p. (ISBN 978-2-07-043902-7). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Joseph Frank (trad. de l'anglais par Jean-Pierre Ricard), Dostoïevski : un écrivain dans son temps, Éditions des Syrtes, , 1052 p. (ISBN 2-9405-2383-5).
Anglaise[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Livres numériques[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]