Kon-Tiki

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Kon-Tiki
illustration de Kon-Tiki
Le Kon-Tiki.

Type Radeau
Histoire
Mise en service 28 avril au 7 août 1947
Statut Musée du Kon-Tiki (Oslo, Norvège)
Équipage
Équipage 6
Caractéristiques techniques
Propulsion Voile
Caractéristiques commerciales
Pont 1
Cabines 1
Carrière
Pavillon Drapeau de la Norvège Norvège

Le Kon-Tiki est un radeau construit par l'anthropologue norvégien Thor Heyerdahl pour réaliser une traversée de l'océan Pacifique destinée à démontrer que le peuplement de la Polynésie avait pu se faire à partir de l'Amérique du Sud. En dérivant et avec l'aide d'une voile rudimentaire, l'embarcation et son équipage partent du Pérou et parviennent à rejoindre l'archipel des Tuamotu après cent un jours et huit mille kilomètres de navigation du au . La réussite de l'expédition eut un retentissement public considérable[1] à l'origine jusqu'à ce jour de controverses historiques telle que l'hypothèse de l'exploration inca de l'océan Pacifique.

Projet[modifier | modifier le code]

Le Kon-Tiki est ainsi nommé en référence aux divinités incas (Kon, dieu de la pluie et du vent[2], Ticci, forme du dieu Viracocha[3],[4]) et polynésiennes (tiki, représentation divine des ancêtres).

Le Kon-Tiki est construit sur le modèle des embarcations traditionnelles précolombiennes. Il est réalisé en assemblant des rondins de balsa, sans clou ni rivet, seulement avec des cordes. Au cours de la traversée, ses occupants survivent principalement grâce à la pêche et à la récupération d'eau de pluie.

Le but de cette expédition scientifique, conduite par Thor Heyerdahl, est de réfuter une objection courante à sa théorie selon laquelle les populations des îles du Pacifique étaient en partie originaires d'Amérique : la traversée sur une telle embarcation était souvent considérée comme impossible[5].

Équipage à bord du radeau[modifier | modifier le code]

Thor Heyerdahl.

L'équipage de six hommes est composé de cinq Norvégiens et d'un Suédois (Bengt Danielsson)[6] :

  • Thor Heyerdahl (1914-2002) est le chef de l'expédition; il relate plus tard son expérience dans un livre qui connaît un succès mondial, L'Expédition du Kon-Tiki ;
  • Erik Hesselberg (en) (1914-1972) est le navigateur. C'est également lui qui a dessiné le visage du dieu Kon-Tiki sur la voile du radeau ; son livre pour enfants Les Compagnons du « Kon-Tiki » paraît en Norvège en 1949, par la suite traduit dans plus de quinze langues ;
  • Bengt Danielsson (1921-1997) est chargé des vivres et des rations journalières ; étant le seul membre de l'équipage à parler l'espagnol, il sert également d'interprète avant le départ. Danielsson est à l'époque étudiant en sociologie et s'intéresse aux théories sur la migration humaine. Lecteur assidu, il est autorisé à emporter plusieurs livres à bord ;
  • Knut Haugland (1917-2009) est opérateur radio ; il avait été décoré par les Britanniques pour son rôle dans la bataille de l'eau lourde durant la Seconde Guerre mondiale. Dernier membre survivant de l'équipage, il meurt le à l'âge de 92 ans ;
  • Torstein Raaby (en) (1918-1964) est également chargé des communications radio ; il avait acquis cette expérience durant la Seconde Guerre mondiale lorsque, en mission derrière les lignes ennemies, il espionnait les mouvements du cuirassé allemand Tirpitz ; ses transmissions radio aidèrent à guider les bombardiers britanniques qui coulèrent le navire dans un fjord norvégien près de Tromsø à la fin de la guerre (en ) ;
  • Herman Watzinger (en) (1916-1986) est un ingénieur spécialisé en instruments de mesure. Il est le premier contacté par Thor Heyerdhal pour se joindre à l'expédition. Il collecte et enregistre durant le voyage de nombreuses données, notamment météorologiques.

À bord est également présent Lorita, un perroquet, mascotte de l'expédition.

Premiers préparatifs[modifier | modifier le code]

Thor Heyerdahl entend un jour, dans une île du Pacifique, un vieil indigène raconter des histoires de sa tribu. Il évoque un certain Tiki, chef-dieu, fils du soleil, considéré comme l'ancêtre mythique du peuple polynésien. Tiki serait arrivé par la mer avec sa tribu pour peupler ces îles alors désertes. Il venait de l'est, d'un grand pays très lointain. La légende n'en dit pas plus, mais le jeune Scandinave garde à l'esprit qu'au-delà de l'océan, plein est, il y a l'Amérique du Sud.

Bien des années plus tard, après d'importantes recherches, Thor Heyerdahl retrouve l'histoire de Kon-Tiki, un nom qui signifie « roi-soleil » dans la langue des Incas du Pérou. Kon-Tiki était le chef divin d'un peuple à la peau blanche du lac Titicaca. Pourchassé par ses ennemis, il prit la mer avec troupes, femmes et enfants pour fuir, tout droit vers l'ouest. Pour Thor Heyerdahl, ces deux dieux ne sont qu'un seul et même personnage, le père d'une civilisation née dans la cordillère des Andes et partie à la conquête du Pacifique.

Cette théorie semble d'abord contestable, car ces peuples ne possédaient pas de bateaux, et n'auraient donc pas pu tenter un tel voyage. Cependant, Thor Heyerdahl sait que ceux-ci possédaient tout de même des radeaux en balsa ; il pense qu'une telle traversée en radeau de balsa est possible. Pour le prouver, devant le scepticisme général, il décide de tenter lui-même l'aventure.

Parlant de son projet à des marins, il parvient à convaincre l'un d'entre eux, Herman Watzinger, qui trouve cette expérience intéressante également pour sa dimension « exploration ». Les eaux qui seront traversées sont peu fréquentées, et Watzinger pourra grâce à ses connaissances réaliser des mesures et des prélèvements. Il envoie également une lettre à Erik Hesselberg, une connaissance de Watzinger, ainsi qu'à Knut Haugland et Torstein Raaby, deux héros de la Seconde Guerre mondiale. L'expédition est financée par des sociétés qui, après une certaine hésitation, offrent des vivres et du matériel.

Heyerdahl a l’intention de construire son radeau directement au Pérou, le balsa poussant dans ce pays, derrière la cordillère des Andes. Toutefois, débarquer sur cette partie du continent avec des caisses de matériels divers et y demander la permission de construire un bateau afin de repartir ensuite par la mer, risque de déplaire aux autorités locales. Ils discutent alors avec un de leurs amis correspondant aux Nations unies qui parvient à organiser une rencontre avec un représentant du Pérou. Celui-ci promet d’informer son gouvernement de cette expédition.

En Amérique du Sud[modifier | modifier le code]

Mais on ne vend plus de balsa entier au Pérou, seulement des planches. Le seul endroit où il est encore possible d’en obtenir est dans la jungle, inaccessible à ce moment de l'année à cause de la saison des pluies, qui doit durer encore six mois. Tous les chemins sont inondés.

Ils décident de se rendre par avion à Quito, la capitale de l'Équateur, située sur les hauteurs non loin de Quevedo, la plantation de bois de balsa. Dans la capitale, ils rencontrent un militaire informé de leur expédition qui accepte de leur prêter une jeep. Conduit par un capitaine du génie, Agurto Alexis, le groupe arrive à destination après un périlleux voyage à travers jungle, boue et pluie. Ils coupent tous les troncs de balsa qu'ils trouvent en bordure des chemins, la plantation étant inaccessible.

Après avoir rassemblé leurs troncs, ils construisent deux petites barques sur lesquelles ils entassent du bambou ainsi que des feuilles de bananiers et des lianes. Ils avaient en effet décidé de ne construire leur radeau qu'avec des matériaux dont les anciens Incas disposaient, les clous et rivets étaient donc exclus. Les deux barques rudimentaires étant reliées, ils descendent la rivière pour rejoindre Guayaquil.

À Guayaquil, l'équipe se sépare. D'un côté, Heyerdahl part à Lima pour trouver un endroit propice à la construction du radeau près du port de Callao. Les autres embarquent sur un navire avec les rondins de balsa pour rejoindre, quelques heures plus tard, l'endroit choisi par Heyerdahl. Le choix de ce dernier se porte sur les entrepôts du chantier naval. Ils y seront à l'abri des éventuels curieux et pourront construire leur radeau en toute tranquillité. Au cours de la construction, ils sont contactés par Bengt Danielsson, un Suédois, qu'ils acceptent comme sixième membre de l'expédition.

Une fois la construction achevée, les personnes qui voient l'esquif sont impressionnées par son aspect vulnérable. Le ministre de la marine en personne fait signer à Thor une décharge qui exonère la Marine péruvienne de toute responsabilité quant au devenir de l'embarcation et de ses occupants. Les experts et diplomates étrangers venus voir le bateau ne se montrent guère plus encourageants. Nombre d'entre eux leur déconseillent d'effectuer la traversée. L'ambassadeur de Norvège leur offre une Bible pour le voyage.

Malgré les restrictions sur la taille des bagages personnels, Hesselberg emporte une guitare, et son compagnon, Watzinger, un perroquet, présent d'adieu d'un habitant de Lima. Danielsson, lui, emporte de nombreux livres scientifiques.

Le , le pavillon norvégien est hissé sur le radeau ainsi que les drapeaux des autres nations ayant soutenu matériellement l'expédition. Gerd Vold, la secrétaire de l'expédition, baptise le radeau avec du lait de noix de coco.

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