Louis-Gabriel Suchet

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Louis-Gabriel Suchet
duc d'Albufera
Louis-Gabriel Suchet
Le maréchal Louis-Gabriel Suchet, duc d'Albuféra, par Jean-Baptiste Paulin Guérin.

Surnom « Le maréchal de la guerre d'Espagne »
« El Hombre justo »
Naissance
Lyon
Décès (à 55 ans)
Marseille
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Empire français pendant les Cent-Jours Empire français (Cent-Jours)
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Grade Général de division
Années de service 17911815
Conflits Guerres de la Révolution française
Guerres napoléoniennes
Faits d'armes Pozzolo
Austerlitz
Maria-Belchite
Lérida
Tarragone
Valence
Distinctions Maréchal d'Empire
Grand-croix de la Légion d'honneur
Ordre du Saint-Esprit
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 33e colonne
Autres fonctions Membre de la Chambre des pairs
Famille Père de Napoléon Suchet

Louis-Gabriel Suchet, duc d'Albufera, né le à Lyon et mort le à Marseille, est un militaire français, élevé à la dignité de maréchal d'Empire par Napoléon en 1811.

Fils d'un soyeux lyonnais, il commence sa carrière en 1791 en s'engageant dans la Garde nationale. Il gravit rapidement les échelons jusqu'au grade de lieutenant-colonel et participe à ce titre à la première campagne d'Italie qu'il termine comme commandant de la 18e demi-brigade ; il occupe ensuite les fonctions de chef d'état-major en Helvétie et en Italie. Nommé général de division en 1799, il sert encore en Italie pendant deux ans. Sous le Premier Empire, il participe avec brio aux premières campagnes napoléoniennes à la tête d'une division.

En 1808, Suchet est envoyé en Espagne où il obtient rapidement le commandement de l'armée d'Aragon, avec laquelle il remporte une série de victoires contre les Espagnols. Excellent administrateur, et contrairement à la quasi-totalité de ses collègues, il consolide ses positions en créant une administration civile efficace et en pacifiant la région, s'attachant ainsi la population aragonaise. Il s'empare successivement des villes de Lérida, Tortosa et Tarragone — à la suite de quoi Napoléon l'élève à la dignité de maréchal d'Empire le — puis du royaume de Valence. Les défaites françaises dans le reste de la péninsule l'obligent cependant à se replier sur les Pyrénées.

Rallié aux Bourbons, il reprend du service sous les Cent-Jours avec le commandement de l'armée des Alpes ; il est cette fois disgracié par Louis XVIII à la Seconde Restauration mais est finalement rappelé à la Chambre des pairs. Seul maréchal à avoir gagné son bâton pour ses victoires en Espagne, ses talents militaires sont reconnus par Napoléon qui déclare à Sainte-Hélène que « s'il avait eu deux maréchaux comme Suchet en Espagne, non seulement il aurait conquis la péninsule, mais il l'aurait aussi gardée ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Louis-Gabriel Suchet est le fils aîné de Jean-Pierre Suchet (Lyon, - ), négociant soyeux et juge conservateur à la Charité de Lyon, et de Marie-Anne Jacquier (1742 - v. 1789)[1]. La famille Suchet, originaire du sud de l'Ardèche, pratique le commerce de la soie depuis plusieurs générations. Doté d’une solide instruction, Suchet entre dans la Garde nationale de Largentière en 1791, comme sous-lieutenant, puis rejoint une compagnie franche de l'Ardèche du au , lors de l'appel des volontaires. Plein d'ardeur et de zèle, le jeune Suchet conquiert rapidement en 1792, les grades de lieutenant et capitaine. Le , il est élu lieutenant-colonel du 4e bataillon de volontaires de l'Ardèche à Bourg-Saint-Andéol.

Du siège de Toulon aux plaines d'Italie[modifier | modifier le code]

Vincent-Nicolas Raverat, Louis-Gabriel Suchet, Lieutenant-colonel au 4e bataillon de volontaires de l'Ardèche en 1792, 1834.
Signature de Suchet, chef du 4e bataillon de l'Ardèche, futur maréchal de France.

Il est présent au siège de Toulon jusqu'au . Lors de celui-ci, une colonne britannique de 2 000 hommes réalise une sortie afin de s’emparer des batteries françaises que Bonaparte a installées afin d’entamer les structures d’un fort. Les Britanniques sont contre-attaqués et repoussés à la baïonnette par les soldats français, lors du corps à corps, Suchet fait prisonnier le général britannique Charles O'Hara, le . Après la prise de Toulon, il participe avec son unité d'origine à la répression de l'insurrection royaliste dans le Sud-Est de la France. À la tête du 4e bataillon de volontaires de l'Ardèche, il participe ainsi aux massacres du village de Bédoin, le .

Passé chef de bataillon à la 211e demi-brigade de première formation affecté à l'armée d'Italie, il assiste en 1794, aux combats de Vado, de Saint-Jacques et à tous ceux qui sont livrés par la division Laharpe. En 1795, à la bataille de Loano les 23 et , à la tête de son bataillon, il enlève trois drapeaux aux Autrichiens. Le , il se trouve affecté par amalgame à la 69e demi-brigade de ligne, avec laquelle il prend une part glorieuse aux combats de Cosseria le , de Dego les 14 et et de Lodi le . Le , il commande un bataillon de la 18e demi-brigade de deuxième formation dans la division Masséna, il participe aux combats de Borghetto le , de Castiglione le , de Peschiera le , de Trente le , de Bassano le , de Cerea le , où il est dangereusement blessé. À peine rétabli, il participe aux combats d'Arcole du 15 au , puis de Rivoli les 13 et . Il fait la campagne qui décide le traité de Campo-Formio du . À cette époque, le général Masséna l'envoie porter au général en chef Bonaparte, les drapeaux conquis dans la bataille de Tarvis du 21 au . Il est blessé de nouveau à la bataille de Neumarkt in Steiermark en Styrie le 1er avril.

Chef d'état-major[modifier | modifier le code]

Joseph Albrier, Louis-Gabriel Suchet, duc d'Albuféra, chef de bataillon à la 18e demi-brigade de deuxième formation en 1795.

Il est nommé chef de brigade provisoire le . En , son régiment passe en Suisse. Suchet devient chef d'état-major de Brune, commandant de l'armée d'Helvétie, lors de la brève campagne d’Helvétie du au . La conduite du colonel Suchet lui vaut de nouveau l'honneur de porter à Paris 23 drapeaux pris à l'ennemi. Promu général de brigade le , il est employé peu de temps après, en qualité de chef d'état-major par intérim à l'armée d'Italie du au , en l'absence de Leclerc, puis comme chef d'état-major en titre le , sous les ordres du général Joubert, dont il est l'ami. Il est remplacé à ce poste par Montrichard le , tout en restant à l'armée d'Italie.

Le Piémont donnant alors des inquiétudes pour la retraite de l'armée, et Joubert ayant reçu ordre d'occuper ce pays à la fin de 1798, Suchet prépare cette expédition qui se termine sans combats. Il est nommé à l'armée d'Helvétie le , mais il ne rejoint pas son poste et est destitué le . Occupé à réorganiser l'armée, il se trouve en opposition avec le commissaire du Directoire, et cette lutte fait rendre contre lui un décret du gouvernement par lequel il est menacé d'être porté sur la liste des émigrés, s'il ne rentre pas en France sous trois jours. Il faut obéir, mais Joubert, mécontent du rappel de son ami, quitte brusquement le commandement et retourne dans sa famille. Dès son arrivée à Paris, le général Suchet parvient à se justifier, et est presque aussitôt employé comme chef d'état-major à l'armée de Mayence le .

Détaché dans les Grisons en tant que commandant de la 1re brigade de la 3e division à l'armée d'Helvétie le , et séparé de l'armée pendant dix jours, il défend les positions de Davos, Bergün, et Splügen. Trompant l'ennemi qui l'entoure, il rejoint l'armée par les sources du Rhin, vers le massif du Saint-Gothard, sans être entamé. C’est lui qui porte ensuite les drapeaux ennemis pris au Directoire. Désigné comme major général de l’armée d’Égypte, il doit se rendre à Paris pour se disculper des fausses accusations portées contre sa gestion sous Brune en Suisse et ne peut donc participer à la campagne.

Deuxième campagne d'Italie[modifier | modifier le code]

Il passe en Italie comme chef d'état-major sous Joubert, le successeur de Brune le . Après la campagne désastreuse de Schérer, vaincu à la bataille de Magnano le précédent, Joubert, ayant repris le commandement de l'armée d'Italie, le fait nommer le , général de division. Après la bataille de Novi le , où la France perd Joubert, Suchet continue ses fonctions sous Moreau ; puis devient commandant par intérim de l'armée d'Italie à la place de Championnet du au .

Après le 18 brumaire (), Napoléon Bonaparte charge Masséna du commandement de l'armée d'Italie et Suchet devient commandant de l'aile gauche de l'armée le . Coupé de l'armée de Masséna dès le , il se replie sur le Var. Le , il échoue dans son attaque à Monte San Giacomo ; il se replie à partir de Loano le 1er mai[2]. Du 17 au , il est commandant par intérim, en l'absence de Masséna, de l'armée d'Italie. Il reprend Gênes, le , quelques jours après Marengo (). Il commande le corps du centre à l'armée d'Italie le . Il devient gouverneur de Padoue en .

La campagne s'étant rouverte, en 1801, après six mois d'armistice, le général Suchet commande le centre de l'armée, composé de trois divisions fortes de 18 000 hommes. Au passage du Mincio, il secourt et dégage le général Dupont, et fait avec lui 4 000 prisonniers sur le général Bellegarde à la bataille de Pozzolo le . Après la paix de Lunéville le , il est nommé inspecteur général d'infanterie le . Il est bien connu du Premier Consul, car il a épousé en 1799 Honorine Anthoine de Saint-Joseph, fille de l'ainée des Clary et de Antoine-Ignace Anthoine, maire de Marseille.

Les premières campagnes de l'Empire[modifier

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