Parti républicain (États-Unis)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Parti républicain
(en) Republican Party
Image illustrative de l’article Parti républicain (États-Unis)
Logotype officiel.
Présentation
Président Michael Whatley (en)
Fondation (170 ans)
Fusion de Parti du sol libre
Parti de la liberté
Parti anti-Nebraska (en)
Parti nord-américain
Siège 310 First Street SE Washington, D.C. 20003
États-Unis
Fondateurs Alvan E. Bovay (en)[1]
Horace Greeley
Abraham Lincoln
Edwin D. Morgan
Henry Jarvis Raymond
Amos Tuck
Francis Preston Blair
Conseil d'administration Comité national républicain
Organisation étudiante Universitaires républicains (en)
Organisation de jeunesse Jeunes républicains (en)
Adolescents républicains (en)
Organisation féminine Fédération nationale des femmes républicaines (en)
Organisation ultramarine Républicains d'outre-mer (en)
Positionnement Droite[2],[3]
Idéologie Conservatisme[4]

Factions :
Centrisme[5]
Libertarianisme[6]
Néo-conservatisme[6]
Populisme de droite[7],[8]
Droite chrétienne[9],[10]
Paléo-conservatisme

Affiliation régionale Union démocrate d'Asie et du Pacifique[11]
Affiliation européenne Parti des conservateurs et réformistes européens (partenaire régional)[12]
Affiliation internationale Union démocrate internationale[13]
Adhérents 35 739 952 (2023)[14]
Couleurs Rouge (officieux)[a]
Site web gop.com
Présidents de groupe
Sénat Mitch McConnell
Chambre des représentants Steve Scalise
Représentation
Sénateurs
49  /  100
Représentants
221  /  435
Gouverneurs
26  /  50
Élus fédérés des chambres hautes
1110  /  1973
Élus fédérés des chambres basses
2948  /  5413
Gouverneurs territoriaux
0  /  5
Élus territoriaux des chambres hautes
12  /  97
Élus territoriaux des chambres basses
9  /  91
Symbole électoral du Parti républicain.

Le Parti républicain (en anglais : Republican Party, également surnommé Grand Old Party [en français : « Grand Vieux Parti »] et abrégé en GOP), est l'un des deux grands partis politiques américains contemporains[b]. Il est fondé le par des dissidents nordistes du Parti whig et du Parti démocrate, opposés à la loi Kansas-Nebraska et à l'expansion de l'esclavage mais aussi aux revendications souverainistes de plusieurs États du Sud. Élu en 1860, Abraham Lincoln a été le premier président républicain.

Supplantant le Parti whig moribond, le GOP devint le principal parti politique du pays alternant au pouvoir avec le Parti démocrate. Depuis sa fondation, le GOP est le parti qui a le plus exercé le pouvoir exécutif aux États-Unis, y compris sur une durée continue (1861-1885)[c].

Parti originellement attaché au libéralisme classique jusqu'à lutter contre l'esclavage avec Abraham Lincoln, l'idéologie du Parti républicain du XXIe siècle est le conservatisme : fiscal et social. Le GOP soutient la baisse des impôts, le capitalisme, le libre marché, les restrictions à l'immigration, l'augmentation des dépenses militaires, le droit au port d'armes, les restrictions à l'avortement, la déréglementation et les restrictions aux syndicats.

Longtemps considéré comme le parti des entrepreneurs et des grandes entreprises (réalignement de 1896), la base électorale du GOP a commencé à évoluer dans les années 1960 quand le parti a effectué une percée dans les États dixiecrat après l'adoption de la loi sur les droits civiques de 1964 et de la loi sur le droit de vote de 1965. Les catégories sociologiques dans lequel l'électorat du Parti républicain du XXIe siècle est majoritaire sont les Blancs, les hommes, les femmes blanches[16], les couples mariés, les chrétiens évangéliques, les résidents des zones rurales, les personnes appartenant à la génération silencieuse et à celle du baby-boom, les personnes à hauts revenus et les personnes sans diplôme universitaire[17],[18],[19].

Dans le référentiel bipartite classique de l’échiquier politique américain, le Parti républicain est classé au centre droit et de plus en plus souvent à droite, un virage entamé en 1912 et accentué dans les années 1980 (révolution conservatrice sous Ronald Reagan, révolution républicaine de 1994). Donald Trump, qui investit ses fonctions de président des États-Unis le , est le 20e et plus récent président issu du parti à ce jour[20]. Sous le mandat de celui-ci, le parti adopte un positionnement plus isolationniste en matière de politique extérieure[21],[22]. Au , le Parti républicain détient 49 sièges sur 100 au Sénat américain, 222 sièges sur 435 à la Chambre des représentants, une majorité des gouvernorats des États (26 sur 50), une majorité des chambres basses des États (28 législatures sur 49) et une majorité des chambres hautes (29 sur 50). Il est le parti dominant à la fois le gouvernorat et les deux chambres législatives dans 22 États fédérés sur 50. Six des neuf juges de la Cour suprême des États-Unis ont été nommés par des présidents républicains (George H. W. Bush, George W. Bush et Donald Trump).

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

Le Parti républicain est fondé en 1854 à Pittsburgh pour s'opposer à la loi Kansas-Nebraska, autorisant la pratique de l'esclavage au Kansas. Les activistes républicains y voient la preuve du pouvoir des propriétaires d'esclaves, conspirant pour s'emparer du pouvoir fédéral et étendre l'esclavage à tout le pays. Il s'agit pour ses fondateurs de proclamer les vertus républicaines comme l'opposition à l'aristocratie et à la corruption. Le programme du Parti républicain propose alors une vision progressiste et libérale d'une société industrielle et éduquée, fondée sur la liberté individuelle, la promotion sociale par l'effort et le mérite, une société où la loi du marché l'emporte sur toutes les formes d'asservissement économiques comme l'esclavage[23],[24].

Les premiers partisans du Parti républicain sont alors les whigs (libéraux) et les démocrates de Nouvelle-Angleterre et de la région des Grands Lacs comme les gouverneurs ou candidats au poste de gouverneurs comme Nathaniel Prentice Banks (Massachusetts), Hannibal Hamlin (Maine), Kinsley Bingham (Michigan), la majorité des membres du Parti du sol libre opposé à l'esclavage se rallièrent à ce nouveau parti.

C'est à Ripon, le , qu'eut lieu la première convention du Parti républicain. Le , à Jackson, les délégués républicains proclamèrent que le nouveau parti était opposé à l’extension de l’esclavage dans les nouveaux territoires et commencèrent à sélectionner des candidats pour les élections au Congrès. Le parti s’organisa rapidement dans tout le pays à l’exception du Sud esclavagiste où il ne comptait quasiment aucun partisan.

John Frémont, le premier candidat républicain à l'élection présidentielle en 1856.

Son moralisme et son puritanisme lui acquièrent rapidement le soutien des Yankees de Nouvelle-Angleterre, de New York et du Midwest, et plus précisément des presbytériens, des méthodistes, des quakers et des luthériens d’origine scandinave. A contrario, il échoue à emporter l’adhésion des catholiques, des épiscopaliens et des luthériens d’origine germanique.

En 1856, son premier candidat à l’élection présidentielle est John Frémont sur un programme proposant « une terre libre, la liberté du travail, la liberté d’expression et des hommes libres ». Frémont est battu avec 33 % des voix par le démocrate James Buchanan (45 %), tandis que le vieux Parti whig s’effondre avec seulement 22 % des voix pour son candidat, l’ancien président Millard Fillmore. Néanmoins, le Parti républicain remporte un incontestable succès immédiat puisqu’il s’impose en Nouvelle-Angleterre, à New York et dans les États de la région des grands lacs. Frémont n’obtient cependant presque aucun suffrage dans le sud et échoue face à un candidat démocrate soutenu par un parti rassemblé, unissant les ségrégationnistes du sud et les démocrates « conciliants » du Nord.

Élection d’Abraham Lincoln et guerre de Sécession[modifier | modifier le code]

Affiche de la campagne républicaine de 1860 (en français : « Abraham Lincoln pour président, Hannibal Hamlin pour vice-président »).

En 1860, le candidat du Parti républicain est Abraham Lincoln de l’Illinois. Le contexte de l'élection présidentielle est alors très différent de celui de 1856. L’unité démocrate a implosé et le parti présente deux candidats. L’un est un sudiste ségrégationniste, John Cabell Breckinridge, et l’autre un nordiste modéré, Stephen A. Douglas. C’est la chance du candidat républicain. Au soir des élections, Abraham Lincoln est en tête des candidats et par conséquent est élu président avec 39 % des voix alors que les démocrates divisés totalisaient ensemble 48 % des suffrages.

Abraham Lincoln, premier président des États-Unis émanant du Parti républicain.

L'arrivée au pouvoir d'un républicain « yankee » (nordiste) soutenu par les abolitionnistes déclenche le processus qui mène à la guerre de Sécession. Lincoln parvint brillamment à rassembler les courants de son parti autour de lui et à faire front pour défendre l'intégrité de l'Union. Il reçut également dans un premier temps le soutien des démocrates du nord, appelés alors démocrates de guerre tandis que les républicains-radicaux envisageaient déjà de sanctionner durement les sudistes à la fin de la guerre.

Quand Lincoln proclama que le but de guerre serait l'abolition de l'esclavage, une partie des démocrates le lâchèrent pour devenir des « démocrates de paix » alors que les partis républicains de chaque État de l'Union se rangeaient à la cause abolitionniste, à l'exception des républicains du Kentucky.

En 1862, alors que le pays est en pleine guerre civile, les républicains alliés aux démocrates de guerre remportèrent les élections de mi-mandat. Lincoln est à son tour réélu en 1864 mais est assassiné en par un partisan sudiste alors que la guerre vient de prendre fin avec la victoire des armées de l'Union.

Domination républicaine[modifier | modifier le code]

Après la victoire des armées du Nord en 1865, les républicains vont dominer la vie politique nationale jusqu'en 1932.

Ils imposent la reconstruction au Sud et privent brièvement de droit de vote les États sécessionnistes.

En 1864, le Congrès passe sous la domination des républicains-radicaux, résolus à se venger lourdement contre les États confédérés pour avoir brisé l’unité de l’Union et à leur imposer de très dures sanctions économiques.

Lincoln était méfiant envers les républicains-radicaux mais en choisissant Andrew Johnson comme vice-président, un sudiste-unioniste, il espérait freiner les appels à la vengeance.

Quand Johnson succède à Lincoln après l’assassinat de ce dernier, il rompt ses liens avec les radicaux et constitue une alliance des républicains et démocrates modérés afin de restituer aux sudistes leurs droits politiques. Cependant, lors des élections de 1866, les Radicaux remportent de nouveau la majorité des sièges au Congrès et imposent leur vision politique de la Reconstruction du Sud. Profitant de leur domination, ils tentent de destituer le président Johnson par la procédure d’impeachment mais échouent à une voix près.

Le président Ulysses S. Grant.

En 1868, Johnson est contraint de renoncer à solliciter un nouveau mandat et laisse la présidence à un républicain-radical, le général Ulysses S. Grant, chef victorieux de l’armée de l'Union. Les radicaux sont alors à leur zénith politique, contrôlant la Maison-Blanche, le Congrès, le Parti républicain et l’armée. Ils visent alors à construire un bastion républicain dans le sud des États-Unis, basé sur le vote des anciens esclaves devenus des hommes libres, des scalawags (natifs du Sud collaborant avec le nouveau pouvoir), des soldats de l'Union cantonnés dans le Sud, et des Carpetbaggers (immigrés économiques venant du Nord pour faire fortune dans le sud, voyageant avec un sac de voyage en toile à tapis). Dans ce but, les républicains du Sud s’organisent sous forme de ligues unionistes afin de mobiliser les électeurs et de combattre les anciens sécessionnistes dont certains s’organisent sous la bannière du Ku Klux Klan. Les premiers membres afro-américains du Congrès des États-Unis ont été élus sous l'étiquette Républicaine en . Il a fallu attendre 1934 pour que le Parti démocrate ait ses premiers candidats noirs.

Le président Grant soutint activement la politique des radicaux dans le Sud et la mise en place du 14e amendement sur le droit de vote et les droits civiques des hommes libres. Le vote de ces nouveaux électeurs (noirs, soldats de l'Union, Carpetbaggers) et la privation des droits civiques des anciens officiers et sous-officiers de l’armée confédérée et des partisans connus de la sécession permet la victoire de gouverneurs républicains.

Dès 1872 cependant, le Parti républicain connaît des dissensions internes alors que Grant est facilement réélu président contre Horace Greeley, un républicain dissident, soutenu par les libéraux du Parti républicain, menés par Carl Schurz, et les démocrates. Le Parti républicain, omnipotent qu’il est, est alors gangrené par la corruption alors qu’une opposition libérale interne s’active et demande la réconciliation avec les États du Sud, en commençant par mettre fin à la vengeance politique, en rappelant les soldats yankees dans leurs foyers et en rendant leurs droits civiques aux anciens confédérés.

En 1873, le pays connaît des problèmes économiques ce qui permet au Parti démocrate de réémerger politiquement et de gagner la Chambre des représentants, mettant fin à la domination des radicaux. Dans le Sud, des coalitions anti-républicaines (qui deviendront les « Dixiecrats ») parviennent progressivement à récupérer le contrôle des États, à mettre en fuite les Carpetbaggers, parfois avec violence, tout en réglant leurs comptes aux scalawags et en « dissuadant », par la peur, les anciens esclaves de profiter de leurs droits civiques.

Le président Rutherford B. Hayes.

En 1876, l’élection présidentielle met un terme définitif à la politique de Reconstruction. L'élection ayant été marquée dans certains États du Sud par la fraude et les intimidations en faveur des républicains, c’est une commission électorale bi-partisane qui proclame finalement vainqueur le candidat républicain Rutherford B. Hayes, minoritaire en voix, après que celui-ci eut promis de rapatrier au nord toutes les troupes fédérales et de rendre leur souveraineté aux trois derniers États sudistes encore sous contrôle fédéral. Ce faisant, démontrant l’échec de la politique des radicaux dans le Sud, Hayes donne aux démocrates un contrôle absolu sur cette région jusqu’en 1964, caractérisé également par l’abandon politique des anciens esclaves et la quasi-disparition du Parti républicain sur le territoire des anciens États confédérés.

En 1874, un dessin politique de Thomas Nast représentant le parti en éléphant fut repris pour symboliser le parti[25].

De 1877 à 1932, malgré son échec dans le Sud, le Parti républicain reste le parti dominant de la vie politique américaine. Il bénéficie de l’assimilation populaire des démocrates à la rébellion (guerre de Sécession), à la minorité catholique (les Irlandais catholiques dominent alors le Parti démocrate et dirigent de nombreuses grandes villes) et aux débits de boisson (les intérêts des débiteurs de boissons alcoolisées sont réputés proches des démocrates et non des puritains associés aux républicains).

Divisée entre une aile progressiste et une aile conservatrice, la ligne politique générale du Parti républicain est modérée tantôt libérale tantôt conservatrice, tantôt isolationniste, tantôt internationaliste. La croissance économique est son credo. Il se fait le défenseur de l’économie capitaliste, de l’industrialisation du pays et du développement de ses moyens de transport.

En 1884, il perd la présidence pour la première fois en 24 ans. Son candidat, James Blaine, perçu comme corrompu est battu par le démocrate Grover Cleveland.

En 1890, bien que proches des grands conglomérats et des grandes industries, le Parti républicain est l'initiateur des premières lois antitrust (Sherman Anti-Trust Act, Interstate Commerce Commission) afin de protéger les petits commerces et les agriculteurs.

Affiche de la campagne électorale républicaine de 1900 en faveur de William McKinley et Theodore Roosevelt.

À partir de 1896 et de l'élection de William McKinley, les républicains s'imposent pour de nombreuses années à la Maison-Blanche et au Congrès, en consolidant l'adhésion de la classe moyenne et des industriels. Le Parti républicain est alors tout à la fois progressiste, capitaliste et puritain. C’est le parti du business. Son emprise est aussi locale où des candidats issus de ses rangs dirigent de nombreuses grandes villes du nord (Détroit avec Hazen Pingree, New York avec Seth Low, Toledo avec Rule Jones…).

Au début du XXe siècle, le mouvement populiste, opposé à la politique économique des Républicains jugées défavorables aux États de l'Ouest, est absorbé par les démocrates. Au contraire, le mouvement progressiste, puissant au début du XXe siècle, qui réclame une moralisation de la vie publique et une meilleure prise en compte des aspirations de la population, inspire certains dirigeants républicains, comme le président Theodore Roosevelt. Dès son arrivée à la présidence en 1901, après l’assassinat de McKinley, il s'oppose aux grandes entreprises, aux trusts et réclame un pouvoir fédéral fort, capable de réglementer l’activité économique. Il proclame également que la prospérité doit être partagée et doit concerner toutes les races et toutes les religions.

En 1908, les premières élections des sénateurs au suffrage direct donnent une large majorité aux républicains (60 républicains contre 40 démocrates).

Résultats de l'élection présidentielle de 1912 : en vert les États remportés par Theodore Roosevelt, en rouge les États emportés par William Howard Taft et en bleu ceux remportés par le démocrate Woodrow Wilson.

En 1910, les républicains perdent le contrôle de la Chambre des représentants tandis qu’ils se divisent entre progressistes rooseveltiens et conservateurs. En 1912, Roosevelt rompt avec les républicains et se présente comme candidat pro