Requin dormeur cornu

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Heterodontus francisci

Requin dormeur cornu (Heterodontus francisci), ou requin-buffle, est une espèce de requins communs du Pacifique Nord-Est. C'est un requin benthique ou épibenthique qui vit sur les fonds marins entre la surface et 150 mètres de profondeur. Heterodontus californicus est un synonyme.

Description[modifier | modifier le code]

Le requin dormeur cornu, ou requin-buffle[1], vit dans le Pacifique est, de la Californie au Mexique et peut-être même jusqu'au Pérou, entre la surface et 150 mètres de profondeur[2]. Il peut atteindre 1,20 mètre de long[1],[3]. Comme tous les requins dormeurs il possède des épines sur ses nageoires dorsales et possède des nageoires anales[4]. La présence d'épine est un possible mécanisme de défense puisque Compagno note que des petits requins dormeurs cornus ont été vus se faire avaler par des anges de mer du Pacifique (squatina californica) et se faire recracher vivants[4].

Il est surtout reconnaissable par ses petites taches noires qui font moins d'un tiers du diamètre de l’œil[4]. L'origine de la première nageoire dorsale est au-delà de la base des nageoires pectorales[4].

Biologie et écologie[modifier | modifier le code]

Œuf d'Heterodontus francisci.
À l'aquarium du palais de la porte dorée

Ce requin est une espèce nocturne. Les individus sont matures sexuellement à partir de 59 cm et peuvent mesurer jusqu'à 120 cm[4].

Il a des dents molariformes dans toute la bouche et l'hypothèse actuelle est qu'il présente la dentition primitive des heterodontidae et qu'elle a ensuite évolué chez quelques espèces comme le requin de portjackson[5]. Son régime alimentaire qui nécessite de broyer des coquilles fait de lui un requin dont la force dans les mâchoires est grande[6].

Il a été montré que cette espèce change de profondeur en fonction de la température de l'eau[4]. Il est aussi dit que le requin dormeur cornu vit dans des eaux plus profondes en hiver[7].

Ce requin dormeur vit sur un petit territoire d'à peine 0,1 ha et tend à revenir dans le même dortoir tous les jours[4].

Les œufs ont un rebord fin et plat diagonal à l'axe de l’œuf et sans vrilles sur les sommets[4].

Le requin dormeur cornu mange des invertébrés benthiques comme les crabes qui représentent la majorité de ses proies, il mange aussi des petits poissons comme le Chromis punctipinnis et des Syngnathidae[4]. 40,58 % des proies de spécimens étudiés dans le lagon de San Ignacio au Mexique sont des Lucapinella milleri qui est une espèce de gastéropode, les autres proies majoritaires sont des bivalves pour 28,99 % et des callinectes bellicosus, une espèce de crabe, pour 20,29 %[8]. Il se nourrit aussi d'un type de vers les siponculides[8].

Le requin dormeur cornu est l'hôte de deux parasites, un cestode Acanthobothrium puertecitense[9] et un copépode Trebius heterodonti[10].

Distribution et habitat[modifier | modifier le code]

Le requin dormeur cornu vit dans les eaux chaudes tropicales et subtropicales[4]. On le trouve au large des côtes des États-Unis, du Mexique et probablement même jusqu'au Pérou[4]. Il remonte parfois jusqu'à la baie de San Francisco lors de remontées d'eau chaude dans cette région[4]. Il vit le plus souvent à des profondeurs comprise entre 2 et 11 m[4].

Le requin dormeur cornu vit sur des fonds rocheux, dans les forêts de Kelp, les fonds sablonneux entre les rochers et sur des fonds uniquement sablonneux[4]. Lorsqu'ils sont sur les fonds rocheux, ils colonisent souvent des crevasses profondes ou de petites grottes[4]. Les juvéniles s'abritent sur les fonds sablonneux souvent près d'algues, de rochers, de détritus et dans les trous excavés par les Myliobatis californica[4].

Le requin dormeur cornu et l'homme[modifier | modifier le code]

Le requin dormeur cornu possède un intérêt limité pour la pêche mais il constitue un prise accessoire dans les filets à crevette. Il est par contre prisé des plongeurs en chasse sportive et en joaillerie pour ses grandes épines[4].

Les plongeurs n'hésitent pas à harceler ces requins, voire à les attraper, il arrive alors que ces requins se retournent et mordent leurs assaillants[4].

Ils sont aussi souvent présentés en aquarium et se reproduisent en captivité[4].

De nombreuses études scientifiques ont été faites sur le requin dormeur cornu car c'est un requin primitif relativement abondant. Ces études portent entre autres sur le système immunitaire et le système nerveux[11],[12],[13],[14],[15].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Helmut Debelius et Rudie H. Kuiter, Atlas mondial des poissons marins, [détail des éditions], p. 18
  2. (en) S. Weigmann, « Annotated checklist of the living sharks, batoids and chimaeras (Chondrichthyes) of the world, with a focus on biogeographical diversity », Journal of Fish Biology, vol. 88, no 3,‎ , p. 837–1037 (ISSN 0022-1112, DOI 10.1111/jfb.12874, lire en ligne, consulté le )
  3. Ebert, David A.,, Compagno, Leonard J. V., et Dando, Marc,, Sharks of the world : a fully illustrated guide (ISBN 978-0-9573946-0-5 et 0957394608, OCLC 857867752, lire en ligne)
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Compagno, Leonard J. V., Sharks of the world : an annotated and illustrated catalogue of shark species known to date, Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2001- (ISBN 92-5-104543-7 et 9789251045435, OCLC 50209491, lire en ligne)
  5. (en) Wolf-Ernst Reif, « Morphogenesis, pattern formation and function of the dentition ofHeterodontus (Selachii) », Zoomorphologie, vol. 83, no 1,‎ , p. 1–47 (ISSN 0340-6725 et 1432-234X, DOI 10.1007/BF00995429, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Daniel R. Huber, Thomas G. Eason, Robert E. Hueter et Philip J. Motta, « Analysis of the bite force and mechanical design of the feeding mechanism of the durophagous horn shark Heterodontus francisci », Journal of Experimental Biology, vol. 208, no 18,‎ , p. 3553–3571 (ISSN 0022-0949 et 1477-9145, PMID 16155227, DOI 10.1242/jeb.01816, lire en ligne, consulté le )
  7. Michael, Scott W., Reef Sharks & Rays of the World., Prostar Pubns, , 107 p. (ISBN 978-1-57785-538-5 et 1577855388, OCLC 166386413, lire en ligne)
  8. a et b (en-US) J. C. Segura-Zarzosa, L. A. Abitia-Cardenas et F. Galvan-Magaña, « Observations On The Feeding Habits Of The Shark Heterodontus Francisci Girard 1854 (Chondrichthyes: Heterodontidae), In San Ignacio Lagoon, Baja California Sur, Mexico », Ciencias Marinas, vol. 23, no 1,‎ , p. 111–128 (ISSN 0185-3880, DOI 10.7773/cm.v23i1.771, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) J. N. Caira et Shawn D. Zahner, « Two new species of Acanthobothrium Beneden, 1849 (Tetraphyllidea: Onchobothriidae) from horn sharks in the Gulf of California, Mexico », Systematic Parasitology, vol. 50, no 3,‎ , p. 219–229 (ISSN 0165-5752 et 1573-5192, DOI 10.1023/A:1012241913722, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Gregory B. Deets et Masahiro Dojiri, « Three species of Trebius Krøyer, 1838 (Copepoda: Siphonostomatoida) parasitic on Pacific elasmobranchs », Systematic Parasitology, vol. 13, no 2,‎ , p. 81–101 (ISSN 0165-5752 et 1573-5192, DOI 10.1007/BF00015217, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Sherry L. Stuesse, David C. Stuesse et William L. R. Cruce, « Raphe nuclei in three cartilaginous fishes,Hydrolagus colliei,Heterodontus francisci, andSqualus acanthias », The Journal of Comparative Neurology, vol. 358, no 3,‎ , p. 414–427 (ISSN 0021-9967 et 1096-9861, DOI 10.1002/cne.903580308, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Sherry L. Stuesse, William L. R. Cruce et R. Glenn Northcutt, « Localization of serotonin, tyrosine hydroxylase, and leu-enkephalin immunoreactive cells in the brainstem of the horn shark,Heterodontus francisci », The Journal of Comparative Neurology, vol. 308, no 2,‎ , p. 277–292 (ISSN 0021-9967 et 1096-9861, DOI 10.1002/cne.903080211, lire en ligne, consulté le )
  13. N. A. Hawke, J. P. Rast et G. W. Litman, « Extensive diversity of transcribed TCR-beta in phylogenetically primitive vertebrate », Journal of Immunology (Baltimore, Md.: 1950), vol. 156, no 7,‎ , p. 2458–2464 (ISSN 0022-1767, PMID 8786305, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Adam P. Summers, Richard A. Ketcham et Timothy Rowe, « Structure and function of the horn shark (Heterodontus francisci) cranium through ontogeny: Development of a hard prey specialist », Journal of Morphology, vol. 260, no 1,‎ , p. 1–12 (ISSN 0362-2525 et 1097-4687, DOI 10.1002/jmor.10141, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Jonathan P. Rast, Michele K. Anderson, Ronda T. Litman et M. Margittai, « Immunoglobulin light chain class multiplicity and alternative organizational forms in early vertebrate phylogeny », Immunogenetics, vol. 40, no 2,‎ , p. 83–99 (ISSN 0093-7711 et 1432-1211, DOI 10.1007/BF00188170, lire en ligne, consulté le )

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