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Utilisateur:Leahcim Shiew/Brouillon

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Présentation générale : Comme l’article « Vérité » de l’encyclopédie en ligne Wikipédia ne contenait pas de partie consacrée à la valeur de la vérité, au sens de l’importance et de l’apport de sa possession, nous nous sommes donc proposés (Romain Brosy et moi-même) d’ajouter une section « 4. Valeur de la vérité ». Pour ce faire, nous avons tout d’abord rédigé un bref paragraphe afin d’introduire la notion de la valeur de la possession de la vérité en la distinguant de la valeur de la vérité elle-même et de la valeur de vérité d’un point de vue logique. Dans la sous-section « 4.1. Harry Frankfurt », je me suis alors chargé de rendre compte de la conception de la valeur de la possession de la vérité selon Frankfurt au sein de l’ouvrage On Truth (2006) parallèlement à Romain Brosy qui a effectué le même travail avec la sous-section « 4.2. Bernard Williams » en se référant à la conception de la valeur de la vérité de Williams présente dans l’ouvrage Vérité et véracité (2006). Avec ces deux premières contributions, la quatrième section ouvre ainsi la voie à d’autres sous-sections pour d’anciens et/ou de nouveaux wikipédistes concernant cet aspect de la vérité non traité jusqu’alors sur la page française « Vérité ».

Valeur de la vérité[modifier | modifier le code]

La valeur de la vérité, au sens de l’importance et de l’apport de sa possession, est à distinguer de deux autres notions. Premièrement, la valeur de la possession de la vérité se distingue de la valeur de la vérité elle-même, soit de la valeur intrinsèque de la vérité. Deuxièmement, la valeur de la possession de la vérité se distingue de la valeur de vérité d’un point de vue logique, comme les valeurs de vérités vrai/faux de la logique bivalente.

Harry Frankfurt[modifier | modifier le code]

Pour Harry Frankfurt[1],la possession de la vérité, entendue comme adéquation entre une proposition et la réalité, bénéficie d’une valeur pratique au niveau de l'individu, de la société et des relations entre les individus – que l’erreur, le mensonge et l’ignorance auxquels s’opposent la vérité n’ont pas[2].

La possession de la vérité a tout d’abord une valeur pratique au niveau de l'individu dans la mesure où elle lui permet de vivre, et même de survivre (chapitre II). En effet, l’individu a par exemple besoin de connaître la vérité à propos de ce qu’il peut manger et ne pas manger (afin de ne pas ingérer d’aliments toxiques pour lui), tout comme la manière dont il doit se vêtir (afin de pouvoir supporter les basses températures), etc. En relevant que la vérité et la fausseté fixent la survie-même de l’individu, Frankfurt montre alors qu’elles détermineront également la réussite et l’échec de tout ce qu’un individu pourra entreprendre dans la vie.

La possession de la vérité a ensuite une valeur pratique au niveau de la société dans la mesure où elle lui permet d’apparaître et de prospérer (chapitre I). En effet, lors de la construction d’un pont, un ingénieur a par exemple besoin de connaître la vérité à propos des propriétés des matériaux utilisés (pour que le pont ne s’effondre pas sous la pression), tout comme un médecin a besoin de connaître les effets d’un traitement face à une blessure (afin que la plaie ne s’infecte pas et puisse cicatriser), etc. Des sciences naturelles à la conduite des affaires publiques, Frankfurt montre ainsi qu’une société ne pourra fleurir et se maintenir qu’à condition d’accorder une importance suffisante aux faits.

La possession de la vérité a enfin une valeur pratique au niveau de la relation entre les individus dans la mesure où elle leur permet d’échanger à partir d’une base commune (chapitre VII). En étant la seule véritable référence, la réalité permet en effet aux individus – lorsqu’elle est connue – de partager leurs expériences en les renvoyant au même objet. Inversement, un individu amené à croire en un mensonge se retrouve alors isolé dans un monde que les autres ne peuvent ni voir ni toucher, et qu’ils n’ont aucun moyen de rejoindre. Frankfurt montre ainsi qu’en rendant possible le lien entre les individus, la vérité et la valeur de sa possession se retrouvent jusque dans la condition de possibilité des relations individuelles[3].

Bernard Williams[modifier | modifier le code]

Partant d’un État de nature fictionnel, Bernard Williams postule que la valeur de la vérité réside dans son importance pour toute interaction humaine fructueuse. La vérité a une valeur instrumentale car elle permet l'instauration de la confiance. Dans son étude de généalogie[4], Williams préfère parler de véracité plutôt que de vérité. En effet, seule la seconde notion peut avoir une histoire au contraire de la première qui reste un concept sémantique. Par contraste, il y a différentes façons d’être véridique, de dire la vérité. Pour Williams, la vérité reste une notion métaphysique et épistémologique à propos de laquelle nous ne pouvons dire que peu de chose alors que la véracité révèle la richesse morale de la vérité[5]. Clancy W. Martin résume l’argument de Williams ainsi : « (a) nous ne pouvons pas nous entendre sans confiance (l’épanouissement humain crée un “besoin de coopération”), (b) mais la confiance requiert la véracité, et (c) la véracité présuppose qu’il y ait au moins quelques vérités »[6].

La véracité possède pour Williams deux vertus cardinales, deux qualités humaines « qui se manifestent dans le désir de connaître la vérité, dans sa découverte, dans la communication qu’ils [les humains] en font à autrui »[7]. Il s’agit de l’exactitude et de la sincérité. La première se manifeste dans l’effort d’objectivité et d’honnêteté que déploient les gens lorsqu’ils cherchent à établir le vrai et le faux et la seconde dans l’effort fourni pour communiquer ce qu’ils pensent vrai ou faux. Pour le dire autrement, les individus sincères cherchent à être des locuteurs dignes de confiance qui ne trompent pas.

L’État de Nature fictionnel de Williams nous aide à comprendre comment certaines dispositions humaines ont pu émergées en tant que valeurs. Les humains partagent un langage commun et s’en servent pour communiquer notamment ce qu’ils savent ou croient savoir — et donc ce qu’ils pensent être vrai, car selon Williams personne ne peut croire une proposition tout en la croyant fausse. Ainsi se forme un ensemble d’information auquel chacun contribue et auquel chacun a accès, ce qui pousse les humains à faire preuve de véracité. Et donc à donner une valeur ne serait-ce qu'instrumentale à la vérité.

Pour Williams, la vérité a également une valeur intrinsèque, sans quoi les vertus qui lui sont relatives ne pourraient être maintenues au sein de la communauté — chacun ayant la possibilité de tricher selon ses intérêts. La communauté a donc également besoin de donner à la vérité une valeur intrinsèque.

  1. (en) « Stanford Encyclopedia of Philosophy » (consulté le )
  2. Harry Frankfurt, On Truth, New York, Knopf, (ISBN 978-0307264220)
  3. (en) Alison McCulloch, « On Truth By Harry G. Frankfurt - Books - Review », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  4. Jean Lelaidier et Bernard Traduction de : Williams, Vérité et véracité : essai de généalogie, (ISBN 2-07-073507-9 et 978-2-07-073507-5, OCLC 300941606, lire en ligne)
  5. C. G. Prado, Foucault's legacy, Continuum, (ISBN 978-1-4411-6484-1, 1-4411-6484-7 et 978-1-4411-3081-5, OCLC 676697600, lire en ligne), p. 90-99
  6. (en) Bernard Williams, « Truth and Truthfulness: An Essay in Genealogy », sur Notre Dame Philosophical Reviews (consulté le )
  7. Jean Lelaidier et Bernard Traduction de : Williams, Vérité et véracité : essai de généalogie, (ISBN 2-07-073507-9 et 978-2-07-073507-5, OCLC 300941606, lire en ligne), p.20