Le costume Picard

Nous disposons de peu de sources pour présenter le costume Picard.

Le paysan semble avoir d’abord porté le bonnet de laine ou de coton dont la pointe lui retombait sur l’épaule ; il fut remplacé ensuite par la casquette. Le dimanche, l’homme mettait « sin capieu », feutre mou. Sur le dos, il portait une « rouillère », sorte de blouse large, en toile, généralement bleue et aux pieds, des sabots, galoches ou de gros souliers ferrés.

costume picard homme

Le Franc Marché de Beauvais

L'homme porte la casquette, la blouse et les sabots traditionnels

L’homme porte la casquette, la blouse et les sabots traditionnels

Les femmes avaient plusieurs modes de coiffure : « la calipette », sorte de bonnet, de capuchon très simple ; « la capeline », de l’hortillonne ou de l’ouvrière des champs, bonnet prolongé sur le devant par une visière qui encadrait le visage, maintenue rigide par des moyens divers : lattis de bois, baleines, morceaux de carton ; « la marmotte », simple mouchoir à carreaux, de grande taille que l’on nouait derrière la nuque ou sous le menton ; « l’ahotoir » sorte de grand châle recouvrant la tête et descendant à hauteur de poitrine.

Elles portaient aussi, la plupart du temps, « un caraco », chemisier ample et boutonné haut et « un cotron », ample jupe de serge gonflée par des jupons, possédant une poche intérieure où l’on pouvait mettre quelques sous mais plutôt un morceau de pain lorsqu’on allait aux champs. Un grand tablier complétait l’habillement.

Le dimanche, les femmes s’habillaient souvent de noir ou d’étoffes sombres à motifs fondus ; elles portaient des coiffes blanches très simples, ornées ou non de dentelles, selon leur fortune. Les jeunes filles, en revanche, n’hésitaient pas à revêtir des effets de couleurs vives.

Costume picard féminin

Costume picard féminin

Un mois, une oeuvre – Mille ans de costume français

Mille ans de costume français est un livre consacré à l’évolution du costume français de 950 à 1950. Il a été rédigé par une dizaine d’auteurs du musée des Arts et Traditions populaires et du musée de la Mode sous la direction de Jean Cuisenier

Ce livre a été publié en tirages limités en 1991 par l’éditeur Gérard Klopp, spécialisé dans l’édition de beaux livres. Sa valeur actuelle est de 145€ environ.

Mille ans de costume français

Mille ans de costume français

Les caractéristiques physiques notables de ce document sont:

– son coffret aux initiales de l’éditeur

– sa reliure pleine toile avec des dorures à chaud

– les illustrations collées à la main

– le papier bleuté fabriqué à la cuve. C’est la manière traditionnelle de fabriquer le papier : la matière première (chiffons de chanvre ou bois) est plongée et brassée dans une cuve pleine d’eau jusqu’à ce qu’elle forme une pâte. Plus la pâte est diluée, plus le papier est léger (grammage). Ensuite, la pâte est récupérée et égouttée à l’aide d’un tamis. La pâte forme alors une feuille du format du tamis. On empile une feuille trempée, un feutre, une feuille, un feutre.. Et on presse pour bien égoutter. On retire les feutres et on récupère les feuilles de papier qui sont mises à sécher. Les opérations de pressage et séchage se répètent plusieurs fois. En dernier lieu, on encolle la feuille pour l’imperméabiliser. Sans colle, la feuille serait un buvard.

Un tamis est plongé dans la cuve de pâte à papier

Un tamis est plongé dans la cuve de pâte à papier

La différence entre le vêtement et le costume

Vêtement est un terme assez neutre. Sa fonction est utilitaire : couvrir le corps, le protéger et le cacher (pudeur). Ces fonctions sont illustrées par le mythe d’Adam et Ève :

– protection : avant de les chasser du jardin d’Eden, Dieu les couvre d’une peau de bête pour les protéger du froid, des ronces, de la dureté du sol…

– pudeur : Adam et Ève cachent leur nudité, devenue honteuse après la chute, avec des feuilles de figuier.

Jusqu’au 19ème siècle, les nudités en peinture n’étaient justifiées que dans la peinture religieuse ou de mythologie ou les allégories.

Adam et Eve, Cranach

Adam et Eve, Cranach

Le costume révèle l’identité et la condition de celui qui le porte, son appartenance culturelle, son statut social, sa fonction (ex : militaires ou religieux), voire ses positions politiques (ex : les sans-culottes).

Exemples de la symbolique attaché au costume : on dégrade un militaire en lui arrachant ses galons et en lui retirant sa veste d’uniforme, on conduit un condamné à l’échafaud en chemise et non pas en habit…

Il est aussi important de rappeler que l’évolution du costume suit les progrès technologiques (invention du rouet, du métier à tisser…), les mutation sociales et l’évolution des échanges commerciaux (ex : soie)

Le costume au Moyen-Age

Avant le XIVème siècle, le vêtement est peu différencié entre hommes et femmes : tunique resserrée à la taille par une ceinture. Seule la longueur varie entre homme et femme.

Au XIVème siècle, le vêtement devient ajusté. Cette nouveauté serait liée aux évolutions de l’armure. Les vêtements doivent être ajustés pour pouvoir être portés en dessous de celle-ci.

Autre nouveauté : le vêtement se divise en deux : un haut (pourpoint pour les hommes et corsage pour les femmes) et un bas (chausses pour les hommes et jupe pour les femmes).


Artisan portant chausses et pourpoint

Artisan portant chausses et pourpoint

Les chausses remontent jusqu’en haut des cuisses où elles sont attachées aux braies, sortes de caleçon de l’époque. Le pourpoint est très court. Une citation de 1346 en témoigne avec humour : « Les hommes avaient des robes si courtes qu’elles ne leur venaient que aux fesses et quand ils se baissaient ils montraient leurs braies et ce qui étaient dedans à ceux qui étaient derrière eux ».
Il arrive parfois que l’artisan décroche ses chausses pour gagner en liberté de mouvement.  Sa tenue de travail est souvent complétée d’un tablier : le costume s’adapte aux tâches réalisée. Pour les mineurs et les forgerons, le tablier est souvent en cuir.

Sous le pourpoint ou le corsage, on porte une chemise à même le corps. Elle dépasse un peu. Cela sera à l’origine des manches et des cols de chemises.

Au Moyen-Age, les classes populaires possèdent très peu de vêtements. L’achat d’un vêtement est un investissement (le vêtement peut être revendu ou mis en gage). On achète facilement d’occasion.

Les lois somptuaires

Au XIVème siècle, apparaissent en Italie, puis en France, les « lois somptuaires » : elles réglementent l’usage vestimentaire en fonction de la hiérarchie sociale (qualité des teintures, usage de métaux précieux, de la fourrure, de la soie, motifs spécifiques…)

Quelques exemples :

– le bleu est la couleur de la maison royale, le rouge est réservé aux princes

– le velours, la soie et les garnitures d’or sont réservés à la noblesse

La femme de Charles IX porte un costume richement orné qui traduit sa condition royale

La femme de Charles IX porte un costume richement orné qui traduit sa condition royale : dentelles pour la fraise et les manches, pierres précieuses, corsage avec or et argent…

La tenue de sacre de Louis XV comporte de la fourrure précieuse (hermine), des fleurs de lys sur fond bleu. Il tient les attributs royaux : le sceptre et l'épée réservée à la noblesse.

La tenue de sacre de Louis XV comporte de la fourrure précieuse (hermine), des fleurs de lys sur fond bleu. Il tient les attributs royaux : le sceptre et l’épée réservée à la noblesse.

A l’inverse, la bourgeoisie, contrainte par les lois somptuaires, adopte un code plus austère avec la dominance du noir, apparition de la notion d’élégance.

Renaissance

L’Ancien Régime

Sous l’Ancien Régime, les nobles se distinguent par le port de l’habit à la française, de la perruque poudrée, des broderies et des dentelles, de l’épée et des talons rouges.

Seule une ordonnance royale autorisait l'utilisation du bleu dans les vêtements. Cela nous renseigne sur le haut rang occupé par ce personnage.

Seule une ordonnance royale autorisait l’utilisation du bleu dans les vêtements. Cela nous indique que ce personnage occupait un haut rang.

Sous l’Ancien Régime, et jusqu’au début du 19ème, la culotte est un vêtement d’homme des classes aisées. Elle descend alors jusqu’aux genoux, et se porte avec des bas. Les révolutionnaires opteront symboliquement pour des pantalons à rayures.

Aristocrate en culotte

Aristocrate en culotte

Le sans-culotte porte un pantalon à rayures.

Le sans-culotte porte un pantalon à rayures.

Les Incroyables et Merveilleuses

Les Incroyables et Merveilleuses sont un courant de mode caractérisé par ses extravagances, en réaction à la sombre tristesse qu’avait répandue la Terreur.

Caractéristiques du costume d’incroyable :

– redingote vert bouteille ou « couleur crottin » étriquée aux basques carrées

– Large col en châle

– Monocle (dans sa poche sur l’illustration de la page 216)

– bas tire-bouchonnés et chaussures pointues

– énorme cravate

Les Merveilleuses, elles, s’inspirent de l’Antiquité. Elles s’exposèrent dans des robes très légères, transparentes, qui scandalisèrent le public.

Incroyable et Merveilleuse

Incroyable et Merveilleuse

Incroyables et Merveilleuses se signalaient également par leur manière de prononcer les mots : la lettre « r » ayant encouru leur disgrâce pour constituer la première lettre du mot « Révolution », ils refusaient de la prononcer : si on leur racontait quelque chose qui les étonnait, ils s’écriaient : « Ma pa’ole d’honneu’ ! C’est inc’oyable ! », habitude qui leur fit donner dans la société, le nom d’« Incroyables ».

L’évolution de la silhouette féminine

Dans les années 1760, la robe à l’anglaise occupe une place prépondérante dans la vie quotidienne, tandis que la robe à la française devient une robe de cérémonie portée à la cour. Elles se distinguent par leur dos :

Robe à la française

Robe à la française

Robe à l'anglaise
Robe à l’anglaise

Dans les deux cas, le devant est ajusté grâce au corps à baleine et la jupe s’étale sur des paniers.

Structure d'une robe à paniers

Structure d’une robe à paniers

Au XVIIIème, la ligne de taille s’installe sous la poitrine et paniers, baleines et corsets disparaissent. Cette mode mélange retour à l’antique et attirance romantique vers la nature sans artifice.

Robe empire

Robe empire

Sous le second empire, la robe à crinolines se fait très large : il faut un métrage considérable de tissu pour recouvrir la structure, parfois jusqu’à 40 mètres de soie.

On fait un bond dans le temps : dans les années 20, la robe prend l’aspect d’un tube avec une ceinture placée au plus bas sur les hanches, les cheveux sont coupés courts en forme de casque pour supporter un chapeau cloche, enfoncé jusqu’aux yeux.

Robes des années 20

Robes des années 20

Le XIXème et le XXème siècles

Au XIXème siècle, la mode masculine s’oriente vers le dandysme dont quelques hommes de lettres ont été les représentants célèbres : Oscar Wilde, Huysmans, Villiers de l’Isle Adam, Baudelaire…

Avec l’industrialisation, la distinction col blanc/col bleu apparaît.

Vers les années 1910, la confection se distingue de la haute couture. Coco Chanel libèrera les femmes du corset et inventera le tailleur pour les femmes qui travaillent. La préoccupation se porte sur la jeunesse et les femmes actives.

Tailleur Chanel

Tailleur Chanel

Un mois, une oeuvre – Mille ans de costume français

Braies, chausses, robes à l’anglaise ou à la française, culottes, perruques, crinolines, jabots, redingotes et tailleurs…  A chaque siècle, événements historiques, avancées technologiques et échanges commerciaux façonnent la mode et les codes vestimentaires.

Une heure pour découvrir les évolutions du costume français du Moyen-Age à 1960.

Affiche 1000 ans de costumes - copie