Les Pays-Bas vont participer aux frappes aériennes de la coalition internationale contre Daech en Syrie, rapporte NRC Handelsblad. Une grande majorité de la Chambre basse du Parlement néerlandais a voté en faveur des frappes le 10 février, avec 122 votes contre 22. “‘Nos’ [avions de combat] F16 pourront donc effectuer des bombardements en Syrie en plus de l’Irak.”

Le journal précise que, “si le gouvernement – une coalition de conservateurs et de travaillistes – n’a pas besoin d’avoir l’autorisation de la Chambre basse pour des missions militaires, la tradition veut que l’exécutif ne décide ce type de mission que quand le Parlement le soutient. Et, cette fois-ci, le soutien était étonnamment important.”

Le Parti travailliste a changé d’avis

En effet, seul le Parti socialiste SP (15 sièges), les verts de GroenLinks (4 sièges), le Parti pour les animaux (2 sièges) et le Groupe Kuzu/Özturk (2 sièges) ont voté contre. Le Parti travailliste de Diederik Samsom, longtemps opposé aux frappes, a finalement voté en leur faveur, ce qui a permis de dégager une majorité, note le quotidien.

Ce sont les négociations pour la paix qui ont débuté à Genève le 29 janvier dernier qui ont fait changer d’avis le Parti travailliste. Celui-ci avait longtemps refusé de soutenir les frappes en Syrie à cause d’une absence d’un mandat de l’ONU et du manque de perspective d’une solution politique au conflit syrien.

Cité par NRC Handelsblad, le député travailliste Michiel Servaes a fait part de son optimisme : “C’est un moment crucial. Cette semaine, des discussions ont débuté entre l’opposition et le régime d’Al-Assad, visant au départ d’Al-Assad. Ce type de discussions n’a pas eu lieu depuis deux ans.”

Des négociations “au point mort”

Cependant, ces discussions sont “totalement au point mort”, rappelle l’hebdomadaire conservateur Elsevier. Les pourparlers pour la paix organisés par l’ONU à Genève ont été suspendus quelques jours seulement après leur démarrage. Ils doivent reprendre officiellement le 25 février. Aussi, les Verts et les socialistes ont-ils reproché au Parti travailliste d’avoir “tourné [casaque]”, note le journal.

“Je ne comprends pas l’enthousiasme de nos députés quant au fait de bombarder Daech en Syrie”, a commenté le chroniqueur Bert Wagendorp le quotidien de centre-gauche De Volkskrant :

Quelles nouvelles situations pensent-ils créer [avec ces bombardements] ? Sont-ils bien conscients du jeu d’échecs apocalyptique que nous sommes en train de jouer et qui sont nos adversaires ?

Dans une autre chronique du même journal, Arnon Grunberg se demande “si ces bombardements auront bien un impact militaire réel”. L’écrivain néerlandais prévoit que, même si ces frappes seront peut-être juste “symboliques et inutiles”, une chose est sûre : “Elles feront augmenter le nombre de réfugiés fuyant la Syrie.”