La question de savoir qui a pris la décision d'avoir recours à l'arbitrage dans le litige opposant Bernard Tapie et le Crédit lyonnais est revenue sur le devant de la scène, jeudi 30 mai, au lendemain de la mise en examen pour escroquerie en bande organisée de Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal arbitral qui avait décidé d'octroyer 403 millions d'euros à M. Tapie.
Jean-François Rocchi, l'ancien président du Consortium de réalisation (CDR), la structure créée en 1995 pour gérer le passif du Crédit lyonnais après sa quasi-faillite et qui a dû verser l'argent, a été mis en cause plus tôt dans la journée, par le président-directeur général d'Orange, Stéphane Richard, qui l'avait désigné pour lui-même se décharger d'avoir mis en cause Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'économie.
BORLOO : "LAISSONS FAIRE LA JUSTICE"
Une partie en trois bandes qui a commencé sur la station de radio RTL dans la matinée. Le président de l'Union des démocrates et indépendants y était interrogé sur de prétendues déclarations de M. Richard, à l'époque son directeur de cabinet au ministère de l'économie, qui aurait affirmé qu'une de ses premières décisions en tant que ministre aurait été d'aller vers l'arbitrage.
"C'est faux", a simplement répliqué M. Borloo. Comme on lui demandait si une remise en cause de l'arbitrage lui semblait opportune, il a objecté : "Je n'ai pas de commentaire à faire sur un dossier que je n'ai même jamais lu. Voilà !", tranchant le débat d'un :
Voulant se décharger d'avoir mis en cause Jean-Louis Borloo, Stéphane Richard fait alors entrer Jean-François Rocchi en scène. "Je n'ai jamais dit publiquement que c'était M. Borloo qui avait décidé de l'arbitrage, on essaye de dresser les uns contre les autres et de créer une polémique", a déclaré M. Richard.
Selon lui, la proposition d'arbitrage avait été envisagée avant l'élection présidentielle de 2007 et transmise au ministre de l'économie de l'époque, Thierry Breton, qui avait préféré ne pas trancher avant l'élection. "On a retrouvé ce dossier en 2007", après l'élection présidentielle, "M. Rocchi est venu me voir à Bercy", a précisé M. Richard. "Mon rôle a été celui d'interlocuteur. C'est le président du CDR qui a mené l'intégralité du dossier", a-t-il ajouté. Et d'enfoncer le clou :"La proposition d'arbitrage est venue du président du CDR", Jean-François Rocchi.
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Jean-François Rocchi, qui a été président du CDR de 2007 à avril 2013, a bien mis en œuvre l'arbitrage. Mais il refuse d'endosser seul la responsabilité de ce recours, affirmant qu'il avait "simplement mis à l'étude" cette option, à la demande de Stéphane Richard. "Comme il le déclarait à l'époque, la proposition faite au début de 2007 par les liquidateurs [qui suggéraient un arbitrage]". "Alors que je lui exposais les grands dossiers de l'établissement lors de ma prise de contact avec lui, naturelle après sa prise de fonction", explique-t-il. "Je n'ai donc pas pas 'proposé' d'arbitrage", insiste-t-il.
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