« Valérie Pécresse ne connaît pas Rosa Parks ! » : Angela Davis raille le changement de nom du lycée de Saint-Denis

Elle était la dernière personne concernée par cette polémique à n’avoir pas donné son avis sur la question. Invitée ce lundi matin dans le 7/10 de France Inter, la militante américaine des droits civiques Angela Davis, 79 ans, a répondu à la controverse qui a agité durant plusieurs mois le lycée polyvalent Plaine-Commune, à Saint-Denis.

Le 5 juillet dernier, la commission permanente du conseil régional d’Île-de-France, la collectivité en charge des lycées, a décidé de nommer cet établissement « Rosa Parks », en l’honneur de la célèbre militante des droits civiques décédée en 2005. Or, l’établissement portait depuis cinq ans le nom officieux de « Angela Davis », sans que personne ne trouve à y redire jusqu’en mars dernier.

Un élu de la majorité dirigée par Valérie Pécresse (Libres !) avait alors demandé que l’établissement soit nommé « Rosa Parks », jugeant la personnalité d’Angela Davis trop clivante, lui reprochant notamment d’avoir accusé l’État français de « racisme systémique ».

« Une histoire très longue de militantisme radical »

En septembre, l’équipe éducative du lycée avait lancé une pétition pour réclamer le maintien du nom « Angela Davis », voté en conseil d’administration. Interviewée ce lundi matin par Sonia Devillers, Angela Davis a déclaré que Rosa Parks était une personne qu’elle avait toujours « admirée ».

« Pourquoi Rosa Parks convient à la droite française et pourquoi Angela Davis ne convient pas à la droite française ? », l’a alors questionné la journaliste. « C’est parce que la droite ne sait pas qui est Rosa Parks, a ironisé l’ancienne membre du groupe Black Panther Party. Elle était une femme qui organisait des mouvements, cheffe des troupes, travaillait avec des gens associés à des causes de gauche. Elle a remis en question la violence de genre à son époque. Beaucoup de gens la réduisent à cette image de la femme qui a refusé de céder sa place dans un bus, alors que c’était une personnalité beaucoup plus complexe, avec une histoire très longue de militantisme radical. Mais la plupart des gens sont ignorants de ce fait, malheureusement. » Et Angela Davis de conclure en riant : « Valérie Pécresse ne connaît pas Rosa Parks ! ».

En avril 2023, alors qu’il était encore ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, spécialiste de l’histoire des minorités aux États-Unis, avait lui même indiqué dans une lettre adressée à Valérie Pécresse : « l’opposition que vous suggérez entre Rosa Parks et Angela Davis est trop simple : les historiens ont montré depuis longtemps les liens profonds entre les différents courants de l’histoire politique noire américaine ».

L’ex-ministre concluait que personne n’était « obligé de partager tous les points de vue » d’Angela Davis, mais que son nom pouvait « cependant figurer sur les frontons » des écoles. Il ne lui paraissait donc pas « opportun » de changer le nom de cet établissement ouvert en 2017.