This NASA image obtained September 3, 2014 shows what NASA astronaut Reid Wiseman tweeted in this photo from the International Space Station on September 2, 2014.

En évaluant les différents dangers qui pèsent sur l'humanité, Antoine Buéno montre dans son exercice de futurologie à quel point le chemin est étroit, et que notre espèce n'a aucune certitude d'y arriver, surtout face à l'urgence climatique.

AFP/NASA/HANDOUT

L'apocalypse écologique serait-elle inéluctable ? L'idée gagne les esprits. De Pablo Servigne et Raphaël Stevens à Yves Cochet, on ne compte plus les livres catastrophistes. Selon une étude internationale menée par l'Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès en 2020, 65% des Français, 56% des Britanniques et 52% des Américains croient que "la civilisation telle que nous la connaissons actuellement va s'effondrer dans les années à venir".

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Auteur notamment de Futur, notre avenir de A à Z et conseiller au Sénat où il suit les travaux de la commission du développement durable, Antoine Buéno se situe à mi-chemin entre collapsologues et techno-optimistes. Dans L'effondrement du monde n'aura probablement pas lieu (Flammarion), le prospectiviste examine les scénarios possibles d'une catastrophe : réchauffement climatique, raréfaction des ressources, crise alimentaire, stress hydrique... Il le fait sans déni ni militantisme. "Il faut sortir de l'idéologie et du manichéisme. D'un côté, vous avez des collapsologues et survivalistes pour qui l'effondrement relève presque d'une profession de foi. De l'autre côté, des personnes qui poussent des hurlements dès qu'on prononce même le mot d'"effondrement", que ce soient des transhumanistes croyant en la technologie, ou des libéraux plus portés sur les forces du marché, et qu'on peut rassembler sous le label de "néo-positivistes" ", explique-t-il.

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D'emblée, Antoine Buéno écarte la décroissance comme solution pérenne face à la crise environnementale. Rappelant que la croissance économique a été le meilleur outil pour augmenter le niveau de vie de l'humanité, il estime que décroître volontairement n'est pas une option crédible sur le plan économique. "Concrètement, si un pays comme la France optait pour la décroissance, cela voudrait dire qu'elle n'aurait plus de moyens de financement ou de raisons d'entreprendre et d'investir. Il y aurait une fuite immédiate des capitaux, ce qui aboutirait à l'autarcie et à une catastrophe sociale. Les décroissants nous expliquent qu'on peut s'appuyer sur la redistribution. Mais moins on produit de richesses, moins on peut redistribuer."

Reste donc le pari inverse, celui d'une croissance durable. En évaluant les différents dangers qui pèsent sur l'humanité, Antoine Buéno montre dans son exercice de futurologie à quel point le chemin est étroit, et que notre espèce n'a aucune certitude d'y arriver, surtout face à l'urgence climatique. Mais pour L'Express, il donne dix raisons de garder espoir.

1) L'effondrement a très peu d'antécédents historiques

"Le rapport Meadows définit l'effondrement comme 'un déclin non contrôlé de la population et du bien-être humain'. Pour faire simple, l'effondrement, ce serait un arrêt brutal du système industriel, avec pour conséquence des milliards de morts. Ce schéma de pensée nous provient des sciences naturelles, c'est-à-dire de l'observation des animaux. Mais si on regarde l'histoire humaine, on s'aperçoit que les humains ne sont pas des criquets. On ne trouve quasiment pas d'exemples de sociétés humaines ayant péri pour ne pas avoir su gérer le capital naturel qui était à leur disposition. Il a fallu le livre révolutionnaire de Jared Diamond, Effondrement, pour recenser quelques cas de civilisations s'étant effondrées pour cause environnementale. L'exemple le plus célèbre est celui de l'île de Pâques. Mais ces effondrements sont marginaux sur le plan historique. La plupart des sociétés ne se sont pas effondrées, mais ont été détruites par des invasions, des guerres ou des catastrophes naturelles. L'effondrement ne relève que d'une dynamique interne, alors que dans l'immense majorité des cas, causes internes et externes se mélangent. Prenons l'exemple le plus fameux, celui de Rome. Les historiens continuent de s'écharper pour savoir si sa chute est davantage imputable à la pression exercée sur ses frontières par les peuples barbares ou à son délitement spirituel, politique et économique interne..."

2) Notre société mondialisée s'avère très résiliente

"Dans L'effondrement des sociétés complexes (1988), l'anthropologue Joseph Tainter explique que les civilisations s'effondrent en raison de leur complexité. Selon lui, les sociétés, en se développant, doivent se complexifier, ce qui leur apporte des bénéfices jusqu'à un certain point, selon la loi des rendements marginaux décroissants. C'est à ce moment-là qu'elles sont prêtes à s'effondrer. L'ironie, c'est que Tainter écrivait en 1988 que "les deux premières puissances mondiales ont une force économique suffisante pour financer les rendements décroissants jusque loin dans le futur". Le père de la théorie de l'effondrement par la complexité n'a donc pas vu venir l'effondrement de l'URSS.

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Surtout, on peut observer que l'économie mondiale, un système complexe, a démontré une résistance colossale. En 2008, nous avons connu une crise financière comparable en termes de volume au krach de 1929. Mais la puissance publique a appris à faire face à cela. En 2010, tout était déjà effacé, alors qu'il avait fallu attendre la sortie de la Deuxième Guerre mondiale pour que prenne fin la crise née de 1929. Cette résilience a encore été plus frappante avec la pandémie du Covid-19. Avant son éclatement, les collapsologues citaient volontiers le risque pandémique comme un candidat de choix au rôle de déclencheur d'un effondrement systémique. Mais en 2020, nous avons volontairement arrêté la machine économique, faisant passer les intérêts médicaux des plus faibles au-dessus d'un système réputé sans coeur. On a à ce moment entendu de nombreux discours sur notre fragilité. Mais c'était exactement l'inverse, une preuve de notre puissance ! L'économie mondiale ne s'est pas désagrégée, tenant bon pour rebondir dès 2021 avec une croissance du PIB de près de 6%."

3) Le pic pétrolier ne nous entraînera pas dans un scénario à la "Mad Max"

"Comme l'avait annoncé le géophysicien Mario King Hubbert en 1956 avec une précision étonnante, le pic de pétrole conventionnel américain a eu lieu en 1971. Au niveau mondial, ce fut 2006. Mais on a été capable d'y suppléer en exploitant le pétrole non conventionnel, c'est-à-dire le pétrole de schiste. Les spécialistes estiment que le pic du non-conventionnel devrait intervenir d'ici à 2040. Mais cela ne signifie pas qu'on n'aura plus de pétrole du jour au lendemain, on ne pourra simplement plus en produire davantage. Si la demande décroît avant l'offre, ce pic pétrolier sera totalement indolore. Même s'il y a un choc entre l'offre et la demande, il y aura un phénomène de réajustement, stimulant l'électrification des transports. La fin de l'ère du pétrole marquera un changement historique, mais il n'y a pas de raison d'anticiper l'effondrement de toute l'économie mondiale et la fin de la civilisation en raison du pic pétrolier, comme le font les collapsologues."

4) La raréfaction des métaux ne sera pas forcément fatale au capitalisme

"L'électrification du système énergétique mondial, qui est au coeur de la transition énergétique, va être extrêmement consommatrice de métaux. Onze pour être précis : cuivre, lithium, nickel, cobalt, manganèse, graphite, silicium, platine, molybdène et deux "terres rares", le néodyme et le dysprosium. La grande question est donc de savoir si nous aurons assez de métaux pour mener à bien cette transition énergétique. Nous ne connaissons aujourd'hui pas les différents paramètres. Il faut d'abord distinguer les ressources et les réserves. Les ressources désignent la quantité totale présente dans le sol d'une matière première. Ces ressources ne sont pas nécessairement exploitables. Les réserves désignent la part techniquement et économiquement exploitable des ressources. Ainsi, la ressource en cuivre est estimée à 5,6 milliards de tonnes dans la croûte terrestre pour, aujourd'hui, seulement 880 000 tonnes de réserves. Mais tandis que les ressources sont fixes, le niveau des réserves est en constante augmentation, car il dépend des investissements réalisés pour exploiter une ressource et de la technologie disponible pour le faire. En 1900, on pensait ainsi qu'il n'y aurait plus que cinquante ans de réserves de cuivre. En 2020, nous en avons encore pour quarante-trois ans à production constante. Ou une trentaine d'années, si on anticipe une explosion de la demande liée à la transition énergétique. Mais il y a déjà des recherches actives pour trouver un substitut au cuivre, comme la technique consistant à conférer à l'aluminium les mêmes capacités conductives que celles du cuivre. Or, de l'aluminium, nous pouvons en avoir beaucoup.

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Par ailleurs, il y a aussi la question du recyclage et des multiples usages du cuivre. Aujourd'hui, l'énergie ne représente que le quart de la demande de cuivre. Si on arrive à réduire les trois quarts restants, comme dans les secteurs de la plomberie ou de l'électronique qui ont des substituts au cuivre (polymères, fibre optique), cela fera bien plus de cuivre pour la transition énergétique. Le chercheur Olivier Vidal estime ainsi que la production minière de cuivre peut satisfaire la demande mondiale jusqu'au milieu du siècle, mais devra être de plus en plus relayée par son recyclage, qui deviendrait la première source d'approvisionnement à l'horizon 2070."

5) A terme, le space mining remédiera à l'épuisement des ressources terrestres

"A terme, seule l'exploitation minière spatiale (ou space mining en anglais) permettra de régler pour de bon le problème de la raréfaction de ressources minières, tout en sanctuarisant la Terre pour ne plus détruire le bel écosystème qui est le nôtre. Depuis dix ans, l'industrie spatiale d'initiative privée, ou new space, a divisé par 10 l'envoi du kilo dans l'espace. Les prix d'accès à l'espace sont ainsi en chute libre. D'autre part, les prix pour exploiter les métaux terrestres grimpent. On peut évaluer l'ouverture d'une mine de terres rares et d'une usine de traitement de minerais entre 500 millions et 1 milliard de dollars. La mise en orbite terrestre et l'exploitation d'un astéroïde coûteraient 2,6 milliards de dollars. Les courbes vont se croiser à un moment. Si on ajoute du volontarisme politique et la possibilité de gains immenses, cela pourrait rendre le space mining compétitif en quelques décennies seulement. John S. Lewis, auteur de Mining the sky, livre de référence sur le sujet, estime qu'Amun 3554, le plus petit astéroïde métallique connu, pourrait valoir 20 trillions de dollars : 8 trillions en fer et nickel, 6 trillions en cobalt et 6 trillions en platine..."

6) Il peut y avoir assez d'eau pour les humains

"Récemment, on a annoncé que la limite planétaire de l'exploitation d'eau par l'humanité a été franchie. C'est faux, car l'étude en question faisait une distinction entre eau verte et bleue. L'eau verte est celle présente dans les sols, tandis que l'eau bleue désigne l'eau des rivières, des lacs et des nappes phréatiques. En ce qui concerne cette dernière, les limites planétaires n'ont pas été dépassées. Aujourd'hui, l'humanité prélève plus de 4000 km3 d'eau par an, mais n'en consomme effectivement qu'environ 3100. Or, la limite d'utilisation durable de l'eau à l'échelle mondiale est évaluée à 4000 km3 par an (au plus bas). Ce qui signifie qu'à l'échelle globale, il n'y aura pas de pénurie d'eau avant le milieu, voire la fin du XXIe siècle."

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Surtout, il faut voir que nous avons une marge de progression colossale pour mieux gérer la ressource en eau. Par exemple, 70% de l'eau d'irrigation ne parvient pas aux cultures, en sachant que cette eau d'irrigation constitue elle-même 70% de l'eau utilisée par l'humanité. Il y a donc un champ de rationalisation énorme.

En revanche, à l'échelle locale, l'eau posera, et pose déjà, de vrais problèmes. Cela deviendra un enjeu majeur dans les pays déjà chauds et qui vont en plus subir de plein fouet le réchauffement climatique. C'est un problème géopolitique et social très sérieux, pas un problème de ressources globales qui pourrait compromettre l'avenir de toute l'humanité au cours du siècle."

7) Il peut aussi y avoir assez de nourriture

"L'insécurité alimentaire n'a cessé de se réduire au fil des décennies. En proportion de la population mondiale, il y avait le double de personnes souffrant de la faim il y a trente ans. Aujourd'hui, si 2 milliards de personnes souffrent toujours de malnutrition (carences nutritionnelles), dont plus de 800 millions de sous-alimentation (manque de calories), c'est d'abord dû au gaspillage et à l'élevage, qui à eux deux détruisent 60% des calories produites par l'agriculture mondiale chaque année. En modernisant les agricultures du Sud, en modérant les comportements alimentaires au Nord ou en nourrissant le bétail autrement avec des calories impropres à l'alimentation humaine (algues, insectes, champignons), il y a un énorme potentiel de transformation."

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Par ailleurs, il existe un tabou, plus médiatique que scientifique. Selon le rapport du Giec, l'impact du réchauffement climatique sur les rendements agricoles n'est pas univoque. Si l'augmentation des températures conduirait à une réduction des rendements de maïs et de soja, elle ferait aussi monter ceux du riz et du blé, jusqu'à un plafonnement à partir d'un réchauffement de 3°C par rapport aux températures préindustrielles. Le réchauffement climatique aura un impact catastrophique pour les zones intertropicales, mais il libérera également des millions de kilomètres carrés de terres au Nord, ce qui n'a pas échappé à la Russie, dont la surface cultivable devrait doubler d'ici à 2080 et qui se rêve déjà en superpuissance agricole. Comme pour le stress hydrique, l'alimentation sera donc avant tout un problème local plus que global."

8) Nous pouvons faire baisser la natalité encore plus rapidement (avec des stylos et des préservatifs)

"Tous les problèmes environnementaux, en particulier le stress hydrique et l'insécurité alimentaire, seront aggravés par l'inflation démographique. Selon les prévisions actuelles des Nations unies, la population culminera autour de 11 milliards de personnes à la fin du siècle, pour ensuite décroître. Les besoins de l'humanité augmenteront ainsi d'un quart, et même plus si on prend en compte le développement des pays du Sud. Mais deux leviers existent pour accélérer cette transition démographique : un planning familial mondialisé et l'éducation des filles. Il n'est pas question de renouer avec la politique chinoise coercitive de l'enfant unique, simplement de donner les moyens de contraception au monde entier et de scolariser toutes les filles. Il existe en effet une forte corrélation entre le niveau d'instruction des filles et le nombre d'enfants par femme. Bonne nouvelle : la transition environnementale rime avec les droits des femmes ! La démographie est une question de mentalités. Nul besoin d'innovations technologiques ou de programmes aux coûts faramineux. Avec simplement des préservatifs et des stylos, on peut faire baisser les taux de fécondité. Or, une simple modération de la croissance démographique d'un tiers par exemple permettrait une réduction d'environ 10% des émissions anthropiques de gaz à effet de serre d'ici à 2080."

9) L'effondrement de la biodiversité ne remettra pas en cause notre civilisation

"L'effondrement de la biodiversité représente un drame cosmique. Nous sommes en train de détruire un patrimoine du vivant, dont nous ne sommes même pas sûrs qu'il ait un équivalent quelque part dans l'univers. La sixième extinction de masse est une vraie catastrophe biologique, philosophie, scientifique, mais elle ne signifie pas nécessairement la fin de notre civilisation thermo-industrielle.

La disparition des pollinisateurs pourrait par exemple être problématique. Mais seuls 5 à 8% de la production alimentaire mondiale dépendent directement de la pollinisation animale. Et avec des mesures comme l'interdiction de certains insecticides tels les néonicotinoïdes, nous avons les moyens de les préserver.

On peut aussi craindre une montée des épidémies. Mais aucune pandémie n'a, depuis le début de la révolution industrielle, remis en cause l'ordre mondial. La mondialisation actuelle favorise certes la propagation rapide des maladies, mais en contrepartie, nous avons infiniment plus de moyens pour les combattre, comme on l'a vu avec le développement spectaculaire des vaccins contre le Covid-19.

Si l'effondrement de la biodiversité représente ainsi une perte énorme en matière de richesses, elle ne fera pas peser un risque d'anéantissement dans les prochaines décennies."

10) Le réchauffement climatique est la plus grande menace qui pèse sur l'humanité, mais il peut encore être combattu

"Si les températures montent suffisamment pour déclencher des boucles de rétroaction positives, c'est-à-dire renforçant le réchauffement de manière néo-naturelle, cela pourrait mener à la fin de l'humanité. Mais nous pouvons encore agir, car il n'y a pas de couplage inéluctable entre civilisation thermo-industrielle et CO2, comme le montre l'évolution positive des émissions des pays européens. Nous allons faire face à plusieurs décennies très compliquées, car cela implique un changement majeur de société, avec une transition énergétique (le passage à des énergies décarbonées), mais aussi une transition agricole (le passage d'une agriculture industrielle à l'agroécologie) et une transition industrielle (le passage d'une économie linéaire à une économie circulaire). Du point de vue économique, il faudra passer d'une économie de produits à une économie de services. Du point de vue politique, ce sera sans doute le retour à une économie plus administrée et keynésienne, car il va falloir la réorienter vers des activités moins carbonées. Et du point de vue individuel, on se dirige vers un monde où la moindre action du quotidien sera jugée à travers le prisme de cet impératif écologique.

Nous sommes face à une sérieuse crise de croissance de l'humanité. Mais dans quelques décennies, trois révolutions technologiques pourraient nous faire passer à l'étage supérieur : la fusion nucléaire, qui pourrait produire une quantité phénoménale d'énergie à partir d'une ressource première (le deutérium et le tritium) disponible sur Terre en quantité quasi illimitée et sans presque générer de déchet, la géo-ingénierie pour capter le carbone dans l'air, et enfin le space mining. Ces technologies pourraient signifier un nouvel âge d'or de notre espèce, avec une croissance infinie basée sur des ressources elles aussi infinies. En attendant, il va falloir tenir face au réchauffement climatique, c'est-à-dire effectuer la transition le plus rapidement possible."

"L'effondrement du monde n'aura probablement pas lieu", par Antoine Buéno (Flammarion, 350 p., 20 ¤).

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