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1923

� Pravda � n� 49, 4 mars 1923. Un article �crit � l�occasion du XII� congr�s du Parti Communiste de Russie.


Mieux vaut moins mais mieux

Lénine

2 mars 1923


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En ce qui concerne le perfectionnement de notre appareil d'Etat, l'Inspection ouvri�re et paysanne ne doit pas, � mon avis, se presser ni courir apr�s la quantit�. Jusqu'� ce jour, nous avons eu si peu de temps pour songer et veiller � la qualit� de notre appareil d'Etat, que le souci serait l�gitime de le former avec un soin tout particulier, de concentrer dans l'Inspection ouvri�re et paysanne un mat�riel humain de haute qualit�, c'est‑�‑dire qui ne le c�de en rien aux meilleurs mod�les occidentaux. Certes, pour une r�publique socialiste, c'est trop modeste. Mais les premi�res cinq ann�es nous ont joliment farci la t�te de m�fiance et de scepticisme. Nous sommes enclins, malgr� nous, � nous p�n�trer de ce sentiment � l'�gard de ceux qui dissertent beaucoup trop et trop ais�ment, par exemple, sur la �culture prol�tarienne � : il nous suffirait pour commencer d'avoir une v�ritable culture bourgeoise ; il nous suffirait pour commencer de nous passer des types particuli�rement inv�t�r�s de cultures pr�bourgeoises, c'est‑�‑dire bureaucratique ou f�odale, etc. En cette mati�re, la pr�cipitation et la surench�re sont le plus nuisibles. Beaucoup de nos jeunes litt�rateurs et communistes devraient se le mettre bien dans la t�te.

Et maintenant, en ce qui concerne l'appareil d'Etat, nous devons tirer de l'exp�rience pass�e cette conclusion qu'il vaut mieux proc�der plus lentement.

Les choses vont si mal avec notre appareil d'Etat, pour ne pas dire qu'elles sont d�testables, qu'il nous faut d'abord r�fl�chir s�rieusement � la fa�on de combattre ses d�fauts ; ces derniers ne l'oublions pas, remontent au pass�, lequel, il est vrai, a �t� boulevers�, mais n'est pas encore aboli ; il ne s'agit pas d'un stade culturel r�volu depuis longtemps. le pose ici la question pr�cis�ment de la culture, parce que dans cet ordre de choses, il ne faut tenir pour r�alis� que ce qui est entr� dans la vie culturelle, dans les mœurs, dans les coutumes. Or, chez nous, ce qu'il y a de bon dans notre organisation sociale est saisi � la h�te, on ne peut moins m�dit�, compris, senti, v�rifi�, �prouv�, confirm� par l'exp�rience, consolid�, etc. Il ne pouvait certes en �tre autrement � une �poque r�volutionnaire et avec un d�veloppement tellement vertigineux qui nous a amen�s, en cinq ans, du tsarisme au r�gime des Soviets.

Il est temps de devenir raisonnable. Il faut se p�n�trer d'une m�fiance salutaire envers un �lan inconsid�r�, envers toute esp�ce de vantardise, etc. ; il faut songer � v�rifier les dispositions que nous proclamons � chaque heure, que nous prenons � chaque minute et dont nous d�montrons ensuite � chaque seconde la faiblesse, le caract�re inconsistant et inintelligible. Le plus nuisible, ici, ce serait la pr�cipitation. Le plus nuisible serait de croire que le peu que nous savons suffit, ou encore que nous poss�dons un nombre plus ou moins consid�rable d d'�l�ments pour �difier un appareil vraiment neuf, et qui m�rite v�ritablement le nom d'appareil socialiste, sovi�tique, etc.

Non, cet appareil, nous ne l'avons pour ainsi dire pas, et m�me nous poss�dons ridiculement peu d'�l�ments qui permettent de le cr�er. Et nous ne devons pas oublier que pour le mettre en place, il ne faut pas m�nager son temps, et que cela prendra beaucoup, beaucoup, beaucoup d'ann�es.

Quels �l�ments poss�dons‑nous pour cr�er cet appareil ? Deux seulement. En premier lieu, les ouvriers exalt�s par la lutte pour le socialisme. Ils ne sont pas suffisamment instruits. Ils voudraient bien nous donner un appareil meilleur. Mais ils ne savent pas comment s'y prendre. Ils ne peuvent pas le faire. Ils ne sont pas assez form�s, ils n'ont pas le niveau de culture requis. Or, pour ce faire, il faut justement avoir de la culture. Ici, l'on ne peut s'en tirer par un coup d'audace ou un assaut, avec de l'�nergie ou du cran, ou, en g�n�ral, par une des meilleures qualit�s humaines, quelle qu'elle soit. En second lieu, nous poss�dons des �l�ments de connaissance, d'instruction, d'enseignement, mais ridiculement peu par rapport � tous les autres pays.

Et il ne faut pas oublier que nous sommes encore trop enclins � vouloir suppl�er � ce savoir (ou � nous imaginer que l'on peut y suppl�er) par le z�le, la pr�cipitation, etc.

Pour r�nover notre appareil d'Etat, nous devons � tout prix nous assigner la t�che que voici : premi�rement, nous instruire ; deuxi�mement, nous instruire encore ; troisi�mement, nous instruire toujours. Ensuite, avoir soin que le savoir ne reste pas chez nous lettre morte ou une phrase � la mode (ce qui, avouons‑le, nous arrive bien souvent) ; que le savoir p�n�tre vraiment dans l'esprit, devienne partie int�grante de notre vie, pleinement et effectivement. Bref, il nous faut exiger autre chose que ce qu'exige la bourgeoisie de l'Europe occidentale, savoir ce qu'il est digne et convenable d'exiger pour un pays qui se propose de devenir un pays socialiste.

Conclusion : nous devons faire de l'Inspection ouvri�re et paysanne, instrument d'am�lioration de notre appareil d'Etat, une institution vraiment exemplaire.

Pour qu'elle puisse atteindre au niveau voulu, il faut s'en tenir � la r�gle : vingt fois sur le m�tier remettez votre ouvrage.

Pour cela, il faut que tout ce qu'il y a de vraiment meilleur dans notre r�gime social soit mis en œuvre avec le maximum de prudence, de r�flexion et de comp�tence, en vue de cr�er ce nouveau Commissariat du peuple.

Pour cela, il faut que les meilleurs �l�ments de notre r�gime social, � savoir : les ouvriers avanc�s, d'abord, et, en second lieu, les �l�ments vraiment instruits, pour lesquels on peut se porter garant qu'ils ne croiront rien sur parole et qu'ils ne diront pas un mot qui soit contraire � leur conscience, ne craignent pas de prendre conscience des difficult�s, quelles qu'elles soient, et ne reculent devant aucune lutte pour atteindre le but qu'ils se seront s�rieusement assign�.

Voil� cinq ans que nous nous �vertuons � perfectionner notre appareil d'Etat. Mais ce n'a �t� l� qu'une agitation vaine qui, en ces cinq ans, nous a montr� simplement qu'elle �tait inefficace, ou m�me inutile, voire nuisible. Cette vaine agitation nous donnait une apparence de travail ; en r�alit�, elle encrassait nos institutions et nos cerveaux.

Il faut enfin que cela change.

Il faut adopter cette r�gle : mieux vaut moins, mais mieux. Il faut adopter cette r�gle : mieux vaut dans deux ans ou m�me dans trois ans, que pr�cipiter les choses sans aucun espoir de former un bon mat�riel humain.

Je sais qu'il sera difficile d'observer cette r�gle et de l'appliquer dans notre situation. Je sais que la r�gle contraire se frayera un chemin par mille tours et d�tours. Je sais qu'il faudra opposer une r�sistance formidable, qu'il s'agira de faire preuve d'une pers�v�rance prodigieuse ; que ce travail, dans les premi�res ann�es du moins, sera diablement ingrat. Et cependant je suis persuad� que c'est seulement ainsi que nous parviendrons � notre but et saurons, une fois ce but atteint, fonder une r�publique r�ellement digne du nom de R�publique socialiste, sovi�tique, etc., etc., etc.

Il est probable que beaucoup de lecteurs aient trouv� trop insuffisants les chiffres que j'ai cit�s � titre d'exemple dans mon premier article [1]. Je suis s�r que l'on peut produire bien des calculs pour montrer l'insuffisance de ces chiffres. Mais je pense que par‑dessus tous les calculs possibles et imaginables, nous devons mettre une chose : une qualit� vraiment exemplaire.

J'estime que le moment est justement venu o� nous devons nous occuper comme il convient, avec tout le s�rieux voulu, de notre appareil d'Etat, et o� la pr�cipitation serait peut�-�tre ce qui causerait le plus grand tort. Aussi je tiens � mettre en garde contre un accroissement de ces chiffres. Bien au contraire, je pense qu'ici il faut se montrer particuli�rement avare de chiffres. Parlons net. Le Commissariat du peuple de l'Inspection ouvri�re et paysanne ne jouit pas � l'heure actuelle d'une ombre de prestige. Tout le monde sait qu'il n'est point d'institutions plus mal organis�es que celles relevant de notre Inspection ouvri�re et paysanne, et que dans les conditions actuelles on ne peut rien exiger de ce Commissariat. Il nous faut bien retenir cela si nous voulons vraiment arriver � constituer, d'ici quelques ann�es, une institution qui, premi�rement, sera exemplaire, deuxi�mement, inspirera � tous une confiance absolue, et troisi�mement, montrera � tous et � chacun que nous avons r�ellement justifi� les activit�s de cette haute institution qu'est la Commission centrale de contr�le. Toutes les normes g�n�rales du personnel de ses administrations doivent, � mon avis, �tre bannies d'embl�e et sans recours. Nous devons choisir les cadres de l'Inspection ouvri�re et paysanne avec un soin particulier, en leur faisant subir le plus rigoureux examen, pas autrement. En effet, � quoi bon fonder un Commissariat du Peuple o� le travail se ferait tant bien que mal, qui, derechef, n'inspirerait pas la moindre confiance, et dont l'opinion n'aurait qu'une infime autorit� ? Je pense que notre t�che principale est de l’�viter lors de la r�organisation que nous projetons actuellement.

Les ouvriers que nous d�signons comme membres de la Commission centrale de contr�le doivent �tre des communistes irr�prochables, et je pense qu'il faudra leur consacrer un long effort pour leur apprendre les m�thodes et les objectifs de leur travail. Ensuite, il devra y avoir un nombre d�termin� de secr�taires comme auxiliaires � qui l'on aura soin de faire subir un triple contr�le avant de les admettre. Enfin, ceux des postulants que nous aurons d�cid�s, � titre d'exception, d'engager d'embl�e � l'Inspection ouvri�re et paysanne, devront r�pondre aux conditions ci‑apr�s :

premi�rement, ils seront recommand�s par plusieurs communistes;

deuxi�mement, ils subiront une �preuve attestant qu'ils connaissent notre appareil d'Etat;

troisi�mement, ils subiront une �preuve attestant qu'ils connaissent les �l�ments de la th�orie relative � notre appareil d'Etat, les principes de la science administrative, les �critures, etc;

quatri�mement, ils devront œuvrer en bonne intelligence avec les membres de la Commission centrale de contr�le et avec leur propre secr�tariat, de fa�on que nous puissions r�pondre du bon fonctionnement de l'appareil tout entier.

Je sais que ce sont l� des conditions hors de pair, et je crains fort que la majorit� des � praticiens � de l'Inspection ouvri�re et paysanne ne les d�clarent irr�alisables, ou ne les accueillent avec un sourire d�daigneux. Mais je demande � n'importe lequel des dirigeants actuels de l'Inspection ouvri�re et paysanne ou des personnes rattach�es � ce Commissariat : peut‑il me dire franchement quelle est l'utilit� pratique de ce Commissariat du Peuple qu'est l'Inspection ouvri�re et paysanne? Je pense que cette question lui permettra de trouver le sens de la mesure. Ou bien il ne vaut pas la peine de proc�der � la r�organisation nous en avons tant vu ‑ de cette entreprise d�sesp�r�e qu'est l'Inspection ouvri�re et, paysanne ; ou bien il faut vraiment se donner comme t�che de cr�er par un effort lent, difficile, inaccoutum�, non sans recourir � de nombreuses v�rifications, quelque chose de vraiment exemplaire, susceptible d'inspirer le respect � tous et � chacun, non pas seulement parce que titres et grades obligent.

Si l'on ne s'arme pas de patience, si l'on ne consacre pas � cette œuvre plusieurs ann�es, mieux vaut ne pas l'entreprendre.

Je pense que parmi les �tablissements que nous avons d�j� enfant�s, en fait d'instituts sup�rieurs du travail etc., il faut choisir un minimum, v�rifier s'ils sont organis�s avec tout le s�rieux requis, et continuer le travail, mais seulement de fa�on qu'il soit r�ellement � la hauteur de la science moderne, qu'il nous fasse b�n�ficier de toutes ses acquisitions. D�s lors, ce ne sera pas une utopie d'esp�rer avoir, dans quelques ann�es, une institution qui sera en mesure de s'acquitter de sa t�che, c'est‑�‑dire de perfectionner notre appareil d'Etat avec m�thode, sans d�faillance, en jouissant de la confiance de la classe ouvri�re, du Parti communiste de Russie et de toute la population de notre R�publique.

L'action pr�paratoire pourrait commencer d�s maintenant. Si le Commissariat de l'Inspection ouvri�re et paysanne acceptait le plan de cette r�forme, il pourrait entamer tout de suite les pr�paratifs et continuer d'agir syst�matiquement pour les faire aboutir, sans se presser et sans refuser de refaire ce qui aura �t� fait une fois.

Les demi‑mesures seraient ici nuisibles au plus haut point. Toutes les consid�rations d'un autre ordre que l'on pourrait �mettre au sujet des effectifs de l'Inspection ouvri�re et paysanne, seraient en r�alit� fond�es sur les vieux principes bureaucratiques, sur les vieux pr�jug�s, sur ce qui a d�j� �t� condamn� et qui provoque la ris�e publique, etc.

Somme toute, la question se pose ainsi :

Ou bien montrer, d�s � pr�sent, que nous avons acquis des connaissances s�rieuses en mati�re de construction de l'Etat (il n'est pas d�fendu d'apprendre quelque chose en cinq ans); ou bien nous ne sommes pas encore m�rs pour cela, et alors, il ne vaut pas la peine de s'en charger.

Je pense qu'avec le mat�riel humain dont nous disposons, il ne sera pas immodeste de pr�sumer que nous en savons d�j� assez pour pouvoir reconstruire � neuf, avec m�thode, au moins un seul Commissariat du peuple. Il est vrai que ce seul Commissariat doit donner la mesure de l'ensemble de notre appareil d'Etat.

Ouvrir imm�diatement un concours pour la r�daction de deux manuels ou plus, traitant de l'organisation du travail en g�n�ral, et sp�cialement de l'administration. On pourrait prendre pour base le livre de Iermanski, encore que, soit dit entre parenth�ses, cet auteur sympathise manifestement avec le mench�visme et soit incapable de r�diger un manuel pouvant convenir au pouvoir des Soviets. Ensuite, on pourrait prendre pour base l'ouvrage r�cemment paru de Kerjentsev ; enfin, on pourrait aussi mettre � profit quelques autres manuels traitant divers aspects de la question.

Envoyer quelques personnes averties et consciencieuses en Allemagne ou en Angleterre pour recueillir la documentation et �tudier le probl�me. J'ai dit l'Angleterre pour le cas o� le voyage en Am�rique ou au Canada serait impossible.

Nommer une commission charg�e d'�laborer le programme pr�liminaire des examens � faire subir aux personnes qui sollicitent une place � l'Inspection ouvri�re et paysanne ; de m�me pour les postulants aux postes de membres de la Commission centrale de contr�le.

Ces activit�s et autres analogues ne g�neront, bien entendu, ni le commissaire du peuple, ni les membres du coll�ge de l'Inspection ouvri�re et paysanne, ni le pr�sidium de la Commission centrale de contr�le.

  Parall�lement, il faudra d�signer une commission pr�paratoire charg�e de trouver des candidats aux postes de membres de la Commission centrale de contr�le. J'esp�re que pour ces postes nous aurons aujourd'hui un nombre de candidats plus que suffisant, tant parmi les collaborateurs exp�riment�s des administrations que parmi les �tudiants de nos �coles sovi�tiques. Il ne serait gu�re rationnel d'exclure � l'avance telle ou telle cat�gorie. Il nous faudra probablement donner la pr�f�rence � un personnel vari� pour cette institution, o� nous devons rechercher une synth�se de nombreuses qualit�s, de m�rites divers. De sorte qu'il y aura � fournir un gros effort pour dresser la liste des candidats. Il serait ind�sirable au plus haut point que ce nouveau Commissariat soit form� d'apr�s un standard unique, mettons, le type de fonctionnaire, ou en en �liminant le type d'agitateur, ou les hommes dont le trait distinctif est la sociabilit� ou la facult� de p�n�trer dans des milieux gu�re familiers � ce genre de collaborateurs, etc.


Il me semble que je traduirai mieux ma pens�e en comparant mon plan � des institutions de caract�re acad�mique. Les membres de la Commission centrale de contr�le seront tenus, sous la direction de leur pr�sidium, d'examiner r�guli�rement tous les dossiers et documents du Bureau politique. D'autre part, ils devront r�partir rationnellement leur temps entre les divers travaux de v�rification des �critures dans nos institutions, depuis les plus petites et les moins importantes jusqu'aux grandes administrations de l'Etat. Enfin, ils devront aussi �tudier la th�orie, c'est‑�-dire la th�orie de l'organisation du travail auquel ils ont l'intention de se consacrer ; ils auront de m�me � effectuer des exercices pratiques sous la direction soit de camarades exp�riment�s, soit de professeurs des instituts sup�rieurs de l'organisation du travail.

Mais je pense qu'ils n'auront pas lieu de se borner � cette activit� purement acad�mique. Il leur faudra se pr�parer, en outre, � des fonctions que je n'h�siterais pas � appeler pr�paration � la chasse, je ne dirais pas aux filous, mais � quelque chose dans ce genre, et invention de ruses destin�es � dissimuler leurs campagnes, leurs marches et contre-marches, etc.

Dans les institutions de l'Europe occidentale, de pareilles propositions auraient provoqu� une indignation inou�e, un sentiment de r�volte morale, etc. ; mais j'esp�re que nous ne sommes pas encore bureaucratis�s � ce point‑l�. La NEP chez nous ne s'est pas encore acquis une r�putation telle que l'on puisse se formaliser � l'id�e d'attraper quelqu'un. Notre R�publique des Soviets a �t� �difi�e depuis si peu de temps, et il y a l� un tel bric‑�‑brac que personne ne songera � s'offusquer � l'id�e que l'on puisse, dans ce fatras, op�rer des fouilles � l'aide de certaines ruses et de coups de sonde visant quelquefois des sources assez �loign�es, ou s'effectuant par des voies assez d�tourn�es. Et si m�me quelqu'un y songeait, on peut �tre certain que nous en ririons tous de bon cœur.

Notre nouvelle Inspection ouvri�re et paysanne, nous l'esp�rons, laissera loin derri�re elle cette qualit� que les Fran�ais d�nomment pruderie [2], et que nous pourrions appeler affectation ridicule ou ridicule ostentation, et qui fait sup�rieurement le jeu de toute notre bureaucratie, tant de nos institutions sovi�tiques que des organisations du Parti, car, soit dit entre parenth�ses, la bureaucratie existe chez nous dans les unes comme dans les autres.

Si j'ai �crit plus haut que nous devions nous instruire et encore nous instruire dans les �coles sup�rieures d'organisation du travail, etc., cela ne veut pas dire le moins du monde que je con�oive cet �enseignement � � la fa�on scolaire, ou que je me borne � l'id�e d'un enseignement scolaire. J'esp�re qu'un vrai r�volutionnaire ne me soup�onnera pas d'avoir renonc� ici � entendre par � enseignement � une farce mi‑plaisante, une ruse, un bon tour ou quelque chose dans ce genre. Je sais que dans un Etat grave et compass� de l'Europe occidentale, cette id�e aurait vraiment provoqu� l'horreur ; aucun fonctionnaire qui se respecte n'aurait consenti m�me � la discuter. Mais j'esp�re que nous ne sommes pas encore bureaucratis�s � ce point, et que la discussion de cette id�e ne provoque chez nous que de la bonne humeur.

En effet, pourquoi ne pas joindre l'agr�able � l'utile ? Pourquoi ne pas profiter d'une farce plaisante ou mi‑plaisante pour surprendre quelque chose de ridicule, quelque chose de nuisible, ou de semi‑ridicule, de semi‑nuisible, etc. ?

Il me semble que notre Inspection ouvri�re et paysanne gagnera beaucoup � tenir compte de ces consid�rations, et que la liste des cas o� notre Commission centrale de contr�le ou ses coll�gues de l'Inspection ouvri�re et paysanne ont remport� quelques‑unes de leurs plus brillantes victoires, s'enrichira de nombreux exploits de nos futurs inspecteurs et contr�leurs, en des endroits qu'il n'est gu�re commode de mentionner dans des manuels d�cents et graves.


Comment peut‑on r�unir une institution du Parti � une administration sovi�tique ? N'y a‑t‑il pas l� quelque chose d'inadmissible ?

Je ne pose pas cette question en mon nom, mais au nom de ceux auxquels j'ai fait allusion plus haut, en disant que nous avons des bureaucrates non seulement dans nos administrations sovi�tiques, mais aussi dans les organisations du Parti.

En effet, pourquoi ne pas r�unir les unes et les autres quand l'int�r�t de la chose le commande ? Est‑ce que personne n'a jamais remarqu�, par exemple, que dans un Commissariat du Peuple comme celui des Affaires �trang�res, une semblable r�union est extr�mement utile et se pratique d�s sa fondation? Le Bureau politique ne discute‑t‑il pas, du point de vue du Parti, quantit� de questions, grandes et petites, relatives � nos � contre‑manœuvres � en r�ponse aux � manœuvres � des puissances �trang�res, afin de pr�venir, disons, quelque ruse de leur part, pour �tre poli ? L'alliance souple de l'�l�ment administratif et de l'�l�ment du Parti n'est‑elle pas une source d'�nergie immense dans notre politique ? Je crois que ce qui a fait ses preuves, s'est consolid� dans notre politique ext�rieure, et qui est entr� dans les mœurs au point de ne plus provoquer le moindre doute en la mati�re, serait non moins opportun (et m�me beaucoup plus, � mon avis) dans l'ensemble de notre appareil d'Etat. Or, l'Inspection ouvri�re et paysanne doit justement prendre en consid�ration notre appareil d'Etat tout entier, et son activit� doit porter sur toutes les institutions de l'Etat sans aucune exception, locales, centrales, commerciales, purement administratives, scolaires, th��trales, archives, etc., en un mot, toutes, sans la moindre exception.

Pourquoi donc pour une institution de cette envergure et qui demande, en outre, une souplesse extraordinaire des formes de son activit�, ‑ pourquoi donc ne pas admettre pour elle une fusion particuli�re de l'organisme de contr�le du Parti avec celui de l'Etat ?

Pour moi je n'y verrais aucun inconv�nient. Bien plus je crois que cette fusion est le seul gage d'une activit� f�conde. Je pense que tous les doutes � cet �gard �manent des recoins les plus poussi�reux de notre appareil d'Etat, et qu'ils ne m�ritent qu'une chose, c'est d'�tre tourn�s en ridicule.


Autre doute : convient‑il d'associer les �tudes � l'exercice d'une fonction ? Il me semble que non seulement cela convient, mais que c'est n�cessaire. En g�n�ral, malgr� toute notre attitude r�volutionnaire � l'�gard des principes qui r�gissent les Etats d'Occident, ceux‑ci ont r�ussi � nous inoculer une s�rie de pr�jug�s des plus nuisibles et ridicules. Dans une certaine mesure, cette contagion nous vient aussi de nos aimables bureaucrates qui nous l'ont pass�e sciemment, dans l'espoir de pouvoir souvent p�cher dans l'eau trouble de ces pr�jug�s. Et ils ont p�ch� dans cette eau trouble au point que seuls les aveugles imp�nitents parmi nous n'ont pas remarqu� combien largement cette p�che �tait pratiqu�e.

Dans toute la sph�re des rapports sociaux, �conomiques et politiques nous sommes � terriblement � r�volutionnaires. Mais en ce qui concerne la hi�rarchie, le respect des formes et des usages de la proc�dure administrative, notre � r�volutionnarisme � fait constamment place � l'esprit de routine le plus moisi. On peut ici constater un ph�nom�ne du plus haut int�r�t, savoir que dans la vie sociale le plus prodigieux bond en avant s'allie fr�quemment � une monstrueuse ind�cision devant les moindres changements.

Cela se con�oit, parce que les pas en avant les plus audacieux relevaient, depuis fort longtemps, du domaine de la th�orie, d'un domaine cultiv� principalement, voire presque exclusivement, sur le plan th�orique. Ecœur� par l'abominable r�alit� bureaucratique, le Russe soulageait son cœur chez lui en �chafaudant des syst�mes �minemment audacieux ; et c'est pourquoi ces syst�mes �minemment audacieux prenaient chez nous un caract�re extraordinairement �troit. On voyait coexister chez nous la hardiesse dans les constructions d'ordre g�n�ral et une timidit� surprenante devant la plus insignifiante des r�formes administratives. L'id�e d'une prodigieuse r�volution agraire universelle �tait �labor�e avec une audace inconnue dans les autres pays ; et � c�t� de cela, on manquait d'imagination pour r�aliser une r�forme administrative de dixi�me ordre ; on manquait d'imagination ou de patience pour appliquer � cette r�forme les principes g�n�raux qui, touchant les probl�mes d'ordre g�n�ral, donnaient de si � brillants � r�sultats.

Voil� pourquoi notre vie pr�sente r�unit en elle de fa�on saisissante des traits d'audace stup�fiante et une ind�cision de pens�e devant les changements les plus insignifiants.

Je crois qu'il n'en a jamais �t� autrement dans toutes les r�volutions vraiment grandes, car elles naissent des contradictions entre l'ancien, la tendance � remanier l'ancien, et la tendance la plus abstraite vers ce qui est nouveau, nouveau au point de ne plus contenir un seul grain du pass�.

Et plus cette r�volution est radicale, plus longtemps subsisteront ces contradictions.


Le trait g�n�ral caract�risant notre vie actuelle est celui‑ci : nous avons d�truit l'industrie capitaliste, nous nous sommes appliqu�s � d�molir � fond les institutions moyen�geuses, la propri�t� seigneuriale, et sur cette base, nous avons cr�� la petite et tr�s petite paysannerie qui suit le prol�tariat, confiante dans les r�sultats de son action r�volutionnaire. Cependant, avec cette confiance � elle seule, il ne nous est pas facile de tenir jusqu'� la victoire de la r�volution socialiste dans les pays plus avanc�s ; car la petite et la toute petite paysannerie, surtout sous la NEP, reste, par n�cessit� �conomique, � un niveau de productivit� du travail extr�mement bas. Au demeurant, la situation internationale fait que la Russie est aujourd'hui rejet�e en arri�re ; que dans l'ensemble la productivit� du travail national est maintenant sensiblement moins �lev�e chez nous qu'avant la guerre. Les puissances capitalistes de l'Europe occidentale, partie sciemment, partie spontan�ment, ont fait tout leur possible pour nous rejeter en arri�re, pour profiter de la guerre civile en Russie en vue de ruiner au maximum notre pays. Pr�cis�ment une telle issue � la guerre imp�rialiste leur apparaissait, bien entendu, comme offrant des avantages sensibles ; si nous ne renversons pas le r�gime r�volutionnaire en Russie, nous entraverons du moins son �volution vers le socialisme, voil� � peu pr�s comment ces puissances raisonnaient, et de leur point de vue, elles ne pouvaient raisonner autrement. En fin de compte elles ont accompli leur t�che � moiti�. Elles n'ont pas renvers� le nouveau r�gime instaur� par la r�volution, mais elles ne lui ont pas permis non plus de faire aussit�t un pas en avant tel qu'il e�t justifi� les pr�visions des socialistes, qui leur e�t permis de d�velopper � une cadence extr�mement rapide les forces productives ; de d�velopper toutes les possibilit�s dont l'ensemble e�t form� le socialisme ; de montrer � tous et � chacun nettement, de toute �vidence, que le socialisme implique des forces immenses et que l'humanit� est pass�e maintenant � un stade de d�veloppement nouveau, qui comporte des perspectives extraordinairement brillantes.

Le syst�me des rapports internationaux est maintenant tel qu'en Europe, un Etat, l'Allemagne, est asservi par les vainqueurs. Ensuite, plusieurs Etats, parmi les plus vieux d'Occident, se trouvent, � la suite de la victoire, dans des conditions qui leur permettent d'en profiter pour faire certaines concessions � leurs classes opprim�es, concessions qui, bien que m�diocres, retardent le mouvement r�volutionnaire dans ces pays et cr�ent un semblant de � paix sociale �.

Par ailleurs, bon nombre de pays, ceux d'Orient, l'Inde, la Chine, etc., pr�cis�ment du fait de la derni�re guerre imp�rialiste, se sont trouv�s d�finitivement rejet�s hors de l'orni�re. Leur �volution s'est orient�e d�finitivement dans la voie g�n�rale du capitalisme europ�en. La fermentation qui travaille toute l'Europe y a commenc�. Et il est clair maintenant, pour le monde entier, qu'ils se sont lanc�s dans une voie qui ne peut manquer d'aboutir � une crise de l'ensemble du capitalisme mondial.

Nous sommes donc � l'heure actuelle plac�s devant cette question : saurons‑nous tenir avec notre petite et tr�s petite production paysanne, avec l'�tat de d�labrement de notre pays, jusqu'au jour o� les pays capitalistes d’Europe occidentale auront achev� leur d�veloppement vers le socialisme ? Mais ils ne l'ach�vent pas comme nous le pensions auparavant. Ils l'ach�vent non par une � maturation � r�guli�re du socialisme chez eux, mais au prix de l'exploitation de certains Etats par d'autres, de l'exploitation du premier Etat vaincu dans la guerre imp�rialiste, exploitation jointe � celle de tout l'Orient. D'autre part, pr�cis�ment par suite de cette premi�re guerre imp�rialiste, l'Orient est entr� d�finitivement dans le mouvement r�volutionnaire, et a �t� d�finitivement entra�n� dans le tourbillon du mouvement r�volutionnaire mondial.

Quelle tactique cette situation impose‑t‑elle � notre pays ? Evidemment la suivante : nous devons faire preuve de la plus grande prudence, afin de conserver notre pouvoir ouvrier, de maintenir sous son autorit� et sous sa direction notre petite et toute petite paysannerie. Nous avons pour nous cet avantage que le monde entier est entra�n� d'ores et d�j� dans un mouvement qui doit engendrer la r�volution socialiste universelle. Mais nous avons aussi ce d�savantage que les imp�rialistes sont parvenus � scinder le monde en deux camps ; et cette scission se complique du fait que l'Allemagne, pays o� le capitalisme est r�ellement �volu�, ne saurait que tr�s difficilement se relever aujourd'hui. Toutes les puissances capitalistes de ce qu'on appelle l'Occident la d�chiqu�tent et l'emp�chent de se relever. D'autre part, l'Orient tout entier, avec ses centaines de millions de travailleurs exploit�s, r�duits � la derni�re extr�mit�, est plac� dans des conditions o� ses forces physiques et mat�rielles ne sauraient aucunement soutenir la comparaison avec les forces physiques, mat�rielles et militaires de n'importe quel Etat, f�t‑il beaucoup plus petit, de l'Europe occidentale.

Pouvons‑nous conjurer le choc futur avec ces pays imp�rialistes ? Pouvons‑nous esp�rer que les antagonismes et les conflits internes entre les pays imp�rialistes prosp�res d'Occident et les pays imp�rialistes prosp�res d'Orient nous laisseront une tr�ve pour la deuxi�me fois, comme ils l'ont fait la premi�re fois, lorsque la croisade entreprise par la contre‑r�volution occidentale pour venir en aide � la contre‑r�volution russe �choua par suite des contradictions qui existaient dans le camp des contre�r�volutionnaires d'Occident et d'Orient, dans celui des exploiteurs orientaux et des exploiteurs occidentaux, dans celui du Japon et de l'Am�rique ?

Il me semble qu'� cette question il faut r�pondre que la solution d�pend ici d'un trop grand nombre de facteurs ; ce qui permet, en somme, de pr�voir l'issue de la lutte, c'est le fait qu'en fin de compte, le capitalisme lui‑m�me instruit et �duque pour la lutte l'immense majorit� de la population du globe.

L'issue de la lutte d�pend finalement de ce fait que la Russie, l'Inde, la Chine, etc., forment l'immense majorit� de la population du globe. Et c'est justement cette majorit� de la population qui, depuis quelques ann�es, est entra�n�e avec une rapidit� incroyable dans la lutte pour son affranchissement ; � cet �gard, il ne saurait y avoir une ombre de doute quant � l'issue finale de la lutte � l'�chelle mondiale. Dans ce sens, la victoire d�finitive du socialisme est absolument et pleinement assur�e.

Mais ce qui nous int�resse, ce n'est point cette in�vitable victoire finale du socialisme. Ce qui nous int�resse, c'est la tactique que nous devons suivre, nous, Parti communiste de Russie, nous, pouvoir des Soviets de Russie, pour emp�cher les Etats contre‑r�volutionnaires de l'Europe occidentale de nous �craser. Pour que nous puissions subsister jusqu'au prochain conflit militaire entre l'Occident imp�rialiste contre‑r�volutionnaire et l'Orient r�volutionnaire et nationaliste, entre les Etats les plus civilis�s du monde et les pays arri�r�s comme ceux de l'Orient, et qui forment cependant la majorit�, il faut que cette majorit� ait le temps de se civiliser. Nous non plus, nous ne sommes pas assez civilis�s pour pouvoir passer directement au socialisme, encore que nous en ayons les pr�misses politiques. Il nous faut suivre cette tactique, ou bien adopter pour notre salut la politique suivante.

Nous devons nous efforcer de construire un Etat o� les ouvriers continueraient � exercer la direction sur les paysans, garderaient la confiance de ces derniers, et par une �conomie rigoureuse, banniraient de tous les domaines de la vie sociale jusqu'aux moindres exc�s.

Nous devons r�aliser le maximum d'�conomie dans notre appareil d'Etat. Nous devons en bannir toutes les traces d'exc�s que lui a laiss�es en si grand nombre la Russie tsariste, son appareil capitaliste et bureaucratique.

Est‑ce que ce ne sera pas le r�gne de la m�diocrit� paysanne ?

Non. Si nous conservons � la classe ouvri�re sa direction sur la paysannerie, nous pourrons, au prix d'une �conomie des plus rigoureuses dans la gestion de notre Etat, employer la moindre somme �conomis�e pour d�velopper notre grande industrie m�canis�e, l'�lectrification, l'extraction hydraulique de la tourbe, pour achever la construction de la centrale hydro‑�lectrique du Volkhov [3], etc.

L�, et l� seulement, est notre espoir. Alors seulement nous pourrons, pour employer une image, changer de cheval, abandonner la haridelle du paysan, du moujik, renoncer aux �conomies indispensables dans un pays agricole ruin�, et enfourcher le cheval que recherche et ne peut manquer de rechercher le prol�tariat, � savoir, la grande industrie m�canis�e, l'�lectrification, la centrale hydro‑�lectrique du Volkhov, etc.

Voil� comment je rattache dans mon esprit le plan d'ensemble de notre travail; de notre politique, de notre tactique, de notre strat�gie, aux t�ches de l'Inspection ouvri�re et paysanne r�organis�e. Voil� ce qui justifie � mes yeux le souci exceptionnel, l'attention soutenue que nous devons porter � l'Inspection ouvri�re et paysanne, en la pla�ant � une hauteur exceptionnelle, en conf�rant � ses dirigeants les droits du Comit� central, etc., etc.

En voici la justification : c'est seulement en �purant au maximum notre appareil, en r�duisant au maximum tout ce qui n'est pas absolument n�cessaire, que nous pourrons nous maintenir � coup sũr. Et cela, non pas au niveau d'un pays de petite agriculture paysanne, non pas au niveau de cette �troitesse g�n�ralis�e, mais � un niveau qui s'�l�ve de plus en plus vers la grosse industrie m�canis�e.

Telles sont les grandes t�ches dont je r�ve pour notre Inspection ouvri�re et paysanne. Voil� pourquoi je projette pour elle la fusion de l'organisme supr�me du Parti avec un � simple � Commissariat du Peuple.

Le 2 mars 1923.


Notes

[1] Voir � Comment r�organiser l’Inspection Ouvri�re et Paysanne ? �, 23.1.1923. (N. R.)

[2] En fran�ais dans le texte. (N. R.)

[3] Il s�agit de la premi�re centrale hydro�lectrique sovi�tique. Sa construction commen�a d�s 1918 mais ne fut achev�e qu�en qu�en 1926.


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