Pascal et les adversaires de l’Église
Gérard FERREYROLLES Même si le phénomène peut, à vue superficielle, apparaître paradoxal, la polémique est coextensive au christianisme, en raison assurément des attaques qu’il suscite, mais également de sa vocation propre : «L’Écriture nous enseigne que Jésus-Christ est venu apporter au monde, non seulement la paix, mais aussi l’épée et la division, parce que toutes ces choses sont nécessaires chacune en leur temps pour le bien de la vérité, qui est la dernière fin des fidèles » 1. Il existe donc une tradition de la polémique chrétienne, au sein de laquelle nous nous proposons de situer l’un de ses représentants les plus illustres, et l’auteur de cette phrase, Blaise Pascal, en le suivant pour une fois dans la confrontation non pas avec ses adversaires dans l’Église – les jésuites2 –, mais avec les adversaires – extérieurs – de l’Église. Pour ce faire, on commencera par identifier les cibles et les modalités de la polémique chrétienne avant Pascal pour en suivre le devenir dans ses textes.
1 Pascal, Second Écrit des curés de Paris, dans Pascal, Les Provinciales, Pensées et opuscules divers, éd. Ph. Sellier, G. Ferreyrolles et L. Cognet, Paris, Le Livre de Poche, «La Pochothèque » , 2004, p. 654. Les passages en italiques sont des citations de l’Évangile de Matthieu, X, 34.
2 Voir notre étude sur «Les Provinciales dans la tradition de la polémique chrétienne » , à paraître dans les Quaderni Leif de l’Université de Catane. Sur cette oeuvre, consulter La Campagne des «Provinciales » , Chroniques de Port-Royal, n° 58, 2008.
