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Remarques sur des formes différentes d'acculturation chez les Esquimaux et les Lapons

[compte-rendu]

Année 1958 364 pp. 549-554
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REMARQUES

SUR DES FORMES DIFFÉRENTES D'ACCULTURATION CHEZ LES ESQUIMAUX ET LES LAPONS

Une récente exposition d'art esquimau canadien contemporain1 a rappelé que l'art des civilisations mourantes est non seulement « rabâcheur », selon le mot d'André Malraux2, mais qu'il a aussi perdu sa valeur créatrice, c'est-à-dire sa portée. Tout ce qui n'est pas « utilitaire » s'y révèle comme moins significatif, de style moins caractérisé, plus gratuit.

L'évolution de l'arme principale du chasseur esquimau — le harpon — illustre cette vérité selon laquelle la qualité d'un style est lié au caractère vital de l'objet, au niveau de conscience de l'artisan qui s'y attache. Reflet d'une connaissance toujours plus scientifique de la balistique (connaissance souvent renouvelée par l'emploi de nouveaux matériaux), le harpon, gauche et décoré jadis, désacralisé, aérodynamisé et nu de nos jours, offre à tous moments la marque d'un style authentique.

Autre exemple : si le kayak des Esquimaux polaires est sans style, c'est que les Esquimaux de Thulé ne se sont pas efforcés, comme les Groenlandais de la côte Sud- Ouest, de perfectionner les formes des embarcations. L'utilité du kayak y est réduite du fait de la brièveté de la saison de la débâcle — trois mois à peine — et aussi du danger de naviguer dans des eaux parsemées de glaçons aux arêtes coupantes.

Il y a, de même, entre les œuvres primitives et les produits de « l'industrie des souvenirs », une foncière différence. Un travail primitif- — harpon, iglou, tatouages3 — est significatif, parce que directement fonctionnel.

Un ours « à la Pompon », une figurine, un cendrier venant du centre, pourtant si vanté au Groenland, de Kangamiut ou de groupes spécialisés d'Esquimaux canadiens4 ou alaskiens sont, sans doute, sans style, parce que ne disposant plus de motivation vitale.

En tentant, pour l'industrie du souvenir, de prolonger à des fins commerciales les manifestations matérielles d'une histoire révolue, la société esquimau de 1958 fait montre, en Alaska, au Canada et au Groenland, d'une stérilité certaine. Stérilité spirituelle ; stérilité civilisationnelle. Elle constitue en effet la manifestation d'une démission devant le présent et l'avenir dans le vain espoir de préserver et de promouvoir le passé.

Quels que soient les revenus tirés actuellement de telles occupations5, quel que soit le caractère plus ou moins officiel des encouragements donnés à celles-ci6, l'industrie

1. Catalogue, Art esquimau au Canada, Ottawa, Edmond Cloutier, imprimeur, 1956, une broch., 6 p., 6 phot. 2. A. Malraux, Les voix du silence, Paris, 1952, un vol., 658 p., 570 fig., 15 pi. (p. 541). 3. F. Boas, Primitive art, New York, Dover publications, 1955, un vol., 378 p., 15 pi., 308 flg. 4. James A. Houston, In search of contemporary Eskimo art (Canadian art, 1952, V. 9, n° 3, p. 99-104, 8 ill.). 5. C. Desgoffe, Contact culturel : le cas des Esquimaux des îles Belcher (Anthropologica, 1955, n° 1, p. 45-61). Souvenirs, travail pour les Blancs à la mine ou en qualité de guide représentent, en 1953-1954, 32 p. 100 du budget annuel en espèces de chacune des 32 familles. L'industrie des souvenirs représente exactement 12 p. 100 de leur budget annuel en espèces. A Thulé (mars 1950 - mars 1951), le premier pourcentage est très inférieur pour les 63 familles du district. A Thulé même (station), au cours de cette année, il a pu atteindre toutefois exceptionnellement 35 p. 1 00 du budget annuel en espèces de certaines familles (J. Malaurie, The French geographical expedition to Thulé 1950-1951 : a preliminary report, Arctic, t. VIII, 1955, n° 4, p. 202-214). 6. Canadian Eskimo art, Minister of Northern Affairs and National Ressources, Ottawa, 1954, 40 p., 35 phot., 1 carte.

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