LA CERAMIQUE CAMPANIENNE : ACQUIS ET PROBLEMES

A la mémoire de Nino Lamboglia

1. Présentation

1.1. Quelques orientations

1.1.1 - Nous appelons céramique "campanienne" les productions à vernis noir utilisées du IVe s. au 1er s. avant notre ère autour du bassin occidental de la Méditerranée. Ce nom tout à fait fictif, mais commode, s'est désormais presque imposé dans la pratique archéologique. Cette convention ne présente plus guère d'inconvénient, mais a une condition expresse : qu'elle n'aille pas faire penser que la totalité, ou même la majorité de ces céramiques proviennent effectivement de Campanie.

1.1.2 - Prétendre résumer en quelques pages les connaissances actuelles sur la céramique campanienne, c'est avant tout se plier à un certain nombre de contraintes imposées aussi bien par la nature du matériel considéré que par l'état de la question. La première conseille de mettre en évidence la variété des productions, le second conseille de mettre en évidence les lacunes de notre savoir.

La nature du matériel étudié, d'abord : il s'agit de séries de vases utilisées dans la moitié du monde classique pendant près de quatre siècles : aussi n'est-il pas exagéré d'affirmer que la céramique campanienne couvre une "surface" géographique et chronologique inégalée par les autres productions céramiques de l'Antiquité, avec tous les problèmes de diversification et d'évolution que cela implique.

L'état de la question, ensuite : malgré l'ampleur de cette production, ou à cause d'elle, la campanienne n'est étudiée véritablement que depuis quelques années : un quart de siècle au maximum. Sa connaissance ne dépasse donc guère le stade où était parvenue celle des vases grecs quand on les appelait "vases étrusques" et qu'on les considérait comme tels. C'est sur ce point que nous insisterons d'abord, car il explique bien des incertitudes et des équivoques, et doit retenir de considérer comme totalement acquis des résultats assis sur des bases encore aussi précaires.

1.2. Étapes de l'étude

1.2.1 - La publication du célèbre mémoire de N. Lamboglia, Per una classif icazione preliminare délia ceramica campana (Lamboglia 1952 a), constitue pour cette branche de la céramologie un tournant capital et sépare sa préhistoire de son histoire. Auparavant, une céramique aussi répandue avait bien entendu été signalée à maintes reprises, à commencer par un article de G. F. Gamurrini remontant à un siècle et dans lequel elle recevait d'emblée une des deux appellations qui allaient désormais la désigner couramment, celle de "céramique étrusco-campanienne" (Gamur-