Couverture fascicule

Roger Bellet, Jules Vallès, 1995

[compte-rendu]

Fait partie d'un numéro thématique : L'incendie
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■ Portraits, souvenirs et correspondances

♦ Roger BELLET, Jules Vallès, Paris, Fayard, 1995, 541 pages.

A la mode, le genre biographique recouvre pourtant bien des formes qui vont du meilleur au pire, de l'essai scientifique à l'hagiographie inavouée. Roger Bellet, introducteur de Jules Vallès dans «la Pléiade » (Gallimard, 2 vol., 1975 et 1990), animateur et fondateur de la revue Jules Vallès, a choisi de cerner l'homme par l'œuvre. Parce que le «réfractaire » fut d'abord un grand journaliste, le biographe a pris le parti de privilégier les milliers d'articles qui jalonnent cette vie pour donner chair à l'engagement et à la personnalité de cet écrivain engagé dans son siècle. A la différence des historiens qui s'appuient sur la correspondance, les journaux intimes et les témoignages des contemporains pour camper leur héros, Roger Bellet met en situation la masse documentaire que constitue l'œuvre journalistique. Spécialiste des études de presse -ce que prouvent magistralement Presse et journalisme sous le second Empire, Paris, A. Colin, Coll. «Kiosque », 1967, et Jules Vallès, journalisme et révolution, Tusson, Du Lérot, 2 vol., 1987 -Roger Bellet montre comment le développement des périodiques fut l'un des phénomènes capitaux du XIXe siècle. Si tant de jeunes hommes, fùturs écrivains ou non, hommes politiques ou avocats, voulurent se faire connaître par cette voie, c'est qu'elle représentait le passage obligé vers la célébrité ou l'action publique. Bien entendu, le biographe n'ignore pas les romans dont il utilise aussi les manuscrits et les variantes, ni les documents d'archives quand ils apportent de l'inédit, mais la correspondance est moins fréquemment citée qu'à l'habitude dans ce genre d'étude. Le choix méthodologique méritait d'être relevé parce que l'ambition du vallésien n'est pas tant de raconter la vie de son héros _ on en saura peu sur ses relations amoureuses ou ses mœurs intimes, moins que dans le Journal des Goncourt -que de souligner en quoi l'écriture constitua la trame de l'existence, son moteur et sa finalité, ce qui rend les petits événements de la destinée ordinaire secondaires ou dérisoires.

La première partie de l'essai est bien forcée cependant de sacrifier à la narration puisque Jules Valiez -telle est alors l'orthographe de son nom -ne sait pas encore qu'il empruntera le chemin de l'écriture journalistique pour exprimer ce vouloir-vivre qui en fait un enfant du siècle. Toutefois, c'est par la relecture de l'œuvre fïctionnelle qu'est abordée cette tranche de vie qui mène le lecteur du Puy-en-Velay à Saint-Étienne puis à Nantes où le pion de père obtient enfin cette agrégation de grammaire qui transforme le fils de paysan auvergnat en un lettré si ce n'est un savant. Bon élève, couvert de lauriers et de prix, Jules Vallès ne décroche son baccalauréat qu'en 1 852 -à 20 ans -après plusieurs tentatives infructueuses. La révolution de 1848 a traversé sa vie, avec ses espérances et ses amertumes, l'itinérance également qui conduit le futur «bachau » à Paris, la ville phare et la mère de toutes les insurrections. On ne reviendra pas sur l'enfance difficile, les coups assenés par les parents afin de former le corps et de discipliner l'esprit, de le préparer à plier devant les exigences de la société, encore que l'interprétation du biographe soit lumineuse, beaucoup plus sociale que psychanalytique, davantage satisfaisante pour l'historien de ce point de vue puisque moins teintée d'individualisme. On insistera en revanche sur les pages qui s'attardent sur l'internement psychiatrique, fin décembre 1851, parce que l'on comprend mieux pourquoi un professeur nantais ne pouvait qu'interpréter en termes cliniques l'engagement politique de son fils contre

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