Les femmes et l'emploi en Union Soviétique
Hélène YVERT-JALU*
Quand on évoque la condition féminine en Occident, on pense surtout aux inégalités entre hommes et femmes qui caractérisent le monde du travail. Qu'en est-il en U.R.S.S. ? N'est-ce pas faire preuve de mauvais esprit que de poser la question concernant une société qui dès le départ s'est voulue égalitaire ?
I. Le travail, facteur d'égalité et d'émancipation
L'un des premiers actes politiques des bolcheviks, au lendemain de la révolution d'Octobre, a été la proclamation de l'égalité absolue des hommes et des femmes. On retrouve cette affirmation dans les Constitutions de 1918 et de 1936 ainsi que dans la nouvelle Constitution de 1977 :
« La femme et l'homme jouissent en U.R.S.S. de droits égaux. L'exercice de ces droits est garanti par l'octroi aux femmes de possibilités égales à celles des hommes d'accéder à l'instruction et à la formation professionnelle, de travailler, d'être rémunérées en conséquence... Il est garanti également par la création de conditions permettant aux femmes d'associer travail et maternité... » (art. 35).
Cette proclamation de l'égalité entre les sexes se situe dans la droite ligne de la tradition socialiste de Fourier à Engels. Lénine en accord avec la pensée marxiste liait la question de l'émancipation des femmes à leur activité professionnelle :
« Pour une complète libération de la femme et son égalité de fait avec l'homme, il faut qu'il y ait une économie sociale et que la femme prenne part au travail social productif »'.
* Maître-assistante à Paris I ; membre de l'Équipe n° 151 du C.N.R.S.
1. V. Lénine, « Discours à la 4e Conférence de Moscou des travailleurs sans-parti, le 23 sept. 1919 », in : K. Marx, F. Engels, I. Lénine, La question féminine, Moscou, éd. de la littérature politique, 1971, p. 99.
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