Spotify se venge de la taxe streaming en privilégiant une fois de plus le business aux artistes

Après l’annonce par la France d’une taxe pour soutenir les acteurs fragiles de la filière musicale, la plateforme a annoncé retirer son soutien aux Francofolies et au Printemps de Bourges. Curieuse façon de défendre la musique.

Photo Budrul Chukrut/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

Par Thomas Richet

Publié le 21 décembre 2023 à 16h14

«À Spotify, nous sommes des passionnés de musique. » C’est Antoine Monin, aujourd’hui directeur général en France, qui le disait au magazine Numéro en 2021. La preuve ? Lui-même travaille « depuis vingt-cinq ans dans ce milieu », étant passé notamment par les Francofolies de La Rochelle ou le Printemps de Bourges. Deux ans plus tard, mercredi 20 décembre, le même Antoine Monin annonce que la plateforme suédoise coupe toutes ses aides à ces deux festivals, pour se venger – le mot s’impose – de l’instauration d’une « taxe streaming » en France. Drôle de déclaration d’amour.

Car entre la communication de Spotify – qui se présente sans cesse comme un chevalier des arts et des notes – et la réalité, le hiatus est vaste. Autant qu’entre les sommes que reverse la plateforme à Taylor Swift et celles que touche un musicien lambda. La musique ou le business, l’entreprise suédoise a toujours choisi sans hésitation.

Neil Young, écœuré de se retrouver aux côtés du podcasteur conspirationniste Joe Rogan dans le catalogue de la plateforme, menace en 2022 de claquer la porte ? Le Loner se retrouve bien seul. Les artistes se plaignent de ne pas être suffisamment payés ? L’entreprise de Daniel Ek décide de ne plus rémunérer, à partir de janvier 2024, les titres à moins de mille écoutes pour donner davantage aux plus fortunés.

Spotify, du haut de sa tour de leader incontesté du streaming, oublie que la musique est un écosystème délicat. La taxe voulue par Emmanuel Macron contribuera, à hauteur de 15 millions d’euros pour le moment, au financement du Centre national de la musique (CNM), qui vient notamment en aide aux créations les plus fragiles. À 1,2 % du chiffre d’affaires de Deezer, YouTube, Apple, Amazon et les autres, c’est finalement peu cher payer pour défendre une certaine diversité. Dont Spotify, dans sa communication du moins, assure être le champion.

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