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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 23:51
Si les élections législatives du 11 avril en Corée du Sud ont consacré la victoire des conservateurs au pouvoir du Parti Saenuri (Nouveau monde), leur courte avance (157 sièges contre 140 sièges remportés par l'opposition libérale et de gauche) laisse toutes les options ouvertes en vue de l'échéance majeure, le scrutin présidentiel du 19 décembre prochain, uninominal à un tour, pour lequel le président sortant Lee Myung-bak ne peut pas être juridiquement candidat à sa propre succession. Dans un premier temps, les primaires internes aux différentes coalitions conduiront à la désignation des candidats. Alors que les premiers adversaires de la présidente du Parti Saenuri se sont déclarés dans le camp conservateur, un des enjeux majeurs pour l'opposition démocrate et socialiste sera de surmonter ses divisions internes, qui ont été l'un des facteurs de son échec aux législatives du 11 avril dernier.

Etrange atmosphère de fin de mandat en Corée du Sud. D'un côté, la popularité du chef de l'Etat Lee Myung-bak reste dans ses basses eaux, au moment où la présidence sud-coréenne est épinglée pour avoir donné des instructions ordonnant la mise sous surveillance de 2.600 personnalités de la politique, des médias et des syndicats - ce qui a entraîné la première grève depuis 1989 de l'agence de presse Yonhap, pourtant pro-gouvernementale, contre la couverture médiatique déséquilibrée de cet énième scandale, tandis que les personnels de la chaîne de radio-télévision publique KBS, plus à droite que leurs concurrents de MBC, ont rejoint le mouvement de protestation. Par ailleurs, la révélation d'un nouveau cas de vache folle en Californie a été mal gérée par le gouvernement, qui s'est contenté d'annoncer un renforcement des contrôles sanitaires, oubliant sa promesse de mai 2008 d'enquêter sur toutes les importations de boeuf des Etats-Unis si des cas de vache folle étaient découverts outre-Atlantique. A l'époque, la décision du président Lee Myung-bak, très américanophile, d'autoriser la reprise des importations de boeuf américain avait soulevé une tempête de protestations et des manifestations d'une ampleur inégalée depuis la chute du régime militaire. Nouvellement entrée en fonctions, l'administration Lee Myung-bak avait inauguré un nouveau style de gouvernement, marqué par une vague de répressions au nom de la loi de sécurité nationale, des limitations de la liberté de manifestation et un contrôle accru d'Internet et des médias.

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Malgré ces échecs, qui s'ajoutent aux promesses électorales non tenues sur le front du chômage et de la croissance économique, les conservateurs ont réussi à conserver une majorité, certes étriquée, aux élections législatives du 11 avril dernier. Mais la contradiction n'est qu'apparente : en réprimant ses opposants au nom de l'anticommunisme, l'administration Lee Myung-bak faisait coup double. D'une part, elle réduisait au silence des voix gênantes. D'autre part, forts du soutien sans faille d'une presse et de télévisions nationales qui leur sont largement acquis, s'appuyant sur le réseau dense des églises protestantes, les conservateurs pouvaient dénoncer un désordre selon eux entretenu par l'opposition et consolider leurs bases dans l'ouest du pays, plus âgé et plus conservateur. Dans ces régions plus que partout ailleurs, les principaux quotidiens nationaux de la trilogie conservatrice - le Dong-A, le Choson et le JoongAng - restent la principale source d'information. Le très autoritaire général Park Chung-hee reste populaire dans ces provinces qu'il a délibérément favorisées économiquement, pendant les années de plomb du régime militaire. A cet égard, la carte des résultats du scrutin du 11 avril est sans ambiguïté : si l'opposition a remporté pratiquement toutes les circonscriptions du Cheolla et de l'île de Jeju, qui lui sont traditionnellement acquises, et près des deux tiers de celles de Séoul et de son aire métropolitaine, l'ouest du pays a reconduit massivement ses députés conservateurs.

Dans ce contexte, la favorite des sondages et présidente du Parti Saenuri, Park Geun-hye - fille du général Park Chung-hee - a confirmé sa candidature à l'élection présidentielle du 19 décembre, immédiatement après le succès de sa formation politique aux élections législatives. Mais fuyant la confrontation, ayant plus qu'à son tour évité de se prononcer sur bien des sujets de politique intérieure et internationale, Park Geun-hye n'est pas encore désignée comme candidate du Parti Saenuri, même si les règles de désignation au sein des primaires du parti au pouvoir (où le collège électoral des membres du parti pèsera autant que celui des citoyens non encartés) lui sont a priori favorables. Après Kim Moon-soo, gouverneur de la province du Gyeonggi, un deuxième candidat à la primaire vient de se déclarer, en la personne du député Chung Mong-joon, fils du fondateur du groupe Hyundai, laquelle atteste que les pouvoirs politique et économique restent toujours aussi étroitement liés au Sud de la péninsule. Au moment où les démêlés internes à la famille qui dirige Samsung défraient la chronique à Séoul, il convient de rappeler que les fortunes des conglomérats, les chaebols, ont été bâties sur des relations de collaboration avec l'occupant japonais puis les régimes autoritaires qui se sont succédés au pouvoir, pendant plus de 40 ans, en Corée du Sud. D'autres candidatures sont attendues du côté droit de l'échiquier : Lee Jae-oh, proche de l’actuel président Lee Myung-bak, et l’ancien Premier ministre Chung Un-chan.

Dans l'opposition, la direction du Parti démocratique unifié (PDU) a présenté ses excuses pour n'avoir pas pu remporter le scrutin législatif, dont les libéraux avaient pourtant longtemps été les favoris. Tirant les leçons de son échec, la présidente du PDU, Han Myeong-suk, a démissionné. Candidat le mieux placé parmi les membres du PDU dans les sondages d'opinion, Moon Jae-in a renforcé ses positions en remportant la circonscription de Sasang, à  Busan, avec une nette avance (55 %, contre 43,8 % à sa principale adversaire, une novice de 27 ans du Parti Saenuri, Son Soo-jo). Une incertitude pèse sur la participation ou non du candidat actuellement le mieux placé pour s'opposer à Mme Park Geun-hye, l'entrepreneur en informatique Ahn Cheol-su, très populaire auprès des jeunes mais peu prolixe sur des sujets comme l'application de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ratifié par le Parlement dans des conditions pour le moins discutables, ou la construction de la base navale de Jeju. Le président par intérim du PDU, M. Moon Sung-keun, a invité Ahn Cheol-su à participer à la primaire de l'opposition. En effet, si Ahn Cheol-su confirmait sa candidature, mais comme indépendant, il diviserait les voix des opposants à Park Geun-hye dans le scrutin présidentiel à un seul tour, ce qui atténuerait grandement les chances des démocrates de fermer la parenthèse conservatrice ouverte en 2007.

Le PDU, comme ses alliés de gauche du Parti progressiste unifié (13 sièges aux législatives), s'opposent à la politique nord-coréenne des conservateurs au pouvoir à Séoul et préconisent également de renforcer la protection sociale des travailleurs. Un autre enjeu a été révélé par la flambée d'attaques racistes ayant suivi l'élection, pour la première fois, d'une députée d'origine étrangère (en l'occurrence, philippine), Mme Jasmine Lee, dans les rangs du Parti Saenuri. Ces attaques ont montré la nécessité, pour la société sud-coréenne, d'assume son multiculturalisme. Dans ce combat, la gauche a souvent été très isolée dans son soutien courageux aux travailleurs précaires venus du sous-continent indien, ainsi que dans l'intégration des épouses philippines, ou originaires du Sud-Est asiatique, de conjoints coréens.

Sources : AAFC, wikipédia (article en anglais consacré aux élections du 11 avril), Yonhap (notamment, dépêche du 29 avril 2012 "Le député Chung annonce sa candidature à l'élection présidentielle", article du 17 avril 2012 "Ahn est prié de dévoiler ses ambitions présidentielles").
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