Carcassonne

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Carcassonne
Carcassonne
La Cité de Carcassonne.
Blason de Carcassonne
Blason
Carcassonne
Logo
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Département Aude
(préfecture)
Arrondissement Carcassonne
(chef-lieu)
Intercommunalité Carcassonne Agglo
(siège)
Maire
Mandat
Gérard Larrat (DVD)
2020-2026
Code postal 11000
Code commune 11069
Démographie
Gentilé Carcassonnais
Population
municipale
46 218 hab. (2021 en augmentation de 0,48 % par rapport à 2015)
Densité 710 hab./km2
Population
agglomération
47 154 hab. (2021)
Géographie
Coordonnées 43° 12′ 47″ nord, 2° 21′ 07″ est
Altitude Min. 81 m
Max. 250 m
Superficie 65,08 km2
Type Commune urbaine
Unité urbaine Carcassonne
(ville-centre)
Aire d'attraction Carcassonne
(commune-centre)
Élections
Départementales Cantons de Carcassonne-1, de Carcassonne-2 et de Carcassonne-3
(bureau centralisateur)
Législatives Première et troisième circonscriptions
Localisation
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Carcassonne
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Carcassonne
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Carcassonne
Liens
Site web carcassonne.org

Carcassonne Écouter (Carcassona en occitan) est une commune française, préfecture du département de l'Aude dans la région Occitanie.

Sur le plan historique et culturel, la commune fait partie du Carcassès, un pays centré sur la ville de Carcassonne, entre les prémices du Massif central et les contreforts pyrénéens. Exposée à un climat océanique altéré, elle est drainée par le canal du Midi, l'Aude, le Fresquel, l'Arnouze, le ruisseau de Bazalac, le ruisseau de Malepère, le ruisseau de Fount Guilhen et par divers autres petits cours d'eau.

Carcassonne est une commune urbaine qui compte 46 218 habitants en 2021, après avoir connu une croissance quasiment continue de la population depuis les années 1800. Elle appartient à l'unité urbaine de Carcassonne et fait partie de l'aire d'attraction de Carcassonne. Ses habitants sont appelés les Carcassonnais ou Carcassonnaises. Carcassonne est la ville principale de Carcassonne Agglo (113 933 habitants en 2019).

Occupée depuis le Néolithique, Carcassonne se trouve dans la plaine de l'Aude entre deux grands axes de circulation reliant l'Atlantique à la mer Méditerranée et le Massif central aux Pyrénées.

La ville est connue pour la Cité de Carcassonne, ensemble architectural médiéval restauré par Viollet-le-Duc au XIXe siècle et inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1997[1].

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

Plan de situation de Carcassonne.

Carcassonne est située dans le Sud de la France à 95 kilomètres au sud-est de Toulouse. Son emplacement stratégique sur la route entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le Néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre la montagne Noire au nord et les Corbières à l'est, la plaine du Lauragais à l'ouest et la vallée de l'Aude au sud. Cette région naturelle est appelée le Carcassès ou le Carcassonnais.

La superficie de la commune est de 65 km2, ce qui est grand comparé aux nombreuses petites communes de l'Aude. La ville est traversée par l'Aude, le Fresquel et le canal du Midi.

Distances kilométriques entre Carcassonne et les capitales régionales (routes/autoroutes) : Ajaccio : 542 km (à vol d'oiseau), Bordeaux : 335 km, Dijon : 637 km, Lille : 986 km, Lyon : 444 km, Marseille : 318 km, Nantes : 678 km, Orléans : 645 km, Paris : 768 km, Rennes : 788 km, Rouen : 877 km, Strasbourg : 929 km, Toulouse : 95 km, Montpellier : 130 km. La ville la plus proche est Narbonne (62 km).

Communes limitrophes[modifier | modifier le code]

Les communes limitrophes sont Berriac, Caux-et-Sauzens, Cavanac, Cazilhac, Couffoulens, Fontiès-d'Aude, Lavalette, Montirat, Palaja, Pennautier, Pezens, Roullens, Trèbes, Villedubert et Villemoustaussou.

Vue panoramique de Carcassonne.

Géologie et relief[modifier | modifier le code]

Carcassonne se situe en zone de sismicité 1 (sismicité très faible)[3].

Hydrographie[modifier | modifier le code]

L’Aude, le pont Vieux et la cité médiévale.

La commune est dans la région hydrographique « Côtiers méditerranéens »[4], au sein du bassin hydrographique Rhône-Méditerranée-Corse[5]. Elle est drainée par le canal du Midi, l'Aude, le Fresquel, l'Arnouze, le ruisseau de Carrel, le ruisseau de Malepère, le ruisseau de Régal, le ruisseau des Bouteillères, le Rieu, le ruisseau de Conquet, le ruisseau de Montirat, le ruisseau de Saint-Martin, le ruisseau des Sabartèzes, qui constituent un réseau hydrographique de 69 km de longueur totale[6],[Carte 1].

Le canal du Midi, d'une longueur totale de 239,8 km, est un canal de navigation à bief de partage qui relie Toulouse à la mer Méditerranée depuis le xviie siècle[7].

L'Aude, d'une longueur totale de 223,59 km, prend sa source dans la commune des Angles et s'écoule du sud vers le nord. Elle traverse la commune et se jette dans le golfe du Lion à Fleury, après avoir traversé 73 communes[8].

Le Fresquel, d'une longueur totale de 63 km, prend sa source dans la commune de Baraigne et s'écoule d'ouest en est. Il traverse la commune et se jette dans l'Aude sur le territoire communal, après avoir traversé 22 communes[9].

L'Arnouze, d'une longueur totale de 15 km, prend sa source dans la commune d'Alairac et s'écoule du sud-ouest vers le nord-est. Il traverse la commune et se jette dans le Fresquel sur le territoire communal, après avoir traversé 3 communes[10].

Le ruisseau de Carrel, ou ruisseau de Bazalac, d'une longueur totale de 10,9 km, prend sa source dans la commune de Mas-des-Cours et s'écoule vers le nord. Il traverse la commune et se jette dans l'Aude à Trèbes, après avoir traversé 6 communes[11].

Le ruisseau de Malepère, d'une longueur totale de 10,9 km, prend sa source dans la commune d'Alairac et s'écoule du sud-ouest vers le nord-est. Il traverse la commune et se jette dans l'Aude à Cavanac, après avoir traversé 4 communes[12].

Climat[modifier | modifier le code]

En 2010, le climat de la commune est de type climat du Bassin du Sud-Ouest, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[13]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans la région climatique Aquitaine, Gascogne, caractérisée par une pluviométrie abondante au printemps, modérée en automne, un faible ensoleillement au printemps, un été chaud (19,5 °C), des vents faibles, des brouillards fréquents en automne et en hiver et des orages fréquents en été (15 à 20 jours)[14].

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 14,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15,9 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 707 mm, avec 9,1 jours de précipitations en janvier et 4,5 jours en juillet[13]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 14,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 665,0 mm[15],[16]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[17].

Statistiques 1991-2020 et records CARCASSONNE (11) - alt : 128m, lat : 43°12'55"N, lon : 2°17'43"E
Records établis sur la période du 01-01-1948 au 13-04-2024
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 3,5 3,5 5,9 8,1 11,6 15,1 17,3 17,3 14,1 11,3 6,9 4,2 9,9
Température moyenne (°C) 6,7 7,5 10,4 12,9 16,5 20,5 23,1 23,1 19,4 15,5 10,4 7,4 14,4
Température maximale moyenne (°C) 10 11,4 14,9 17,7 21,4 25,9 28,8 28,9 24,8 19,7 13,9 10,7 19
Record de froid (°C)
date du record
−12,5
16.01.1985
−15,2
04.02.1963
−7,5
01.03.05
−1,6
08.04.1956
0,9
04.05.10
6
01.06.1949
8,4
04.07.1948
8,2
30.08.1986
2,9
27.09.1972
−2
29.10.1949
−6,8
22.11.1998
−12
28.12.1962
−15,2
1963
Record de chaleur (°C)
date du record
21,1
15.01.1955
25,2
27.02.19
27,3
21.03.1990
31,3
13.04.24
35,2
30.05.01
40,7
17.06.22
40,2
06.07.1982
43,2
23.08.23
36,4
07.09.1988
31,9
10.10.23
26,2
13.11.1948
22,4
18.12.1989
43,2
2023
Ensoleillement (h) 95,4 121,9 173,8 192,2 220,1 247,8 282,5 267,8 216 152,2 104,6 95,2 2 169,5
Précipitations (mm) 66 46,6 58,4 71,4 63,1 46,8 30,1 39,8 48,4 62,7 70,3 61,4 665
Source : « Fiche 11069001 », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/01/2024 dans l'état de la base
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
10
3,5
66
 
 
 
11,4
3,5
46,6
 
 
 
14,9
5,9
58,4
 
 
 
17,7
8,1
71,4
 
 
 
21,4
11,6
63,1
 
 
 
25,9
15,1
46,8
 
 
 
28,8
17,3
30,1
 
 
 
28,9
17,3
39,8
 
 
 
24,8
14,1
48,4
 
 
 
19,7
11,3
62,7
 
 
 
13,9
6,9
70,3
 
 
 
10,7
4,2
61,4
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Site[modifier | modifier le code]

Carcassonne est située sur les bords du fleuve de l'Aude. La commune est traditionnellement divisée en deux, la ville basse qui occupe les berges du fleuve à l'ouest et la ville haute (ou Cité) qui occupe la colline surplombant l'Aude. La Cité est construite sur un petit plateau constitué par le creusement de l'Aude à environ 150 mètres d'altitude au-dessus de la ville basse[18]. La ville basse se situe au niveau de l'Aude dont l'altitude est de 100 mètres.

L'Aude arrive à Carcassonne après son périple montagneux dans les gorges de la haute-vallée de l'Aude et devient alors un fleuve plus tranquille. Elle passe au Païcherou, longe le cimetière Saint-Michel puis se sépare en deux bras formant une île appelée l'île du Roy. Quatre ponts permettent de la franchir : le pont Garigliano, le Pont-Vieux accessible uniquement aux piétons, le pont Neuf et le pont de l'Avenir. Le canal du Midi passe également au nord de la ville entre la gare et le jardin André-Chénier jouxtant la bastide Saint-Louis.

La ville se situe dans un couloir entre la montagne Noire au nord et la chaîne des Pyrénées au sud. La plaine est constituée de dépôts récents amenés par l'Aude et provenant des Pyrénées. Il s'agit de la molasse de Carcassonne, qui se caractérise par une alternance de grès, de conglomérats et de marnes gréseuses fluviatiles datant de l'Éocène[réf. nécessaire].

Urbanisme[modifier | modifier le code]

Typologie[modifier | modifier le code]

Carcassonne est une commune urbaine[Note 1],[19]. Elle fait en effet partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[20],[21]. Elle appartient à l'unité urbaine de Carcassonne, une agglomération intra-départementale regroupant 2 communes[22] et 47 154 habitants en 2021, dont elle est ville-centre[23],[24].

Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Carcassonne, dont elle est la commune-centre[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 115 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[25],[26].

Occupation des sols[modifier | modifier le code]

Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (55,1 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (71,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (25,4 %), zones urbanisées (23,1 %), cultures permanentes (18,5 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (10,3 %), terres arables (10 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (6,7 %), mines, décharges et chantiers (1,5 %), forêts (1,5 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (1,4 %), prairies (1,2 %), eaux continentales[Note 3] (0,5 %)[27]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].

Morphologie urbaine[modifier | modifier le code]

Vue du quartier de la Trivalle et de la ville basse depuis la cité de Carcassonne.

Les deux quartiers les plus importants sont la Cité ou Ville-Haute et la Bastide Saint-Louis ou Ville-Basse. Ils sont réunis par celui de la Trivalle avec le pont Vieux traversant l'Aude[28]. La Cité est sise sur un promontoire élevé et entouré d'épais remparts depuis le Moyen Âge. Aussi l'habitat y est dense et vieux. La circulation y est difficile, réglementée et interdite en juillet et en août. La ville basse est une ancienne bastide dont l'organisation suit un plan régulier d'un hexagone aux angles flanqués de bastions. Les rues se coupent en angles droits et sont organisées autour d'une place centrale, la place Carnot. Un boulevard ceinture l'ensemble de cette bastide en suivant les anciens remparts de la ville détruits en 1764 sur ordre de l'évêque Armand Bazin de Bezons. Ce boulevard est large et ouvert contrairement aux rues de la bastide qui sont plus étroites. Plusieurs de ces rues de la bastide sont piétonnes.

Le reste de la ville est découpé en quartiers : La Conte et Joliot-Curie, Ozanam et Saint-Saëns, Saint-Georges, le Viguier, Saint-Jacques, la Cité Fleming, Grazailles-la Reille, la Cité la Prade, la Cité Albignac, le Palais, Gambetta, le Plateau, les Capucins, Bellevue et Pasteur.

La ville possède de nombreux hameaux : Montlegun, Montredon, Grèzes, Herminis, Maquens et Villalbe.

Logement[modifier | modifier le code]

Logements du quartier de la Trivalle.

Carcassonne comptait 25 632 logements en 2007. Les constructions neuves sont peu présentes puisqu'en 1999, seulement 8,9 % des résidences principales étaient postérieures à 1990. À partir de 1990 cette tendance s'est inversée avec les programmes de défiscalisations immobilières Besson et de Robien entrainant de nombreux contentieux[29],[30]. A contrario, les constructions antérieures à 1949 représentaient 29,2 % du parc.

86,6 % des logements sont des résidences principales, réparties à 51,3 % en maisons individuelles et à 47,8 % en appartements (respectivement 57,7 % et 40,5 % dans la région). 48 % des habitants sont propriétaires de leur logement, contre 49,8 % qui ne sont que locataires et 2,2 % logés gratuitement (respectivement 58,5 % et 41,5 % dans la région)[31],[32].

En 2013[33] la ville respecte les dispositions de l’article 55 de la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) de fixant à 20 % le taux minimum de logements sociaux pour les communes les plus importantes. On peut noter en outre que le nombre de logements vacants était assez important en 1999 avec 9,4 % du parc contre seulement 7,7 % dans la région. L'office HLM de l'Aude a participé à des programmes d'amélioration des logements en 1988 en construisant des résidences intégrant la domotique. Ainsi, les résidences « l'étoile » et « Roosevelt » à Carcassonne sont les premiers logements HLM de ce type[34]. Les quartiers du Viguier et de La Conte regroupent la grande partie des logements sociaux de la ville dont la population est majoritairement composée d'habitants immigrés ou d'origine immigrée. Classés quartiers prioritaires, ils sont composés de logements HLM ainsi que de pavillons, avec un taux de pauvreté supérieur à 60 %, l'un des plus élevés de France[35].

La plupart des habitations possèdent 4 pièces (62,4 %), ou 3 pièces (18,8 %), puis 2 pièces (13,5 %). Les petits logements restent peu nombreux (studios : 5,3 %). La ville possède par conséquent des logements de taille importante du fait de l'espace immobilier non restreint, permettant de grandes constructions, et du fait de la demande faible en petits logements[36],[37]. Enfin il faut préciser que ces logements sont bien dotés puisque 89,9 % ont le chauffage central et 57,4 % possèdent un garage, box ou parking (respectivement 76,5 % et 61,7 % pour la région).

Depuis le , le « Permis de louer », un dispositif pour lutter contre la location de logements insalubres et indignes est mis en place par la municipalité[38],[39].

Projets d’aménagement[modifier | modifier le code]

Plusieurs projets d'aménagement de la commune sont en cours de réalisation au nord-est de la ville. Il s'agit de mettre en place de nouvelles zones d'activité commerciale afin d'attirer de nouvelles entreprises à Carcassonne ainsi que l'implantation de nouvelles zones résidentielles. La ZAC (zone d'aménagement concerté) des Hauts de Grazailles située entre la rocade et le canal du Midi est en cours de réflexion et permettrait d'ajouter entre 500 et 700 logements ainsi que des services publics (groupes scolaires) sur 27 hectares. La ZAC de Montredon est un nouveau quartier qui sera créé avec la délocalisation de l’hôpital en 2012. Le site accueillerait le nouveau pôle santé ainsi que des logements et des équipements publics. Enfin, le lotissement de Montredon est en cours de réalisation sur un site de 17 hectares au hameau de Montredon pour la construction de logements sociaux et de pavillons[40].

Voies de communication et transports[modifier | modifier le code]

Carcassonne est située sur l'axe majeur de communication entre Toulouse et la côte méditerranéenne. Le canal du Midi datant du XVIIIe siècle était autrefois un parcours fluvial commercial très emprunté. Le tourisme fluvial l'a remplacé, le port de Carcassonne reste actif, ainsi que l'écluse face à la gare. L'autoroute des Deux Mers et plus précisément le tronçon est de l'A61 passe au sud de la ville permettant un accès direct depuis Toulouse ou Montpellier. Deux sorties (Sortie 23 et Sortie 24) desservent la commune. Sur le réseau secondaire, la route départementale 6113 (ancienne route nationale 113) traverse Carcassonne et permet de rejoindre Toulouse à l'ouest et Narbonne à l'est. Au sud, la route départementale 118 permet d'emprunter la vallée de l'Aude et de rejoindre Limoux et Quillan. Au nord, cette même départementale 118 continue vers la montagne Noire et rejoint Mazamet.

Carcassonne est aussi accessible par le train grâce à la liaison Toulouse-Sète en passant par Narbonne. La ville est aussi reliée à Quillan via une portion rénovée de l'ancienne ligne Carcassonne-Rivesaltes. Plus particulièrement, Carcassonne est à 41 min de Toulouse, h 24 de Montpellier et h de Barcelone grâce au train.

L'aéroport de Carcassonne Salvaza, rebaptisé « aéroport de Carcassonne en Pays Cathare - Sud de France », en 2010, est situé à l'ouest de la ville dans la zone d'activité de Salvaza. Il permet de s'envoler vers l'Angleterre (Londres, Manchester et Nottingham), vers l'Irlande (Dublin et Cork), vers l'Écosse Glasgow et Édimbourg, vers la Belgique (Charleroi) et vers le Portugal (Porto) via la compagnie aérienne Ryanair[41]. En 2002, des travaux ont permis d'allonger la piste principale afin de recevoir de plus gros avions. L'aéroport a reçu 413 724 passagers en 2014, 390 182 passagers en 2015, 392 148 passagers en 2016 et 398 716 passagers en 2017. Depuis 2010, de gros travaux sont entrepris pour augmenter la capacité de l'aéroport avec la création d'une nouvelle aire de stationnement permettant d'accueillir simultanément 4 aéronefs, la construction d'une nouvelle caserne de pompiers, le renouvellement du matériel d'exploitation, la création d'un nouveau hangar pour le matériel de piste, l'adaptation des infrastructures terminales pour garantir le cheminement des passagers et l'agrandissement des salles d'embarquement[42].

Du côté des transports en commun, 30 lignes de bus sillonnent la ville et l'agglomération de Carcassonne[43]. La régie RTCA gère le réseau de transport en commun pour le compte de Carcassonne Agglo. Durant la période estivale, la bastide Saint-Louis est desservie par de petites navettes électriques gratuites dénommées Les Toucs et la liaison entre le centre-ville et la Cité médiévale est desservie par un petit train.

En centre-ville, la voiture est le moyen de transport privilégié des Carcassonnais. La circulation aux heures de pointe y est pourtant assez difficile, surtout en été avec l'afflux de touristes. La route départementale 6113 (ex-route nationale 113) qui débouche directement en ville est très vite saturée. Un premier tronçon routier est construit en 1980 avec la rocade Ouest permettant de joindre la sortie d'autoroute 23 et la route départementale 6113. La rocade Nord-Est est ouverte depuis le et permet de dévier le trafic de la RD 6113 grâce à un contournement par le nord. Ces travaux ont nécessité la construction d'un viaduc au-dessus de l'Aude et des trois ponts[44]. En centre-ville, trois parkings souterrains (le parking André-Chénier de 340 places, le parking des Jacobins de 211 places et depuis le le parking Gambetta de 403 places) permettent d'accueillir jusqu'à 954 voitures[45].

Risques majeurs[modifier | modifier le code]

Le territoire de la commune de Carcassonne est vulnérable à différents aléas naturels : météorologiques (tempête, orage, neige, grand froid, canicule ou sécheresse), inondations, feux de forêts et séisme (sismicité très faible). Il est également exposé à deux risques technologiques, le transport de matières dangereuses et la rupture d'un barrage[46]. Un site publié par le BRGM permet d'évaluer simplement et rapidement les risques d'un bien localisé soit par son adresse soit par le numéro de sa parcelle[47].

Risques naturels[modifier | modifier le code]

La commune fait partie du territoire à risques importants d'inondation (TRI) de Carcassonne, regroupant 4 communes du bassin de vie de l'agglomération carcassonnaise, un des 31 TRI qui ont été arrêtés fin 2012 sur le bassin Rhône-Méditerranée[48], retenu au regard des débordements des cours d’eau l’Aude et le Fresquel. Parmi les dernières crues significatives qui ont touché le territoire, on peut citer la crue de novembre 1999. Des cartes des surfaces inondables ont été établies pour trois scénarios : fréquent (crue de temps de retour de 10 ans à 30 ans), moyen (temps de retour de 100 ans à 300 ans) et extrême (temps de retour de l'ordre de 1 000 ans, qui met en défaut tout système de protection)[49],[50]. La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations et coulées de boue survenues en 1982, 1992, 1996, 2003, 2011, 2014, 2018 et 2020[51],[46].

Carte des zones d'aléa retrait-gonflement des sols argileux de Carcassonne.

Le retrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer des dommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes de sécheresse et de pluie. La totalité de la commune est en aléa moyen ou fort (75,2 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national). Sur les 13 865 bâtiments dénombrés sur la commune en 2019, 13865 sont en aléa moyen ou fort, soit 100 %, à comparer aux 94 % au niveau départemental et 54 % au niveau national. Une cartographie de l'exposition du territoire national au retrait gonflement des sols argileux est disponible sur le site du BRGM[52],[Carte 3].

Risques technologiques[modifier | modifier le code]

Le risque de transport de matières dangereuses sur la commune est lié à sa traversée par une route à fort trafic et une ligne de chemin de fer. Un accident se produisant sur de telles infrastructures est en effet susceptible d’avoir des effets graves au bâti ou aux personnes jusqu’à 350 m, selon la nature du matériau transporté. Des dispositions d’urbanisme peuvent être préconisées en conséquence[53].

La commune est en outre située en aval des barrages de Matemale et de Puyvalador, deux ouvrages de classe A[Note 4], situés dans le département des Pyrénées-Orientales. À ce titre elle est susceptible d’être touchée par l’onde de submersion consécutive à la rupture d'un de ces ouvrages[55].

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le nom de la localité est attesté sous la forme Carcasso au Ier siècle av. J.-C. (César), Carcaso au IIe siècle[56]. Pline l'Ancien cite ce nom, plus précisément dans l'expression Carcaso Volcarum Tectosage[57].

Peut-être du pré-indo-européen *kar « pierre » et de *kass, possible mot gaulois de sens obscur qui constitue le radical du mot chêne : cass-anos, l'occitan languedocien casse « chêne pédonculé » en serait directement issu[56]. Il est suivi du suffixe à la fois gaulois et latin -ona de sens vague.

En occitan le nom de la ville est directement dérivé de sa forme latine, ce qui donne Carcassona [karka'suno].

Histoire[modifier | modifier le code]

L'histoire de Carcassonne est directement liée à celle de la Cité. C'est en 1247 que la ville s'étend, avec la création de la ville basse ou bastide Saint Louis.

À plusieurs kilomètres au sud de la cité existent cinq vestiges plus ou moins conservés de châteaux médiévaux (Termes, Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse et Puilaurens), désignés comme les « cinq fils de Carcassonne ».

Cité de Carcassonne.

Préhistoire et Antiquité[modifier | modifier le code]

Hache polie néolithique en néphrite – Carcassonne – Muséum de Toulouse.

Au néolithique le site originel de Carcassonne se trouvait sur l'emplacement de l'actuel du Domaine d'Auriac, dit "Carsac", à environ deux kilomètres au sud de la cité médiévale. Vers le VIe siècle av. J.-C. ses habitants se sont déplacés sur l'éperon rocheux dominé par la cité médiévale, où ils ont bâti un oppidum[58],[59]. Les activités commerciales et agricoles étaient florissantes. S'y échangeaient des objets parfois venus de loin : étrusques, grecs, carthaginois.

Pline l'Ancien est le premier à citer cette place très active située près du fleuve Atax (l'Aude), qu'il nomme Carcasum (officiellement Julia Carcaso) :

« :.. Dans l'intérieur des terres, colonies : Arles de la sixième légion, Béziers de la septième, Orange de la seconde ; dans le territoire des Caveres, Valence, des Allobroges Vienne ; villes latines : Aix des Salluviens, Avignon des Cavares, Apta Julia des Vulgientes, Alabécé des Reies Apollinaires, Alba des Helves, Augusta des Tricastins, Anatilia, Aeria, Bormanni, Comacina, Cabellio, Carcasum des Volces Tectosages, Cessero, Carpentoracte des Mémines, Ies Caenicendes, les Cambolectres, surnommés Atlantiques, Forum Voconii, Glanum Livii[60]. »

Au IIIe siècle av. J.-C., le lieu passe sous domination des Volques Tectosages.

En , lors de la création de la ville portuaire de Narbonne (Colonia Narbo Martius), la région passe sous domination romaine. En elle devient province romaine.

À partir de , la Via Aquitania relie Narbonne (Narbo Martius) à Bordeaux (Burdigala) en passant par Carcassonne. À cette époque l'oppidum n'existe plus, une ville gallo-romaine ouverte avec plan en damier a remplacé les constructions antérieures. Les habitations s'étendent dans la plaine.

Entre 234 et 285 l'Empire romain traverse une crise avec anarchie militaire, ce dont profitent les « Barbares » qui lancent de profonds raids de pillage en Gaule. Une enceinte de plus d'un kilomètre comprenant plus de trente tours défensives est édifiée.

L'Anonyme de Bordeaux mentionne la ville en 333 sous le nom de Castellum Carcasonne.

Périodes wisigothiques et musulmanes[modifier | modifier le code]

Les Wisigoths s’installent dans la région au début du Ve siècle[61]. De 507 à 509, les Francs combattent les Wisigoths (ariens et considérés comme hérétiques), et font la conquête d'une grande partie du royaume de Toulouse. Les Wisigoths parviennent cependant à conserver Carcassonne qui restera longtemps convoitée par les Francs. En 587, une armée franque dirigée par Didier de Toulouse tente de prendre la ville : elle est repoussée et Didier meurt sous ses murs. Deux années plus tard, une autre armée est écrasée dans la région (5 000 tués, 2 000 prisonniers).

En 533 fut créé le diocèse de Carcassonne et Narbonne. Le roi wisigoth Récarède Ier se convertit au catholicisme en 589, et les relations entre Wisigoths et Francs s'adoucissent alors.

En 711, les musulmans débarquent au Rocher de Gibraltar, conquièrent une grande partie de la péninsule Ibérique en quelques années, puis franchissent les Pyrénées en 719 et font la conquête de la Septimanie qui appartenait toujours au royaume wisigoth de Tolède ; le wali (gouverneur) ’Anbasa ibn Suhaym al-Kalbi (en arabe : عنبسة بن سحيم الكلبي) fait le siège de Carcassonne en 725[62]. La ville se soumet, est renommée Qarqshuna ; ses habitants sont contraints de donner la moitié de leurs biens aux musulmans[63] ; une garnison maure est installée. Pépin le Bref reprend la cité en 759, mais des raids de pillages désolent la région jusqu'au règne de Charlemagne.

Dans les écrits apparaissent les noms Carcasona ou Carcassione[64].

Dame Carcas[modifier | modifier le code]

Dame Carcas accueille les touristes à l'entrée de la cité de Carcassonne.

Carcassonne entretient une légende totalement infondée, datant du XVIe siècle[65], selon laquelle le nom de la ville daterait du début du IXe siècle, au moment où elle aurait été sarrasine. Charlemagne en aurait fait le siège, mais la maîtresse des lieux, Dame Carcas, aurait fort résisté. Les assiégés étant au bord de la famine, il ne serait resté qu'une mesure de blé et un petit cochon dans la cité. Dame Carcas aurait eu l'idée de démoraliser ses adversaires : le porcelet aurait été engraissé puis projeté par-dessus les remparts, laissant penser que la ville avait encore beaucoup de nourriture. Charlemagne aurait alors fait lever le siège. À ce moment, dame Carcas aurait fait sonner les trompettes (ou les cloches des églises) et, Charlemagne revenant sur ses pas, la dame Carcas lui aurait proposé la paix. D'où l'expression « Carcas sonne ».

Cathares et Croisade[modifier | modifier le code]

Rempart de la bastide Saint-Louis (le bastion Saint-Martial).
Rempart de la bastide Saint-Louis, bastion sud-est.

En 1067, Raimond-Bérenger Ier de Barcelone acquiert Carcassonne contre 4 000 mancus d'or versés aux descendants du dernier comte en exercice de la ville, Roger III. Mais Raymond-Bernard Trencavel, beau-fils de ce dernier, réussit à prendre le contrôle de la cité. S'ensuivent plusieurs années de guerres amplifiées par le fait qu'une révolte des habitants chasse Raymond-Bernard (il est obligé de reprendre la ville avec l'aide du comte de Toulouse), et parce qu'un autre prétendant au pouvoir de la cité se manifeste, Roger II de Foix. Trencavel meurt en 1074, sa femme Ermengarde est reconnue vicomtesse en 1082.

Le palais comtal fortifié est construit à l'intérieur des murs de la cité vers 1130, par hantise d'une nouvelle révolte.

À la fin du XIIe siècle le catharisme atteint Carcassonne et y fera beaucoup d'adeptes, les cathares étant protégés par le vicomte Raimond-Roger Trencavel. Après l'assassinat du légat apostolique Pierre de Castelnau en , la ville et toute sa région sont déclarées terres d’hérésies par le pape Innocent III, et en conséquence subissent la Croisade des albigeois, dirigée par Arnaud Amaury.

L'armée croisée met le siège devant Carcassonne : deux bourgs situés près des remparts tombent rapidement et sont brûlés. L'enceinte de la cité résiste à l'assaillant, mais c'est la sécheresse et la soif qui font capituler la ville au bout de deux semaines, le  : il fait très chaud cette année-là, les puits sont à sec. Il faut aller chercher de l'eau en dehors de l'enceinte, en bas de la colline, directement dans l'Aude, mais Trencavel ne prend aucune disposition pour en défendre l'accès et les habitants sont empêchés par les croisés d'aller y puiser. La ville capitule alors : Trancavel est jeté dans un cachot du palais comtal où il meurt rapidement de dysenterie[66] ; ses terres sont attribuées à Simon IV de Montfort (plus tard son fils les donnera au roi de France, qui les intégrera au domaine royal en 1224. Des sénéchaux royaux seront alors installés dans tout le Languedoc[67]). Les habitants doivent quitter la ville, n'emportant que les vêtements qu'ils portent ; la cité devient zone militaire, mais reste un centre religieux grâce à la cathédrale Saint-Nazaire.

Le palais comtal est alors transformé en forteresse, l'enceinte de la ville est doublée et renforcée jusqu'à la fin du XIIIe siècle.

Le , Raimond II Trencavel assiège la cité, les combats dureront jusqu'au et l'arrivée d'une armée royale de secours.

Saint Dominique a passé tout le carême de 1213 à prêcher à Carcassonne. Un tribunal d'Inquisition y est installé en 1234.

Interrogatoire des templiers de la sénéchaussée de Carcassonne, . Archives nationales de France.

L'expulsion des habitants de la cité fortifiée est un acte majeur de l'histoire de Carcassonne, car ils s'établissent sur l'autre rive du fleuve, où Louis IX crée « la ville basse » ou « bastide Saint Louis »[68]. Progressivement cette dernière prospère économiquement et acquiert un rayonnement politique. Elle est dotée d'un consulat en 1248, avec six consuls qui la gouvernent avec l'aide des notables. Cette colonie rurale aux rues en damier, fut entouré de murs au XIVe siècle[69].

Fin du Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Au XIVe siècle, Carcassonne est le premier centre de production textile du royaume, dont la matière première utilisée est la laine. Elle provient des élevages de la Montagne Noire et des Corbières. Les productions étaient exportées vers Constantinople ou encore Alexandrie[70].

En 1348 s'abat une épidémie de peste, récurrente jusqu'au siècle suivant.

En 1355 le prince Noir dévaste par le feu la bastide sans chercher à conquérir la Cité[71]. Elle est reconstruite (moitié moins grande) et fortifiée en 1359.

Louis XI confirme les privilèges de Carcassonne en [72],[73],[74].

Du XVIe au XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Carcassonne vers 1780 (carte de Cassini) avec la bastide et la cité.

Jusqu’à la signature en 1659 du traité des Pyrénées, la Cité conserve son rôle militaire à la frontière entre la France et l’Aragon.

Le XVIe siècle est déchiré par les guerres de Religion : la ville basse soutient les protestants, la ville haute reste catholique. Des échauffourées ont lieu entre les deux sites jusqu'à l'édit de Nantes[75].

Charles IX passe dans la ville lors de son « Grand tour de France » (1564-1566), accompagné de Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine[76].

Un passage de l'Histoire générale de Languedoc de Dom Vaissète offre un intéressant compte rendu de la réunion des États de Languedoc[77] de 1569 qui se tint dans le grand réfectoire des Augustins de la ville basse, sous la présidence d'Antoine II de Dax, évêque d'Alet (1565- 1579)[78].

La Cité perd de son importance avec le transfert de nombreuses institutions à la ville basse croissante. La richesse due au commerce drapier permet d'embellir cette dernière. La manufacture de draps des Saptes est créée en 1667 par Colbert pour poursuivre l'œuvre des frères Saptes, originaires de Tuchan, qui concentrèrent en un même lieu toutes les opérations nécessaires à la fabrication des tissus. Des hôtels luxueux sont construits, l'eau est amenée jusqu'à la ville, les rues sont pavées et éclairées. Les remparts sont démolis au XVIIIe siècle, et le portail des Jacobins est construit à cette époque.

Malheureusement de nombreux problèmes causent la perte de cette mono-industrie. À la Révolution française, la ville est peu engagée et l'industrie drapière est concurrencée par les Anglais, provoquant des baisses de salaires importantes. Le , le département de l'Aude est créé, et Carcassonne en devient le chef-lieu[79]. Elle devient aussi chef-lieu de district. Mais les prix de la nourriture augmentent, la famine et le mécontentement populaire se font sentir.

Carcassonne absorbe Carcassonne-Cité entre 1795 et 1800.

Sous la Restauration l'activité est mécanisée et les salaires sont tirés vers le bas. La viticulture entre en concurrence, et la misère gagne la ville et ses derniers tisserands.

Du XIXe au XXIe siècle[modifier | modifier le code]

Place Davilla à Carcassonne.

Au XIXe siècle, un changement dans les mentalités intervient et une prise de conscience pour les monuments historiques s'annonce. On veut restaurer et valoriser le patrimoine français. La Cité, complètement ruinée et miséreuse, reçoit le soutien d’érudits audois et carcassonnais tel Jean-Pierre Cros-Mayrevieille[Note 5] soutenu par Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques. Les premiers travaux de restauration portent sur la basilique Saint-Nazaire.

Vue de l'intérieur de la cité médiévale de Carcassonne entre 1900 et 1915. Négatif sur verre par Charles Géniaux.

De nombreuses expropriations ont ensuite lieu, supprimant la totalité de l’habitat construit dans les lices (espace intermédiaire délimité par les deux remparts) et excluant une partie de la population de la Cité. Il faut ensuite un demi-siècle de travaux pour restituer toute la grandeur du XIIIe siècle au plus grand ensemble de fortification du Moyen Âge d’Occident. L’architecte Viollet-le-Duc, spécialiste des restaurations en France, porta ce chantier avec réussite mais déclencha parfois une certaine polémique sur ses choix de restaurations et sur ses initiatives personnelles assez particulières. Il n'en demeure pas moins que la Cité de Carcassonne est globalement très bien restaurée, la restauration portant sur seulement 15 % du bâti (crénelages, toitures).

En 1907, les vignerons carcassonnais participent à la Révolte des vignerons pour dénoncer les problèmes qui affectent la viticulture du Languedoc. La fraude récurrente de certains producteurs, la surproduction, le mildiou et la concurrence provoquent leur colère et ils demandent à l'État, qui dans un premier temps ne réagit pas, de mettre en place une réglementation sur les productions viticoles. Carcassonne rejoint en la Confédération générale de vignerons du Midi (CGV), la première union syndicale[80].

La Seconde guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Après l'armistice du 22 juin 1940, le parlement est convoqué en congrès à l'opéra de Vichy le 10 juillet.. Parmi les parlementaires audois, seuls deux font partie des 80 refusant de voter en faveur des pleins pouvoirs au maréchal Philippe Pétain : Léon Blum et Henri Gout. Ils en subiront plus tard les conséquences. Au mois de février 1941, Albert Tomey, maire de Carcassonne démocratiquement élu, est destitué par Pétain et remplacé par Jules Jourdanne. Le boulevard Jean Jaurès est débaptisé par décision municipale ; il portera le nom du maréchal Pétain.

Le 14 juillet 1942, une manifestation clandestine en faveur de la République[81] réunit plus de 2000 personnes à la statue de Armand Barbès. Les meneurs seront arrêtés dans les semaines qui suivront, mis en prison ou en résidence surveillée. Parmi eux, des membres du mouvement Combat. Ce sont les prémices de la future action résistante. Les Allemands occupent Carcassonne le 11 novembre 1942, en réponse au débarquement des alliés en Afrique du Nord. Ils réquisitionnent de nombreux hôtels, les casernes et les immeubles bourgeois pour les militaires. L'aérodrome de Salvaza passe entre les mains de la Luftwaffe. En février 1943, la section audoise de la Milice française est créée au théâtre municipal. La police allemande (SIPO-SD) s'installe dans une villa, 67 route de Toulouse.

En mai 1944, la cité de Carcassonne est occupée par les troupes allemandes qui utilisent le château comtal comme réserve de munitions et d'explosifs. Les habitants sont expulsés de la Cité. Joë Bousquet, commandeur de la Légion d'honneur, s'indigne de cette occupation et demande par lettre au préfet la libération de la Cité, considérée par tous les pays comme une œuvre d'art qu'il faut respecter et laisser libre[82].

Le 29 juillet 1944, Jean Bringer (chef des FFI de l'Aude) est arrêté dans la clinique du docteur Delteil. Le lendemain, c'est le tour d'Aimé Ramond. Ces deux responsables de la Résistance sont internés à la maison d'arrêt.

La Libération[modifier | modifier le code]

Plaque en hommage aux 26 victimes fusillées par les nazis le 20 août 1944, au Quai Riquet à Carcassonne.

Le 19 août 1944, alors que Allemands s'apprêtent à quitter la ville, quinze résistants[83] sont amenés au domaine de Baudrigue sur la commune de Roullens. D'abord passés par les armes, les corps de ces martyrs disparaissent dans l'explosion des dépôts de munitions de la clairière du parc du domaine[84]. La déflagration a causé d'énormes dégâts ; elle a été ressentie à des kilomètres. Le 21 août, une unité de la 11e panzer traverse Carcassonne. Pour une raison encore indéterminée, elle fait halte au Quai Riquet près de la gare. Après avoir tirée sur des passants, elle rassemble des otages qu'elle exécute sous le pont de chemin de fer. Le bilan des victimes s'établit au nombre de vingt-six.

Après-guerre[modifier | modifier le code]

En , Rémy Cazals organise le colloque de Carcassonne sur la Première Guerre mondiale, qui permit de publier Traces de 14-18[85] et de faire avancer l'historiographie de la Première Guerre mondiale.

En 1997, la Cité de Carcassonne atteint la consécration en obtenant son classement sur la liste des sites au patrimoine mondial de l'Unesco, et la ville basse de Carcassonne, « la Bastide Saint-Louis », est classée secteur sauvegardé. Avec en moyenne 1,9 million de touristes depuis 2012[86], la cité est un haut lieu touristique.

Le eut lieu à Carcassonne, dans l'hôtel de la Cité, le 16e sommet franco-espagnol[87] en présence de José María Aznar, chef du gouvernement espagnol, de Jacques Chirac, président de la République et de treize ministres des deux pays[88].

Le pendant les journées « portes ouvertes » à Carcassonne du 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (3e RPIMa), à la suite d'une erreur d'approvisionnement de tir (balles réelles au lieu de balles à blanc), un accident provoque des blessures graves sur 17 personnes dans le public. Cette affaire, devenue nationale après la visite sur place du président de la République, Nicolas Sarkozy, accompagné de son ministre de la Défense, entraîna la démission du chef d'état-major des armées[89].

Attentats terroristes du

Le , la ville est le théâtre d'un attentat djihadiste revendiquée par le groupe État islamique. À 10 h 15, Redouane Lakdime, un Franco-Marocain âgé de 25 ans résidant à la cité Ozanam de Carcassonne, vole une voiture, tue le passager et blesse le conducteur. Il se dirige vers une caserne militaire et tire sur quatre CRS qui revenaient de faire leur footing, blessant grièvement l'un d'entre eux à l'épaule. Il prend ensuite la direction de Trèbes, une petite ville voisine distante d'environ 7 km, et prend une cinquantaine de personnes en otage dans le Super U de la ville. Il tue deux personnes. Le raid et le GIGN se rendent sur place et sécurisent les lieux. Certains otages parviennent à s'enfuir. Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame propose au terroriste de prendre la place d'une otage. Il sera grièvement touché par les tirs du terroriste et décèdera le lendemain. Le terroriste est abattu lorsque l'assaut est donné.

Politique et administration[modifier | modifier le code]

Circonscriptions de l'Aude.
Palais de justice de Carcassonne.
La caserne Laperrine, abritant le 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, après les travaux d'agrandissement en juillet 2019.
La caserne Laperrine à Carcassonne.

Jusqu'au redécoupage de 2014, Carcassonne était le chef-lieu de quatre cantons :

Depuis les départementales de 2015, Carcassonne est le chef-lieu de trois cantons :

C'est aussi la préfecture du département de l'Aude dont les locaux sont hébergés dans un bâtiment de 1760 de style Louis XV[90]. La ville fait aussi partie de la première circonscription de l'Aude qui contient 10 cantons et 99 717 électeurs.

Elle abrite plusieurs administrations et services publics sur son territoire : un bureau de poste (40, rue Jean-Bringer), un hôtel de police, une direction départementale des renseignements généraux, une compagnie républicaine de sécurité, un groupement de gendarmerie[91], un poste de douane présent à l'aéroport de Carcassonne-Salvaza, un centre des impôts[92] ainsi qu'une caserne de sapeurs-pompiers[93]. D'autres services publics sont disponibles comme un centre de sécurité sociale, une agence France Travail [94], un point d’accueil EDF-GDF et la caisse d'allocation familiale de l'Aude[95].

Carcassonne fait partie de la juridiction d’instance, de grande instance et de commerce de Carcassonne, ainsi que de la cour d'appel de Montpellier[96]. La ville possède son propre palais de justice sur le boulevard jean Jaurès. De plus, l'armée est très bien implantée à Carcassonne avec des détachements de l'Armée de terre : le 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (3e RPIMa) hébergé à la caserne Laperrine datant du XVIIIe siècle, une délégation militaire départementale de l'Aude et le centre d'information et de recrutement de l'Armée de terre[97].

Administration municipale[modifier | modifier le code]

Le conseil municipal est composé de quarante-trois membres, dont le maire et onze adjoints[98].De plus, un conseil municipal des enfants est formé de 44 élèves de classes de CM1 et CM2 de vingt-deux écoles[99].

Tendances politiques et résultats[modifier | modifier le code]

L'hôtel de Rolland, siège de l'hôtel de ville..

L'Hôtel de Rolland (XVIIIe siècle) abrite le bureau du maire et de ses adjoints, ainsi que de nombreux services administratifs de la mairie. Carcassonne fut une ville de gauche pendant une très longue période qui commença avec Jules Sauzède, radical-socialiste élu