C’était une problématique bien disputée lors des dernières élections municipales. La lutte contre les îlots de chaleur avec en challenger, l’arbre. Chaque candidat y allait de sa surenchère, savoir lequel pourrait, devrait, ferait…

Sitôt élue, l’écologiste Jeanne Barseghian déclarait l’urgence climatique et dans la foulée, lors du conseil municipal fin août, soumettait au vote le plan canopée. Une végétalisation de l’espace urbain dans un plan adopté à l’unanimité. Ce dernier prévoit la plantation de 10.000 arbres d’ici 2030 pour augmenter l’indice de canopée de Strasbourg, c’est-à-dire la surface d’ombre procurée par le feuillage des arbres et qui devrait atteindre 30 % d’ici 2050. Huit mois après, alors que la « saison des plantations » vient de s’achever, quel bilan peut-on en tirer ? Y a-t-il toujours unanimité ?

700 plantations prévues, près de 1.000 réalisées

Dès le début du mandat, des ombres ont plané sur le plan canopée. Dépenses jugées trop importantes pour des plantations estivales et éphémères, d’une efficacité qualifiée de symbolique par l’opposition, mais justifiées par la maire Jeanne Barseghian par l’urgence de créer des îlots de fraîcheur sur les places les plus minérales de la ville. Puis un budget prévisionnel pour verdir la ville au contraire jugé trop faible ou trop timide par les mêmes élus d’opposition…

Un brin malmené, le plan canopée a finalement pris son envol. Si la quasi-totalité des arbres des plantations éphémères ont été replantés un peu partout dans la ville à la Sainte Catherine, les plantations sont allées au-delà des espérances de la nouvelle équipe municipale. C’est non pas 700 arbres, mais près d’un millier (966 arbres exactement) qui a pu être planté, contre 300 en moyenne les années précédentes.

« Des arbres, mais dans des parcs »

Un résultant plus qu’encourageant mais pas forcément satisfaisant. Quid des places minérales et principales du centre-ville ? Que ce soit la place Kléber, la place du Château, du Tribunal, du Palais des Rohan, aucune n’ont eu la chance de se voir attribuer ne serait-ce qu’un seul nouvel arbre. Cela laisserait-il présager de nouvelles plantations éphémères cet été ?

Conseiller municipal d’opposition (Agir), Pierre Jakubowicz s’interroge surtout, dans une lettre envoyée à la maire la semaine dernière, sur la localisation retenue pour les plantations des 966 arbres. « Vous avez ainsi planté des dizaines d’arbres dans des parcs qui, comme leur nom l’indique, en comptent déjà des dizaines », ironise-t-il, avant de reprocher, citant deux projets immobiliers au Neudorf, des projets « qui vont encore davantage bétonner et densifier » Strasbourg.

Des améliorations en cours pour les places minérales

Des reproches que balaye d’une main la ville même si elle ne peut que reconnaître que les grandes places de l’hypercentre « n’ont encore » pas été concernées par ces plantations en terre. Elle rappelle en revanche que 84 arbres ont été plantés sur la place très minérale de l’Hippodrome dans le quartier du port du Rhin, de nombreux autres dans le quartier gare, dans le secteur Laiterie, ou bien encore rue du 22-Novembre.

Pour l’année à venir, la concertation citoyenne continuera et l’intensification de la végétalisation des écoles est en cours. Une vingtaine serait concernée pour cette année 2021… Doucement, le plan canopée semble prendre racine.