Quand de l’os pousse dans le pénis

Vue IRM de la lésion dans le pénis. Sur cette incidence, elle mesure près de 2 cm dans son plus grand diamètre. La partie postérieure du corps (région fessière) est à droite. Lenart S, et al. BMC Urol. 2024 Apr 9;24(1):83.

Des urologues autrichiens rapportent pour la première fois un cas d’ossification au niveau du gland du pénis chez un homme de 73 ans.

Tout commence quand ce septuagénaire se présente dans un dispensaire pour un paraphimosis d’apparition soudaine, c’est-à-dire pour une rétraction de l’anneau que forme le prépuce en arrière du gland, source d’étranglement du gland. Ce faisant, le prépuce ne peut être ramené vers l’avant pour recouvrir le bout du pénis. Surtout, ce paraphimosis s’accompagne d’une tumeur de 2 x 2 cm développée à partir du gland qui gêne l’ouverture du méat urinaire, l’orifice par lequel l’urine s’écoule.

Cette lésion tumorale est responsable d’un gonflement douloureux de la verge depuis deux semaines, avec une extension sur la totalité du pénis. Ce patient a remarqué la présence de cette lésion le même jour où il a commencé à se plaindre de son paraphimosis.

Cet homme consulte alors dans un service d’urologie où il subit une cystoscopie afin que les médecins observent l’intérieur de la vessie. Lors de cet examen, il ressent de vives douleurs et urine du sang. Les jours suivants, le gonflement de la verge s’est accentué, puis a fini par concerner le pénis entier. Cette fois, notre homme consulte dans un autre service d’urologie, sans doute échaudé par ce qu’il avait vécu dans le premier à l’occasion de la cystoscopie.

L’urologue note que l’orifice extérieur de l’urètre (méat urinaire) est très étroit. Le patient lui signale qu’il a des difficultés à uriner, mais ne ressent pas de douleurs. Il n’y pas de sang dans ses urines. Ses seuls antécédents médicaux notables sont des infections urinaires attribuées à une hypertrophie prostatique et un diabète non insulino-dépendant.

Le patient est rapidement opéré de son paraphimosis. Les urologues suspectent une tumeur maligne de l’urètre, un carcinome urétral. Ils décident donc de réaliser une biopsie de la tumeur qui provient du gland du pénis.

L’analyse du prélèvement biopsique ne permet pas d’établir un diagnostic de certitude. Les résultats sont ambigus. On ne détecte pas de surexpression de la protéine p16, qui est un marqueur indirect de l’activité cancéreuse d’une protéine du papillomavirus (HPV à haut risque). De même, l’examen en immunohistochimie ne montre pas de présence d’une molécule pouvant renseigner sur l’origine épithéliale d’un cancer donné. En revanche, il existe des signes d’ossification.

À ce stade, les urologues pensent donc qu’il puisse s’agir d’une « atteinte urothéliale avec ossification métaplasique associée à une dysplasie de haut grade », ou pour le dire plus simplement, d’un carcinome in situ, c’est-à-dire d’un cancer non infiltrant.

Devant les incertitudes planant sur le diagnostic, l’échantillon de la biopsie est envoyé à un autre laboratoire d’histopathologie pour un second avis. Mais là encore, l’analyse ne permet pas d’apporter de résultats concluants en raison de la grande quantité de tissu nécrotique, autrement dit de cellules mortes.

Une IRM de la verge est réalisée. Cet examen d’imagerie révèle un processus expansif localisé dans la partie basse du corps spongieux. La lésion mesure 3,8 x 1,9 cm de diamètre. Il n’y a pas de signe d’atteinte ganglionnaire.

Amputation partielle du pénis

Après avoir obtenu le consentement éclairé du patient, les chirurgiens urologues décident de procéder à une amputation partielle du pénis, en raison d’une suspicion de cancer pénien (carcinome du pénis).

C’est l’examen histologique de la pièce opératoire qui va permettre d’établir le diagnostic précis de cette tumeur née dans le gland du pénis et qui s’étend en profondeur vers l’urètre, mais sans effraction de la muqueuse urétrale, c’est-à-dire en l’absence de franchissement du canal urinaire. Mais le plus surprenant est que la tumeur renferme dans sa partie centrale de la substance ostéoïde (matière inorganique pré-osseuse) ainsi que des cellules osseuses (ostéoblastes et ostéoclastes).

Examen histologique de la pièce opératoire montrant une ossification. Présence de substance ostéoïde et d’os minéralisé. Lenart S, et al. BMC Urol. 2024 Apr 9;24(1):83.

C’est donc bien de l’os qui se développe dans le gland ! Cet homme n’était donc pas atteint d’un cancer de la verge, en l’occurrence d’un carcinome épidermoïde du pénis, tumeur qui se développe dans environ la moitié des cas à partir du revêtement du gland, parfois du prépuce, ou encore du gland et du prépuce.

Mais alors, de quoi souffrait donc ce patient si ce n’est pas d’un cancer du pénis ? Ce septuagénaire est en réalité atteint d’une lésion bénigne, extrêmement rare, appelée fasciite ossifiante (en anglais, fasciitis ossificans ou ossifying fasciitis, ou encore pseudomalignant osseous tumour of the soft tissue).

Fasciite ossifiante du pénis

Cette pathologie est caractérisée par une ossification anormale, en dehors du squelette, d’un tissu que l’on appelle un fascia. Le fascia du pénis constitue une enveloppe fibro-élastique qui engaine les corps caverneux et le corps spongieux et recouvre les vaisseaux profonds et les nerfs dorsaux de la verge. Cette affection est donc une pseudo-tumeur maligne osseuse se développant dans un tissu mou, non squelettique.

Peu de cas de fasciite ossifiante ont été rapportés dans la littérature médicale internationale. Cette pathologie affecte généralement les extrémités des membres, la tête, le cou, le tronc, parfois le fascia du sein. Elle touche principalement l’adulte jeune, bien que des cas aient été décrits chez l’enfant.

Cliniquement, elle se traduit par une masse qui se développe rapidement, sans entraîner de symptômes. Dans certains cas, des douleurs, des saignements ou une atteinte nerveuse (neuropathie) peuvent cependant survenir. La chirurgie locale d’exérèse est curative, bien qu’une récidive puisse se produire en cas d’ablation incomplète de la lésion.

Du fait de sa croissance rapide, cette pathologie est souvent confondue avec un sarcome malin (tumeur maligne du tissu conjonctif).

La lésion peut également être confondue avec un ostéosarcome, c’est-à-dire une tumeur osseuse maligne. Dans un tel cas, cela peut conduire à un traitement inapproprié.

La fasciite ossifiante peut survenir à la suite d’un traumatisme, d’un acte chirurgical, d’une inflammation locale ou d’une cause inconnue. Sur le plan histologique, la lésion tumorale renferme de la substance ostéoïde, du cartilage et de l’os. La calcification est observable dans les tissus mous 2 à 6 semaines après l’apparition de la lésion, l’ossification devenant manifeste après 6 à 8 semaines.

Un cas touchant exceptionnellement le fascia enveloppant les faces latérales de la rotule a été rapporté en 2019 par une équipe polonaise. Il s’agissait d’une femme de 30 ans hospitalisée pour une douleur au genou gauche et une mobilité limitée de l’articulation. La patiente avait déclaré avoir subi un traumatisme du membre inférieur gauche six semaines auparavant. La tumeur mimait fortement un cancer osseux (ostéosarcome). La patiente avait subi l’ablation chirurgicale de la lésion et n’avait pas connu de récidive.

En 2006, des chirurgiens australiens ont rapporté la survenue d’une fasciite ossifiante se traduisant par la survenue d’une grosseur douloureuse dans le creux de l’aisselle droite chez un homme de 33 ans. Un mois plus tard, il présentait une atteinte du nerf radial au bras, avec faiblesse progressive et troubles de la sensibilité.

En 2004, un cas de fasciite ossifiante d’un sinus paranasal a été décrit par une équipe allemande chez une petite fille âgée de 22 mois. Les chirurgiens ORL lui ont retiré une masse qui mesurait 2,5 x 2 x 2 cm, occupait le sinus maxillaire gauche et la cavité nasale, et dont une extrémité avait atteint la base du crâne. L’enfant n’a pas fait de récidive au cours des 12 mois de suivi.

Premier cas de fasciite ossifiante touchant le gland du pénis

Mais revenons au cas clinique hors norme décrit par les urologues autrichiens. C’est la première fois que l’on rapporte dans la littérature médicale un cas de fasciite ossifiante touchant le gland du pénis, et qui de surcroît mime un cancer pénien, indiquent Sebastian Lenart et ses collègues du département d’urologie et d’andrologie de l’hôpital St John of God de Vienne, dans un article publié le 9 avril 2024 dans la revue en ligne BMC Urology. Le diagnostic précis n’a finalement pu être établi que par l’examen histologique de la pièce opératoire qui a montré une ossification active.

Les urologues autrichiens considèrent, en tout état de cause, que du fait de l’avancement de la maladie et de son retentissement urinaire, une chirurgie épargnant la verge n’apparaissait pas être une solution adaptée. Façon de dire que la seule alternative chez ce patient était de retirer la partie du pénis où siégeait la lésion tumorale, autrement dit de réaliser une pénectomie partielle.

Cette intervention chirurgicale modifie la manière d’uriner et la sexualité. Le geste chirurgical consiste à enlever la partie du pénis atteinte par la tumeur. La longueur de pénis restante est suffisante pour uriner en position debout en dirigeant le jet. Le méat urétral est rétabli en suturant l’urètre à la peau de l’extrémité restante du pénis.

Marc Gozlan (Suivez-moi surX, Facebook, LinkedIn, Mastodon, BlueSky, et sur mon autre blogLe diabète dans tous ses états, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 63 billets).

Pour en savoir plus :

Lenart S, Koperek O, Scharrer A, Comperat E. « Bone in the penis » or fasciitis ossificans of the penis – a first time description of a pseudo-tumor at an extraordinary site. BMC Urol. 2024 Apr 9;24(1):83. doi: 10.1186/s12894-024-01475-y

Dhillon P, Jebastin Thangaiah J, et al. Fasciitis ossificans: imaging features, histology, and differential diagnosis. Clin Radiol. 2023 Sep;78(9):697-702. doi: 10.1016/j.crad.2023.05.008 

Kowalczyk Ł, Braun M, Tomasik B, et al. Ossifying fasciitis at an extraordinary site – a case report and analysis of diagnostic pitfalls. Contemp Oncol (Pozn). 2019;23(2):121-125. doi: 10.5114/wo.2019.85884

Rozen WM, Galloway S, Salinas C, et al. Fasciitis ossificans with a radial neuropathy: a benign differential diagnosis for soft tissue sarcoma. J Clin Neurosci. 2007 Apr;14(4):391-4. doi: 10.1016/j.jocn.2006.01.009 

Uhe S, Evert M, von Falkenhausen U, Freigang B. Fasciitis ossificans of the paranasal sinus. Ann Otol Rhinol Laryngol. 2004 Jul;113(7):558-61. doi: 10.1177/000348940411300708

Tarantino R, Esposito V, Missori P, Cantore G. Occipitocervical pseudomalignant osseous tumor of the soft tissue (Fasciitis ossificans). Case report. J Neurosurg. 2001 Jul;95(1 Suppl):143-5. doi: 10.3171/spi.2001.95.1.0143

LIRE aussi : Un cas d’ossification de la totalité du corps du pénis (imputable à une toute autre affection que la fasciite ossifiante)

Du danger d’introduire des piles électriques dans son urètre

Radiographie pelvienne. Présence de trois piles bouton à l’intérieur de l’urètre pénien. Yanada BA, et al. Urol Case Rep. 2024 Jan 5;53:102653.

C’est l’histoire d’un homme de 73 ans qui se présente aux urgences d’un hôpital de Footscray (banlieue de Melbourne, Victoria, Australie). La veille, il a inséré, dans un but d’auto-érotisme, dans son urètre trois piles bouton dans son urètre, ce canal qui relie la vessie à l’extérieur et par lequel passe l’urine.

Ce septuagénaire, qui a l’habitude de se livrer à cette pratique, n’a pas de difficulté à retirer ces corps étrangers de son anatomie intime, sauf que cette fois il n’en va pas de même. Les piles rondes ont migré plus loin dans le conduit urinaire et sont restées coincées dans l’urètre pénien, portion de l’urètre de 10 à 12 cm de long et de quelques millimètres de diamètre qui parcourt la verge. Notre homme ne parvient pas à déloger les petites piles électriques.

Il se présente donc le lendemain aux urgences pour des douleurs péniennes modérées et des symptômes d’obstruction urinaire comprenant une faiblesse du jet et une sensation de vidange vésicale incomplète.

À l’examen clinique, les urologues notent que le méat urétral (ouverture de l’urètre à l’extrémité de la verge) est noir. L’échographie vésicale réalisée au lit du malade montre la présence d’un résidu mictionnel estimé à 250 ml, ce qui témoigne que la vessie a du mal à se vider.

La radiographie pelvienne révèle la présence de trois piles électriques de 13,3 mm de large et 3,2 mm d’épaisseur, localisées dans l’urètre pénien. Une cystoscopie est réalisée pour visualiser l’intérieur de la vessie. Elle montre que la pile située le plus profondément dans l’urètre pénien est recouverte d’une sorte d’enduit noir, ce qui laisse penser qu’elle a pu provoquer des lésions caustiques de la muqueuse urétrale. Le cystoscope est bloqué par cette pile, ce qui empêche de visualiser le reste de l’urètre.

 Les différentes parties de l’urètre. En rouge, l’urètre pénien. Madec FX, et al. Prog Urol. 2021 Dec;31(16):1055-1071.

Les chirurgiens urologues tentent d’extraire les piles bouton à l’aide de pièces de préhension et de sondes « panier », mais les tentatives se révèlent infructueuses, d’autant que le patient se montre peu coopératif, tolérant mal la procédure. Il est alors décidé de mettre en place un cathéter dans la vessie à travers une incision dans la peau de l’abdomen afin de permettre à l’urine de s’évacuer vers l’extérieur.

Le patient reçoit alors – si j’ose dire – une batterie d’antibiotiques afin de limiter le risque d’infection et de survenue de ce qu’on appelle une gangrène de Fournier (gangrène foudroyante des organes génitaux qui s’étend en quelques heures au pénis, aux bourses, au périnée et à la paroi abdominale). Après quoi, il est immédiatement conduit en salle d’opération. Des pinces rigides sont utilisées pour extraire les trois piles bouton, qui sont recouvertes d’un enduit noir ressemblant à du goudron. Les urologues observent la présence de brûlures étendues circonférentielles de l’urètre pénien antérieur. Les autres parties de l’urètre (bulbaire, membraneux et prostatique) semblent normales.

Les antibiotiques sont prescrits pour une durée de 14 jours. Le patient quitte l’hôpital trois jours après avoir été opéré. Mais dix jours plus tard, il se représente aux urgences car il présente un gonflement de la verge et un écoulement urétral. Un nouveau traitement antibiotique est commencé et notre homme passe à nouveau sur le billard.

Lors de l’intervention sous anesthésie générale, les urologues incisent la peau du pénis et observent une grande quantité de liquide purulent. Surtout, ils observent une nécrose de l’urètre sur une longueur de 8 cm en amont du méat, ainsi qu’une nécrose du corps spongieux environnant. Tous les tissus morts sont retirés.

Compte tenu de l’importance de la nécrose (qui s’étend également à la tunique des deux corps caverneux et de la peau pénienne), les chirurgiens décident de réaliser une urétroplastie partielle pour réparer l’urètre. La partie saine du canal urinaire est suturée à la peau, l’urine s’évacuant désormais par ce néo-méat urétral. Par ailleurs, la plaie étant contaminée par un germe (Enterococcus faecalis), le patient reçoit un troisième traitement antibiotique pendant sept jours.

Compte tenu de l’importance des lésions provoquées par les piles bouton, le patient aurait normalement dû bénéficier d’une reconstruction de l’urètre, une intervention chirurgicale réalisée en trois temps et qui consiste en une greffe de muqueuse buccale. Il faut en effet savoir que la muqueuse buccale est un tissu qui répond aux exigences mécaniques de plasticité, et de résistance aux agressions chimiques de l’urine. Elle possède aussi des capacités d’adaptation aux changements morphologiques du pénis. Cette muqueuse, qui n’a pas de système pileux, est également richement vascularisée.

Le prélèvement du muqueuse de la cavité buccale se fait à la face interne de la lèvre inférieure, ou au niveau de la muqueuse de la langue, ou encore à la face interne de la joue. Le greffon est ensuite placé autour d’une sonde qui agit comme un tuteur, ce qui facilite sa mise en forme circulaire. La greffe de muqueuse buccale est considérée comme le traitement de référence (urétroplastie) de la sténose urétrale (obstruction du canal de l’urètre).

Chez ce patient, compte tenu de la lourdeur de l’intervention chirurgicale qui aurait compris une greffe de la muqueuse buccale, six mois de prise du greffon, puis une seconde greffe pour parvenir à une tubulisation complète du conduit urétral, les chirurgiens urologues ont décidé que la meilleure option était d’en rester là et de ne pas procéder à une reconstruction complète.

C’est la première fois que l’on rapporte dans la littérature médicale une nécrose urétrale après intromission de piles bouton. Ce cas clinique a été publié le 5 janvier 2024 dans la revue en ligne Urology Case Reports.

Les lésions observées sont liées à la nature électrochimique des piles. Le contact prolongé de la pile avec la muqueuse, et surtout la fuite de son contenu, composé d’ions d’hydroxydes très alcalins, provoque des lésions caustiques locales qui évoluent vers la nécrose en moins de deux heures.

On comprend donc que toute introduction d’un corps étranger dans l’urètre est une urgence urologique et nécessite un retrait rapide, notamment après introduction d’une pile électrique. Le traitement repose sur l’excision de tous les tissus nécrotiques pour ne laisser en place que des tissus sains, sachant qu’une amputation partielle ou totale de la verge est possible dans les cas de nécrose étendue et sévère.

En 2022, des urologues iraniens ont retiré de l’urètre d’un homme de 49 ans une pile alcaline AA qui avait provoqué des symptômes d’obstruction urinaire. L’urètre bulbaire (situé au niveau du périnée) présentait un rétrécissement de 6 à 8 cm. Le patient a subi une urétroplastie avec greffe de la muqueuse buccale.

En 2020, des urologues canadiens ont rapporté dans Urology Case Reports le cas d’un homme de 77 ans qui avait inséré trois piles alcalines AAA dans son urètre. Aux urgences, deux piles avaient pu être retirées manuellement à l’aide d’une pince. L’extraction de la pile restante avait été réalisée sous rachianesthésie. La cystoscopie avait montré une fuite d’acide à partir de la pile dans l’urètre pénien et bulbaire.

En 2010, des urologues londoniens ont rapporté dans le Journal of the Royal Society of Medicine Short Report avoir retiré, lors d’une cystoscopie, deux piles alcalines AAA de l’urètre bulbaire d’un homme de 63 ans. L’année précédente, ce patient avait consulté pour qu’on lui retire un crayon logé dans l’urètre bulbaire.

C’est en 2003 que le premier cas d’insertion d’une pile électrique dans l’urètre a été rapporté dans la littérature médicale internationale. Des urologues turcs avaient publié dans la revue International Urology and Nephrology le cas d’un homme de 37 ans qui consultait pour des difficultés à uriner depuis environ une semaine. L’échographie pelvienne avait révélé la présence d’un corps étranger de forme tubulaire. À la cystoscopie, cet objet mesurait 4 à 5 cm de long et avait un diamètre d’environ 1,5 cm. Il s’agissait d’une pile électrique. Dans la mesure où l’extraction du corps étranger n’avait pu être réalisée lors de la cystoscopie, une intervention chirurgicale avait été nécessaire pour extraire la pile.

Je ne saurais conclure ce billet sans souligner que les piles, de forme tubulaire ou plate, ne sont pas les seuls corps étrangers à avoir été trouvés dans l’urètre ou la vessie d’hommes et de femmes se livrant à des pratiques auto-érotiques. La liste est impressionnante : crayon, gomme, stylo, cartouche de stylo, clou, vis, aiguille à tricoter, câble téléphonique, ampoule électrique, billes magnétiques, petit aimant, paille, ressort, hameçon, brosse à dent, coton-tige, clé à vis, épingle à cheveux, balle de fusil, tuyau de pipe, trombone, tube métallique, câble électrique, pointe de stylo bille, pièce de monnaie, bâton de sucette, fourchette, thermomètre, tube en caoutchouc type durite d’essence de motocyclette, os, boule de chewing-gum, cire de bougie chaude, colle, autocollant adhésif, coton-tige, tampon hygiénique, stérilet.

Sans oublier des végétaux, tels que des carottes, des haricots rouges, des brins d’herbe, des concombres, du foin. De petits animaux ont même été découverts : ver, poisson, serpent, sangsue, queue d’écureuil. Vous avez bien lu !

Marc Gozlan (Suivez-moi sur X, Facebook, LinkedIn, Mastodon, BlueSky, et sur mon autre blogLe diabète dans tous ses états‘, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 59 billets).

Pour en savoir plus :

Yanada BA, Galiabovitch E, Manning T, et al. « A button in my Benjamin » – Self-inflicted insertion of button batteries into the male urethra: Management and complications. Urol Case Rep. 2024 Jan 5;53:102653. doi: 10.1016/j.eucr.2024.102653

Hosseini J, Abouei S, Mirjalili AM. An unusual urethral foreign body « AA battery » associated with urethral stenosis: A case report. Urol Case Rep. 2021 Oct 28;40:101921. doi: 10.1016/j.eucr.2021.101921

Labine MA, Cappello M, Garon R, Skogberg J, Shahrour W, Elmansy H. Case report: Caustic foreign body insertion into the male urethra. Urol Case Rep. 2020 Sep 3;33:101397. doi: 10.1016/j.eucr.2020.101397

Bedi N, El-Husseiny T, Buchholz N, Masood J. ‘Putting lead in your pencil’: self-insertion of an unusual urethral foreign body for sexual gratification. JRSM Short Rep. 2010 Jul 30;1(2):18. doi: 10.1258/shorts.2010.010014

Ayyildiz A, Gürdal M, Nuhoğlu B, et al. A foreign body self-inserted via the urethra into the bladder: pocket battery. Int Urol Nephrol. 2003;35(2):251-2. doi: 10.1023/b:urol.0000020290.56695.19

LIRE aussi : La version médicale de « la fin des haricots » 

Des haricots rouges dans la vessie

Prendre sa vessie pour un sac de billes

On lui retire 159 billes magnétiques de la vessie

Les 10 cas cliniques les plus lus de 2023 du blog « Réalités Biomédicales »

Voilà une décennie que ‘Réalités Biomédicales’ relate des cas cliniques hors norme.

Comme je l’écrivais en décembre 2013 au lancement de ce blog, et comme je crois que je continuerai de l’écrire année après année, « mon désir est de vous surprendre, toujours avec sérieux et bonne humeur ».

Au fil des ans, ce blog, qui ne ressemble à aucun autre par l’originalité des sujets traités, a beaucoup prospéré. L’audience cumulée de ce blog, depuis sa migration en février 2017 sur le site Web du journal Le Monde, dépasse les 44 millions de pages lues.

Préparez-vous à découvrir, ou relire, des cas cliniques aussi insolites que déroutants, aussi hallucinants qu’exceptionnels, récemment dénichés dans les méandres de la littérature biomédicale internationale.

Sans plus attendre, voici le « top 10 » des billets de l’année 2023.

1. Découverte d’une structure anatomique improbable : une quatrième méninge enveloppant le cerveau


Cette structure anatomique vous a totalement intrigués.

2. Cet homme vit avec deux cœurs depuis plus de trois décennies


Ce n’est pas tous les jours que l’on peut raconter une telle histoire !

3. Atteint d’un cancer de la prostate, un Américain se met à parler avec un accent irlandais


Rien d’étonnant à ce que ce cas clinique vous ait laissés sans voix.

4. Un cas impressionnant d’hallucinations auditives et visuelles chez un octogénaire


Vous avez été très nombreux à halluciner en découvrant ce cas clinique.

5. Les fractures du pénis seraient plus fréquentes les jours de Noël

Vous avez été particulièrement nombreux à vous sentir concernés par le sujet.

6. Le bouchon de champagne, cause fréquente de lésion oculaire pendant les fêtes


Ce sujet a fait exploser l’audience.

7. Un cas rarissime de synesthésie émotionnelle après un AVC


Vous avez visiblement pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire.

8. Fœtus in fœtu intracrânien : la jumelle d’un bébé se trouvait dans son cerveau


Gros succès d’audience pour un sujet qui vous a énormément intrigués. Le titre y est sans doute pour beaucoup.

9. Des médecins français rapportent un cas exceptionnel de grossesse abdominale menée à terme

Il faut dire que l’image IRM ressemblait plus à une photographie créée par une intelligence artificielle qu’à un véritable cliché radiologique.

10. Du danger de se retenir d’éternuer

Ce sujet, qui nous concerne tous, a forcément retenu toute votre attention.

Voilà donc une rétrospective des billets qui vous ont le plus intéressés durant l’année écoulée.

Je profite de l’occasion pour vous informer que ce blog totalise aujourd’hui 670 articles, répartis dans 80 catégories, et que chacun d’eux est signalé sur mes comptes X (ex-Twitter), Facebook, Linkedin, Mastodon et Bluesky.

Un moteur de recherche sur le côté droit de la page d’accueil permet de rechercher les articles selon les mots clés de votre choix.

Je vous souhaite une très belle année 2024 et vous remercie chaleureusement pour votre incroyable fidélité.

Marc Gozlan (Suivez-moi sur BlueSky, X, Facebook, LinkedIn, Mastodon, et sur mon autre blogLe diabète dans tous ses états‘, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 56 billets).