Génétique : histoires incroyables de chimères humaines naturelles (1ère partie)

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C’est l’histoire d’une Chinoise de 34 ans qui consulte pour une amniocentèse à 19 semaines d’aménorrhée. Elle en est à sa cinquième grossesse, les précédentes ayant abouti à un enfant en bonne santé, une interruption volontaire de grossesse et deux fausses couches.

Les deux premières échographies réalisées pour cette grossesse ont montré la présence d’un embryon viable ainsi qu’une zone dans la cavité utérine qui ne renvoie pas les ultrasons, ce qui pourrait correspondre à la présence d’un embryon mort (du fait d’une grossesse qui se serait interrompue) ou à une accumulation de liquide. Une troisième échographie, réalisée à la 12e semaine de grossesse, montre la présence d’un seul fœtus vivant.

Lors de l’amniocentèse, 22 mL de liquide amniotique sont prélevés et placés dans six tubes. Les tubes sont conservés au réfrigérateur, entre 2° C et 8° C. Deux autres tubes de 5 ml vont servir à déterminer le nombre et la forme des chromosomes du fœtus et établir ce que l’on appelle le caryotype.

Deux autres tubes de 3 mL sont utilisés pour une analyse d’éventuels déséquilibres du génome, appelés variations du nombre de copies (CNV). Il s’agit de déterminer s’il existe des pertes ou des doublons de matériel génétique, autrement dit des délétions ou des duplications de régions du génome. Il s’agit également d’amplifier par PCR des séquences hautement polymorphes de l’ADN, appelées STR (short tandem repeats), afin de mieux les analyser. Ces marqueurs STR, également appelés microsatellites, sont positionnés à intervalles réguliers dans le génome. À chaque emplacement analysé, on s’attend à trouver un allèle STR provenant du père, un autre de la mère.

Le caryotype obtenu par l’analyse des cellules fœtales du prélèvement amniotique est normal : 46, XY, ce qui signifie que l’enfant possède 46 chromosomes, dont un chromosome X et un chromosome Y. C’est donc un garçon. De même, l’analyse des variations CNV ne détecte pas de déséquilibres du génome.

Malgré tout, certains résultats intriguent bigrement les généticiens. En effet, l’analyse des marqueurs STR diffère entre les deux tubes analysés.

Un profil ADN est déterminé par l’analyse de plusieurs marqueurs STR. Dans un test de paternité, l’analyse cherche les correspondances entre les allèles du père présumé et ceux de l’enfant. De même, un test de maternité est concluant lorsque les allèles maternels sont présents dans le génome de l’enfant. Celui-ci doit en effet recevoir un allèle STR de sa mère et de son père à chacun des emplacements analysés dans son génome. En d’autres termes, on ne peut conclure à une relation de filiation que lorsque l’analyse STR de l’enfant correspond à celle du père et de la mère à quasiment tous les emplacements analysés.

Or, les chercheurs n’observent dans le premier prélèvement une correspondance des allèles maternels et paternels que pour 11 des 20 marqueurs STR analysés. Dans les 9 autres emplacements STR, on ne retrouve qu’un seul allèle. De même, dans le deuxième prélèvement, les deux allèles des parents ne sont identifiés que dans seulement 13 des 20 marqueurs STR, les 7 autres ne comportent qu’un seul allèle. Les résultats du profil STR effectué à partir de ces deux prélèvements devraient pourtant être rigoureusement identiques dans la mesure où les échantillons proviennent du même enfant.

La première réaction des biologistes est d’évoquer une mauvaise manipulation des tubes, un des tubes devant provenir d’un autre enfant. Mais après avoir examiné les prélèvements, il s’avère qu’il n’y a pas eu de mauvais étiquetage.

Une analyse des marqueurs STR est alors réalisée sur les deux tubes conservés au réfrigérateur. Là encore, les résultats diffèrent entre les tubes. Un tube correspond aux résultats du premier échantillon, tandis que l’autre donne les mêmes résultats que ceux obtenus sur le second prélèvement. Le personnel du laboratoire décide alors de réanalyser le génome des parents à partir de nouveaux prélèvements sanguins.

Après comparaison des allèles STR des membres de la famille, les résultats montrent que certains allèles du premier et du second échantillon de liquide amniotique proviennent soit de la mère, soit du père, comme on s’y attendait. En revanche, dans ces deux échantillons, certains allèles STR fœtaux ne proviennent ni de sa mère, ni de son père, mais de deux sources complètement différentes.

Au total, l’analyse des marqueurs STR montre donc que les allèles présents dans les deux prélèvements analysés proviennent de la mère, du père, mais également de deux autres individus totalement différents. Ce qui signifie que l’on retrouve dans un même fœtus quatre origines génétiques différentes.

Mais comment l’analyse des marqueurs STR de deux échantillons de liquide amniotique, prélevés à moins d’une minute d’intervalle à partir d’un même point de ponction, peut-elle entraîner des résultats aussi divergents, alors même que deux autres examens génétiques (caryotype et détection des CNV) ne montrent aucune anomalie ?

Souvenez-vous, deux échographies réalisées en début de grossesse avaient mis en évidence ce qui pouvait être une seconde grossesse interrompue. Le fœtus viable a donc poursuivi sa croissance tandis que son jumeau n’a pas eu cette chance et est mort in utero.

Cette femme a donné naissance, à terme, à un enfant normal d’un poids de 3,3 kg.

Les chercheurs pensent que le fœtus viable est le résultat de la fusion de deux embryons (chacun de formule chromosomique normale 46,XY) à un stade très précoce de leur développement. Ceci se produit lorsque deux ovules sont fécondés par deux spermatozoïdes, puis lorsque ces deux œufs fécondés (zygotes) fusionnent en un seul embryon.

Chimérisme tétragamétique

Du fait que la fusion de cellules provenant de deux embryons implique la participation de quatre gamètes (deux ovocytes et deux spermatozoïdes), ce type de chimérisme est appelé tétragamétique (ou parfois dispermique).

Ce cas exceptionnel de chimérisme tétragamétique, issu de la fusion de deux embryons 46,XY, a été rapporté le 12 février 2024 dans la revue en ligne BMC Pregnancy and Childbirth par des chercheurs du département de génétique médicale et du centre de diagnostic prénatal de l’université du Sichuan à Chengdu (province du Sichuan). L’enfant, dont la naissance est rapportée dans l’article, provient donc d’un embryon issu de la fusion précoce de deux œufs fécondés différents et composé d’un mélange de deux lignées cellulaires génétiquement distinctes.

Le chimérisme tétragamétique est rare. Il ne concerne pas seulement l’espèce humaine, mais a également été décrit chez la souris, le chat, le bélier, le vison, le cheval, la chèvre.

Cependant, la plupart des cas humains de chimérisme restent méconnus. Comme dans le cas évoqué ci-dessus, il arrive qu’un des jumeaux meure et disparaisse ou qu’il soit englobé dans l’autre, partiellement ou totalement, avec pour conséquence qu’une grossesse initialement gémellaire devienne une grossesse unique. Ce phénomène, qu’on appelle le syndrome du jumeau perdu ou du jumeau évanescent (vanishing twin syndrome, en anglais), survient au cours du premier trimestre de la grossesse. Il surviendrait dans 36 % des grossesses gémellaires et dans la moitié des grossesses comportant trois embryons ou plus.

Dans ce cas, le chimérisme résulte du fait que le fœtus survivant absorbe le fœtus mort. Ce phénomène est donc défini par le fait qu’un organisme est composé de deux populations de cellules génétiquement distinctes après que les deux embryons ont fusionné précocement au cours de leur développement.

Le chimérisme a plus de chance d’être découvert quand la fusion survient entre un embryon de formule chromosomique XY (mâle) et un embryon XX (femelle) qu’en cas de fusion entre deux embryons de même sexe. En effet, l’enfant peut alors présenter des anomalies des organes génitaux externes.

Des anomalies chromosomiques (présence de certains chromosomes supplémentaires, comme le 21 ou Y) ont été décrites chez des individus présentant un chimérisme. Rien de tel n’a été observé par les chercheurs chinois. Il est donc théoriquement possible que l’enfant, né à terme, ne développera pas d’anomalie morphologique d’origine chromosomique après la naissance. Les nombreuses échographies anténatales n’avaient rien montré de suspect. À ce jour, le suivi de cet enfant n’a d’ailleurs pas montré d’anomalie.

L’observation des chercheurs chinois souligne à quel point le chimérisme peut produire de curieux résultats, source majeure de confusion en paternité. En la matière, un cas emblématique a été rapporté en 2023 par des chercheurs russes dans l’European Journal of Medical Genetics. L’histoire concerne un couple marié qui, cherchant à avoir un enfant, a contacté une clinique russe spécialisée dans les techniques de fécondation in vitro (FIV).

Les protagonistes sont une femme de 34 ans et un homme de 57 ans. La FIV reposait sur la technique d’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde (ICSI), qui consiste à féconder en laboratoire l’ovule de la femme par l’injection directe d’un spermatozoïde.

Après fécondation, l’embryon a été implanté dans l’utérus d’une femme porteuse qui a accouché d’un petit garçon en bonne santé à l’été 2021. Ce couple étranger a alors contacté un laboratoire pour réaliser un test ADN de filiation, ce qui est une obligation légale en Russie pour qu’ils obtiennent la garde de l’enfant né à la suite d’une maternité « de substitution », mais également pour remplir les documents de voyage réclamés par l’ambassade afin que l’enfant puisse être ramené dans le pays d’origine des parents.

Pour conduire ce test de paternité, le laboratoire de génétique de Tver (nord-ouest de Moscou) va analyser l’ADN de l’enfant et de ses parents. Chez le bébé, un prélèvement buccal permet de collecter du matériel génétique, tandis que l’on prélève du sang des parents. Un échantillon de sperme du mari est également demandé à la clinique FIV pour analyse.

Les résultats du test de paternité déconcertent les techniciens. En effet, la comparaison des profils ADN du mari, de sa femme et de l’enfant montre que le profil STR du bébé ne comporte pas des combinaisons de gènes (allèles) devant pourtant obligatoirement être présents à six emplacements (loci). Il existe donc ce que l’on appelle une divergence de paternité. En d’autres termes, cet enfant n’a pu être engendré que par une autre personne que le mari de sa mère. Ainsi, si l’on en croit les résultats du laboratoire, l’homme censé être son père n’est pas son père biologique.

On rappelle que l’analyse STR consiste à comparer un grand nombre d’emplacements (loci) spécifiques dans l’ADN afin d’établir ou d’exclure un lien de paternité. Habituellement, une discordance sur trois loci est suffisante pour exclure un tel lien.

Au vu de ces résultats, on cherche à comprendre et l’on évoque une erreur de manipulation du sperme, un mélange d’échantillons de sperme. Une autre possibilité serait que le père soit une chimère tétragamétique. En d’autres termes, que le mari soit issu de la fusion de deux embryons provenant de deux fécondations séparées. Dans un tel cas, si des cellules des deux embryons contribuent à la formation des gamètes, des spermatozoïdes, génétiquement distincts, sont alors produits.

Afin de confirmer que le père de l’enfant est bien une chimère tétragamétique, et donc exclure toute erreur de la clinique FIV, des analyses génétiques supplémentaires sont entreprises. Il s’agit de déterminer le profil STR du mari afin de comprendre la répartition du chimérisme dans les différents tissus de son organisme.

Des prises de sang et des prélèvements buccaux, de sperme, de cheveux avec leurs follicules, des coupures d’ongles et de cérumen du mari sont collectés aux fins d’analyse STR. Les résultats sont sans appel : tous ces échantillons comportent un mélange de profils STR différents, ce qui atteste de la présence de deux lignées cellulaires génétiquement distinctes chez cet homme. Par ailleurs, les résultats du profil STR se basant uniquement sur le chromosome Y confirment que l’ADN de tous les échantillons testés proviennent bien du même homme.

Le père porte en lui l’ADN de son frère jumeau

Le père du bébé est une chimère tétragamétique. L’embryon dont il est issu a fusionné avec son jumeau, mort in utero. Le père renferme en lui son jumeau de même sexe qu’il n’a jamais connu, puisque mort avant de naître.

Cet homme est donc porteur de deux ADN différents, autrement dit de deux génomes. Alors qu’un premier génome avait été détecté dans le sang, l’analyse STR des échantillons de sang, de sperme et d’autres tissus de ce même individu a conduit à la découverte de la présence d’un second génome dans son organisme. Ce sont donc ces multiples prélèvements cellulaires provenant du mari qui ont permis de confirmer qu’il était une chimère et prouver qu’il était bien le père biologique de l’enfant. Celui-ci a été conçu avec un spermatozoïde dont l’ADN était celui du second génome de son père.

Ces résultats ayant permis de lever le doute sur la filiation entre le père et son enfant, toute la famille a finalement été légalement autorisée à quitter la Russie et à regagner son pays d’origine. On imagine sans peine le drame familial qui en aurait résulté si la génétique n’avait pas permis un tel dénouement.

Comme le soulignent les généticiens russes, « c’est uniquement parce que l’enfant a été conçu par FIV que la divergence de paternité a fait l’objet d’une enquête plus approfondie et que le statut chimérique du père biologique a été révélé. Dans d’autres circonstances, un rapport d’exclusion de paternité aurait sans aucun doute été délivré. On peut donc craindre que de nombreuses exclusions de paternité seraient déclarées à tort alors qu’elles s’expliquent par un chimérisme congénital ». Et d’ajouter que dans la mesure où le chimérisme naturel pourrait affecter jusqu’à 10 % de la population, l’éventualité d’un possible chimérisme devrait toujours être présente à l’esprit du personnel des laboratoires réalisant des tests de paternité.

De la mythologie grecque à la génétique médicale

Statue de la Chimère d’Arezzo (bronze antique) @ Wikipedia

Dans la mythologie grecque, la chimère est une créature hybride, décrite pour la première fois par Homère dans l’Iliade. Doté d’une tête de lion, d’un corps de chèvre et d’une queue de serpent, le monstre crachait du feu et dévorait les humains. En biologie humaine et animale, une chimère est un individu ou un organisme au sein duquel coexistent deux ou plusieurs populations cellulaires dont les génomes sont différents et qui proviennent de deux ou plusieurs œufs fécondés (zygotes).

Ce chimérisme congénital diffère donc du chimérisme artificiel pouvant être acquis à la suite d’une transfusion sanguine, d’une greffe de moelle osseuse ou d’une transplantation allogénique de cellules souches hématopoïétiques (présentes dans la moelle osseuse d’un donneur et qui sont à l’origine de toutes les cellules du sang).

Il n’a également rien à voir avec le chimérisme partiel (micro-chimérisme) résultant de l’échange transplacentaire fœto-maternel. En effet, des échanges bilatéraux, entre  la mère et le fœtus, se produisent au cours de la grossesse. On sait que certaines femmes peuvent héberger des cellules XY d’un fœtus masculin dans leur sang pendant de longues années. De même, des études récentes ont révélé que certains individus conservent des traces de microchimérisme maternel à l’âge adulte.

Surtout, le chimérisme diffère du mosaïcisme. Alors que la mosaïque désigne un individu, ou un organisme, au sein duquel coexistent deux ou plusieurs populations cellulaires dont les génomes sont différents mais qui proviennent d’un même œuf fécondé (zygote), la chimère a pour origine la fusion de deux zygotes fécondés ou plus.

Une découverte souvent fortuite

La plupart du temps, les découvertes de cas humains de chimérisme sont fortuites, faisant suite à la réalisation d’analyses médicales. Plusieurs cas emblématiques, dont certains ont été relatés dans les médias, méritent d’être racontés.

Les premières chimères humaines ont été décrites il y a environ 70 ans par des médecins. La première chimère humaine issue de la fusion de deux zygotes a été rapportée en 1962. La personne était hermaphrodite, porteuse d’un ovaire et d’un ovotestis (gonade ayant à la fois les caractéristiques d’un testicule et d’un ovaire), avec les yeux vairons, l’un brun foncé et l’autre noisette.

En 1981, des généticiens américains avaient suspecté un cas de chimérisme tétragamétique à partir des résultats des analyses sanguines d’un donneur de sang. Cet homme de groupe sanguin B n’avait pas d’anticorps dirigés contre le groupe A. Normalement, un individu de groupe B possède des anticorps sériques anti-A. Par ailleurs, cet homme possédait, dans d’autres tissus que le sang, de faibles quantités de l’enzyme déterminant l’appartenance au groupe A.

Cet homme avait donc en lui deux lignées cellulaires génétiquement différentes, l’une codant des marqueurs du groupe sanguin B, l’autre des déterminants du groupe A. Il s’est avéré que ce patient était une chimère XX/XY. Alors que la lignée renfermant un génome XY (caractérisant un individu mâle) était celle qui produisait les globules rouges de groupe B, une autre lignée, possédant un génome XX (correspondant à un individu femelle), codait l’enzyme déterminant le groupe A.

Trois mécanismes possibles à l’origine d’une chimère humaine

Trois mécanismes fondamentaux différents peuvent aboutir à la création d’une chimère humaine naturelle. Comme nous l’avons vu, la chimère est dite tétragamétique lorsqu’elle est issue de la fusion de deux zygotes, autrement dit de deux ovules ayant été fécondés par deux spermatozoïdes. Ce mécanisme est de loin le plus fréquent.

Une chimère tétragamétique peut également être le produit d’un autre type de fusion. Pour comprendre, il faut savoir que la maturation de l’ovocyte s’accompagne de la formation de deux autres petites cellules appelées globules polaires. Celles-ci se forment au cours de la deuxième division de maturation (méiose) de l’ovocyte et auquel elles adhèrent.

Les globules polaires disparaissent normalement rapidement après leur apparition, mais il arrive que le deuxième globule polaire soit fécondé par un spermatozoïde.

Fécondation par deux spermatozoïdes différents de l’ovocyte (à gauche) et de son deuxième globule polaire (à droite). La fusion de ces deux zygotes aboutit à un embryon contenant deux informations génétiques distinctes. Gilgenkrantz S. Med Sci (Paris). 2002 Oct;18(10):925-2.

Lorsque l’ovule est fécondé par un spermatozoïde et que le deuxième globule polaire est fécondé par un autre spermatozoïde, la fusion de ces deux cellules aboutit à la formation d’une chimère tétragamétique.

Schéma illustrant la formation d’une chimère parthénogénétique. Il se produit spontanément une endoréplication du matériel génétique maternel juste avant que les deux cellules qui en résultent soient fécondées par deux spermatozoïdes différents. L’endoréplication est un processus par lequel une cellule duplique son matériel génétique mais ne se divise pas. Sur cette illustration, les cellules en orange sont de formule chromosomique 46,XX, alors que celles en vert sont 46,XY. Après fusion des deux œufs fécondés, l’embryon qui en résulte possède deux populations génétiquement distinctes. Kawamura R, et al. J Hum Genet. 2020 Aug;65(8):705-709.

Il existe un troisième type de chimérisme naturel. Il arrive exceptionnellement que par un mécanisme dit de parthénogenèse, une activation spontanée de l’ovocyte (non fécondé) se produise, conduisant à sa division et donc à la production de deux cellules filles. Si chacune d’elles est par la suite fécondée par un spermatozoïde différent et que ces deux cellules viennent à fusionner, le produit de cette fusion est appelé chimère parthénogénétique (ou trigamétique).

En 2012, des chercheurs de l’université de Séoul (Corée du Sud) ont rapporté dans l’American Journal of Medical Genetics le cas d’un enfant qui présentait à la naissance une ambiguïté des organes génitaux externes. L’analyse génétique a permis d’identifier un cas de fécondation, par deux spermatozoïdes différents, de deux ovocytes identiques issus de l’activation parthénogénétique. Pour chaque emplacement (locus) testé sur les chromosomes de cet enfant, l’analyse a montré la présence de quatre allèles, ce qui indiquait qu’il était porteur de deux lignées cellulaires génétiquement distinctes. En 1995 et 1998, deux cas de chimérisme parthénogénétique avaient déjà été rapportés dans la littérature médicale.

À suivre…

Marc Gozlan (Suivez-moi sur X, Facebook, LinkedIn, Mastodon, BlueSky, et sur mon autre blogLe diabète dans tous ses états, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 64 billets).

Pour en savoir plus :

La totalité des références bibliographiques seront communiquées à l’occasion de la publication de la 2e partie.

Quand du tissu thyroïdien se trouve à la base du crâne, dans l’iris ou dans l’ovaire

Tissu thyroïdien ectopique à la base du crâne. Vaillant PF, et al. Neurochirurgie. 2023 Nov;69(6):101497

Nul besoin d’être médecin pour savoir que la thyroïde est située à la base du cou, en avant de la trachée. Mais saviez-vous que du tissu thyroïdien peut parfois se retrouver dans des emplacements aberrants ? On parle alors de thyroïde ectopique ou d’ectopie thyroïdienne pour désigner la présence de tissu thyroïdien en dehors du siège normal de la thyroïde. Des médecins français rapportent un cas exceptionnel d’ectopie thyroïdienne dans un article publié en novembre 2023 dans la revue Neurochirurgie.

La thyroïde est une glande endocrine qui fabrique la thyroxine (T4) et la tri-iodothyroxine (T3), deux hormones contenant de l’iode et qui jouent un rôle majeur dans le métabolisme énergétique ainsi que la régulation du phosphore et du calcium dans l’organisme (métabolisme phosphocalcique). Le bilan thyroïdien consiste notamment à doser ces deux hormones thyroïdiennes.

L’histoire est celle d’un homme de 39 ans qui consulte pour des maux de tête et des troubles de la vision. Son médecin traitant lui prescrit un angioscanner cérébral afin de visualiser les artères et les veines du cou et du cerveau. Puis suit une IRM du cerveau. Au vu des résultats de ces deux examens, le patient est adressé en consultation dans le service de neurochirurgie du CHU de Lille.

En effet, les images montrent la présence d’une lésion située à proximité de l’artère cérébrale antérieure. Les médecins évoquent alors un anévrisme cérébral, c’est-à-dire une dilatation d’une artère du cerveau résultant d’une faiblesse de la paroi du vaisseau. La lésion est cependant de siège inhabituel pour un anévrisme. À l’IRM, la lésion suspecte semble comprimer le chiasma optique, la zone où les deux nerfs optiques s’entrecroisent. Les radiologues évoquent alors un gliome des voies optiques, tumeur bénigne qui se développe le long du nerf optique.

Les neurochirurgiens décident d’opérer le patient. C’est alors qu’ils découvrent une masse de couleur orangée, qui n’adhère pas au chiasma optique mais est accolée à une portion de l’artère carotide interne. Les chirurgiens évoquent alors un troisième diagnostic : un hémangioblastome, tumeur du système nerveux central, rare, bénigne, richement vascularisée.

L’analyse anatomopathologique de la pièce opératoire va finalement permettre d’établir un diagnostic de certitude. La lésion est composée de tissu thyroïdien. Le patient est donc porteur d’une thyroïde ectopique localisée à la base du crâne. Un diagnostic qui ne correspond donc aucunement à ceux qui avaient été successivement évoqués par l’équipe soignante. La lésion est non cancéreuse.

L’IRM réalisée après l’intervention montre l’ablation totale de la lésion. Le bilan thyroïdien est normal. L’échographie du cou montre la présence dans la thyroïde de trois nodules d’allure bénigne. Il n’y a pas de signe de malignité, ni d’augmentation de volume des ganglions lymphatiques.

La scintigraphie à l’iode, qui vise à détecter la présence dans l’organisme de tissus captant l’iode radioactif, ne montre aucune autre localisation ectopique de tissu thyroïdien. Il en est de même pour le PET-scan corps entier, technique d’imagerie médicale se basant sur la distribution dans le corps entier d’un traceur iodé radioactif.

Il est à noter que ce patient ne présentait aucun symptôme lié à un dysfonctionnement de la thyroïde, aucun dosage thyroïdien anormal, ni aucun signe d’envahissement tumoral. À ce propos, la découverte de tissu thyroïdien à la base du crâne impose d’exclure le diagnostic de métastase d’un cancer de la thyroïde (carcinome folliculaire de la thyroïde ou cancer papillaire de la thyroïde).

À ce jour, seulement trois cas de thyroïde ectopique située à la base du crâne avaient été décrits dans la littérature médicale, soulignent Pierre-François Vaillant, Antoine Devalckeneer et leurs collègues du CHU de Lille. Deux des trois patients avaient un bilan thyroïdien perturbé, l’un d’eux souffrant d’un retard mental associé à une hypothyroïdie sévère.

Thyroïde ectopique avec ou sans glande dans le cou

L’ectopie thyroïdienne est une situation assez rare. Sa prévalence est évaluée à 1 cas pour 100 000 à 300 000 personnes.

Il en existe deux types. Le premier est caractérisé par la présence, d’une part, d’une thyroïde en position normale dans la région cervicale et, d’autre part, d’un tissu thyroïdien situé en position ectopique. Cette situation correspond au cas rapporté par les chirurgiens lillois.

Le second type d’ectopie thyroïdienne est, lui, défini par l’existence de tissu thyroïdien en situation aberrante, en l’absence totale de thyroïde en position normale. On ne retrouve donc pas de tissu thyroïdien en position cervicale. En l’absence de glande thyroïde de localisation normale (eutopique), plus d’un tiers des patients souffrent d’hypothyroïdie. À l’inverse, la présence d’une glande eutopique et fonctionnant normalement peut masquer la présence d’une thyroïde ectopique n’entraînant aucun symptôme.

L’imagerie médicale pour affirmer le diagnostic

Les différentes techniques de l’imagerie médicale jouent un rôle essentiel dans le diagnostic de thyroïde ectopique. L’échographie cervicale permet d’évoquer le diagnostic devant la vacuité de la loge thyroïdienne et éventuellement en présence, sur le trajet habituel de migration de la glande, d’une masse ayant la même échostructure que le tissu thyroïdien.

La scintigraphie permet à l’iode de se fixer dans le tissu thyroïdien et donc de détecter les localisations les plus atypiques. Le scanner et l’IRM sont également très utiles pour établir le diagnostic et permettre une localisation précise.

La cytoponction, qui consiste à réaliser sous échoguidage un prélèvement à l’aide d’une aiguille très fine, est une aide très utile au diagnostic dans certains cas.

Thyroïde ectopique à la base de la langue

Localisation d’une thyroïde ectopique dans le cou. Adelchi C, et al. BMC Res Notes. 2014 Nov 6;7:790.

Le tissu thyroïdien ectopique peut siéger à un emplacement anormal dans le cou, notamment sous la forme d’une tuméfaction latéro-cervicale, ou au niveau de la langue (localisation basi-linguale).

La majorité des thyroïdes ectopiques se trouvent en position basi-linguale. Elle est caractérisée par la présence de tissu thyroïdien rudimentaire à la base de la langue.

Le patient présente souvent une grosseur (tuméfaction) sous le menton. Une ponction guidée par l’échographie est indispensable car elle permet de confirmer le diagnostic, en montrant la présence de tissu thyroïdien. La scintigraphie à l’iode retrouve une fixation du traceur dans la partie postérieure de la région sous-mentonnière. L’IRM conforte le diagnostic de thyroïde ectopique en montrant la présence d’une masse au niveau de la base de la langue et l’absence de thyroïde en position normale (vacuité de la loge thyroïdienne).

Le scanner cervical peut montrer une loge thyroïdienne vide, c’est-à-dire l’absence de glande thyroïde dans le cou, ainsi que la présence d’une masse à la base de la langue.

La thyroïde ectopique basi-linguale est un diagnostic difficile et inhabituel. Le traitement de référence est chirurgical (ablation totale de la thyroïde ectopique).

Anomalie de migration

Pour comprendre l’origine de ces localisations ectopiques, il faut savoir que, durant la vie fœtale, l’ébauche de la thyroïde se situe au niveau de la base de la langue. Chez l’embryon humain de 22 jours (2 mm), l’ébauche thyroïdienne centrale s’individualise au niveau du pharynx primitif (dans le plancher de l’intestin pharyngien). En quelques jours cet épaississement localisé va former le diverticule thyroïdien.

À ce stade, le cou de l’embryon n’est pas encore formé, ce diverticule est au contact de l’ébauche cardiaque. Par la suite, aux alentours de la cinquième semaine de gestation, la glande poursuit sa migration le long de la ligne médiane en direction de la région cervicale. La thyroïde atteint sa situation définitive en avant de la trachée à la septième semaine. En se développant, l’ébauche thyroïdienne laisse derrière un tube : le canal thyréoglosse. Ce conduit régresse normalement vers la dixième semaine de gestation.

L’ectopie résulte d’une migration défectueuse de la thyroïde lors de son développement embryonnaire, la glande interrompant sa descente. La glande ectopique peut siéger à n’importe quel niveau le long du trajet de migration de la thyroïde. L’ectopie pourrait également être la conséquence d’un défaut d’oblitération du canal thyréoglosse.

Le premier cas d’ectopie thyroïdienne a été rapporté en 1869. Il concernait un nouveau-né ayant succombé à une suffocation due à une ectopie thyroïdienne linguale.

L’ectopie thyroïdienne peut être asymptomatique, se manifester par une hypothyroïdie clinique ou biologique, voire être à l’origine d’un saignement ou de signes en rapport avec une compression des voies aérodigestives supérieures.

Localisations très atypiques

Il peut arriver que le tissu thyroïdien siège à un endroit très éloigné de la région cervicale. Ont ainsi été décrites des localisations de thyroïde ectopique dans la trachée (localisation intra-trachéale), près ou dans le cœur  (localisation médiastinale et intra-cardiaque), dans l’œsophage (localisation intra-œsophagienne).

Les localisations linguales sont les plus souvent rapportées (90 % des cas). La thyroïde ectopique basi-linguale se caractérise par l’arrêt de la migration de l’ébauche thyroïdienne le long du canal thyréoglosse dans sa portion linguale initiale. Elle peut se manifester par une inflammation de la thyroïde (thyroïdite), ou être révélée par le développement d’un gros nodule ou d’un goître volumineux, pouvant être à l’origine d’une obstruction oropharyngée, qui entraîne une difficulté à avaler (dysphagie), voire une  gêne respiratoire (dyspnée).

Les localisations médiastinales, cervicales, sous-maxillaires, intra-trachéales et intra-œsophagiennes sont exceptionnelles. Du tissu thyroïdien, situé en dehors du trajet normal de migration de la glande, a également été décrit dans la parotide (glande salivaire), le cœur, l’aorte ascendante, le poumon, la peau (à la face latérale du cou), la glande surrénale, la vésicule biliaire.

En septembre 2023, des chirurgiens canadiens ont décrit le premier cas d’ectopie thyroïdienne à proximité du rectum. La masse péri-rectale a été retirée chirurgicalement du fait d’une transformation en tumeur bénigne  (adénome) du tissu thyroïdien ectopique.

Thyroïde ectopique dans le pancréas

La localisation pancréatique est rarissime. En octobre 2023, des radiologues chinois ont rapporté la présence de tissu thyroïdien dans le pancréas d’une femme de 50 ans qui se plaignait de douleurs abdominales et de diarrhée depuis près d’un mois. Le scanner abdominal a révélé la présence d’une lésion, très vascularisée, siégeant dans la tête du pancréas. Les médecins ont alors évoqué le diagnostic d’une tumeur neuroendocrine. La patiente a été opérée. Elle a subi une pancréatoduodénectomie, autrement dit l’ablation de la tête du pancréas (soit environ le tiers de cet organe) et du duodénum (première partie de l’intestin grêle).

L’analyse histologique et immunohistochimique de la pièce opératoire a alors révélé la présence de tissu thyroïdien ectopique. L’échographie du cou a montré une thyroïde augmentée de volume, avec trois nodules à risque faible de malignité. La patiente, qui présentait une hypothyroïdie, s’est vu prescrire des comprimés de lévothyroxine. Lors du suivi pendant quatre mois, sa fonction thyroïdienne était normale et elle n’a présenté aucun symptôme.

Ce cas clinique est exceptionnel. Il s’agit en effet du cinquième cas de thyroïde ectopique dans le pancréas connu à ce jour. Les médecins de l’hôpital de la ville de Taizhou (province du Zhejiang), qui ont rapporté cette observation clinique dans la revue Open Life Sciences, précisent que seulement trois cas de tissu thyroïdien pancréatique ont été décrits en langue anglaise au cours de ces soixante dernières années dans la littérature médicale internationale et qu’un autre cas avait été décrit dans la littérature médicale chinoise.

La présence du tissu thyroïdien, localisé à une grande distance du trajet du canal thyréoglosse, est difficilement explicable. La présence d’une thyroïde ectopique au niveau de la cavité abdominale, dans le foie ou le pancréas, pourrait éventuellement s’expliquer par une origine embryologique commune avec un des feuillets embryonnaires (endoderme), qui donne naissance à l’épithélium de surface de la muqueuse digestive et de nombreuses glandes. Par ailleurs, des mutations sur des gènes impliqués dans le développement de la thyroïde, la différenciation du tissu thyroïdien, ou la migration de l’ébauche thyroïdienne, pourraient intervenir dans la formation d’une thyroïde ectopique.

Du tissu thyroïdien dans le sein

En juin 2023, des chirurgiens thoraciques chinois ont rapporté un cas d’ectopie thyroïdienne chez une femme de 48 ans qui avait subi une mastectomie radicale pour un cancer du sein. Le tissu thyroïdien avait été détecté de façon fortuite à l’examen histologique post-opératoire.

Pour expliquer l’apparition de tissu thyroïdien dans le sein, une théorie postule que des cellules thyroïdiennes pourraient très rarement passer d’un feuillet embryonnaire à un autre (du mésoderme à l’ectoderme).

Dans l’iris

Autre localisation particulièrement surprenante : l’iris. En 2006, des ophtalmologues de Liverpool ont rapporté le cas d’un garçon de 15 ans qui présentait à l’œil droit une petite tumeur de couleur rose au niveau de la périphérie de l’iris. Cette excroissance mesurait 3,8 mm de long, 2,5 mm de large et avait une épaisseur de 1,2 mm. Les chirurgiens ont procédé à l’ablation de cette petite masse dont l’analyse histologique a montré qu’elle était constituée de tissu thyroïdien ectopique.

Un autre cas de tissu thyroïdien ectopique localisé dans l’iris a été décrit en 2019 chez un homme de 76 ans qui présentait depuis la naissance une masse dans la chambre antérieure de l’œil. Un cas similaire a été rapporté en 2021 chez une femme de 67 ans.

Dans l’ovaire

L’ectopie thyroïdienne peut également siéger dans l’ovaire. Des gynécologues parisiens ont rapporté en 2020 le cas d’une patiente de 38 ans présentant une masse ovarienne droite, découverte fortuitement à l’échographie. Le bilan biologique thyroïdien ne comportait pas d’anomalie.

Les chirurgiens ont réalisé l’ablation de l’ovaire et de la trompe de Fallope correspondante (annexectomie). La masse ovarienne mesurait 6 cm dans son grand axe. L’examen anatomopathologique de cette lésion a montré qu’elle était composée exclusivement de tissu thyroïdien, confirmant le diagnostic de ce que l’on appelle un goitre ovarien pur.

Marc Gozlan (Suivez-moi sur X, Facebook, LinkedIn, Mastodon, BlueSky, et sur mon autre blogLe diabète dans tous ses états, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 64 billets).

Pour en savoir plus :

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La triste histoire d’un adolescent qui avait des envies de cornichons

CC0 Domaine public © Pxhere

C’est le genre d’histoire clinique qui finit très mal, mais permet d’alerter sur ce qui aurait dû être fait et sur le diagnostic que les médecins généralistes et urgentistes doivent absolument évoquer devant une telle situation clinique avant qu’elle ne tourne au drame. Ce cas a été publié le 20 avril 2024 dans les Archives de Pédiatrie.

C’est l’histoire d’un adolescent de 13 ans d’origine marocaine, sans antécédent médical particulier, admis aux urgences pour des douleurs abdominales isolées. Il est pris de vomissements depuis la veille. Une semaine plus tôt, il avait une rhinite, sans fièvre. Il présente des signes de déshydratation, une diminution du volume des urines (oligurie), des marques circulaires foncées sur la peau, une sécheresse des muqueuses. Il a perdu 2 kg.

L’inspection et la palpation de l’abdomen sont normales. Les examens biologiques sanguins montrent une légère baisse du taux de sodium dans le sang (hyponatrémie à 132 mmol/L). L’échographie abdominale montre une infection aiguë d’un ou de plusieurs ganglions lymphatiques (lymphadénite mésentérique isolée).

Le jeune garçon reste en observation aux urgences 24 heures où il reçoit des fluides par voie intraveineuse. Il rentre chez lui avec un diagnostic de gastro-entérite aiguë, alors que les vomissements ont cessé, bien qu’il présente toujours un taux bas de sodium dans le sang (hyponatrémie à 126 mmol/L). Le taux de potassium sanguin est à 4 mmol/L (valeurs normales entre 3,5 et 5,5 mmol/L).

Pendant les six jours suivants, il vomit une à deux fois par jour et présente une perte d’appétit (anorexie) et une fatigue intense. Il n’a pas de diarrhée, de douleurs, ni de fièvre. Il a maintenant perdu 5 kg.

Onze jours après le début des symptômes, il perd connaissance. Bien qu’il ne présente pas de traumatisme crânien, sa mère le ramène une deuxième fois aux urgences dans un contexte clinique de vomissements persistants. Aucune analyse biologique n’est réalisée. On se contente de lui prescrire un antiémétique (métopimazine) pour ses vomissements.

Le lendemain, l’enfant, qui présente une fatigue extrême (asthénie intense), fait un arrêt cardiaque, avec un débit cardiaque nul (« no flow ») pendant 25 minutes, puis bas pendant les 25 minutes durant lesquels sa mère effectue les gestes de réanimation cardiopulmonaire. Le médecin du SAMU arrivé sur place intube l’adolescent, qui reçoit en outre des fluides par voie intraveineuse. Il est ensuite admis en unité de soins intensifs pédiatriques à l’hôpital Robert Debré (Paris).

L’équipe soignante interroge les parents sur le comportement récent du patient. Les médecins apprennent ainsi que cet enfant présentait une soif exagérée (polydipsie), ainsi qu’un goût prononcé pour le sel. Il consommait beaucoup de cornichons, qu’il dissimulait dans les toilettes de sa chambre. Par ailleurs, il a commencé à présenter des taches cutanées foncées depuis ses dernières vacances, il y a six mois.

À son admission à l’hôpital, la température corporelle de l’adolescent est de 34,9 °C. Il présente un choc hypovolémique sévère, autrement dit une diminution drastique du volume sanguin circulant, et est dans le coma. L’échographie thoracique ne montre pas de signes d’insuffisance cardiaque.

Les analyses biologiques sanguines montrent notamment une baisse importante du taux de sodium dans le sang (hyponatrémie à 118 mmol/L), une augmentation du taux de potassium (hyperkaliémie à 5,9 mmol/L). Le résultat des autres examens témoigne de la présence d’une insuffisance rénale aiguë, d’une insuffisance hépatique et d’une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), qui se manifeste par la formation de petits caillots à l’intérieur de tout le système vasculaire, ce qui entraîne une obstruction des petits vaisseaux. Le dosage du cortisol sérique, réalisé avant le début du traitement, montre un taux effondré (17 nmol/L). Un remplissage vasculaire massif est entrepris.

Au vu des résultats des examens de laboratoire et de la présence d’une défaillance du système circulatoire (état de choc), on administre de l’hydrocortisone, un corticoïde synthétique. En effet, l’histoire clinique et les examens biologiques orientent le diagnostic vers une insuffisance surrénalienne, maladie dans laquelle les glandes surrénales (chacune située au-dessus de chaque rein) ne produisent pas suffisamment d’hormones surrénaliennes.

Maladie d’Addison

Des analyses ultérieures montrent que cet enfant souffre de la maladie d’Addison, responsable d’une insuffisance surrénalienne primaire, le plus souvent d’origine auto-immune. Cette maladie porte le nom de Thomas Addison (1793-1860), médecin britannique qui a décrit cette maladie en 1849 puis 1855, et l’a attribuée à une atteinte de ce qu’il appelait la « capsule suprarénale », autrement dit de la glande surrénale.

Dans environ 85 % des cas, la maladie d’Addison est due à la présence d’auto-anticorps dirigés contre une enzyme qui participe à la synthèse des hormones stéroïdes, la 21-hydroxylase. Cet enfant présente effectivement un taux élevé d’anticorps anti-21-hydroxylase.

Malgré une amélioration initiale des capacités circulatoires, l’enfant a été déclaré en état de mort cérébrale moins de 24 heures plus tard.

Ce cas clinique dramatique a été rapporté par des médecins de l’unité de réanimation pédiatrique et du service d’endocrinologie pédiatrique de l’hôpital Robert Debré.

Selon les auteurs, il montre que « les signes de l’insuffisance surrénalienne ont été sous-estimés et interprétés comme une gastro-entérite aiguë malgré le fait que l’enfant avait été examiné à plusieurs reprises par une équipe médicale, ce qui a entraîné la survenue d’une crise surrénalienne aiguë extrêmement sévère et un arrêt cardiaque extrahospitalier (au domicile), suivi d’un décès imputable aux séquelles ».  Et d’ajouter : « Compte tenu du taux de mortalité associé à une crise surrénalienne, les médecins généralistes et urgentistes devraient systématiquement envisager ce diagnostic devant un patient présentant des signes gastro-intestinaux avec vomissements prédominants, en particulier lorsqu’ils sont accompagnés d’une hyponatrémie ».

L’insuffisance surrénalienne primaire est une affection rare, mais qui met en jeu le pronostic vital à court terme. Il s’agit d’une urgence thérapeutique, même sans certitude diagnostique. Sa prévalence en Europe est estimée entre 82 et 144 pour un million d’individus. La gravité de l’insuffisance surrénalienne aiguë est avant tout liée au déficit en cortisol.

Le diagnostic d’insuffisance surrénalienne doit être suspecté devant la survenue brutale de plusieurs symptômes non spécifiques, tels qu’une baisse de la tension artérielle, des vomissements, de la diarrhée, mais également lorsque des patients présentent une hyponatrémie, une hyperkaliémie ou des épisodes inexpliqués d’hypoglycémie à jeun.

Le diagnostic repose sur le dosage du cortisol dans le sang à 8 h le matin (extrêmement bas, inférieur à 500 mmol/L) et de l’ACTH (hormone adrénocorticotrope, fabriquée par l’hypophyse). Les taux plasmatiques d’ACTH sont élevés en cas d’insuffisance surrénalienne primaire.

Des signes cliniques peu spécifiques, un début insidieux

Le tableau clinique de la maladie d’Addison est peu spécifique et le début insidieux des symptômes rend le diagnostic difficile. Seule l’hyperpigmentation cutanéomuqueuse, appelée mélanodermie, est caractéristique de la maladie d’Addison. Ainsi, des taches foncées prédominant sur les zones exposées au soleil (visage, cou, tronc) et les plis palmaires, ainsi que des taches ardoisées à la face interne des joues, sont évocatrices de cette pathologie.

La localisation de la pigmentation aux régions découvertes et aux plis de flexion, ainsi que la présence de taches de la muqueuse buccale, doivent absolument faire évoquer une mélanodermie d’une maladie d’Addison. Ainsi, en présence d’une pigmentation persistante des zones exposées et des muqueuses, même en l’absence d’autres manifestations cliniques évocatrices et de troubles électrolytiques (faible taux de sodium, taux élevé de potassium), il importe d’évoquer la maladie d’Addison et de procéder à des analyses biologiques hormonales.

Si l’insuffisance surrénalienne n’est pas traitée, une crise surrénalienne peut se produire. Elle se manifeste par des douleurs abdominales sévères, une faiblesse intense, une tension artérielle très faible, une insuffisance rénale et un état de choc. La crise surrénalienne intervient souvent lorsque l’organisme est soumis à un stress, par exemple dans le cadre d’un accident, d’une blessure, d’une intervention chirurgicale ou d’une infection.

En l’absence de traitement (hydrocortisone) le décès peut survenir rapidement. Une crise surrénalienne est à l’origine de 15 % à 40 % des décès liés à l’insuffisance surrénalienne.

Tout délai dans la mise en route du traitement par hydrocortisone peut être fatal. La correction de la volémie (volume sanguin), via l’administration de solutés de perfusion, peut être nécessaire et ne doit alors pas être retardée.

Le traitement doit se poursuivre jusqu’à ce que le diagnostic soit confirmé ou écarté. Dès lors, le patient doit être pris en charge par un endocrinologue qui déterminera la cause de l’insuffisance surrénalienne. Cette démarche diagnostique comporte le dosage des anticorps anti-21-hydroxylase, sachant que l’origine auto-immune est la plus fréquente chez le grand enfant.

Un des principaux enseignements de ce cas clinique dramatique est qu’il importe de toujours rechercher la cause d’une hyponatrémie afin de comprendre le mécanisme responsable d’un faible taux de sodium sanguin et ne pas passer à côté du diagnostic d’une affection pouvant menacer le pronostic vital. L’hyponatrémie peut en effet être le premier signe de l’insuffisance surrénalienne primaire.

Comme le soulignent Bellaure Ndoudi-Likoho, Michael Levy et leurs collègues, une hyponatrémie hypotonique (faible taux de sodium sanguin résultant d’une perte à la fois en sodium et en eau) peut se voir en cas d’insuffisance surrénalienne ou de gastro-entérite (pertes digestives prolongées sans apport hydrique). La détermination de la natriurèse (c’est-à-dire de l’excrétion urinaire du sodium) aide alors au diagnostic en distinguant l’une de ces pathologies.

Surtout, insistent-ils, « il convient de procéder à une évaluation approfondie afin de rechercher des signes spécifiques tels qu’une hyperpigmentation ou l’envie de sel. Dans notre cas, une consommation excessive de cornichons a permis de diagnostiquer une insuffisance surrénalienne », les conserves de cornichons étant très riches en sel.

L’envie de sel (salt craving en anglais) peut être le signe d’un déficit en aldostérone chez les patients ayant une insuffisance surrénalienne. Il faut en effet savoir que l’insuffisance surrénale est une insuffisance de fonctionnement du cortex surrénalien (qui représente 80 % à 90 % de la glande), qui synthétise notamment le cortisol (principal glucocorticoïde), et l’aldostérone (principal minéralocorticoïde).

Le cortisol est un facteur majeur d’adaptation de l’organisme au stress, alors que l’aldostérone joue un rôle crucial dans le maintien du volume sanguin (volémie) et de la pression artérielle.

Une envie de sel irrépressible chez un tout petit enfant

Je ne peux conclure ce billet sans raconter un cas classique d’envie de sel irrépressible, rapporté en 1940 par des médecins de Baltimore dans le JAMA, journal de l’association médicale américaine.

Il concerne un enfant de trois ans et demi qui présentait une insuffisance surrénalienne qui l’incitait à consommer de grandes quantités de sel. Vers l’âge d’un an, il a commencé par mâchouiller des crackers, puis du bacon.

À 18 mois, il a pris l’habitude d’ajouter du sel dans son assiette en saisissant lui-même la salière ou en trempant toutes sortes d’aliments dans du sel. Lorsqu’il a commencé à dire ses premiers mots, « sel » en faisait partie.

À l’âge de trois ans, il avalait les trois-quarts d’une pleine cuillère à café de sel de table chaque jour, en plus de toute la nourriture normalement salée par ses parents. Quand il mangeait des céréales, il les prenait sans sucre, ni lait, mais telles quelles… en y ajoutant du sel.

Rien ne lui plaisait plus que de boire de l’eau et manger du sel. Il a commencé à boire beaucoup d’eau dès l’âge de 4 mois. À six mois, lorsqu’on lui présentait une bouteille d’eau et une bouteille de lait, il prenait toujours l’eau de préférence au lait. Dans l’article publié dans le JAMA, on peut lire : « il semblerait que ce garçon, en augmentant sa consommation de sel, se soit maintenu en vie pendant au moins deux ans et demi ».

Comme l’adolescent de 13 ans, dont le cas est rapporté par les pédiatres parisiens de l’hôpital Robert Debré, ce petit garçon était porteur d’une hyperpigmentation. La peau de son cuir chevelu et de son corps avait une teinte légèrement brunâtre. Ses mamelons étaient pigmentés et les gencives au-dessus des incisives supérieures présentaient une tache de pigmentation brunâtre.

Sept jours après son admission à l’hôpital, ce jeune enfant est mort subitement. L’autopsie révéla qu’il était atteint d’une insuffisance surrénalienne sévère.

Marc Gozlan (Suivez-moi sur X, Facebook, LinkedIn, Mastodon, BlueSky, et sur mon autre blog Le diabète dans tous ses états, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 64 billets).

Pour en savoir plus :


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Sur le web :

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Insuffisance surrénale aiguë (Orphanet, PDF)

Insuffisance surrénale chez l’adulte et l’enfant (Société française d’endocrinologie)

Maladie d’Addison (MSD Manual)