L’homme, la femme et la maîtresse

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Rapporté par des médecins normands dans le numéro de février de la Revue de Médecine Interne, ce cas clinique a tout d’une chronique de mœurs.

Le personnage principal est un homme d’origine indochinoise âgé de 66 ans. Il prend régulièrement deux médicaments contre la goutte, en l’occurrence de la  colchicine et de l’allopurinol. Il présente d’autres pathologies, notamment une insuffisance rénale, une surdité, un diabète bien contrôlé par le seul régime, une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) bilatérale sévère, maladie ophtalmologique qui touche la zone centrale de la rétine.

Le patient, qui a été ingénieur en génie climatique, est marié. Il partage son temps entre sa femme et sa maîtresse, ne dédaignant pas au passage le whisky et le tabac.

Tout commence chez ce bon vivant par l’apparition de douleurs abdominales et de vomissements. Devant l’aggravation de son état, sa maîtresse le conduit aux urgences de l’hôpital Charles-Nicole (Rouen).

À l’admission, il a une fièvre à 38,5 °C et une tension artérielle basse. Les analyses sanguines montrent une baisse de l’hémoglobine (anémie), du nombre des globules blancs et des plaquettes. Les dosages sanguins indiquent une atteinte cardiaque inflammatoire (myocardite).

Le scanner abdominal montre une inflammation de la totalité du côlon avec atteinte de l’iléon, partie terminale de l’intestin grêle, associée à une accumulation de liquide dans l’abdomen (pancolite avec iléite et épanchement péritonéal).

Le patient reçoit un traitement antibiotique. Il est transféré deux jours plus tard dans le service de médecine interne puis rapidement en réanimation pour surveillance. Il est confus, présentant des idées mystiques et des hallucinations.

Le scanner cérébral montre des calcifications intracérébrales importantes. Les troubles neurologiques et les anomalies biologiques régressent en totalité en deux semaines sous l’effet d’un traitement purement symptomatique.

Le malade quitte l’hôpital trois semaines plus tard pour rejoindre le domicile de son épouse… avec quelques cheveux en moins. Il a en effet entre temps développé une alopécie.

Le patient est sorti d’affaire, tout au moins sur le plan médical. Les médecins ont envisagé toutes sortes d’hypothèses diagnostiques pour expliquer la survenue de cette sévère pathologie digestive associée à une chute de pression artérielle et à des troubles de conscience.

Les symptômes présentés par ce malade et les données de l’imagerie médicale permettent d’éliminer une cause infectieuse, un calcul de la vésicule biliaire, une cause rénale ou une pathologie relevant d’emblée de la chirurgie.

Alopécie

Du fait des relations extra-conjugales, des antécédents de surdité et d’atteinte cardiaque, comme de la présence de calcifications dans des régions de substance grise à l’intérieur de l’encéphale (noyaux gris centraux), les médecins évoquent une syphilis secondaire, d’autant que cette maladie – classiquement dénommée « la grande simulatrice » – peut être responsable d’une alopécie avec un aspect irrégulier, dit « en clairière ». Une co-infection par le virus du sida est aussi possible. Elle pourrait expliquer la chute du nombre des globules blancs, des plaquettes et l’anémie. Mais les sérologies VIH et syphilitique sont négatives. Ces hypothèses ne sont donc pas retenues.

La présence des calcifications intracérébrales chez ce patient souffrant de surdité, de diabète et d’insuffisance rénale chronique, oblige les médecins à envisager une autre possibilité : que le patient soit atteint d’une maladie génétique affectant le fonctionnement des mitochondries, organites impliqués dans la production de l’énergie nécessaire au fonctionnement des cellules.

En effet, la pathologie digestive du patient pourrait avoir été déclenchée par un excès d’acide lactique dans le sang, lui-même provoqué par la prise d’alcool (whisky) et l’effort physique déployé lors des rapports sexuels intenses et répétés avec sa maîtresse. Là encore, l’hypothèse d’une maladie génétique ne tient pas la route. En effet, aucun autre cas n’est recensé dans la famille du patient. Surtout, cette affection s’accompagne d’un retard mental, incompatible avec le fait que ce patient ait été ingénieur. Reste à envisager une intoxication au plomb, au mercure, au fer, aux plantes, aux champignons. Mais aucun élément ne corrobore ces pistes diagnostiques.

Mais alors, quel est donc le diagnostic ? La réponse réside dans le traitement suivi par le patient qui, rappelons-le, prend des médicaments contre la goutte.

Chez ce malade sous colchicine, la succession des troubles organiques observés durant son hospitalisation, de même que la survenue tardive de troubles neurologiques, évoque une intoxication aiguë à la colchicine, pathologie par ailleurs favorisée par l’insuffisance rénale dont souffre le patient dans la mesure où ce médicament est éliminé par les reins. Le dosage sanguin de la colchicine confirme le diagnostic (concentration de 5,23 microgrammes/litre pour un seuil toxique de 5 microgrammes/litre).

Dès lors, tout s’explique. En cas de surdosage, la colchicine provoque dans un premier temps une atteinte intestinale avec vomissements et baisse de la tension artérielle puis, dans les 24 à 72 heures qui suivent, des troubles neurologiques avec défaillance de nombreux organes et risque de décès. Lorsque le malade survit, la phase de récupération court sur une dizaine de jours, période au terme de laquelle on peut observer une chute de cheveux (alopécie transitoire).

Pour le Dr Nicolas Girszyn et ses collègues, le tableau clinique de leur patient correspond à la chronologie d’une intoxication aiguë à la colchicine chez un homme qui « se partageait entre ses deux domiciles et ses deux femmes ».

Handicapé par une maladie dégénérative de la rétine (DMLA), il avait aussi l’habitude d’avaler quelques verres de whisky, ce qui n’a sans doute pas amélioré sa vision. Il s’est trompé dans les doses de colchicine ingérées à son domicile et, une fois chez sa maîtresse, ne se souvenait pas avoir pris ce médicament. Ne voulant pas appeler son épouse pour vérifier la posologie figurant sur l’ordonnance alors qu’il était chez son amante, cet homme de faible corpulence a été en surdosage de colchicine pendant quelques jours, jusqu’à dépasser le seuil toxique de 0,5 mg par kg de poids corporel.

Comme le font remarquer les auteurs dans leur article, ce cas clinique n’est pas sans rappeler une intoxication criminelle à la colchicine relatée, elle, dans la littérature romanesque. Jacques Teissier raconte dans Le cauchemar de Spinoza l’empoisonnement d’un homme par sa maîtresse, avec la complicité de son épouse, par une décoction de colchicine versée dans son whisky. Mais ceci est une autre histoire.

Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter)

Pour en savoir plus :

Girszyn N, Hellouin L, Sauvêtre G, Ngo S, Lévesque H, Masseau A. Un homme, deux femmes : un trio à en perdre les cheveux ! [Abdominal pain and vomiting in a 66-year-old man]. Rev Med Interne. 2016 Nov 21.

Mestrallet S, Lebrun D, Zucchini L, Tales P, Benmerabet Y, Morel L, Dutel J, Galempoix JM, Penalba C, Boutboul D. Abdominal pain, vomiting, diarrhea in a 36-year-old man. Rev Med Interne. 2016 Oct 13.

Colchicine Opocalcium® 1 mg et Colchimax® : rappel des règles de bon usage pour limiter les risques de surdosages graves – Lettre aux professionnels de santé (ANSM, 25/07/2016). Posologie maximale à ne jamais dépasser chez le patient sans facteur de risque de toxicité : 3 mg (soit 1 mg trois fois par jour).

Intoxications sévères par la colchicine d’après les données issues des Centres antipoison et de toxicovigilance français janvier 2000 – juin 2011. Rapport fait à la demande de l’Afssaps (saisine du 24/06/2011). Octobre 2014.

Aghabiklooei A, Zamani N, Hassanian-Moghaddam H, Nasouhi S, Mashayekhian M. Acute colchicine overdose: report of three cases. Reumatismo. 2014 Mar 17;65(6):307-11.

Finkelstein Y, Aks SE, Hutson JR, Juurlink DN, Nguyen P, Dubnov-Raz G, Pollak U, Koren G, Bentur Y. Colchicine poisoning: the dark side of an ancient drug. Clin Toxicol (Phila). 2010 Jun;48(5):407-14.

Erden A, Karagoz H, Gümüscü HH, Karahan S, Basak M, Aykas F, Bulut K, Cetinkaya A, Avci D, Poyrazoglu OK. Colchicine intoxication: a report of two suicide cases. Ther Clin Risk Manag. 2013;9:505-9.

Surdosage avec les spécialités contenant de la colchicine : Importance du respect des règles de bon usage – Point d’information. (ANSM, 26/12/2013)

Pagina M, Chabanel D, Phan O. Toxicité aiguë de la colchicine. Forum Med Suisse 2011;11(47):865–867.

Malkinson FD, Lynfield YL. Colchicine alopecia. J Invest Dermatol. 1959 Dec;33:371-84.

L’amour dans la peau, littéralement

Intégration sous-cutanée de l’anneau de deux bagues au niveau de l’annulaire. Cliché aimablement communiqué par le Dr Julien Szwebel.

« Marivaux a parlé des surprises de l’amour… parmi ces dernières, l’engainement partiel ou total d’une bague trop longtemps portée est heureusement une affection rare ». Ainsi débute, de façon plutôt originale, un article paru le numéro de février des Annales de Chirurgie Plastique Esthétique. Il relate le cas d’une patiente de 69 ans présentant deux bagues partiellement enchâssées sous la peau depuis plus de vingt ans !

En 2014, cette femme se décide enfin à venir consulter dans un hôpital parisien pour une raideur de l’annulaire de la main gauche. Et pour cause : l’anneau de chacune des deux bagues portées à ce doigt est littéralement intégré dans la peau. Les trois quarts de la circonférence des deux anneaux sont enchâssés dans la peau de l’annulaire. Ils ne sont visibles qu’à sa face dorsale.

« La patiente, veuve, n’avait jamais ôté ses bagues depuis plus de vingt ans. Sa bague et son alliance ont fini par lui ronger la peau », me confie le Dr Julien Szwebel, chirurgien plasticien dans le service de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique de l’hôpital Saint-Joseph (Paris). Au bout d’une dizaine d’années de port ininterrompu de ces bijoux auxquels elle tenait tant, la constriction chronique du doigt a entraîné l’érosion de la peau située en regard des deux bagues. Il s’est produit au niveau des anneaux une ulcération de l’annulaire au niveau palmaire.

On dénombre dans la littérature médicale internationale depuis 1979 moins de vingt cas de bague enchâssée (embedded ring, en anglais). Ils sont quasiment tous survenus chez des patients souffrant de troubles psychiatriques, toxicomanes, présentant des troubles cognitifs, ou vivant dans des conditions sociales particulièrement défavorables. La grande majorité des cas ont été observés chez des femmes adultes. Des raideurs et des douleurs des doigts sont fréquentes. Très peu de patients présentent pourtant un trouble de la sensibilité. Rares sont les cas décrivant des bagues enchâssées dans un ou plusieurs doigts.

Lorsque la lésion est négligée et que tout ou partie de la bague comprime les tissus cutanés, il se produit une cicatrisation en pont au-dessus de l’anneau. Celui-ci est carrément englobé, enchâssé, dans le doigt. Avec le temps, l’anneau de la bague ne fait alors plus qu’un avec la personne qui porte le bijou. Quand la preuve d’amour s’incruste dans la chair de l’être aimé et devient éternelle !

La bague est enchâssée au niveau palmaire. La cicatrisation s’est faite en
pont au-dessus des anneaux. Cliché aimablement communiqué par le Dr Julien Szwebel.

La patiente a indiqué n’avoir pas subi de traumatisme au doigt, mais simplement présenté une ulcération chronique. La gêne provoquée par cette lésion avait été finalement minime. Au point de ne pas l’inciter à retirer ses bagues.

Cette femme ne se plaignait que d’un manque de sensibilité au niveau de la pulpe du doigt et d’avoir un annulaire peu mobile. Elle ne pouvait plier la première phalange de l’annulaire que de 10 degrés et la seconde de seulement 40 degrés. Les radiographies de la main ne montraient ni érosion, ni signes d’infection osseuse ou articulaire.

Les chirurgiens avaient envisagé une solution chirurgicale. Celle-ci consistait en la section des anneaux des bagues, l’ablation du pont de tissu cutané et la libération de petits nerfs comprimés. Afin que la patiente récupère en mobilité active, un geste visant à décoller les tendons des muscles fléchisseurs de la main des adhérences, était également prévu. Mais la patiente ne voulait pas de cette chirurgie invasive (neurolyse et ténolyse), souhaitant uniquement qu’on lui retire ses bagues enchâssées. Les anneaux ont été donc sectionnés à l’aide d’une pince coupante. La patiente est sortie de l’hôpital le jour même. La cicatrisation s’est déroulée sans complication. Faute d’avoir pu bénéficier d’une intervention chirurgicale complète, la patiente n’a pas connu d’amélioration fonctionnelle, tant en termes de mobilité que de sensibilité.

Une rougeur correspondant à la cicatrice d’intégration sous-cutanée est visible sur chaque face latérale de l’annulaire. Cliché aimablement communiqué par le Dr Julien Szwebel.

« Le cas de notre patiente est inédit à plusieurs titres », concluent les Dr Julien Szwebel, Philippe Levan et leurs collègues. En effet, jusqu’à présent, cette femme n’avait pas été diagnostiquée comme présentant une pathologie psychiatrique ou neurologique. Par ailleurs, ses deux bagues enchâssées avaient déjà provoqué des séquelles fonctionnelles importantes, à savoir une lésion tendineuse et un trouble sensitif avéré, très rarement décrit dans de tels cas.

L’histoire ne dit pas si la patiente a depuis refusé qu’on lui repasse la bague au doigt.

Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook)

Pour en savoir plus :

Reguesse AS, Szwebel JD, Schmitt T, Levan P. Quand l’amour devient éternel : l’intégration sous-cutanée de deux bagues, un cas clinique. Ann Chir Plast Esthet. 2017 Feb;62(1):109-112. doi: 10.1016/j.anplas.2016.03.008.

Magos TA, Sheikh Z. An embedded finger ring. J Emerg Med. 2015 Apr;48(4):470-1. doi: 10.1016/j.jemermed.2014.09.051

Uemura T, Takamatsu K, Okada M, Ikeda M, Nakamura H. Entrapment of digital nerves due to an embedded ring: a case report. J Reconstr Microsurg. 2014 Nov;30(9):659-61. doi: 10.1055/s-0034-1370362

Kumar A, Edwards H, Lidder S, Mestha P. Dangers of neglect: partially embedded ring upon a finger. BMJ Case Rep. 2013 May 9;2013. doi: 10.1136/bcr-2013-009501

Awan B, Samargandi OA, Aljaaly HA, Makhdom AM. Single patent vessel over an embedded ring: a case report. Hand Surg 2013;18:125-8. doi: 10.1142/S0218810413720118

Zeng BW, Guo YJ, Huang CC. Embedded Ring Injury of the Middle Finger in an Amphetamine Abuser. J Chin Med Assoc 2006;69:95-7. doi:     10.1016/S1726-4901(09)70122-4

Rohilla N, Jain S, Naranje S, Neogi DS, Yadav CS, Kotwal PP. Post traumatic completely embedded ring. Eur J Orthop Surg Traumatol 2009;9:269-71.

Samuel C, Leong M, Mathias J. The embedded ring injury. Injury Extra. 2005 Mar;36(3):55–7.

Uemura T et al. Entrapment of digital nerves due to an embedded ring: a case report. J Reconstr Microsurg. 2014 Nov;30(9):659-61. doi: 10.1055/s-0034-1370362

Moore FO, Thornton BP, Shiroff AM, Zabel DD, Vasconez HC. Two partially embedded rings resulting in chronic erosion of a finger. Del Med J. 2004 Dec;76(12):431-4.

Deshmukh NV, Stothard JS. The embedded ring injury – case report and review of literature. Hand Surg 2003;8:103-5.

Leung YF, Ip SP. Chronic erosion injury of a digit by a ring: epidemiology, staging, treatment and prognosis. Br J Plast Surg. 2002 Jun;55(4):353-5.

Balakrishnan C, Nyitray J. An unusual presentation of a ring injury. J Psychosoc Nurs Ment Health Serv. 1999 Dec;37(12):37-8.

Drewniany JJ, Palmer AK, Levinsohn EM. An unusual presentation of a ring injury. J Hand Surg Am. 1982 Mar;7(2):194-5.

Les trois quarts de la circonférence des anneaux sont enchâssés dans la peau de l’annulaire. Uemura T, et al. J Reconstr Microsurg. 2014 Nov;30(9):659-61.
Bague enchâssée dans l’index. Anand Kumar, et al. BMJ Case Rep. 2013 May 9;2013.

Comment être convaincu qu’on a commis un crime

Law & Order SVU’s interrogation room (Série TV New York, unité spéciale, salle d’interrogatoire) © Flickr

Cette histoire est authentique. Elle s’est déroulée en Islande et fait froid dans le dos. Non à cause du climat qui y règne, mais parce qu’elle analyse les facteurs clés qui peuvent conduire une personne « saine, intellectuellement capable et éduquée », mais vulnérable, à sérieusement douter de sa mémoire, jusqu’à croire qu’elle s’est rendue coupable d’un meurtre ! Tel est l’horrible cauchemar qu’a vécu un Islandais en 1974. Après une détention provisoire de 25 mois, cet homme passera ensuite douze ans en prison.

Tout commence par la disparition, aussi soudaine que mystérieuse, le 19 novembre 1974, d’un ouvrier de 32 ans, Geirfinnur Einarsson. Dans la nuit, celui-ci reçoit un coup de fil à son domicile. Il se rend en voiture au café du port de Keflavik, gare son véhicule non loin et laisse les clés sur le contact. Son corps ne fut jamais retrouvé.

Cette disparition fait suite à celle de Gudmundur Einarsson. Celle-ci est intervenue quelques mois auparavant, le 27 janvier 1974. Parti danser dans la ville côtière de Hafnarfjordur, ce jeune homme de 18 ans avait décidé de rentrer à pied le lendemain matin, alors qu’une tempête de neige s’était levée. Il ne regagna jamais son domicile. Les recherches entreprises pour retrouver son corps furent vaines et durent être abandonnées au bout de quelques jours.

Cinq hommes et une femme furent suspectés du meurtre des deux hommes, principalement sur la base de leurs confessions lors des interrogatoires de police. Ils furent incarcérés. Tous ont fait des aveux, avant de se rétracter puis de clamer leur innocence. Parmi eux : G.S., de son vrai nom Gudjon Skarphedinsson, dont le profil psychologique est détaillé dans un article paru dans le numéro de février de la revue de neurosciences Cortex.

Cette publication est signée de Gisli Gudjonsson. Ce professeur de psychologie a rencontré G.S à plusieurs reprises. Il explique que celui-ci a développé un syndrome de perte de confiance envers sa propre mémoire (memory distrust syndrome). Un processus psychologique qui va progressivement le conduire à accepter l’idée d’avoir commis un crime puis s’en persuader.

L’analyse détaillée du Pr Gudjonsson est basée sur tous les documents de cette affaire criminelle hors norme, notamment les interrogatoires de la police, les conclusions des experts psychiatres et psychologues avant le procès, les comptes rendus du premier jugement et ceux de l’appel, ainsi que sur les entretiens que le psychologue a eu avec G.S. après sa sortie de prison, entre février 2012 et août 2015.

Journal intime

Cet article s’appuie surtout sur le journal intime tenu par Gudjon Skarphédinsson. Sa rédaction a débuté quatre jours après son arrestation, 16 novembre 1974, et s’est achevée le 27 décembre 1977, trois jours avant qu’il ne soit envoyé purger une peine de 12 ans de prison. Ce document, dont l’existence n’a été rendue publique qu’en novembre 2011, n’avait pas été mentionné lors du procès. On ignore si les enquêteurs en avaient connaissance ou s’ils avaient décidé de ne pas en faire état.

Gudjon Skarphédinsson est l’ainé de sept enfants. Il a été élevé par ses grands parents, dans le nord de l’Islande. Son père, ministre du culte, est mort dans un accident de la circulation quelques mois auparavant, en juillet 1974. Brillant élève, il entre à l’université en 1976 pour étudier la théologie, mais abandonne vite cette voie. Il se marie à l’été 1967 et a une fille deux mois plus tard. Il trouve un job d’enseignant entre la fin des années 1960 et le début des années 1970.

Il retourne à l’université en 1972 pour étudier cette fois les sciences sociales mais quitte la fac deux ans plus tard. C’est alors que son état se détériore. Il devient hyperactif et a un comportement imprévisible et irresponsable. Inquiète de la santé mentale de son mari, l’épouse de G.S. lui conseille au printemps 1975 de consulter un psychiatre, ce qu’il refuse. Son état s’aggrave un peu plus après le décès de son père. Il devient dépressif et connaît des problèmes financiers. Son mariage bat de l’aile. Le couple se sépare à l’été 1975.

A Paris, quelques mois plus tard, il rencontre Sævar Marínó Ciesielski (SMC). Celui-ci l’entraîne dans un trafic de cannabis. En novembre 1975, Gudjon Skarphedinsson (G.S.) est arrêté en provenance de Rotterdam lorsque la police découvre qu’il dissimule de la drogue dans sa voiture.

A l’été 1976, sous l’insistance de sa mère, il se résout à aller consulter un médecin qui lui propose de l’hospitaliser en psychiatrie, ce qu’il refuse. Son frère, médecin, lui prescrit un antipsychotique (chlorpromazine). Il suit ce traitement de manière irrégulière. En 1976 et 1977, une évaluation psychiatrique le décrit comme quelqu’un d’ « extrêmement intelligent, introverti, sensible, fier, dépendant et impulsif ». Mais aussi comme un homme ayant une «  faible estime de soi, doté d’une grande imagination et d’ambitions irréalistes ». Il est également question d’un trouble maniaco-dépressif.

G.S. a 32 ans lorsqu’il est interpellé au petit matin du 12 novembre 1976. Il est soumis à un interrogatoire de 7h25 à 13h10, au terme duquel il déclare n’avoir pas connaissance de la disparition de Geirfinnur Einarsson. Il avait été interrogé quelques mois auparavant à deux reprises par la police, une première fois en février, puis en qualité de témoin en mai 1976. La police s’est intéressée à lui car il connaît SMC, suspect principal dans l’affaire de la disparition et incarcéré depuis décembre 1975. Or SMC va impliquer G.S., ce qui vaut à ce dernier d’être arrêté et d’aller en prison. Il sera maintenu à l’isolement pendant 412 jours, période au cours de laquelle il est interrogé par les enquêteurs 75 fois en 160 jours !

Interrogatoires

Le lendemain de son arrestation, G.S. est interrogé par Karl Schutz, un super-flic allemand qui a participé quelques années plus tôt à l’enquête et au démantèlement du groupe Fraction armée rouge (« bande à Baader »). Il est venu prêter main-forte à la police islandaise qui tient à obtenir des aveux afin qu’un procès puisse avoir lieu. G.S. nie à nouveau toute implication. Il sera à nouveau interrogé les 15 et 16 novembre. Là encore, il explique qu’il n’a rien à voir dans cette affaire. Nouvel interrogatoire le 23 novembre.

Au 11e jour d’isolement carcéral, la résistance de G.S. commence à se fissurer. Interrogé sur sa participation, il déclare qu’à sa connaissance, il ne pense pas être impliqué dans l’affaire mais qu’il n’en est pas sûr. Il s’agit là de la première indication que G.S commence à accepter la possibilité qu’il puisse être mêlé au meurtre même s’il n’en a pas le souvenir. A ce moment là, il en est à sa 25e heure d’interrogatoire. Il sera de nouveau interrogé cinq jours plus tard. Il a alors passé plus de deux semaines en isolement. Il admet pour la première fois son implication lors d’un déplacement avec les enquêteurs sur la scène du crime à Keflavik, localité située non loin du principal aéroport d’Islande, à 50 kilomètres de la capitale.

Il décrit, en des termes vagues, son trajet en voiture jusqu’à cette ville située au sud-ouest de l’île le jour de la disparition de Geirfinnur Einarsson deux ans plus tôt, mais ne parvient pas à se rappeler une quelconque dispute avec ce dernier. Lorsque les enquêteurs lui demandent comment il peut oublier un événement aussi important, G.S. leur répond qu’il souffre de dépression depuis la mort de son père en juillet 1974.

Les interrogatoires vont se succéder à un rythme particulièrement soutenu. Le 8 décembre, G.S. déclare aux policiers : « J’ai l’intention de dire la vérité dans cette affaire autant que je puisse m’en souvenir. Certains aspects de cette affaire ne sont pas clairs dans ma mémoire, mais pourraient me revenir plus tard ». Le même jour, il finit par reconnaître qu’il est impliqué avec deux autres hommes  (SMC et KVV) dans l’agression mortelle contre Geirfinnur Einarsson à Keflavik. Une confession qui sera acceptée par la justice et entraînera l’inculpation des trois hommes.

Le corps de Geirfinnur Einarsson ne sera jamais retrouvé. G.S. va pourtant aider les enquêteurs à identifier les possibles emplacements du cadavre, alors même qu’il ne parvient toujours pas à se souvenir de ce qu’il est advenu de la victime. Alors qu’il en est à son 50e jour de détention. G.S. est soumis, le 31 décembre 1976, au détecteur de mensonges. Les policiers et le juge d’instruction espèrent que cela aidera G.S. à mieux se concentrer. Mais l’épreuve du polygraphe a l’effet inverse de celui escompté !

Cortex. © Elsevier Ltd.

Voici ce que le Pr Gisli Gudjonsson retranscrit dans son article publié dans la revue Cortex.

« Alors qu’en novembre 2012, il [G.S.] rapportait, certes avec réticence, mais encore de façon cohérente les événements de Keflavik et que ceux-ci correspondaient aux déclarations de ses complices, il déclara soudainement aux enquêteurs de la Reykavik Task Force le 31 décembre qu’il ne savait pas réellement s’il s’était rendu ou non à Keflavik » et qu’il envisageait de revenir sur sa confession. Il déclare en effet : « Tout d’abord, je dois maintenant penser à chaque chose. Peut-être devrais-je revenir sur tout ce que j’ai dit ». La police, qui avait mis tant d’espoir dans le test du détecteur de mensonges, n’aura de cesse par la suite de consolider les premières confessions de G.S. Mais dix jours plus tard, celui-ci refuse de signer le compte rendu. Il coopère moins. Une résistance qui sera cependant de courte durée face à la détermination des enquêteurs d’amener G.S. à adopter une démarche de confession. Une attitude que ce dernier finira par adopter jusqu’à la tenue de son procès.    

Extraits

Voici des phrases issues du journal intime, rapportées par le Pr Gudjonsson, qui en disent long sur le calvaire intérieur enduré par G.S. durant son isolement carcéral :

22 novembre 1976 : « Pendant deux ans j’ai cru que je ne savais rien au sujet de cette affaire mais maintenant je suis censé être très impliqué (…) A quoi Dieu joue-t-il avec moi ? Suis-je atteint mentalement ? L’ai-je été ? Il faudrait le reconnaître. Beaucoup de choses que j’ai faites ces dernières années étaient de la folie ».

23 novembre 1976 : « Les nuits sont les pires. J’attends désespérément de trouver le sommeil et j’ai des pensées intrusives. (…) Si seulement je savais que j’ai participé à cela ou non (…) Je suis un homme malade ».

25 novembre 1976 : “Grétar [le détective Grétar Saemundsson] est venu (…) Je suis en mauvaise posture. Il veut même que je me fasse à l’idée d’être un meurtrier ».

26 novembre 1976 : « J’aurais dû mourir il y a longtemps. Cela aurait mieux valu, surtout si je suis impliqué dans l’affaire Geirfinnur (…).

28 novembre 1976 : « Je ne vois aucune raison pour laquelle je n’essaierais pas de me souvenir de cette affaire du mieux possible. C’est dommage que je me souvienne de si peu de choses (…) Je veux résoudre cette affaire tout de suite. Et recevoir une longue et lourde peine. Je suis au bout du rouleau ».

29 novembre 1976 : « Je suis fatigué de tout cela. Je souhaiterais pouvoir mieux m’en souvenir ».

7 décembre 1976 : « La question est : où est le corps ? C’est étrange qu’il ne réapparaisse pas (…) Je me sens si mal maintenant. Je suis si fatigué, ne peux me souvenir de quelque chose, ai des difficultés à parler, ne peut pas penser, ne peux pas, appréhende demain, sais que cela sera la même chose, ne me souviens pas, ne sais rien, ensuite je vais y laisser ma santé mentale. Je suis totalement épuisé ».

18 décembre 1976 : « J’ai toujours pensé au suicide, un mot plutôt horrible suicide, sais comment je m’y prendrais, ne peux pas me rater (…).

Keflavik, Islande. © Quest Imagery

Défiance envers sa mémoire

Le Pr Gisli Gudjonsson considère que « l’enfermement et l’isolement social, la présomption de culpabilité des enquêteurs et la persuasion durant les interrogatoires, ainsi que le stress émotionnel intense » ont joué un rôle majeur dans la survenue et la persistance de ce qu’il appelle un « memory distrust syndrome », trouble caractérisé par une perte de confiance envers sa propre mémoire. L’individu, en proie au doute, en vient alors à être persuadé d’avoir commis les faits graves qui lui sont reprochés.

Lors des interrogatoires répétitifs, les policiers n’ont pas pris au sérieux les dires du suspect, ne l’ont pas cru quand il évoquait des trous de mémoire et n’ont tenu aucun compte de ces dénis réguliers de culpabilité. Au total, le suspect devint confus dans ses déclarations, s’épuisa totalement et finit par ne plus pouvoir résister aux suggestions des enquêteurs. L’intensité émotionnelle fut si élevée que G.S. envisagea de se supprimer, considérant qu’il n’y avait plus d’autre alternative pour en sortir.

Bien qu’innocent, G.S. était vulnérable. Il avait en effet un tempérament conciliant et était une personne suggestible. Il aimait particulièrement faire plaisir aux autres, présentait une faible estime de soi et manifestait du respect et une grande confiance envers l’autorité. Il avait ainsi foi en la police et en la justice.

Dans les premiers jours suivant son arrestation, G.S. avait entretenu l’idée qu’il pourrait aider les policiers à résoudre cette affaire, ce qui le valoriserait à ses propres yeux. Il possédait par ailleurs une imagination débordante. Cela a facilité, à partir du moment où il commença à reconnaître son implication dans le meurtre, l’induction de faux souvenirs, ce que les spécialistes appellent des « confabulations ». A cela s’ajoute sans doute le fait que son avocat ne s’est apparemment pas démené pour lui venir en aide, même s’il est vrai qu’il ne fut que rarement autorisé à le voir en privé.

Selon l’auteur de l’article, les techniques d’interrogatoires persuasives ont réussi « en l’espace de quelques jours, à faire que G.S. en vienne à considérer comme plausible qu’il puisse être impliqué et qu’il savait quelque chose sur la disparition de Geirfinnur Einarsson. Jusqu’à finalement accepter son implication, tout en n’ayant pourtant aucun souvenir clair ». Avec l’aide des enquêteurs, il tenta de reconstruire ce qui s’est passé, utilisant son imagination et sa créativité. Il alla jusqu’à carrément imaginer ce qui était arrivé à la personne disparue et tenta de déterminer où le corps pouvait se trouver. Résultat : ses spéculations l’incriminèrent encore plus.

Faux aveux intériorisés

La défiance envers sa mémoire, l’incapacité à différencier les faits réels des détails donnés par les enquêteurs et l’induction de faux souvenirs vont totalement le desservir. G.S. n’a pas pu trouver en lui-même assez de ressources psychologiques ou de résilience pour lutter contre ce que les spécialistes appellent de « faux aveux intériorisés ». Du fait de sa suggestibilité, d’une faible estime de soi et d’un doute persistant sur sa mémoire, G.S. a fini par être « absorbé, jour et nuit », essayant de se souvenir de ce qui était arrivé à Geirfinnur Einarsson, « jusqu’à passer plusieurs jours à élaborer un scénario pour les enquêteurs ».

A l’automne 2011, le ministre de l’intérieur islandais met sur pied un groupe de travail chargé d’enquêter sur la fiabilité des confessions des personnes condamnées dans cette ténébreuse affaire. En mars 2013, il conclut que les aveux n’étaient « absolument pas fiables ». L’auteur de l’article publié dans Cortex faisait partie du comité d’experts. Une analyse psychologique détaillée montrait que cinq des six personnes reconnues coupables pouvaient avoir souffert d’une perte de confiance envers leur propre mémoire (« memory distrust syndrome »)

De très nombreuses années s’écoulèrent avant que le détenu G.S. finisse par progressivement croire à son innocence. Il lui faudra 19 ans avant qu’il ne revienne sur ses aveux. Le Pr Gisli Gudjonsson, qui l’a rencontré en 2012, indique que « G.S. est maintenant convaincu à 100 % de son innocence et du fait qu’il n’a jamais eu un souvenir clair du meurtre de Geirfinnur Einarsson ».

Après sa libération en 1981, Gudjon Skarphedinsson a résidé au Danemark où il s’est marié, a fondé une famille et est devenu pasteur luthérien. Il a plus tard regagné l’Islande. Il a passé ces dernières années à Stadurstudur, minuscule hameau à la beauté sauvage, à 150 km de Reykjavik. Probablement pour oublier qu’il avait profondément douté de sa mémoire, au point de croire en sa culpabilité dans une affaire de meurtre. Interviewé il y a deux ans par un journaliste de la BBC, cet homme de 70 ans déclarait au sujet de son journal intime : « Je n’aime pas le lire. Très vite, il me rappelle des choses dont je ne veux pas me souvenir ou auxquelles je ne veux pas penser ». Après avoir lu un passage écrit il y a près de 40 ans, il ajouta sur un ton assez terrifié : « Ce n’était pas moi. Ce n’est pas moi ».

Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook)

Trois types de faux aveux

On distingue en psychologie trois catégories de fausses confessions, consistant à reconnaître un délit que l’on n’a pas commis, généralement accompagné d’un récit décrivant le mobile et les circonstances.

« Les données de la littérature indiquent plusieurs façons de déterminer que des aveux sont faux. On peut découvrir ultérieurement qu’aucun crime n’a été commis (la victime supposée d’un meurtre est toujours vivante ou est morte d’une autre cause…), que la personne était dans l’impossibilité physique de commettre le crime (elle était ailleurs de façon certaine…), que l’auteur réel est appréhendé et sa responsabilité établie (connaissance précise du crime, preuve matérielle notamment biologique) ou qu’il existe des preuves scientifiques de l’innocence du sujet qui a avoué faussement (ADN…) », peut-on lire dans un article récemment paru dans les Annales médico-psychologiques.

On distingue :

– les faux aveux volontaires (« volontary false confessions »)

Certains sujets avouent de leur plein gré un crime qu’ils n’ont pas commis, sans aucune pression policière. Ce comportement peut être motivé par la perception d’un bénéfice, tel qu’un besoin d’attention et de notoriété, le désir de prendre une revanche ou de se punir pour apaiser un sentiment de culpabilité, mais aussi parfois la volonté de protéger un proche. il peut également traduire une incapacité à différencier les faits réels des non réels.

faux aveux par soumission ou résignation (« coerced-compliant false confessions »)

Bien qu’il sache qu’elle est innocente, la personne finit, sous la pression d’interrogatoires policiers coercitifs, par admettre le crime qu’on lui reproche pour fuir un stress intolérable. Elle sait qu’elle fait une fausse déclaration mais ne mesure pas les graves conséquences qui en découlent.

les faux aveux intériorisés (« coerced-internalized false confessions »)

Sous l’influence de tactiques d’interrogatoire persuasives, le suspect, innocent mais vulnérable (du fait de l’isolement social et du stress émotionnel), en vient à être persuadé qu’il a commis un crime. Il n’en a pas de souvenir clair mais accepte le fait d’être coupable. Ce comportement serait, selon l’auteur de l’article paru dans Cortex, étroitement lié à un syndrome de perte de confiance du suspect envers leur propre mémoire (« memory distrust syndrome ») qui le rend vulnérable aux influences externes et à la suggestion. Les faux aveux induits par ce syndrome peuvent s’accompagner de l’induction de « confabulations », autrement dit de souvenirs erronés ou faux, résultant de souvenirs « vrais », mal placés dans leur contexte, récupérés et interprétés de façon inappropriée. Il s’agit donc d’une sorte de falsification des souvenirs dans laquelle la personne remplace ses trous de mémoire par des expériences imaginaires qu’elle pense être vraies. Selon le Pr Gudjonsson, lorsque ces confabulations surviennent dans un contexte de faux aveux, elles n’ont pas pour origine une maladie neurologique mais sont dues à de subtils processus psychologiques survenant lors d’un stress émotionnel intense. Ces faux souvenirs surviennent à partir du moment où le détenu commence à internaliser le fait qu’il est impliqué dans le crime qu’on lui reproche et qu’il tente de reconstruire le fil des événements.

Pr Gisli Gudjonsson. © Youtube

Gisli Gudjonsson : de la police à la psychologie légale

Lors de la disparition de Geirfinnur Einarsson, en 1974, l’auteur de l’article publié dans Cortex, Gisli Gudjonsson, était un jeune détective. Il remarqua vite que les officiers de police criminelle étaient très frustrés de ne pas avoir trouvé de solides preuves matérielles dans cette affaire. C’est lui qui fit passer au suspect G.S. le test du détecteur de mensonge dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1976. Il quitta ensuite la police pour devenir spécialiste en psychologie clinique et légale. Il travaille aujourd’hui à l’Institut de psychiatrie du King’s College de Londres.

Pour en savoir plus :

Gudjonsson GH. Memory distrust syndrome, confabulation and false confession. Cortex. 2017 Feb;87:156-165. doi: 10.1016/j.cortex.2016.06.013

Gudjonsson GH, Sigurdsson JF, Sigfusdottir ID, Asgeirsdottir BB, González RA, Young S. A national epidemiological study investigating risk factors for police interrogation and false confession among juveniles and young persons. Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol. 2016 Mar;51(3):359-67. doi: 10.1007/s00127-015-1145-8

Shaw J, Porter S. Constructing rich false memories of committing crime. Psychol Sci. 2015 Mar;26(3):291-301. doi: 10.1177/0956797614562862

Gudjonsson GH, Sigurdsson JF, Steinthorsson H, Sigurdardottir VM. The Role of Memory Distrust in Cases of Internalised False Confession. Applied Cognitive Psychology. 2014 May;28(3):336-8. doi: 10.1002/acp.3002

Le Bihan P, Bénézech M. Psychologie des faux aveux : données classiques et contemporaine. Ann Med Psychol. 2013 Aug;171(7):468–75. doi : 10.1016/j.amp.2013.05.009

Barret C. L’aveu, reine des preuves ? L’aveu dans la procédure pénale. Ann Med Psychol. 2013 Aug;171(7):464–7.  doi : 10.1016/j.amp.2013.05.011

Kassin SM, Drizin SA, Grisso T, Gudjonsson GH, Leo RA, Redlich AD. Police-induced confessions, risk factors, and recommendations: looking ahead. Law Hum Behav. 2010 Feb;34(1):49-52. doi: 10.1007/s10979-010-9217-5

Kassin SM, Gudjonsson GH. The Psychology of Confessions: A Review of the Literature and Issues. Psychol Sci Public Interest. 2004 Nov;5(2):33-67. doi: 10.1111/j.1529-1006.2004.00016.x

Gudjonsson GH, Kopelman MD, MacKeith JA. Unreliable admissions to homicide. A case of misdiagnosis of amnesia and misuse of abreaction technique. Br J Psychiatry. 1999 May;174:455-9.

Sur le web :

The Reykjavik Confessions. The mystery of why six people admitted roles in two murders when they couldn’t remember anything about the crimes. (BBC News, mai 2014)

Dæmdur í 12 ára fangelsi en heldur enn fram sakleysi sínu (condamné à 12 ans de prison, mais maintient toujours son innocence). Visir.is (site islandais d’information)

An End To The Neverending Nightmare? (The Reykjavik Grapevine, avril 2013).